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Absurdités Paranormales: Bureau d'investigation Blue Moon, #1
Absurdités Paranormales: Bureau d'investigation Blue Moon, #1
Absurdités Paranormales: Bureau d'investigation Blue Moon, #1
Livre électronique518 pages7 heures

Absurdités Paranormales: Bureau d'investigation Blue Moon, #1

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À propos de ce livre électronique

Tempest Michael ne croit pas au paranormal. Alors pourquoi son métier consiste-t-il à enquêter sur l’occulte ? Parce le poste lui est tombé dessus à cause d’une faute de frappe dans son annonce et que des clients ont commencé à l'appeler avant même qu'il ne puisse la faire changer.

Le paranormal n'existe pas, évidemment. Tempest passe donc une grande partie de ses journées à faire remarquer avec tact que non, grand-mère Rita n'est pas une sorcière, elle est juste moche. Ou alors, que ce n'est pas un fantôme qui vous empêche de dormir, non monsieur, vous avez juste un terrible problème de flatulence.

Pourtant, une série de morts violentes chamboule les environs et tout porte à croire qu'un vampire serait à l'origine de ces terribles actes. La police n'a aucune piste et Tempest a l'impression que résoudre cette affaire est tout à fait dans ses cordes. C'est déjà un excellent argument mais lorsque la policière Amanda Harper, alias : Agent Bellegosse, lui demande de l'aide, une voix émanant suspicieusement de son entrejambe lui suggère de faire tout son possible pour résoudre le cas, démasquer l'assassin et gagner un aller simple pour ses culottes.

Aidé par ses amis, encombré pas sa mère (Pourquoi n'ai-je toujours pas de petits-enfants, Tempest ?), conseillé par le propriétaire d'une librairie occulte, Tempest est, en plus, entouré de belles femmes qui ne veulent qu'être amies avec lui. Tempest se retrouve bientôt aux prises avec des vampires en herbe qui veulent le tuer tout en enquêtant sur des rumeurs selon lesquelles un bigfoot terroriserait la campagne avoisinante.

Tempest n'est pas au bout de ses peines… dire que la seule chose qu’il espérait, c’était de se trouver une jolie fille !

LangueFrançais
Éditeursteven higgs
Date de sortie2 déc. 2019
ISBN9781071521977
Absurdités Paranormales: Bureau d'investigation Blue Moon, #1

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    Aperçu du livre

    Absurdités Paranormales - steve higgs

    Absurdités paranormales

    Bureau d’investigation Blue Moon – livre 1

    Steve Higgs

    Copyright du texte © 2017 Steven J Higgs

    Éditeur : Steve Higgs

    Le droit de Steve Higgs d'être identifié en tant qu'auteur de l'œuvre a été revendiqué par lui conformément au « Copyright, Designs and Patents Act 1988 ».

    Tous droits réservés.

    Le livre est protégé par le droit d'auteur et ne doit pas être copié, reproduit, transféré, distribué, loué, concédé sous licence, représenté publiquement ou utilisé de quelque façon que ce soit, sauf si les éditeurs l'autorisent expressément par écrit, conformément aux conditions générales d'achat ou aux lois applicables en matière de rédaction. Toute distribution ou utilisation non autorisée de ce texte peut constituer une violation directe des droits de l'auteur et de l'éditeur et les responsables peuvent être tenus responsables en vertu de la loi.

    « Psychose (para)normale » est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les événements et les incidents sont soit le produit de l'imagination de l'auteur, soit utilisés de façon fictive. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes, mortes ou mort-vivantes, des événements ou des lieux est entièrement fortuite.

    Une décision regrettable. Mercredi 22 septembre, 2217 h.

    Le corps de Victoria Turnbull. Jeudi 25 septembre, 0500 h

    Rue Rochester High. Jeudi 23 septembre, 0830 h

    Poltergeist. Jeudi 23 septembre, 0942 h.

    Enquête sur les meurtres du vampire. Jeudi 23 septembre, 1237 h.

    Cooper Estate, Chatham. Jeudi, le 23 septembre, 1552 h.

    Le poltergeist des Cranfield, Vendredi 24 septembre, 0213 h.

    Mystère résolu. Vendredi 24 septembre, 0245 h.

    Chez moi. Vendredi 24 septembre, 0914 h.

    J’interroge des vieilles dames. Vendredi 24 septembre, 1230 h.

    L’heure du pub. Vendredi 24 septembre, 1846 h.

    Un vendredi soir au pub. Vendredi 24 septembre, 1937 h

    Un appel de Mme Cambridge. Samedi 25 septembre, 0730.

    Devant la maison de Mme Cambridge. Samedi 25 septembre, 0825 h.

    Dans la maison de Mme Cambridge. Samedi 25 septembre, 0832 h.

    L’après Demedicus. Samedi 25 septembre, 1257 h.

    Maman et Papa. Samedi 25 septembre, 1443 h.

    Le rôti de la trahison. Samedi 25 septembre, 1500 h.

    Taximan nocturne. Dimanche 25 septembre, 0156 h.

    Surprise matinale. Dimanche 26 septembre, 0817 h.

    Scène de crime. Dimanche 26 septembre, 1000 h.

    Chez moi. Dimanche 26 septembre, 1215 h.

    Soirée film. Dimanche 26 septembre, 1926 h.

    Bluebell Hill. Lundi 27 septembre, 0705 h.

    Les chasseurs de vampires. Lundi 27 septembre, 0936 h.

    La librairie Mystery Men. Lundi 27 septembre, 1124 h.

    Mme Sweeting Brand. Lundi 27 septembre, 1147 h.

    Les théories de Frank. Lundi 27 septembre, 1315 h.

    Enquête sur le Bigfoot de Bluebell. Lundi 27 septembre 1432 h.

    Chocolat Chaud. Lundi 27 septembre, 1816 h.

    Le nid (ou ruche ?) des vampires du Kent. Lundi 27 septembre, 2030 h.

    Brûlé vif. Lundi 27 septembre, 1948 h.

    Poste de police de Maidstone. Lundi 27 septembre, 2051 h.

    Maman et Papa. Lundi 27 septembre, 2015 h.

    Maidstone. Lundi 27 septembre, 2137 h.

    Chez moi. Lundi 27 septembre, 2151 h.

    Chez moi. Jeudi 28 septembre, 0530 h.

    Entretien avec un vampire. Mardi 28 septembre, 0927 h.

    Les tueurs de Vampire partie 2. Mardi 28 septembre, 1122 h.

    Où est Poison ? Mardi 28 septembre, 1225 h.

    Ignoble vérité. Mardi 28 septembre, 1247 h.

    Chez moi. Mardi 28 septembre, 1342 h.

    Le Château de Chilwell. Mardi 28 septembre, 1527 h.

    Dans le Mausolée. Mardi 28 septembre, 1607 h.

    En dehors du Mausolée. Mardi 28 septembre, 1915 h.

    Le chemin du bord de l’eau. Mardi 28 septembre, 2001 h.

    Résolution de l’affaire du Bigfoot de Blue Bell. Mercredi 29 septembre, 0347 h.

    Repas. Mercredi 29 septembre, 1412 h.

    Euphorie. Mercredi 29 septembre, 1658 h

    Dans la maison de Mary. Mercredi 29 septembre, 1748 h.

    L’heure du pub. Vendredi 1er octobre, 1907 h.

    Une décision regrettable. Mercredi 22 septembre, 2217 h.

    Pour Victoria, la soirée avait été une perte de temps sur toute la ligne mais il était clair que son amie Sarah ne partageait pas son opinion. Sarah avait lourdement insisté pour qu’elle l’accompagne afin qu’elle fasse office de rancard au meilleur ami de son nouveau copain et, comme une idiote, elle avait accepté. Victoria avait rencontré le nouveau copain de Sarah la semaine précédente et il lui avait paru plutôt sympa. En plus, son amie semblait déjà très attachée à lui. Mais le meilleur ami en question était ennuyeux au possible et sa conversation s’était résumée à deux sujets : le football (surtout ses propres prouesses) et lui-même.

    Il ne lui avait témoigné aucun réel intérêt ; Elle aurait certainement dû en être reconnaissante mais elle en était en fait secrètement insultée. Il lui semblait qu’elle était suffisamment jolie pour qu’on la drague un minimum ou qu’on lui fasse des avances. Le pire, c’est qu’il n’avait même pas proposé de payer pour quoique ce soit. En résumé : cette sortie ratée lui avait coûté trente livres.

    C’est pourquoi son porte-monnaie et elle-même étaient contents qu’ils aient décidé de poursuivre et terminer leur soirée dans le pub « River Angel » puisque c’était suffisamment proche de chez elle pour qu’elle puisse rentrer en marchant. Cela lui permettrait d’économiser le prix du taxi à défaut de tout le reste. Au moment de prendre congé de son amie, Darren (le fameux rancard), avait proposé de la raccompagner chez elle. Bien qu’il s’agisse de son seul acte chevaleresque de la nuit elle avait poliment refusé et avait été reconnaissante de pouvoir s’éloigner de son assommante conversation.

    Resserrant son manteau pour se protéger de l’air frais, Victoria s’arrêta juste après avoir franchi la porte du pub. Elle enleva ses chaussures à talon et s’empressa de chausser la paire de ballerine à semelle plate qu’elle gardait dans son sac. Elle se sentit instantanément soulagée et elle remua ses orteils en réfléchissant à la meilleure route à emprunter pour rentrer chez elle.

    Chez elle, c’était à un peu moins d’un kilomètre du pub si elle prenait le chemin qui longeait la rivière. Il était très sombre et l’atmosphère lui donnait la chair de poule mais l’alternative passait à côté d’une voie rapide puis à travers un quartier résidentiel. Cela lui prendrait au moins deux fois plus de temps pour arriver chez elle... et elle était fatiguée, ses pieds lui faisaient mal et elle devait travailler le lendemain matin. Victoria rassembla donc son courage et parti en direction de la rivière.

    Il faisait froid le long de l’eau pendant cette période de l’année ; elle avançait donc rapidement, pressée d’arriver chez elle. Le chemin en tarmac n’était pas dans le meilleur des états : la rive à sa gauche était par endroits très escarpée ce qui impliquait que n’importe quelle pluie un peu forte faisait déborder la rivière et déversait sur le sentier quantité de boue et d’eau. Celui-ci était très rarement nettoyé par quiconque était supposé le faire. Le sol était donc humide et mou à certains endroits. Mais, grâce à la lumière émanant du clair de lune, des étoiles et des lumières de la ville qui se reflétait sur les quelques nuages s’éternisant dans le ciel après la pluie torrentielle survenue plus tôt dans l’après-midi, elle pouvait voir où elle allait et éviter les flaques.

    Elle marchait en direction d’un petit bois et elle savait qu’une fois sous le dense feuillage des arbres, le peu de lumière dont elle profitait jusqu’à présent ne parviendrait plus jusqu’à elle. Elle pensa à utiliser son téléphone en guise de lampe de poche mais décida que, puisqu’elle était un peu agacée contre Sarah, elle allait plutôt lui envoyer un message bien senti quant aux événements de la soirée. Le fait que Sarah l’ait complètement abandonnée, par exemple, pour se concentrer totalement sur son mec et lui rouler des pelles. D’ailleurs, maintenant qu’elle y repensait, la langue de son copain n’était probablement pas la seule chose à avoir pénétré la bouche de son amie de la soirée... à un moment, ils avaient les deux disparus pendant une vingtaine de minutes.

    Victoria pianotait agressivement sur son téléphone lorsqu’elle eut une impression bizarre. Le genre de sensation que l’on éprouve lorsque quelqu’un nous regarde. Elle leva la tête et remarqua qu’une silhouette lui barrait la route. Même si le dense feuillage des arbres l’empêchait de voir clairement et que sa vue était en plus un peu aveuglée par son écran rétro-éclairé, elle pouvait tout de même déterminer que la silhouette devant elle appartenait à un homme. Cette constatation l’alarma ; ses jambes s’arrêtèrent de leur propre volonté.

    L’homme semblait porter un costume sombre. Le peu de lumière qui parvenait à se frayer un chemin entre les feuilles se réverbérait sur le lustre de ses chaussures et le blanc de sa chemise. Celle-ci formait un V sous les revers et de part et d’autre de sa cravate noire. Il ne bougeait pas, mais il n’y avait rien de menaçant dans sa posture. De plus, Victoria pouvait voir ses deux mains, vides, qui pendaient le long de son corps. Elle ne discernait pas son visage mais en jaugeant les proportions entre ses épaules et sa taille, elle estimait qu’il était musclé.

    Elle se sentit bête en réalisant qu’elle aussi se tenait immobile en plein milieu du chemin. Elle devint tout à coup consciente de la morsure de l’air froid sur les parties découvertes de son corps. Elle décida de l’appeler.

    -  Bonsoir ? l’homme ne répondit pas et ne donna aucune indication qu’il l’avait entendue. Bonsoir ? essaya-t-elle de nouveau, cette fois en faisant un effort pour supprimer le tremblement de sa voix et sa teinte incertaine.

    Toujours pas de réponse. Perturbée, elle se dit qu’elle était ridicule et que ce n’était probablement rien d’autre qu’un type en train de promener son chien tard la nuit. Peut-être avait-il eu une dure journée de travail ou alors – comme elle – il était sorti avec des amis. Peut-être même que le chien était un carlin super mignon, pensa-t-elle ; elle adorait les carlins. Se reprochant son angoisse, elle se remit à marcher, réduisant la distance entre eux. Elle était une femme forte et indépendante. Elle pouvait parfaitement passer à côté de ce mec sans y réfléchir comme elle le ferait s’il faisait jour.

    Sa confiance factice ne dura pas longtemps ; les battements de son cœur s’intensifiaient à chacun de ses pas. Quant à l’homme, il se tenait toujours au milieu du chemin comme s’il attendait quelque chose de spécial pour se mettre en mouvement.

    Victoria se demanda ensuite si ce type allait bien – peut-être avait-il un problème ; mais c’est à ce moment-là qu’il bougea. Il leva lentement et délibérément sa tête afin de la fixer du regard. Elle n’avait pas remarqué à cause du noir mais il avait eu le visage tourné vers le sol. Il se pencha ensuite légèrement en avant et son visage se trouva éclairé par un rai de lumière qui avait réussi à se glisser entre les feuilles. Il lui sourit.

    Il n’y avait rien de plaisant ou d’attirant dans ce sourire. À la place d’évoquer de la joie, ce sourire n’évoquait que des choses déplaisantes et, lorsque ses lèvres s’entrouvrirent, elle vit distinctement que son sourire contenait trop de dents et que ses canines étaient distinctement plus longues que la normale.

    Il ne se passa qu’un instant avant qu’il ne se mette en mouvement, se précipitant vers elle. Trop choquée pour crier, Victoria se détourna violemment, voulant s’enfuir. Ses pieds glissèrent sur les débris et la boue du chemin et elle tomba en avant. Elle appuya une main sur le sol et corrigea le mouvement de sa chute puis elle s’élança à toute vitesse en direction du pub dont elle venait.

    Victoria était naturellement sportive et avait fait partie du club d’athlétisme en tant que sprinteuse durant sa scolarité. Elle était donc capable d’atteindre sa vitesse maximale après quelques enjambées seulement. Maintenant qu’elle s’était mise en mouvement, sa confiance semblait grandir après chaque foulée : elle était sûre de ses capacités à distancer l’homme. Le pub serait bientôt dans son champ de vision : elle pouvait déjà apercevoir un léger halo de lumière briller à travers les arbres quelques cinquante mètres plus loin. Chaque inspiration commençait à la faire souffrir mais elle ignora la douleur et augmenta même son allure. Elle était déterminée à mettre le plus de distance possible entre l’homme et elle, quelles que soient ses intentions.

    Le coup fut une surprise. À aucun moment elle s’était doutée qu’il était si proche ou d’ailleurs qu’il l’avait rattrapée. Il l’atteint avec violence derrière son oreille droite, la déséquilibrant et l’assommant instantanément. Elle tituba, ses jambes se prenant l’une dans l’autre, en même temps que le mouvement involontaire de son corps sur le côté cassait son élan.

    Victoria eut à peine le temps de comprendre que le sol serait le dénouement douloureux de sa fuite qu’elle plaçait par réflexe ses mains devant elle pour arrêter l’impact. Mais c’est sa hanche droite qui toucha d’abord le sol, l’envoyant rouler. Elle se retrouva ensuite sur le dos, son épaule gauche s’accrocha cruellement à une aspérité du chemin, arrachant sa peau. Finalement l’arrière de sa tête tapa contre le tarmac et donna un goût de sang à sa bouche. Sa course s’était arrêtée dans les ordures et les orties qui bordaient le chemin. Elle se retourna pour placer ses mains sous elle afin de pouvoir se relever.  Elle n’entendait rien d’autre que ses propres halètements, où pouvait être son agresseur ? S’était-il enfui ?

    Victoria commença à se lever, mais elle remarqua immédiatement qu’il se tenait à sa droite. Elle émit un gémissement de terreur. Il la regardait de haut, les mains le long de son corps – dans la même position qu’auparavant. Son costume était immaculé – comme s’il ne l’avait pas poursuivie. La lumière de la lune était suffisante pour qu’elle puisse discerner les traits de son visage : son expression était plutôt calme ; il ne paraissait pas menaçant, il aurait pu être sur le point de lui demander l’heure.

    Victoria se redressa un peu en prenant appui sur ses coudes et rampa dans le but de s’éloigner de lui. La peau nue de ses épaules fut récompensée par des piqures d’orties qui tapissaient le sol, ce qu’elle ne remarqua pas. Elle avait horriblement besoin d’aller aux toilettes et souhaitait ardemment avoir pris l’autre chemin pour rentrer chez elle.

    -  Qu’est-ce que vous me voulez ? demanda-t-elle

    Il s’accroupit à ses côtés. Sans la toucher, il s’approcha aussi près d’elle que possible avant de se pencher en avant et de placer sa bouche à quelques centimètres de la sienne.

    -  Boire ton sang, mon agneau, répondit-il calmement, sa voix un baryton doux teintée d’un accent Européen. Il la frappa.

    Une énorme main attrapa ensuite ses cheveux et tordit cruellement sa tête sur le côté, la forçant à suivre le mouvement de tout son corps. Sans s’arrêter, il poussa son visage dans la boue. Victoria tentait de se débattre secouant ses jambes et essayant de trouver un quelconque appui pour pouvoir le repousser mais elle n’avait aucune chance : il était plus fort et plus lourd qu’elle. Son genou s’enfonça dans le bas de son dos et elle réalisa qu’elle était aussi coincée que si un immeuble s’était effondré sur elle.

    Elle sentit qu’il se rapprochait. Il se pencha complètement au-dessus d’elle et enfouit son nez dans son cou, un peu comme aurait pu le faire un amant. Brusquement il la mordit, perçant la tendre chair de ses dents.

    Victoria sentit un liquide chaud sur sa peau et réalisa qu’il s’agissait de son propre sang. Il commença à couler le long de sa joue et imprégna ses cheveux. Elle s’enjoignit de se débattre mais réalisa bien vite qu’essayer de résister demandait beaucoup d’efforts.

    Il la maintînt en place alors que son agitation diminuait. Que pouvait-il être en train de faire ? Vaguement, Victoria vu quelque chose d’argenté ressemblant un peu à une carafe. L’homme était en train de l’utiliser pour quelque chose mais le son de son pouls – lancinant dans sa tête – lui faisait mal et la carafe ne semblait finalement pas très importante. Son cœur semblait sur le point d’exploser dans sa poitrine et ses yeux étaient très lourds. Pourquoi suis-je si fatiguée ? Se demanda-t-elle brièvement. Sa dernière pensée alors qu’elle perdait connaissance.

    L’homme s’écarta et l’observa rendre son dernier souffle. Dans sa main gauche, il tenait un calice en argent. Il regarda sa montre puis saisit le calice de ses deux mains avant de reprendre sa route le long du chemin, laissant Victoria là où elle était tombée.

    Le corps de Victoria Turnbull. Jeudi 25 septembre, 0500 h

    Amanda Harper, policière de son état, jeta un œil sur sa montre. 0513 h. Il ne faisait ni jour ni nuit ; les premiers rayons du soleil commençaient à percer la brume mais la lumière n’était pas encore suffisante pour éclairer les alentours. Elle se tenait sur l’étroit chemin qui longeait la rivière Medway près de Maidstone. Le sentier était tranquille, pittoresque même, et complètement sûr la journée. Elle l’empruntait d’ailleurs de temps en temps. La nuit, en revanche, il était beaucoup moins plaisant. Elle le trouvait inquiétant et son taux d’anxiété semblait augmenter avec chaque seconde. Debout, les pieds dans la boue, elle essayait donc de se ressaisir et d’arrêter d’imaginer que les choses qui bruissaient dans le sous-bois allaient surgir et la faire disparaître. Elle avait commencé son travail à 1800 h la nuit précédente, un mercredi, et aurait dû terminer dans peu de temps : il lui restait moins d’une heure. Mais l’expérience lui avait appris qu’elle ne risquait pas de pouvoir rentrer à l’heure convenue. Après sept ans dans les forces de l’ordre, ce n’était pas sa première scène de crime et il n’y avait aucune chance que ses supérieurs la remplacent avant l’heure du petit déjeuner. Au contraire, dans ce genre de situation, ils avaient besoin de plus de monde sur les lieux afin de gérer les promeneurs, d’empêcher une foule de curieux d’empiéter sur leur travail et d’assister les investigations de la police forensique. Il était certain qu’elle serait submergée par une vague d’ordres extrêmement importants et extrêmement pressants et ce, jusqu’à la fin de la journée.  

    Elle regarda une nouvelle fois sa montre et changea de pied d’appui. Elle bougea un peu ses bras pour les détendre et pour repousser le froid – tout en essayant de ne pas ressembler à une gymnaste. La chaleur du mois d’août avait disparue depuis longtemps et avait été remplacée par un froid tout à fait automnal. Amanda était reconnaissante qu’il ne pleuve pas. Cela dit, la brume matinale qui se formait sur la rivière était bien humide et l’air frais avait pénétré les différentes couches de son uniforme depuis au moins une demi-heure.

    Le sergent Dave Bernet surgit de l’obscurité à quelques mètres d’elle. Il avait vraisemblablement été affecté à quelque chose de plus intéressant que d’établir la sécurité du périmètre. Dave l’aimait bien, elle le savait pertinemment. Certes, il ne l’avait jamais dit d’une manière claire : il restait poli en toutes circonstances et il ne l’avait jamais draguée ouvertement. Mais elle s’en rendait compte grâce à un certain nombre de signes : elle le surprenait à la regarder (il se détournait quand il croisait son regard), il lui souriait souvent et il la félicitait juste un peu trop quant à ses performances au travail. Elle était jolie. Elle avait accepté ce fait comme on accepte que nos cheveux soient bruns ou que la couleur de nos yeux soit bleue. Elle savait que ses gènes lui avaient donné une silhouette athlétique, des pommettes hautes, des cheveux abondants et une mâchoire carrée. Des attributs qui auraient pu lui ouvrir les portes d’une carrière dans le mannequinat si elle avait préféré travailler dans un domaine où l’utilisation de sa matière grise aurait été superflue. Elle n’avait jamais été attirée par une carrière de ce type... même si elle devait bien s’avouer qu’en ce moment même, l’idée d’une séance photos au Bahamas pour promouvoir un bikini semblait être une nette amélioration à sa condition actuelle. Et maintenant qu’elle y réfléchissait, même l’idée de faire de la photographie de charme à moitié nue lui semblait être une alternative préférable :  quitte à se peler les miches, mieux valait le faire dans un studio plutôt qu’à côté d’une rivière en plein milieu de la nuit, le tout pour surveiller une scène de crime (et un meurtre en plus !) à Maidstone.

    Dave scanna des yeux les alentours avant de croiser son regard. Il s’avança vers elle. Au sortir de l’obscurité, son expression était sinistre.  

    -  Qu’est-ce qu’on a ? demanda-t-elle.

    -  Un meurtre immonde et bizarre, voilà ce qu’on a, répondit-il. Encore quelqu’un avec la gorge perforée. La pauvre fille se sera vidée de son sang et il y a clairement des traces de lutte. Ça aura été violent.

    Ils se turent pendant un moment. Le brouillard de la rivière tourbillonnait autour d’eux.

    -  C’est comme pour les autres ? Le même Modus Operandi ?

    -  Je l’affirmerais pas officiellement, mais ça en a tout l’air, oui. 

    Même en étant à côté de lui, il était difficile de distinguer les traits de son visage. Elle pouvait tout de même deviner une certaine dose de fatigue et de stress.

    Amanda travaillait depuis suffisamment longtemps pour que ça ne soit pas son premier cadavre : certes un meurtre dans le comté de Kent était plutôt rare, mais elle avait déjà vu son quota de scène de crime. Mais la série récente, si on pouvait qualifier les faits comme tels, était quelque chose de complètement différent. Chacune des trois victimes, en partant du principe que la victime de la soirée était la troisième, avaient été seules lorsqu’elles s’étaient fait attaquer. À chaque fois, il avait fait nuit et elles avaient été trouvées avec des blessures à la gorge. La presse s’était emparée de l’affaire presque deux semaines plus tôt, deux jours après le deuxième meurtre déjà, et elle la qualifiait de sobriquets tels que « le vampire attaque » ou d’autres noms vulgaires mais accrocheurs. Le terme « Le Vampire » avait tout de suite été mobilisé par le Weald World, un journal local plutôt habitué à rapporter les succès des ventes de charité de la région ou des concours de navets. Le journaliste principal, si un journal aussi petit pouvait réellement prétendre en avoir un, avait lancé l’offensive en titrant : « Un vampire vagabonde à Maidstone » le lendemain du deuxième meurtre.  

    Amanda plissa des yeux, essayant malgré l’obscurité de déchiffrer l’expression de son Sergent.

    -  Du coup, la scène ressemble à quoi ? Y’a des chances qu’on trouve des preuves utiles ? 

    -  La même que pour les deux autres, je pense. Pas grand-chose qui puisse nous aider, répondit-il d’un ton morne. Il y aura de la salive autour de la plaie, mais on l’a déjà analysée et ça n’a rien donné. Sinon, ce type ne laisse rien qu’on puisse utiliser. Les gars de la police forensique vont ratisser tout le périmètre mais de là à ce qu’ils trouvent quoique ce soit d’intéressant... il ne termina pas sa phrase, laissant à la policière le soin de méditer ses paroles.

    La radio de Bernet grésilla, le son coupant l’immobilité silencieuse de l’aube dans une explosion de bruit. L’appel était pour lui ; il laissa donc Amanda en lui adressant un dernier signe de la tête avant de s’éloigner.

    Quarante-cinq autres minutes passèrent durant lesquelles le soleil s’éleva paresseusement dans le ciel. Il illumina les environs et donna à l’atmosphère une réelle tonalité matinale. C’est à ce moment-là que Brad Hardacre, policier lui aussi, émergea des arbres qui ceinturaient la scène du crime autour de laquelle une tente avait été dressée. Amanda le remarqua parce qu’elle était une nouvelle fois en train de regarder à un autre endroit que celui qu’elle était censée surveiller. Difficile de ne pas faire autrement quand sa seule occupation avait été de regarder quelques canards dormir sur la rive à côté d’elle. Elle n’avait été utile qu’une seule fois, peu avant 0530 h. Elle avait dû demander à deux coureurs de faire demi-tour alors qu’ils arrivaient le long du chemin qui – selon toute vraisemblance – constituait leur itinéraire habituel. À part cet événement, elle était restée désœuvrée.

    Elle regarda sa montre : 0602 h.

    -  Bonjour Amanda, comment tu vas ? la salua Brad alors qu’il approchait.

    Brad était un type tout à fait convenable comme l’étaient presque tous les mecs dans la police. Une exception était certes toujours possible mais ça n’était pas son cas. Amanda l’appréciait bien et aurait même pu s’y intéresser s’ils n’avaient pas été collègues.

    -  Pas terriblement bien, Brad, mais clairement mieux que la fille étendue là-bas.

    Elle fit un geste de la tête en direction des tentes.

    -  Une nouvelle victime du Vampire ? demanda Brad en remontant sa lèvre supérieure pour montrer ses canines.

    -  Tu ne t’es pas annoncé au contrôle en arrivant ? demanda-t-elle exaspérée : tu connais le protocole, Brad. Comment est-ce que tu veux être efficace et savoir ce qu’il se passe si tu fais tout pour éviter qu’on te brief ?

    Il sourit et agita ses sourcils d’un air conspirateur :

    -  J’aime bien l’idée d’un vampire à Maidstone. Je dois dire que ça donne un certain cachet et un côté tendance à notre traintrain. Les vampires c’est cool après tout, non ? Et pour le « brief », le chef peut se brosser.

    -  Pour une adolescente jeune et vierge qui a trop regardé « Twilight », oui, les vampires sont sûrement très cool. Sinon, il me semble que c’est plutôt le truc de geeks qui fantasment sur Buffy contre les vampires. elle le regarda droit dans les yeux : je doute que la victime considère les vampires comme étant « cool ».

    Elle était un peu sévère avec lui, ce genre de plaisanteries à propos d’événements horribles étaient tout à fait normales. Après tout, c’était un mécanisme de défense. Mais Brad avait vraiment besoin d’apprendre à tempérer son humour pour son propre bien.

    -  Enfin bref, maintenant que tu es là, tu peux me remplacer et profiter de l’ambiance de chemin isolé où il ne se passe rien pendant que je vais me réchauffer, me dégourdir les jambes et me faire un thé. Je vais voir s’il y a du nouveau. 

    Ce sur quoi elle s’éloigna pour rejoindre les tentes qui protégeaient le corps.

    Rue Rochester High. Jeudi 23 septembre, 0830 h

    À ce moment-là, je n’avais pas encore connaissance du dernier meurtre. J’étais assis dans un café situé dans le bâtiment en face de celui qui abrite mon bureau rue Rochester High. Je buvais un thé en lisant les journaux. Je devrais peut-être me présenter puisque cette histoire me concerne largement. Je m’appelle Tempest Danger Michaels. Vous devez sans doute vous dire « quel nom ridicule », comme la plupart des gens.

    Ce n’est évidemment pas moi qui l’ai choisi. Vous êtes sûrement au courant de la manière dont se déroulent ce genre de choses. Quand j’étais enfant, je n’en faisais pas grand cas... jusqu’à ce que je commence l’école. C’est là que les gens ont commencé à réagir en entendant mon nom. D’habitude, je me présente en ne donnant que mon prénom, Tempest, ce qui me vaut en général un regard surpris mais rien de plus. C’est en entendant mon deuxième prénom que les gens se permettent de me donner leur avis.  

    Mon père m’a expliqué qu’il voulait me donner un nom percutant pour que celui-ci puisse m’aider dans la vie. Personnellement, je pense qu’il avait regardé trop de films d’aventure et s’était un peu emporté avec ses idées romantiques. Il devait s’imaginer que m’appeler comme ça me prédestinerait à devenir un héros qui parvient à sauver la situation à la dernière minute. Je dois admettre qu’il m’est arrivé d’utiliser la phrase : « « Danger » c’est vraiment mon deuxième prénom » et de le prouver deux ou trois fois, adulte, en sortant mon permis de conduire. Je dois aussi admettre qu’il m’a aidé (au moins en partie) à conclure avec une ou deux filles. Donc j’imagine qu’il y a des avantages et des désavantages à porter mon nom, comme c’est le cas pour tous les patronymes. Le problème c’est que souvent les gens sont persuadés que j’ai changé de noms. Et c’est moins classe de s’appeler comme moi si les gens pensent que je les ai choisis de mon plein gré parce que je voulais dire « « Danger » c’est mon deuxième prénom » avant de sortir dramatiquement d’une pièce en sautant par la fenêtre ou quelque chose de stupide dans le genre.

    Maintenant que j’ai fourni des explications quant à mon nom, je dois faire face à une terrible corvée : vous dire ce que je fais dans la vie. J’ai ma propre entreprise. Évidemment, ça à l’air prometteur sur le papier, mais quand on est à un deuxième rendez-vous et que la femme en question veut en savoir plus sur nous, il n’y a pas de bonne façon d’annoncer qu’on est un détective en paranormal. Les réactions sont plutôt divertissantes, j’imagine.  Certaines se figent et me demandent de répéter. D’autres rient et me demandent de leur dire ce que je fais « pour de vrai ». Une fois, l’une d’entre elle m’a traité de tocard et s’est tirée du restaurant sans demander son reste. Aucune femme n’a jamais été impressionnée par mon travail. Je ne doute pas que vous partagez leur avis, mais laissez-moi quand même vous raconter comment j’en suis arrivé à embrasser cette carrière. Je tiens d’abord à vous rassurer : je ne crois pas du tout au paranormal.

    Mon bureau est un deux-pièces situé dans la rue Rochester High juste au-dessus d’une agence de voyage bas de gamme et, de l’avis général, complètement nulle. L’emplacement est génial. Mon bureau est dans l’ombre de la cathédrale et est entouré de bâtiments dont l’architecture est grandiose. Je n’ai qu’à passer le pas de ma porte pour me trouver face à une myriade de pubs, de restaurants et d’échoppes. En plus, de celles-ci émanent des odeurs divines qui ne manquent jamais de m’assaillir les narines et de m’ouvrir l’appétit. Quant au sol, il est entièrement pavé et comme il s’agit d’un endroit touristique, les rues sont toujours propres et immaculées quel que soit le moment de l’année. Et à Noël, le quartier est décoré de façon charmante et joviale. 

    Je loue mon bureau au propriétaire de l’agence de voyage.  C’est un vieil homme complètement défraichi. Tony Jarvis Voyages est un petit endroit triste qui aurait pu être une affaire prospère il y a vingt ans. Mais aujourd’hui il a toute l’apparence d’un magasin démodé et sans avenir. Les décors et les étalages ont en tout cas dix ans et le pauvre Tony a l’air hagard d’un homme qui ne se fait plus aucun espoir. Sa timidité, sa chevelure rousse clairsemée et sa peau très pâle - le tout placé sur une carrure frêle - expliquent l’épithète de « défraichi ». J’entends parfois sa femme, ça ne peut être que sa femme car personne d’autre ne se permet de parler comme ça à un autre être humain, le réprimander parce qu’il n’est soi-disant pas assez zélé pour élargir sa clientèle. Mais malgré ses impressions, des séniors entrent et sortent de l’agence dans un flux lent mais continu.

    Enfin bref, je m’égare. J’ai rejoint l’armée Britannique alors que je n’étais qu’un jeune homme et j’y ai fait une bonne carrière. Cela n’empêche pas que lorsqu’ils m’ont généreusement offert une belle somme pour que je prenne ma retraite (l’armée a périodiquement des phases où elle cherche à réduire ses troupes), je n’ai pas hésité et ai immédiatement accepté leur offre. J’avais environ trente-cinq ans à ce moment-là et, de toute manière, j’aurais dû mettre un point final à ma carrière à quarante ans. J’avais signé un contrat de vingt-deux ans et il ne restait que cinq ans pour qu’il arrive à son terme. Grâce à mon départ volontaire, à ma prime générale de fin de service et à ma pension, mon compte en banque a revêtu un air coquet. Ça explique que je n’aie pas ressenti tout de suite le besoin de me lancer dans une nouvelle carrière. En plus, je n’avais absolument aucune idée de ce que je voulais faire. J’ai donc passé un moment à me reposer en passant mes journées à promener mes chiens, à visiter les lieux incontournables du Royaume-Unis et à réparer tout seul la maison que j’avais acheté (et donc dans laquelle j’avais investi) quelques années plus tôt. J’ai vécu comme ça quelques mois avant que ma mère ne me demande : « Tu as vraiment l’intention de ne plus jamais travailler ? »

    En général, quand ma mère décide de se mêler de ma vie, c’est qu’elle n’a pas l’intention d’abandonner avant que j’aie fait ce qu’elle suggère. Du coup, j’ai décidé de trouver un travail. J’ai vite réalisé que je n’étais pas du tout intéressé par ce qui m’était proposé. Ce n’est que lorsqu’un ami m’a demandé ce que je pensais d’ouvrir ma propre boîte que j’ai eu l’idée de devenir un détective privé. Et je n’ai pas eu l’idée tout seul ; je n’ai ni eu ni d’épiphanie ni d’Eurêka. En fait, je feuilletais un magazine destiné aux personnes ayant quitté les forces militaires qui cherchent une nouvelle carrière. C’est là que je suis tombé sur une publicité d’une demi-page vantant les mérites d’ouvrir sa propre agence de détective.

    Curieux, j’ai attrapé le bottin de téléphone pour voir s’il existait déjà beaucoup d’agences de détectives. J’ai découvert qu’en fait, dans ma région – tout de même peuplée de quelques millions de personnes - il n’y avait pas le moindre détective privé. Je me suis dit que ça ne pouvait dire qu’une seule chose : qu’il y avait une niche de marché, qu’il s’agissait là de quelque chose qui n’avait pas encore été fait ; en bref : j’étais tombé sur une véritable opportunité ! Et voilà : je me suis inscrit pour suivre la formation et j’ai ensuite acheté tout mon équipement.

    Plus tard, il a été question de donner un nom à mon entreprise. Le nom « Bureau d’enquête Blue Moon » m’est tout de suite venu à l’esprit, et j’étais bien incapable de comprendre comment j’avais bien pu penser à un nom pareil. J’ai donc fait une petite recherche Google qui m’a dévoilée que c’était le nom du bureau d’enquête dans Clair de Lune, une série télévisée des années quatre-vingt dont j’avais, adolescent à l’époque, regardé les rediffusions. C’est d’ailleurs la série qui a propulsé Bruce Willis sous le feu des projecteurs. Bref, pour en revenir au nom, je ne voyais pas de raison de ne pas l’utiliser et en plus, je pense toujours qu’il est ultra classe. Ma décision était prise.

    J’ai donc contacté les pages jaunes mais je me suis vite rendu compte que publier une annonce publicitaire pour son entreprise était effroyablement cher. Du coup, je me suis rabattu sur le journal local qui dédiait une page par semaine aux diverses entreprises locales. Ma logique c’était qu’il était sans doute plus intelligent de commencer modestement et, comme ça, de garder les frais généraux aussi bas que possible. Mais le destin avait malheureusement décidé de se moquer de mes plans. Je m’explique :  le journal, au lieu de présenter mon annonce comme étant pour un détective privé a mis détective paranormal. Je l’ai remarqué le jour où la publicité est sortie et, très en colère, je leur ai demandé comment une chose pareille avait bien pu se produire. Ils m’ont répondu que la fille en charge de la rédaction avait vu le nom Blue Moon, avait fait le lien avec la série Clair de Lune et, sans le faire consciemment, avait écrit paranormal au lieu de privé. Ils se sont excusés et ont essayé de m’apaiser en me faisant diverses offres telles que « On vous offre un mois supplémentaire pour votre annonce », ce genre de choses. Mais évidemment, le journal était publié et en circulation. Je savais que pour les deux semaines suivantes, je serais Tempest Danger Michaels, détective paranormal au bureau d’investigation Blue Moon.

    Je me souviens très bien de cette journée. J’étais encore très énervé à cause de la publicité et j’étais assis dans mon bureau convaincu que je ferais mieux de fermer le temps que la publicité ait fini de circuler et de le rouvrir deux semaines plus tard. Eh bien, j’avais tort. Le matin de la publication de mon annonce, j’ai reçu mon premier coup de téléphone à 0912 h et j’ai eu trois autres demandes le même jour. Je dois avouer que j’ai depuis un flux continu de clients.

    Tout ça, c’était il y a six mois. J’ai fini par garder le nom, par continuer à faire tourner la publicité originale et par me demander si je ne devrais pas engager des employés. La plupart du temps, j’investigue des événements étranges... qui trouvent généralement leur source dans une consommation excessive de vodka. Cela dit, certains cas sont plus difficiles à résoudre : ceux dans lesquels en plus d’alcool, il y a aussi une bonne dose de stupidité. Un exemple : un type avait fait appel à mes services parce qu’il s’était fait attaquer par un loup-garou. La créature s’est évidemment révélée être un pauvre SDF drogué, poilu et à moitié nu. Autre exemple, un couple avait subi plusieurs coups du sort. Ils s’étaient donc persuadés d’avoir été maudits par leur grand tante Ida (qui était forcément une sorcière : « elle a un chat noir ! ça ne trompe pas ! »). Bien sûr, il ne s’agissait que d’un couple malchanceux. Dernier exemple, une vieille dame m’avait affirmée être maintenue éveillée toutes les nuits par les bruits d’un fantôme. En fait, elle souffrait d’avoir un chien pétomane.  

    Je savais évidemment avec une conviction totale – comme n’importe quelle personne saine d’esprit -, que le monde paranormal dans sa totalité est un tas d’inepties. Ce qui veut dire que lorsque je commence mon enquête, je peux toujours ignorer la possibilité qu’un loup-garou soit effectivement en train de courir dans Chatham ou que tante Ida soit réellement une sorcière jetant des sorts à sa famille. Et souvent, c’est en enlevant toute donnée paranormale qu’une solution rationnelle se présente comme étant évidente. Le mieux, c’était que ces gens me payaient pour leur souligner poliment qu’ils étaient idiots.

    Les faits intéressants de mon histoire ont débuté d’une manière ordinaire. C’était un jeudi, un jour où je devais travailler, mais je n’avais pas encore de cas assigné pour ce jour-là. Malgré ce fait, je m’étais levé tôt, j’avais fait mes exercices quotidiens et avais promené mes chiens. C’est à la suite de tout cela que je me trouvais à être assis dans un café en face de mon bureau en train de lire le journal et de boire un café. La manchette du journal « The Times » était partagée entre un aperçu des problèmes se déroulant en Syrie et une grande photo de la nouvelle princesse (née quelques jours plus tôt) prise à l’occasion de sa première apparition publique. Rien qui ne m’intéresse particulièrement.

    Je pris ensuite un journal local - celui d’ailleurs qui avait publié mon annonce. À la page quatre, juste après un article sur le vol d’un canoë, un titre attira mon attention : « Un Bigfoot à Bluebell Hill ? ». Une photo de mauvaise qualité était placée en dessous. Sur celle-ci, il était vaguement possible d’identifier une sorte de masse noire sur le flanc d’une colline.  Le chapeau donnait un résumé standard des événements : une énorme bête avait été aperçue plusieurs fois ces dernières semaines. La topographie du Kent est rurale, ça ne fait aucun doute, mais elle n’est pas suffisamment sauvage pour qu’un bigfoot puisse y vivre sans que quiconque ne le remarque. J’étais un peu surpris, car ce journal ne donnait d’habitude pas dans le sensationnel et les spéculations. Je continuai donc ma lecture. La première observation avait eu lieu trois semaines plus tôt, un dimanche après-midi. Monsieur et Madame McCarthy d’Aylesford promenaient leur labrador lorsqu’ils ont aperçu, à trente mètres de

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