Des voix au-dessous
Quand un puissant jet d’eau lui aspergea le visage, Marion poussa un cri et se releva d’un bond, se cognant la tête au passage sur la vieille dalle de l’évier.
– Thomas, hurla-t-elle, vite ! Va couper l’eau !
– Où est le robinet? demanda ce dernier depuis la salle à manger.
– Il est dans la cave, vite !
En attendant, afin de limiter les dégâts, elle se saisit d’un torchon qu’elle employa à réduire le débit de l’eau.
La tuyauterie était ancienne, le tuyau d’arrivée d’eau venait tout simplement de lâcher alors qu’elle s’apprêtait à faire un point de soudure en attendant le plombier. Elle entendit Thomas ouvrir la porte de la cave et le temps lui sembla interminable tandis qu’elle tenait fermement le torchon enroulé autour du tuyau. La cuisine ressemblait déjà à une pataugeoire et ses vêtements étaient trempés.
– Qu’est-ce que tu fabriques ? cria-t-elle.
La voix de Thomas lui parvint un peu étouffée, venue d’au-dessous.
– Je ne trouve pas !
– Sous le vieux casier à bouteilles, il y a une dalle.
Quelques instants plus tard, enfin, elle put relâcher la pression.
– Le robinet est grippé, j’ai eu du mal. Je vais demander au plombier s’il peut venir en urgence.
Ils finirent par en rire.
Ils savaient très bien qu’en achetant cette vieille bicoque perdue dans la campagne limousine ils auraient à investir dans quelques travaux. Mais la bâtisse était saine, bien qu’elle ait traversé les siècles. L’on prétendait qu’elle avait été construite au xviie siècle, qu’elle était une ancienne dépendance du château médiéval voisin.
Marion et Thomas avaient visité bien des maisons avant d’arrêter leur choix sur celle-ci. Un coup de cœur commun, et cela dès l’entrée dans les lieux avec l’agent immobilier.
Famille et amis avaient tenté de les dissuader de se lancer dans une telle entreprise, mais ils n’avaient écouté personne. C’était ici et pas ailleurs qu’ils s’installeraient et élèveraient leurs futurs enfants.
