Le sang des Gucci
Les familles heureuses se ressemblent toutes. Par son malheur, le sort de la famille Gucci est resté hors du commun. Il ne s’agit pas ici de l’incipit d’Anna Karénine, mais du début d’une tragédie dans laquelle le destin des personnages réels se confond avec celui de leurs avatars hollywoodiens. Dans un livre-événement, Fine dei giochi (« Fin de partie, en italien », éd. Piemme)*, Allegra Gucci revient sur l’assassinat de son père, Maurizio Gucci, en 1995, pour lequel sa mère, Patrizia Reggiani, a été condamnée à vingt-neuf ans de prison. Elle dénonce au passage l’essaim « d’hypocrites, de voleurs, de conseillers véreux tous appliqués à semer la discorde » qui a surgi dans son sillage. Et on ne peut s’empêcher de penser à House of Gucci, le blockbuster grossier qui a rejoué ce drame pour les spectateurs du monde entier avec ce qu’il faut de glamour, de jalousie et de crime. Vingt-sept années ont passé depuis la découverte du corps de son père, froidement abattu devant les portes de son bureau. Vingt-sept années au cours desquelles Allegra, la deuxième fille, aujourd’hui âgée de 41 ans, est restée silencieuse, spectatrice des mensonges, du sensationnalisme des médias et d’innombrables attaques. Aujourd’hui, elle raconte sa vérité.
Partons de ce jour, celui du décès de votre père, assassiné de quatre coups de pistolet par un tueur à gages dans le centre de Milan. Comment avez-vous appris sa mort?
Je suis dans ma chambre. Cette nuit-là, je dors mal. Ma mère, Patrizia Reggiani, entre et me dit à toute vitesse que papa est mort. J’ai 14 ans. Je me recroqueville et je regarde par la baie vitrée qui donne sur la place San Babila. En bas, les taxis jaunes et les gens
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