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Cet hiver-là
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Livre électronique202 pages2 heures

Cet hiver-là

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À propos de ce livre électronique

Le shérif Burt Duchamp est toujours le même bon à rien au sale caractère qui avait été confronté, dix ans plus tôt, à la vague de crimes du froid de l’hiver 2017. Rétif à l’utilisation des nouvelles technologies pour mener ses enquêtes, dans un monde où l’identification des cadavres s’effectue à l’aide de simples appareils portables, Burt décide de garder son chapeau de feutre et de recourir au don de Peter Bray qui doit affronter une fois de plus les fantômes du passé. Tout commence par le meurtre d’une femme mais, peu de temps après, plusieurs personnes âgées de Boad Hill disparaissent tandis que quelqu’un regarde avec passion les photos des jeunes filles assassinées au gré des saisons passées. Quel est le lien ? Jack aux pieds de plume serait-il revenu de l’au-delà ? Qui est le tueur, cette fois ? Un thriller psychologique sans précédent, qui vient conclure la saga du Froid d’hiver.

LangueFrançais
ÉditeurBadPress
Date de sortie7 avr. 2019
ISBN9781547580163
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    Cet hiver-là - Claudio Hernández

    Cet hiver-là

    Claudio Hernández

    Première édition eBook : mars 2019

    Titre : Cet hiver-là

    ©  2018 Claudio Hernández

    ©  2018 Higinia María

    ©   2018 Illustration de couverture : Higinia María

    ––––––––

    Tous droits réservés.

    ––––––––

    La présente publication, y compris ses éléments de couverture, ne saurait être en tout ou partie reproduite, stockée ou transmise par quelque support que ce soit, qu’il s’agisse d’une transmission électronique, mécanique, optique, par enregistrement, sur Internet ou par photocopie, sans l’autorisation préalable de son éditeur ou de son auteur. Tous droits réservés.

    Combien de livres ai-je déjà écrits ? Et à qui sont-ils dédicacés ? Une fois encore, je dédie ce livre à mon épouse, Mary, qui supporte chaque jour, patiemment, mes gamineries. J’espère qu’elle ne cessera jamais de le faire. Cette fois-ci, je me suis embarqué dans une autre aventure, une aventure que j’ai commencée dans mon enfance et que, à force d’endurance et avec son soutien, j’ai achevée. Un autre rêve devenu réalité. Elle dit que, parfois, je suis brillant... Parfois... Et parfois, ça m’effraie... Je dédie également ce roman à ma famille, et particulièrement à mon père, Ángel... Aide-moi sur ce terrain glissant...

    Cet hiver-là

    1

    Les yeux rivés sur la neige, il repartit mentalement quelques années en arrière. Dix ans, pour être exact. Ces pauvres gamines, la culotte aux chevilles, étendues dans une immense mare de sang que les hommes du shérif Burt avaient eu du mal à supporter, avaient fait de lui la boule de cristal qui avait permis de mettre la main sur le tueur. Mais tout ça, c'était du passé, du moins le pensait-il, car le tueur revient toujours sur les lieux de son crime, et il avait essayé de le caresser dans le sens du poil, mais Peter Bray était dur et froid : seul l’amour qu’il ressentait pour Ann le chamboulait.

    Ce fut Peter Bray lui-même qui raconta ce qui était arrivé en 2027. Et voilà son histoire, dix ans après cet hiver-là. Il neigeait abondamment, et les flocons s’entassaient sur les toits des maisons de Boad Hill, menaçant de les faire s’effondrer, tandis que le vent gémissait à chaque coin de rue, et butait sur les silhouettes inertes qu’on avait retrouvées enfouies sous la neige. Aujourd’hui, ce n’était plus des jeunes filles, ni les amies de son amoureuse, mais des petites vieilles rabougries qui attendaient la mort... C’est ça, elles l’attendaient... Avec une certaine impatience...

    John, son père, le tira de ses rêveries. Dehors, une neige épaisse tombait comme une pluie de bulles de savon.

    - À quoi penses-tu, fiston ? demanda-t-il.

    Peter Bray leva les yeux du grand manteau blanc qui s’étendait derrière la vitre de la fenêtre, et ses yeux croisèrent le regard triste de son père.

    - Il est revenu ?

    - J’ai bien peur que oui.

    - Super. J’ai du travail, maintenant, dit-il sur un ton amusé, même si cela ne lui faisait pas spécialement plaisir. La douleur revenait.

    - C’est bizarre que le shérif Burt ne m’ait pas encore appelé...

    - Cette crapule est toujours vivante ?

    John se tenait dans l’encadrement de la porte. Dans sa chambre, Peter était affublé de ce ridicule imperméable qui semblait ne pas subir les outrages du temps. Mais à l’heure des voitures électriques et des écrans de télévisions à commande vocale, ce vêtement était passé de mode depuis des lustres.

    - Oui. Il est toujours vivant. Je l’ai vu quatre fois depuis la dernière vague de meurtres. Quatre fois seulement en dix putains d’années. Il ne s’est même pas fendu d’un coup de fil pour me souhaiter ne serait-ce que la bonne année. Il a rempli sa mission et je ne lui sers plus à rien. Aujourd’hui, je suis un auteur à succès, doté d’un don bizarre pour certains, béni pour d’autres, et surréaliste pour le reste.

    Peter avait les yeux brillants, comme vitreux.

    - Mais tu es toujours mon fils, Peter.

    John avait la voix tremblante. Il avait beaucoup changé. Beaucoup trop, aux yeux de son fils. Sa peau était sèche comme celle d’un lézard. Ses yeux étaient enfoncés dans ses orbites, comme s’ils pesaient une tonne. Il n’avait plus de cheveux, à part une mèche sur la nuque qui dansait sous le vent, comme autant de fils blancs attachés à un ventilateur. Et il avait beaucoup maigri.

    - Ça, c’est vrai. Et qui a tiré le mauvais numéro, après toutes ces années de calme ?

    - Une femme de quarante ans, elle s’appelle Samantha. La ville s’est beaucoup développée, et je ne la connaissais pas. Si j’ai bien compris, elle est venue s’installer ici il y a deux ans. Christie n’a plus la même voix qu’autrefois, ou alors c’est cette foutue nouvelle télé qui n'est pas faite pour les durs de la feuille. Je crois qu’elle a parlé d’un crime passionnel, enfin, ce qu’on appelle les violences faites aux femmes. Je me demande parfois ce qui peut amener ces enfoirés à maltraiter leurs femmes comme ça. Ta mère et moi, on s’aimait beaucoup, jamais je n’ai levé la main sur elle. Bien au contraire, c’était elle qui m’engueulait le plus souvent. Apparemment, on l’a retrouvée enfouie sous la neige, tout bêtement. Cet hiver ressemble beaucoup à celui de 2017, tu sais, avec beaucoup de neige. Plus qu’il n’en faut. On dit aussi qu’elle n’avait plus de tête, on l’a reconnue grâce à son alliance, son nom était gravé dessus. On ne sait rien à propos du mari, ou plutôt, du tueur...

    - On était tellement tranquilles toutes ces années, j’avais même oublié que j’avais la lueur, l’interrompit Peter, la voix cassée. Et maintenant, un meurtre. J’aimerais penser que c’est un acte isolé, et que le passé ne remonte pas à la surface. Je me trompe peut-être. Je l’espère en tous cas.

    - Bon, j’ai mal aux guiboles. Je crois que je vais aller me reposer sur mon lit électrique, lança John en éclatant de rire comme un gamin mal élevé. Ce lit et cette foutue télé, c'est tout ce que j'arrive à faire fonctionner, le reste, c’est trop compliqué pour moi. Mais en fait je m’en fous complètement, vu ce qui me ronge de l’intérieur. Oui, fiston. Un de ces jours, ton père va mourir. Le matelas de massage ne caresse plus ma peau quand il détecte que mon cœur s’emballe dans ma poitrine.

    - Ne dis pas ça, papa, grommela Peter.

    Il le regarda fixement, derrière ses lentilles de contact, et lui adressa une moue complice.

    - Tout le monde doit mourir. Mais ton heure n’est pas encore arrivée.

    - C’est ta lueur qui t’a dit ça ?

    - Non. Tu sais bien qu’il faut que je touche une personne ou un objet qui lui appartient pour voir à travers ses yeux, mais rien d’autre. Je ne peux pas lire l’avenir, mentit Peter, qui ne portait plus ses lunettes à monture épaisse, mais qu’il conservait toujours sur une étagère amovible.

    Même la fenêtre avait changé. À présent, au lieu de soulever la vitre, il suffisait d'appuyer sur un bouton pour que deux vantaux métalliques s’ouvrent et se ferment, comme deux paupières horizontales.

    - Allez, je vais me reposer, fiston. Profite bien de cette putain de neige.

    John se décolla de l’encadrement de porte, comme une ventouse, et se rendit en geignant vers sa chambre. Peter se tourna vers la fenêtre. Il attendait un coup de fil. Il attendait Burt.

    Pendant ce temps, la neige léchait toutes les rues comme une grande langue pâle et rêche en laissant derrière elle une bave compacte qui craquait sous les semelles de quiconque osait s'aventurer dehors.

    Même sous celles du nouveau tueur.

    2

    Burt Duchamp, inquiet, regardait la femme raide comme un piquet. Ses seins étaient couverts de neige, mais pas ses chevilles ni son sexe. Dix ans après, le shérif avait gardé ses moustaches et ses foutues manières, mais, le pire de tout, c’était qu’il n’avait rien retenu des anciens meurtres. Il marchait bizarrement autour de la poupée de neige décapitée. Il se frottait les mains et éternuait de temps à autre.

    Jack Hodge n’était plus le petit gros du groupe. Il était plus mince. On aurait dit qu’on lui avait jeté un sort. En effet, il avait perdu quarante kilos ces deux dernières années. Il se sentait bien, mais il s’était mis à fumer. Une fine langue blanche pendait à ses lèvres, et un tourbillon de fumée s'élevait pour disparaître presque aussitôt.

    Tous ceux de 2017 n’étaient pas là. Martin était décédé d’une crise cardiaque et avait été rapidement remplacé par un certain Joe Norton. Un type super enthousiaste qui marchait à l’adrénaline. Il se frottait les mains devant le cadavre livide.

    Lloyd Chambers, la bite toujours en alerte, faisait toujours partie du service. Richard, qu’on surnommait toujours « le nouveau » malgré l’arrivée de Joe, continuait à formuler ses propres hypothèses sur le meurtre. Voilà des années que cet enfoiré de « Jack aux pieds de plume » ne faisait plus parler de lui, mais il était de retour, avec la tempête la plus froide qui eût frappé depuis 2017. Mais Burt leur avait clairement dit que, même s'il n'avait pas la moindre putain d'idée de ce qui s’était passé, puisqu'il était encore trop tôt, le meurtre n’avait aucun rapport avec un tueur en série.

    Il ne se trompait pas, et ses yeux ressemblaient à deux balles de base-ball blanches. Il avait tort sur un seul point. Une année de tourmente dévastatrice commençait à Boad Hill, et les rafales blanches et glaciales allaient amener avec elles la silhouette d'un tueur en série qui s’apprêtait à passer à l'acte.

    On entendit craquer l’allumette avec laquelle Jack voulait allumer la clope vissée à ses lèvres.

    - Voilà dix ans qu’on n’a pas vu une tempête de neige comme celle-là. Ni un cadavre. Ça fait dix ans qu’on est peinards, mais ça, les gars...

    Il fixa chacun de ses hommes dans les yeux.

    - Ce n’est pas Jack aux pieds de plume. Je pense à un meurtre par maltraitance. Il ne reste plus qu’à vérifier l’identité de son enfoiré de mari et à lui passer les bracelets, s’il ne s’est pas déjà taillé à Boston ou à Portland.

    Joe Norton acquiesça, comme si cette consigne était destinée à lui seul.

    - Oui, patron. Ça a tout d’un crime passionnel, ou par mauvais traitements. Je vais interroger le système SI pour savoir qui est ce couple.

    Le système SI était un logiciel extrêmement puissant, développé en 2025, qui permettait de consulter toutes les cartes de sécurité sociale sur le territoire nord-américain. Ce document prévalait sur les autres, notamment sur la carte d’identité, car, en 2027, la carte de sécurité sociale contenait toute l'histoire d’un individu, jusqu’à la couleur de ses excréments et ses éventuelles crises d’hémorroïdes. On accédait au système via un petit ordinateur intégré au tableau de bord du véhicule de patrouille, dont les foutus gyrophares bleus, rouges et jaunes n'en finissaient pas de briller. On aurait dit un manège de fête foraine des années 80 ou 90. Sur ce point, le temps s’était arrêté. Sauf que maintenant, on avait ajouté au clignotement des lumières une sorte de vrombissement, comme le ronronnement d’un gros chat endormi sur le capot.

    Joe fendit l’air glacial et rejoignit la voiture de patrouille. Ses bottes s’enfonçaient dans une masse spongieuse et dure à la fois. Chacun de ses pas craquait et la neige lui arrivait aux tibias. Ses pieds engourdis lui donnaient une démarche d’ours blessé par un enfoiré de chasseur. Il haletait comme un chien, et son souffle se transformait en une feuille de glace que le premier coup de vent faisait exploser.

    C’était l’hiver le plus rude qu’on eût connu ces dix dernières années. C’était comme si mère nature prenait un malin plaisir à foutre en

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