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Froid d'hiver
Froid d'hiver
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Livre électronique159 pages2 heures

Froid d'hiver

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À propos de ce livre électronique

A Boad Hill, le froid hivernal n’est pas venu seul. Les meurtres aussi sont arrivés. Le shérif Burt ne sait comment agir devant la première victime découverte ensevelie sous la neige. Mais il sera bientôt habituel de découvrir des cadavres de jeunes lycéennes. Le tueur est rapidement surnommé Jack aux pieds de plume, car il ne laisse aucune trace derrière lui. Dans un village, que le shérif s’entête à appeler une ville, où il ne se passe jamais rien, tout le monde est suspect désormais.

LangueFrançais
ÉditeurBadPress
Date de sortie5 nov. 2018
ISBN9781547545339
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    Froid d'hiver - Claudio Hernández

    Froid d’hiver

    Version longue

    Claudio Hernández

    Première édition eBook : mars 2018

    Titre : Froid d’hiver « Version longue »

    ©   2017 Claudio Hernández.

    ©   2017 Illustration de couverture : DNY59

    ©   2017 Correction : Higinia Maria

    Tous droits réservés.

    ––––––––

    La présente publication, y compris ses éléments de couverture, ne saurait être en tout ou partie reproduite, stockée ou transmise par quelque support que ce soit, qu’il s’agisse d’une transmission électronique, mécanique, optique, par enregistrement, sur Internet ou par photocopie, sans l’autorisation préalable de son éditeur ou de son auteur. Tous droits réservés

    Je dédie ce livre à mon épouse, Mary, qui supporte chaque jour, patiemment, mes gamineries. J’espère qu’elle ne cessera jamais de le faire. Cette fois-ci, je me suis embarqué dans une autre aventure, une aventure que j’ai commencée dans mon enfance et que, à force d’endurance et avec son soutien, j’ai achevée. Un autre rêve devenu réalité. Elle dit que, parfois, je suis brillant... Parfois...

    Froid d’hiver

    On l’appelait Jack aux pieds de plume, car jamais il ne laissait la moindre foutue empreinte dans la neige. Peut-être la neige qui tombait copieusement, cet hiver-là, sur Boad Hill, l’une des plus blanches de ces dix dernières années, s’était-elle chargée d’effacer toutes les traces avec ses flocons qui tombaient en étoile sur le sol, tandis que le vent finissait de les lisser.

    Elles avaient toutes été retrouvées avec la culotte aux chevilles, leurs yeux vitreux grands ouverts dans une expression de douleur et de cruauté, tournés vers le ciel noir. Les flocons les recouvraient jusqu’à en faire des sculptures brillantes, tandis que l’horreur flottait encore dans l’air.

    C’était l’hiver 2017 et, pour la première fois, Peter venait de se prendre au jeu des amours impossibles par ce froid hivernal.

    1

    - Monsieur, qu’est-ce qu’on fait ?

    Les yeux de Lloyd Chambers étaient froids comme la pierre, aucun éclat n'en émanait, bien au contraire : ils n’étaient que noirceur et doute.

    Le shérif Burt Duchamp le regarda du coin de l’œil pendant un instant et secoua la tête sous son chapeau de feutre recouvert d’une épaisse couche de neige, qui tombait toujours dru.

    Lloyd était l’un de ses hommes ; il avait toujours été accompagné de types qui ne lui servaient à rien. C’était le petit nouveau, le stagiaire. Dans une ville comme Boad Hill, tout le monde se connaissait et savait sur quel pied chacun dansait et à quelle famille il appartenait. Lloyd, lui, avait débarqué du Michigan, bien loin d’ici, pour rejoindre les rangs du shérif Burt Duchamp.

    Jack Hodge était le grassouillet de ce groupe de bons à rien, l’un des nombreux équipiers du shérif de Boad Hill ; Burt le cherchait sans cesse, il lui balançait des vannes douteuses et se moquait ouvertement de lui. Il le regardait du coin de l’œil puis crachait un mollard vert comme une reinette qui restait collé au sol comme un chewing-gum à la menthe. Mais tout ça, ça se passait entre les quatre murs de son bureau, si on pouvait appeler la turne de Burt un bureau. Quatre tables, un bureau, une porte vitrée fêlée de toutes parts, comme une immense toile d’araignée. Hodge était une équation mathématique ou une cacophonie. Doux euphémisme, pensaient-ils tous.

    Lloyd Chambers, le bleu, était un type rachitique dont le ventre commençait à subir les effets de la bière. D’ici quelques années, il serait difforme, avec le bide tombant jusqu’aux couilles et le dos ployant sous son poids. Pour l’instant, il devait peser soixante kilos, en comptant le tas de neige sur son chapeau. Il avait les cheveux bruns et un peu trop longs, ce qui agaçait Burt outre mesure. Il avait les yeux verts et le nez pointu. Ses lèvres pincées dessinaient une ligne mince, comme une braguette fermée. Sur le terrain, il portait son uniforme officiel, mais pendant son temps libre, il portait des jeans moule burnes, le con. Ils ne moulaient pas grand-chose. Il ne fumait pas et ne buvait pas. Il n’avait jamais mis les pieds dans le bar de Moll. Quel nom, pensa-t-il avec un rictus sur les lèvres. Un bar à putes oui, rien d’autre. Pour dire les choses, on les voyait s’accrocher à leurs clients potentiels ronds comme des queues de pelle, comme des tiques prêtes à leur sucer le sang. Il chaussait du 47 et, question virilité, il avait l’arsenal le plus long et le plus mince au monde, mais il en était fier. Il ne l’avait utilisé que deux fois. Une fois avec Charlize, une attardée mentale qui avait tout de même les idées claires, bien plus claires que les siennes, puisqu’elle s’éclatait pendant le sexe ; la deuxième fois, c’était avec Elizabeth, quel beau prénom... Mais jamais elle ne fut la mère de ses enfants. Il était seul. Il mesurait un mètre soixante-quinze et avait les mains les plus osseuses qui existent. Il était parfois pris de tremblements. Il était camé au café.

    - Elle est congelée, monsieur.

    Il avait la voix grave et cassée. Son large cou lui servait d’instrument de musique qui lui permettait de moduler sa voix.

    Pourquoi les nabots ont-ils toujours une voix grave ? se demanda Burt.

    - Comment voulez-vous qu’il en soit autrement, sous la neige ? lui demanda sèchement le shérif Burt, en se penchant sur le cadavre de la gamine, qui ressemblait maintenant à une dune recouverte de flocons.

    Burt Duchamp était un type bien bâti, il devait faire dans les quatre-vingt-dix kilos au bas mot. Ses cheveux gris en brosse étaient assortis à une moustache qui cachait sa lèvre supérieure. Il avait les yeux foncés et la mine toujours grave. C’était comme si la vie l’emmerdait en permanence. Il mesurait un mètre quatre-vingt et ne quittait jamais son uniforme, même pendant ses jours de repos, qui n’existaient pas. Il gardait toujours son flingue, le Glock 19 neuf millimètres règlementaire, à portée de main, mais à Boad Hill, une ville apparemment paisible où il n’arrivait des trucs bizarres que très rarement, il était inutile de le dégainer, les jours passaient normalement. Des bagarres entre soulards, des mauvais traitements sur conjoint, qui n’allaient pas plus loin qu’un œil au beurre noir, et quelques conneries de gamins avec leurs satanés pétards.

    Mais là, c’était du jamais vu. À tel point qu’ils n’avaient aucune expérience de ce genre d’affaires, puisque tout ce qu’ils avaient appris à l’école de police avait été jeté aux oubliettes. Mais Burt était un homme de ressources, et il sut quoi faire. Il ne donna qu’un seul ordre. Pour le coup, il était abasourdi, mais il le cachait plutôt bien.

    - Vous allez me déterrer cette pauvre gosse et me l’identifier. Je veux des empreintes. Je veux le tueur.

    Puis il se tut. La neige redoublait, il avait le chapeau blanc et le nez rouge, qui coulait par moments. Jamais à Boad Hill on n’avait connu un hiver aussi froid. Aucun de ce genre.

    - Monsieur, c’est Rachel Geller, la fille de Tom, lui apprit, abattu, l’un des policiers qui venaient de sortir le corps de terre quelques minutes auparavant.

    - Allez, il n’y a rien à gratter ici, grommela Burt, en se retournant vers lui, énervé. Bordel, pourquoi vous ne me l’avez pas dit avant ?

    Tom était l’un de ses amis d’enfance qui gagnait chichement sa vie en tenant une librairie encombrée des bouquins d’un auteur de livres d’épouvante et d’un autre écrivain de science-fiction. Les deux écrivains traversaient une très mauvaise passe. Tom ne voulait pas accepter de nouveaux talents dans sa boutique, qu’il avait appelée Friki. Il croyait dur comme fer au talent de ces deux foutus écrivains, même si leurs ventes s’étaient effondrées.

    - Vous voulez connaître la cause de la mort ? demanda Martin, le flic qui lui avait révélé l’identité du cadavre.

    Martin était le plus baraqué des gars du shérif ; balèze et chauve. Son prénom venait du romain Martinus, lui-même dérivé de Martis, à son tour associé au dieu Mars. Il s’en vantait en permanence.

    - D’après vous, répondit Burt, dans un murmure que le vent dispersa entre les arbres alentour, si hauts et si blancs qu’on aurait dit des poupées de neige maigrichonnes qui menaçaient de tomber à tout moment.

    Le bleu des gyrophares des deux véhicules de patrouille brillait sur la neige et se reflétait sur les branches des arbres et sur leurs visages, comme un manège qui tournait à grande vitesse, sans s’arrêter. L’ambulance arriva en silence, on n’entendait que les pneus crisser et déraper sur la neige aplatie ; le chauffeur n’avait pas déclenché la sirène. Rouge et blanche, on la distinguait à peine du blanc éclatant de la neige qui enrobait tout comme un immense manteau de laine.

    - La femme, enfin... la fille, rectifia Martin, est morte par déchirure...

    - Déchirure ? répéta Burt, tandis que deux hommes descendaient de l’ambulance en tirant un brancard rouge, chacun à un bout, leurs mains nues fermées sur les poignées. Ils restaient dans le froid, plissant le front comme s’ils recevaient une pluie acide.

    - Oui, d’un côté à l’autre, poursuivit le flic, d’une voix basse et en rougissant, même si la neige lui collait à la peau comme une ventouse. On aurait dit qu’il était couvert de mousse à raser.

    Le vent, qui venait de se lever comme par magie, étouffa littéralement la discussion animée des hommes aux chapeaux de feutre. La neige tombait si fort qu’ils devaient cligner des yeux en permanence pour se débarrasser des flocons qui se collaient à leurs cils.

    - Et vous savez ça comment puisqu’elle est enfouie sous la neige ? l'interrogea Burt qui se trouvait maintenant dos à la victime, peu à peu recouverte de nouveaux flocons de neige qui s’emboîtaient parfaitement et polissaient la surface.

    - Nous l’avons sortie de terre ce matin parce qu’il nous a semblé voir... Le policier haussa les épaules et rougit. Sa barbe clairsemée était totalement blanche, comme ses épais sourcils. Je veux dire, plus d’une heure s’était déjà écoulée. C’était Martin qui parlait.

    - Voir quoi ? Putain, crachez le morceau ou je vous étrangle !

    - On a aperçu ce qui ressemblait à une petite culotte rouge...

    Il s’interrompit, hésitant.

    - Ça y ressemblait et c’en est une, pas vrai ?

    Burt avait les lèvres gercées et l’un des sillons se mit à saigner. Un mince filet chaud et luisant s’écoulait. Il l’essuya avec sa langue et goûta la douce saveur de son sang. Une fois encore, il eut l’impression de sucer un bonbon au cuivre.

    - Oui, monsieur. C’est la seule preuve dont nous disposions.

    - Donc elle a été violée, c’est ça ?

    - Oui, répondit Martin,

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