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Fannie Baby
Fannie Baby
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Livre électronique126 pages1 heure

Fannie Baby

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À propos de ce livre électronique

Inspir dun fait vcu, laction se situe en terre qubcoise et dans la province maritime canadienne du Nouveau-Brunswick. Le roman psychologique Fannie nous conduit dans le ddale pineux qui gravite autour du suicide dun enfant. Tout en maniant la posie,lauteur pose un regard sans pudeur sur les impulsions qui ont tiss le drame. Qui est responsable? Qui ne lest pas? La lumire peut-elle rejaillir lombre du geste de mort qui a t pos?
LangueFrançais
Date de sortie11 nov. 2011
ISBN9781426997723
Fannie Baby
Auteur

MARIE-ROSE MARCOUX

De citoyenneté canadienne, Marie-Rose Marcoux est avant tout québécoise. Native du nord de cette province, très tôt voyager est devenu pour elle le moyen rêvé de connaître le monde. Elle a parcouru les États-Unis, l’Europe, l’Asie et le Canada d’est en ouest. Par deux reprises elle a participé à des immersions d’apprentissage en langue espagnol, d’abord au Mexique puis en Espagne. Bachelière en pédagogie, elle a enseigné l’histoire et le français au secondaire. Puis elle a travaillé en Ontario comme professeur de français langue seconde. Titulaire d’un cours de rédaction, elle a touché à la poésie. De plus, elle a suivi des stages de formation en nouvelle et en roman. Ce premier roman psychologique est l’aboutissement d’une longue démarche littéraire.

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    Aperçu du livre

    Fannie Baby - MARIE-ROSE MARCOUX

    1

    La flamme d’un désir lascif transpirait comme une suie tenace sur la couleur de nos gestes. Alors, telle une volute en mouvement, son baiser crépita comme une brûlure sur mon silence. Le tison de ses lèvres, étrangères et désirées sur ma bouche, provoqua une chaleur tangible entre les cuisses de l’infidèle que je m’apprêtais à devenir.

    Puis il me susurra à l’oreille : Oh! . . . Fannie Baby, I love you! À ces mots, mes dernières réserves de pudeur s’envolèrent en fumée. Sur l’heure, je serais son amante. Soudain, . . . clic! . . . un bruit de clé dans la serrure, la porte s’ouvrit! . . .

    Ainsi commençait le roman que Fannie Laflamme Black s’était mise en devoir d’écrire pour ordonner sa vie. À ce jour, elle était persuadée d’avoir passé à côté de sa propre existence. Oui, elle avait été heureuse d’accoler son nom à celui de Réal Black. Après trois décennies de vie commune, Fannie n’avait presque plus rien de commun avec son mari. Celui-ci, conservateur de par son éducation judéo-chrétienne, avait su attirer l’intérêt de Fannie par son aspect révolutionnaire qui s’affichait dans le port d’un anneau d’argent dans l’oreille gauche et les cheveux mi-longs à la mode Beatles Mania.

    Mais Fannie n’en était plus à la quête du mâle mystérieux. Dorénavant, elle s’efforcerait de revenir à ses origines. En premier lieu, elle veillerait à découvrir qui était vraiment Fannie Laflamme. Car au fil du temps, l’état de son mental avait atteint un degré avancé de dégradation entre l’absence d’un mari accro au travail et celle de leurs trois oisillons qui avaient bel et bien quitté le nid. Bien que solitaire de nature, le désœuvrement qu’engendrait cette disette l’anéantissait, puisque la seule carrière qui ne l’eut jamais passionnée fût celle de dorloter sa famille.

    Fannie dépassait largement la cinquantaine et de son dévouement il ne restait que des photos : certaines sur papier glacé et des millions d’autres dans sa tête enfiévrée. Conséquemment, il ne lui était plus possible de demeurer neutre face à une existence qu’elle croyait devenu futile. Elle devait se secouer et ce, nonobstant sa nature apathique qui rendait la révolte des plus difficiles.

    Elle avait assisté à l’agonie de son père emporté par un cancer sans que ce dernier n’émette aucune plainte. Elle avait admiré un tel courage et s’était juré de suivre son exemple. Elle tiendrait le flambeau quoiqu’il advienne.

    2

    Flash-back sur la maîtresse d’école qui parlait dans le vide et pleine vue sur le firmament. Fannie, l’écolière, fantasmait : tantôt sur le voyage à Paris qui devait être le prix d’un concours de dessin; tantôt sur la boîte de soixante quatre crayons Prismacolor du gros Gilles, son voisin de gauche.

    La famille Laflamme vivotait sous le seuil de la pauvreté, mais Fannie avait le don d’obtenir tout ce qu’elle souhaitait car elle possédait un don. Sorcière de l’imaginaire, elle pouvait transformer toute réalité. Abracadabra! Il lui suffisait d’un peu de créativité et le tour était joué. Par la magie du rêve, la jeune Fannie concrétisait les mythologies qu’elle s’inventait.

    La puissance du songe prenait tellement de place dans la vie de la petite fille qu’il lui arrivait de ne pas savoir faire la différence entre les mirages du jour et ceux de la nuit. En 1958, le catalogue en noir et blanc de Dupuis & Frères exhibait son lot de convoitise. Il offrait la possibilité d’acheter des milliers d’objets, autrement inaccessibles dans ce coin perdu de l’Abitibi où vivait la famille Laflamme. Une nuit, Fannie avait eu la certitude de posséder l’attirail complet du peintre : chevalet, tableaux de canevas, pinceaux et tubes de couleur. Puis, dès le réveil, plouf! Envolé! Il ne restait plus rien de ces trésors qui l’avaient rendu si heureuse l’espace d’un songe.

    Puis, Fannie découvrit le sortilège des mots. L’alphabet détenait le pouvoir de rendre crédible toute fiction qui mijotait dans sa tête continuellement. Inutile d’acheter les mots, tapis au fond de l’âme, ils étaient gratuits et ne demandaient qu’à voir le jour. L’adolescente et plus tard l’adulte, développa donc l’habitude de griffonner ses pensées sur papier. Comme cadre d’exécution à sa manie, elle privilégiait les endroits publics. Tant au restaurant qu’à l’urgence de l’hôpital, tout endroit l’inspirait.

    Paradoxalement le surplus de bruit constituait un paravent virtuel. C’est ainsi qu’apparenté au silence par son uniformité, cette espèce de bourdonnement de fond favorisait son inspiration. Tandis que des lieux moins bruyants lui offraient la chance d’attraper ici et là des bribes de conversations. Immanquablement, de ces tête-à-tête, émanait une saveur de confidences dérobées.

    J’pourrais-tu avoir un verre d’eau?

    La serveuse ne broncha pas. Occupée à la mise en place du repas du midi, elle tentait de garder sa concentration.

    A rien compris, ajouta le client qui s’adressait maintenant à la blonde en queue de cheval assise en face de lui. Tous les gens de Shédiac venaient mettre leur placotage à jour au Snack Bar à Dalia.

    Hé! Là-bas, apporte-moé un verre d’eau! Répéta le client.

    Il s’étira le cou pour regarder dans la direction de l’employée. Celle-ci s’avança à pas lents vers le couple. Dans la main, elle tenait un verre de plastique rigide et grisâtre qu’elle déposa devant le client absorbé par son propre récit.

    Dans les Maritimes, le travail demeurait une denrée rare malgré une économie qui tentait désespérément d’être évolutive. Il était exceptionnel que les gens s’y installent pour y faire fortune. Au contraire, les chômeurs avaient tendance à s’exiler pour trouver du travail à l’extérieur de la province, sauf peut-être à Saint-Jean, port de mer d’importance au Canada.

    Parfois des marins y faisaient escale plus longtemps et décidaient de s’y établir pour de bon.

    Certains de ces immigrants, ne s’adaptaient pas à la dualité de la langue, de même qu’au rythme de vie ralenti de la presqu’île du Nouveau-Brunswick. Surtout en Acadie, partie française de la province, où se partageait un pain plus sec que dans la capitale.

    – Hier, je me suis acheté un billet de loterie 6 49. Si je gagne, je te jure que je décrisse mon camp d’icitte. Je suis écœuré. Y’a jamais rien à faire dans les Maritimes. Si je peux retourner au Québec, là j’va être fier en maudit!

    – As-tu vu dans le journal, le fou qui a agressé sa mère?

    Questionna en guise de réponse sa partenaire qui ne quittait pas des yeux le journal tout grand ouvert devant elle. L’apparente indifférence de la blonde se voulait un bouclier. Aguerrie aux récriminations de son interlocuteur, elle n’y pouvait rien changer. Mais l’homme lui répondit. L’histoire macabre le diversifiait de son propre ennui.

    – Moé, j’te règlerais ça vite une affaire de même. Une balle dans le front, ça ne couterait pas cher à l’état et ça serait fini par là.

    Puis les deux se levèrent de table. Ils continuèrent à bavarder. La femme sortit de la pièce. L’homme mit sa casquette et tout en boutonnant son manteau se dirigea vers la caissière pour payer.

    Deux nouméros sept? Placer moé là, su le comptoir, quinze piasses pis trente quat cennes. Je vous souhaitions une bin bonne journée messieu, dame.

    L’homme paya l’addition et ajouta quelques pièces de monnaie pour le pourboire. Alors que la waitress retournait débarrasser les assiettes sales, le client de la table d’à côté l’interpela tout en tenant une tasse souillée à la main.

    Pouvez-vous m’en apporter un autre s’il vous plaît mademoiselle?

    L’homme devait peser dans les 225 kilos. La peau lisse du visage et l’absence de cheveux gris donnaient à penser qu’il était dans la quarantaine.

    La serveuse repartait en direction de la desserte à café, quand l’obèse l’apostropha de nouveau, cette fois en montrant le sucrier.

    – Ah! Serait-ce possible aussi d’avoir d’autres sachets de Sucaryl?

    – Oui mon bon messieu, j’revenions de suite.

    Le gros homme s’affairait à son déjeuner tout en feuilletant l’Acadie Nouvelle du jour. Coincé entre le dossier de la banquette et le rebord métallique du plateau sur lequel était déposée une assiette remplie à ras bord d’œufs, patates, jambon, saucisses et toasts beurrés, il répondit à la sonnerie de son cellulaire. C’est à ce moment qu’il croisa le regard de Fannie.

    Cette dernière, confuse de s’être fait prendre en plein délit d’observation, pencha la tête sur ses notes. À Saint-Jean, avec le 5% de francophones d’origine, il relevait de l’exploit de vivre en français et ce malgré la loi fédérale qui prônait le fait que le Nouveau-Brunswick soit la seule province canadienne officiellement bilingue. Comme le français s’enseignait à l’école, tout le monde ou presque, connaissait plus ou moins les rudiments de la langue de Molière.

    Mais, dans la rue, il fallait chercher longtemps afin de croiser une personne capable de tenir la conversation. Pour sa part, notre héroïne s’amusait à traînasser dans les petits restos de quartier, peu importait le langage, pour y perpétrer des vols de conversation. Parfois, dans le but de prendre un bain de foule dans sa langue maternelle, elle traversait du côté de l’Acadie. Mais ce pays possédait plus de charme que d’habitants dans ses murs.

    Obsédée par son nouveau projet de vie, Fannie ne résistait pas au besoin d’observer le quotidien des autres. Elle recueillait des infos sur l’âme humaine. Ces intrusions permettraient de peindre des bouts d’existence qui serviraient plus tard à étoffer la trame d’un éventuel Best Seller’s. Pourquoi pas? Quoiqu’il en fût, le

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