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Exercices de style calembouresque: Laissez-vous Allais ! Escaladez mes fadaises
Exercices de style calembouresque: Laissez-vous Allais ! Escaladez mes fadaises
Exercices de style calembouresque: Laissez-vous Allais ! Escaladez mes fadaises
Livre électronique120 pages1 heure

Exercices de style calembouresque: Laissez-vous Allais ! Escaladez mes fadaises

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À propos de ce livre électronique

Antanaclase, paronomase, calembours et jeux d'esprit !

Le jeu de mots représente une des multiples formes comiques de l’expression humaine pour reprendre une citation d’André Breton (Manifeste du surréalisme, 1929). Du pas-très-loin à l’à-peu-près, du calembour à l’équivoque, de la paronomase à l’antanaclase, des polysémies aux homophonies, la langue française offre d’immenses possibilités de labourer à l’envie les champs sémantiques et lexicaux. Ce petit livre met ainsi à l’honneur les diverses facettes de l’onomaludisme (du grec onoma « le mot » et du latin ludere « jouer »). Suivant les illustres sillons tracés par Boris Vian, Pierre Desproges, Raymond Devos, Patrice Delbourg et Stéphane de Groodt, l’auteur convie les lecteurs à partager cette singulière tournure d’esprit qui fonctionne aux associations surréalistes d’idées et aux écarts de conduite verbale.

Découvrez cet ouvrage fait pour tous les amoureux de jeux de mots et de tournures d'esprit !

EXTRAIT DE Poésie publicitaire surréaliste

On le sait, Louis Aragon était un fou d’Alsa. Ce n’était donc pas du flan lorsqu’il déclamait à sa conquête triée et étrillée sur le volet : « Alsa, tes riz au lait sont l’amour de ma vie ! » Le poète – qui a toujours oraison et voit plus loin que l’horizon comme le chantait Jean Ferrat – faisait de tout sachet d’Alsa sien chaque fois qu’il passait à Colmar. Alsacien parfois mais breton le plus souvent, surtout quand il se chaussait chez André. Mais comme dit un sage proverbe de la rue, il n’est jamais trottoir pour bien faire. Louis et Elsa menèrent bourgeoisement une vie très prospère (youp-la-boum), mais à force de vivre dans les beaux quartiers, on prend ses aises et Elsa, après avoir porté des mousselines épurées, fut ensuite portée sur les purées émousse-ligne. C’est le risque de s’empâter avec ce luxe tout cru.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Matthieu Douérin, né au début du punk et du disco, a suivi des études trop sérieuses d’économie et de sciences politiques. Fonctionnaire territorial spécialisé dans l’urbanisme et l’aménagement du territoire, il consacre son temps libre à lire et à écrire.
LangueFrançais
Date de sortie24 juil. 2018
ISBN9782378772956
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    Exercices de style calembouresque - Matthieu Douérin

    Exercices de style calembouresque

    Matthieu Douérin

    Exercices de style calembouresque

    ycRfQ7XCWLAnHKAUKxt--ZgA2Tk9nR5ITn66GuqoFd_3JKqp5G702Iw2GnZDhayPX8VaxIzTUfw7T8N2cM0E-uuVpP-H6n77mQdOvpH8GM70YSMgax3FqA4SEYHI6UDg_tU85i1ASbalg068-g

    © Lys Bleu Éditions–Matthieu Douérin

    ISBN : 978-2-37877- 295-6

    Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

    Pour mon grand ami calembouriste Vincent à qui ce livre doit beaucoup.

    Préambule

    À en croire un dicton très prisé chez les médecins girondins, se gaver de Médoc (dites 33 !) c’est courir le risque de faire les choses en vin. Et comme disent certains vignerons quand ils raclent leurs fonds de terroir dans les cours de nos logis, même si c’est du Graves il ne faut pas se prendre au sérieux. Il est vrai que sur ce terrain les professionnels de la viticulture préféreront régaler l’assistance d’un « c’est pour rire » plutôt que regarder un cep pourrir. Tout ça pour dire qu’avec un œnophile à la patte mieux vaut débuter cette introduction par des courtes lignes, pas vrai Georges ?

    Partant du principe que de l’incipit à l’occiput il n’y a qu’un pas, l’intention générale de ce propos liminaire – ou luminaire c’est plus éclairant – est limpide. Elle vise à montrer que l’à-peu-près, l’équivoque et le calembour constituent non seulement une pratique de l’humour littéraire toujours vivace, mais peut-être et avant tout une forme d’éthique nécessaire à notre époque. Face à l’esprit de sérieux, aux dogmatismes de toutes sortes et à l’absurdité quotidienne qui nous entourent, une riposte spécifique s’impose à travers toutes les ressources du comique verbal. Tel un artisan qui cisèle avec patience quelques perles, l’écrivain-mélomane ici présent a déniché des mots-arts enfouis sous un amas de housses. Mais cette petite musique ne nuit pas, bien au contraire. Comme le déplorait si justement Chamfort, le moraliste fameux et non le chanteur pour midinettes qui à mains nues rêva : « la plus perdue de toutes les journées est celle où l’on n’a pas ri » (Maximes et pensées. Caractères et anecdotes). Et quand on a Paris, nul besoin de se faire mousser à Marseille ou à Lille.

    Suivant les frères Goncourt qui distinguaient les poètes des versificateurs, ne confondons pas les vulgaires calembouristes avec les artistes du langage. On ne plaisante pas avec le rire comme le pensait gravement Bergson. En conséquence, l’idée est de valoriser un genre qui connut ses heures de gloire au début du vingtième siècle (le fameux humour 1900) en lui redonnant toute la place qu’il mérite au sein de la littérature. L’humour d’aujourd’hui n’est pas décrié – je connais bien celle de Fécamp et de Dieppe – il a même une sacrée pêche. Hâtons-nous donc de le rendre populaire, ne craignons ni l’enthousiasme ni la possibilité d’en faire trop. L’essentiel, c’est d’être emphase avec son époque. De fait après la tragédie, la prosodie, la comédie, et si la calembourdie devenait un nouveau genre stylistique ? Faisons un rêve, celui qu’un jour tous les onomaludistes (du grec onoma « le mot » et du latin ludere « jouer ») se donnent la main pour inciter nos sociétés à offrir des jeux et des rires plutôt que du pain et du cirque.

    Si le mot d’esprit est une nourriture terrestre pour parodier André Gide, c’est parce qu’il alimente l’intelligence. C’est pourquoi, alors qu’un coupe-faim rapide ne rassasie pas, il est certain qu’un en-cas lent bourre. Quant à l’humour, beaucoup de gais lurons se sont cassé les dents à tenter de le définir, sauf ceux qui n’en avaient plus. Et pan, prends ça dentier dents ! Parfois défensif et protecteur telle une armure, l’humour apaise les angoisses existentielles, désamorce les situations tendues et pacifie les relations sociales. Mais bien souvent il se retourne en arme de combat. Combat contre la médiocrité, la bêtise crasse, les gouvernants, les fanatismes et la mort, bien sûr. La mort, qui finit par avoir le dernier mot et nous fait redescendre sur terre ou sous terre pour être précis. Dans le plus ou moins long fleuve in-tranquille d’une vie qui mène de la maternité au cimetière, nous sommes tous confrontés aux soucis lancinants, aux contraintes quotidiennes, à l’inanité de toutes choses et à l’inexorable rabot du temps. D’où le talent qu’ont certaines personnes à instiller autour d’elles un peu de joie, à jouir de donner aux autres quelques instants heureux. Tous ces petits riens qui font tout engendrent un sentiment d’exaltation lié au narcissisme triomphant et à l’invulnérabilité du moi. Comme la névrose, l’ivresse, l’extase ou la folie, l’humour s’efforce par ses propres moyens d’échapper à la contrainte de la souffrance ; il envisage une certaine manière de considérer le monde ; il porte un regard singulier sur les événements ; il permet à l’adulte de redevenir le petit enfant jadis affairé à débusquer des sources d’amusement. S’amuser, voilà une réponse parmi d’autres pour combler l’absence de sens inhérente à notre condition humaine et nous détourner de notre inéluctable finitude. Ce détournement, ce divertissement, certains ont décidé d’en faire leur profession. Car c’est un métier que d’élaborer un trait d’esprit. C’est un sport et une discipline ascétique aussi. Car si le rugby se joue à quinze, le foot-blagues se joue ascèse.

    Fun-ambule

    Comme le déclare Fantasio dans la pièce éponyme d’Alfred de Musset : « un calembour console de bien des chagrins ; et jouer avec les mots est un moyen comme un autre de jouer avec les pensées, les actions et les êtres. Tout est calembour ici-bas » (Fantasio, Acte II. Scène 1). Un calembour est tout autant la fiente de l’esprit qui vole que la fiole de l’esprit qui vente. Ces courants d’air de la pensée, il ne s’agit pas seulement de les comprimer ou de les réprimer mais bien de les reproduire à loisir. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, il est possible de fonder une discipline rigoureuse, la calembourologie, qui utilise la méthode dite des variations calembouriennes : trouver des images nouvelles, inventer des expressions, tordre les phrases dans tous les sens, opérer des rapprochements incongrus, jouer avec les sons et les significations. Comme si l’on apprenait un langage parallèle ou de biais, sans queue ni tête, une langue « étrange j’erre » en quelque sorte. Deux exemples en guise d’illustration. Quand Françoise Sagan rencontra par hasard un cerf dans la forêt de Fontainebleau, elle lui demanda : « aimez-vous le brame ? » Ensuite quand une mère parle de son fils brancardier, elle répète à qui veut l’entendre qu’elle est civière de lui.

    Au risque de paraître pour un fieffé cuistre, j’aurais pu dévoiler les trucs et les procédés qui m’ont servi à confectionner cet ouvrage. J’aurais commencé par évoquer l’amorce par diaphore, j’aurais poursuivi à grands coups de verbigérations, de janotismes et de fantaisies verbales pures, j’aurais mélangé les champs lexicaux avec une grosse poignée d’allographes, un rien de paronomases, un soupçon d’antanaclases et une pincée de syllepses. Mais comme vous le voyez, je me suis abstenu de le faire. Dans ce voyage linguistique au long cours (c’est long ou c’est court, il faudrait savoir), les mots bourgeonnent, s’entremêlent et essaiment. Cachez cet essaim que je ne saurais voir du reste. Voici donc un essai de performance scripturale où cohabitent les synonymes, les antonymes, les éponymes, les arènes de Nîmes. Un tel périple dans les méandres de la langue française vous invite cordialement, par l’entremise des sonorités et du glissement progressif du plaisir sémantique, à sillonner dans des rues textuelles à double circulation de sens.

    Après-ambule

    Via ce vade-mecum, j’ai systématiquement pris le parti d’en rire, de rire tout le temps, par tous les temps, et avec un robuste appétit de vivre. Aventure ô combien salutaire en périodes de vaches maigres où l’on n’a pas grand-chose à pouffer. L’objectif est aussi de renouer avec la fonction dissolvante de la rigolade, même si dix solvants c’est dix de trop pour l’environnement. Dans ce méticuleux travail d’écriture, l’urgence consistait à ne pas remettre à demain ce que je pouvais faire aujourd’hui en une seule. Si tel un coup de poing le style se veut uppercutant, ce n’est pas pour mettre à terre l’intelligence mais au contraire pour l’élever. De sorte que la grande heure ici résonne, lorsque l’horloge là-bas cesse.

    Je m’arrêterai, las, pour ne pas rallonger la sauce et parce que tout a été dit, écrit et répété. Puisse cependant cette adresse inaugurale être entendue afin d’attirer au maximum les rieurs qui représentent les farces vives de la nation. Alors vous qui êtes plombier, mécanicien, garagiste, rastaman, vous qui avec abnégation tentez de joindre les deux bouts, venez signer notre appel des dix-huit joints ! Ce livre n’a pas d’autre ambition, et c’est déjà beaucoup, que de vous apporter distraction et amusement. Si en le parcourant vos muscles faciaux s’étirent jusqu’aux oreilles comme figuré sur le croquis ci-joint, alors le

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