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L'Hôtel des Trois Soleils
L'Hôtel des Trois Soleils
L'Hôtel des Trois Soleils
Livre électronique160 pages2 heures

L'Hôtel des Trois Soleils

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À propos de ce livre électronique

Vince est un chauffeur routier belge d’une quarantaine d’années qui sillonne les routes de l’extrême nord du continent américain. Il rêve de motos et de liberté sauvage, négligeant sa famille et sa santé. Pendant une nuit de débauche, ses soucis domestiques l’amènent à se perdre dans l’univers tumultueux du Ganesh Bar, situé au pied de l’Hôtel des Trois Soleils. Le patron, un chinois énigmatique, lui propose une boisson étrange qui peut le régénérer, au risque de se perdre à jamais. La question est de savoir si ce changement sera pour le meilleur ou pour le pire. Le lecteur est plongé dans un thriller initiatique, un jeu de rêves emboités avec la débauche de la société, la corruption et la guerre de l’hydrogène et du pétrole en toile de fond. Un suspense tenu jusqu’à la dernière ligne.
LangueFrançais
Date de sortie30 mars 2023
ISBN9782312132211
L'Hôtel des Trois Soleils

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    Aperçu du livre

    L'Hôtel des Trois Soleils - Ramdane Issaad

    cover.jpg

    L’Hôtel des Trois Soleils

    Ramdane Issaad

    L’Hôtel des Trois Soleils

    Roman

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    Du même auteur

    Romans

    Sous le nom d’auteur de Sam Saraindead

    En Attendant L’Eldorado, (Les Éditions du Net)

    Sous le nom d’auteur de Ramdane Issaad

    Rushes, Seuil.

    L’Enchaînement, Flammarion.

    Laisse-moi le temps, Denoël.

    Pégase, Denoël.

    Le vertige des Abbesses, Denoël.

    Inconnu à l’adresse indiquée, L’Harmattan.

    A Flux Tendu, (Kindle Amazon)

    L’Éveilleuse, (Les Éditions du Net & Kindle Amazon)

    Papy Boum , (Les Éditions du Net)

    Sur la Vague, (Les Éditions du Net)

    Une Saison au Vallon des Fées , (Les Éditions du Net 2019)

    Voyages Immobiles (Les Éditions du Net 2021)

    Cannabis Social Club Orchestra (Les Éditions du Net 2022

    En espagnol

    Cannabis Social Club Orchestra (Ed Autografia 2022)

    El Hotel de los Tres Soles (Ed Autografia 2023

    En anglais

    Fault lines, (Creative Commons USA. Amazon)

    Essais

    La dictature d’Hippocrate, Denoël.)

    En anglais

    Fault lines, (Creative Commons USA. Amazon)

    © Les Éditions du Net, 2023

    ISBN : 978-2-312-13221-1

    Qui touche à la quiétude, parachève

    Tchouang Tzeu

    Prologue

    « Tu n’es qu’un raté ! Dégage Vince, je ne peux plus te voir en peinture, va au Diable ! » Le hurlement strident de la femme avait tétanisé tous les rentiers à dentier du quartier de villas huppées où était située la maison. Il sourit méchamment en songeant que sa chère et tendre allait le payer au prix fort. Tant pis pour elle ! Plus personne ne l’inviterait aux barbecues du samedi avant des lustres. Une scandaleuse, une pestiférée, voilà ce qu’elle allait devenir avec son sale caractère et ses idées de divorce !

    Il se sentait flotter dans l’ataraxie béate qui suit en général l’ingestion d’une pinte de bière bien fraîche, mais il n’avait rien bu avant de prendre le volant. Une folle ! Dorothy avait brandi le couteau à découper comme une furieuse, les yeux en billes de loto et la bouche tordue campée au milieu de la cuisine, prête à frapper son homme. Sitôt que les enfants étaient absents elle n’avait plus de limites. Sept ans de mariage. Ce n’était pas la première fois, il la connaissait comme sa poche. Qu’elle aille au Diable ! Dans le camion au moins il était chez lui. Personne ne pouvait rien contre sa puissance. Son Mack, le camion américain de ses rêves, acquis à la force du poignet. Son bouclier et son épée. Et là-devant, rien que la route sans fin entre les sapins, une route construite spécialement pour acheminer le gaz de schiste et les grumes, la fortune pour ceux qui osent ! Il y croyait encore. Dans une semaine Dorothy aurait des regrets. Ou pas. Il avait trop tiré sur la corde ces derniers mois. Jusqu’à quatre-vingts heures de route par semaine, avec les stimulants qui vont avec et les filles des bars à gogos qui comme lui s’y laissent prendre. D’accord, il avait fait la fiesta, mais il avait payé les traites en priorité quitte à manger un jour sur deux et à dormir l’hiver dans la cabine. Il avait tout donné, et rien reçu en échange. Quelle injustice ! Le manque de générosité était précisément ce que cette garce lui reprochait. D’après elle, il n’avait rien gardé pour alimenter symboliquement le foyer. De grandes phrases ! Les taux d’usure avaient grimpé en flèche, qu’y pouvait-il ? De toute manière elle n’était pas dans la misère, loin de là. Ses parents lui avait fait cadeau de la baraque et elle gagnait trois plus que lui en faisant des traductions. Elle écrivait et parlait le mandarin aussi bien que le français et l’espagnol et les commandes de Taïwan ne manquaient pas. Un clavier, des mots, du fric. Elle n’avait pas à s’en faire la donzelle. Une fille de riches, un pauvre gars, elle gagnerait toujours. C’est à la faculté des lettres et langues étrangères qu’ils s’étaient rencontrés par hasard. Il s’était inscrit en auditeur libre pour y apprendre l’anglais en débarquant de sa Belgique de misère avec trois sous en poche, convaincu qu’il allait faire des affaires en or et gagner de l’argent facile. Tout avait bien commencé, lire avait toujours été dans sa nature et contrairement à la plupart de ses copains de classe, il aimait l’idée de se fabriquer son propre film avec des phrases, bien plus fort que les séries de Netflix. Un matin d’hiver où il avait le spleen, se souvenant qu’en Belgique il avait publié deux trois anecdotes croustillantes pour le fanzine de son lycée et que tout le monde avait bien aimé, il avait sans trop y croire envoyé sa prose rédigée directement dans la langue de Shakespeare au comité de rédaction du journal officiel de la faculté qui comptait quelques pointures en littérature, dont, comme par hasard le professeur de sa Dorothy chérie qu’il ne connaissait pas encore. Contrairement à ses attentes pessimistes, il avait fait la une du numéro spécial de Thanksgiving avec le titre provocateur d’un petit récit de cinq mille signes qui avait reçu les compliments du comité apparemment très enthousiaste au vu du contenu du courrier laconique qu’il avait reçu. Si la beauté sauve le monde, le rire la conserve, bravo, continuez, vous vivrez mieux ! « Un destin de dinde » C’était juste un gag sur les réflexions intimes d’une pom pom girl amoureuse d’un héros du campus et qui se jure finalement de rester célibataire toute sa vie au moment du découpage atroce du volatile mal cuit par son fiancé pompette. Il n’avait strictement rien inventé, c’était arrivé à sa cousine germaine de Lens avec un capitaine de foot. Par chance, il avait horreur des chichis et son style direct avait ravi les anglo-saxons. Il se voyait déjà dans la peau du journaliste globe-trotter au grand cœur en train de donner des nouvelles du front sur CNN quand le coup de foudre avait chamboulé ses projets. Dieu qu’elle était belle la blonde de ses rêves ! Il avait été biberonné par la télé poubelle à la nostalgie de la vague yéyé européenne des années soixante-dix, et comme Dorothy ressemblait vaguement à Vanessa Paradis avec ses jolies dents de l’amour, il n’avait pas pu résister à son charme de blonde aguicheuse. De son côté, comme elle le prenait pour un séducteur français, elle n’avait pas pu résister à l’envie de parader devant ses copines avec ce génial french lover frisé qui ressemblait vaguement à Jim Morrisson. Résultat de l’action fatale des hormones : dix-huit mois plus tard un mariage devant le prêtre organisé en catastrophe par la famille pour cause de grossesse inattendue. Sept ans d’amour fou et de scènes de ménage définitives. Un tango mortel. Il avait ouvert le garage et travaillé comme un chef. Et puis très vite les petits, la routine, l’ennui, la guerre des sexes. Ma liberté, ta liberté. Les reproches les plus sales et les réconciliations sur l’oreiller, l’amour fou sans un mot. La lumière heureuse, la nuit la peur de la perdre, l’angoisse de ne plus jamais la retrouver. À la faculté, ils avaient projeté de faire un tour du monde à la voile, il lui restait encore un reliquat d’héritage pour le lui offrir à l’aise, mais après la naissance de la petite, tout avait empiré. Le jour où Dorothy avait douché ses espérances secrètes restait gravé d’une pierre noire dans sa mémoire. Une phrase assassine qu’il ne lui avait jamais pardonnée. « Mais personne ne lit plus de livres mon pauvre chéri, surtout avec ton style de littérature de gare. » Elle avait dépassé les bornes. Encore à cet instant, l’envie de la gifler le démangeait ! Étant donné qu’elle avait ajouté, en guise de cerise sur le gâteau, qu’il ferait mieux d’accepter le boulot d’homme de paille que lui proposait le beau-père dans la finance, il s’était offert sur-le-champ la même Harley que celle de Johnny Halliday pour se venger de leur mépris et approfondir encore le gouffre du crédit. Des dettes pour quinze ans, même avec son appoint de vingt-cinq mille. Un imbécile heureux ! À présent, il se rendait bien compte qu’il avait flambé ses économies pour matérialiser un fantasme en carton-pâte. Quand il avait enfin saisi qu’il était complètement à côté de la plaque et que ses idoles d’Europe n’étaient que de pâles copieurs des géants du blues et de la pop, son mirage de fan avait volé en éclat. Il en avait chialé en écoutant la radio dans le camion et avait presque regretté l’achat de la moto. Heureusement, la bande du Bandana Negro l’avait adopté. Le week-end, il bricolait la mécanique avec eux au garage, et le dimanche matin il allait quelquefois à la messe, ça apprivoisait Dorothy pour la semaine. Depuis qu’ils ne baisaient plus du tout, elle priait. Il sentait bien que leur belle jeunesse gourmande fichait le camp à toute allure, aux dîners de famille, ils se jouaient de concert la comédie des gens heureux même s’il était le mouton noir du clan Helston, ensuite c’était le vide souriant et poli, les enfants gazouillants sur les genoux, les jeux vidéo idiots, trois phrases sur la météo. Il serrait les dents. Il en avait bavé des miles et des miles de l’enfer sans broncher ! Trois tournées par semaine entre les zones de coupe et les scieries pour tenir le rendement. Au total il avait bien dû faire dix fois la circonférence du globe en allers et retours sur des bourbiers infâmes ou de la glace craquante prête à tout engloutir, avec tellement de coups de bol inespérés à deux doigts de la catastrophe, qu’il avait fini par se dire qu’il était béni des dieux.

    Le moteur s’emballait, les chaînes du tracteur patinaient sur l’épaisse couche de neige fondante et à chaque embardée, la double remorque et ses quarante tonnes de troncs oscillaient dangereusement dans le rétroviseur. Il redressa la trajectoire en souplesse et tout-à-coup, droit devant dans le capot, il vit passer sans bruit la silhouette floue d’un gigantesque fantôme aux yeux fluorescents. Un grand élan sorti des fourrés. Le craquement sinistre des os suivi d’une éclaboussure sanglante sur le pare-brise et d’un choc dans le pare-buffle lui confirma l’impact. La scoumoune. Il lança les essuie-glaces, freina sur deux cents mètres en zigzagant au ras des deux fossés et sauta à terre pour inspecter les dégâts. Le radiateur n’avait rien pris. Les pneus non plus, le moteur au ralenti tournait rond. Un morceau de crâne sanglant aux bois brisés était resté coincé entre la tôle et l’acier. Il fit quelques pas dans l’obscurité en direction de l’animal étendu au milieu de la chaussée. Un élan blanc, mort. Visible à deux cents mètres, le prochain le verrait dans ses phares. C’était lourdement puni, impossible de s’arrêter plus longtemps. Il remit les gaz, secoué. Un animal sacré. Cela voulait dire qu’il était maudit. Il commençait à y songer sérieusement. Tout sa vie avait basculé depuis cette dispute du matin. Peut-être un délire à cause du Captagon, ça lui arrivait d’avoir des bouffées de rêve éveillé en conduisant. Une hallucination, mais la route était bien là, devant lui, prête à l’avaler et il y avait cette giclée de rouge qui s’étalait au vent sur le beau capot blanc. Rien à faire, c’était réel et définitif. Il décapsula une nouvelle canette de taurine et engloutit le poison en trois gorgées goulues avant de remettre les gaz à fond. L’impression de s’être perdu à lui-même. À la rue, sans boulot, sans famille et sans relations, la Justice au train avec bientôt une pension alimentaire à régler. C’était impossible, Dorothy ne pouvait pas le virer de cette manière. Mais c’était plausible, et cela lui broyait le cœur, au point qu’il se sentait prêt à commettre n’importe quelle folie pour y échapper.

    Une silhouette au loin, un point minuscule qui agitait les bras tout au bout de la route dans la grisaille sournoise qui monte entre chien et loup. Une silhouette, ou la berlue ? Cette fois il ne se laissa pas surprendre et anticipa l’arrêt en rétrogradant sagement et sans à-coups. L’imperméable dégoulinant de pluie et de boue, un grand échalas blafard au crâne tatoué se tenait roide devant le pare-brise les jambes écartées, campé au sol, imperturbable face au bahut qui freinait encore des quatre roues. Le spectre impassible et sans âge portait de petites lunettes ovales cerclées d’or et il souriait, les lèvres pincées.

    « Désolé mec de te bloquer la route, mais je suis en panne et l’auto-stop ne fonctionne pas dans le coin. Je te file vingt dollars pour la course jusqu’au prochain motel.

    – Il est au moins à trente miles, tu auras le temps de me saloper les sièges. »

    Il ouvrit la portière passager, s’empara du billet que l’autre lui tendait et embraya la première. La radio passait « Paranoïd » de Black Sabbath et cela ne semblait pas gêner le client. En général il évitait

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