Retour de flamme: Conte
Par Denis Parent
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À propos de ce livre électronique
L’immense quadriréacteur n’était plus qu’un point d’argent dans la brume quand Angelika entraîna le gentil Horzt dont la bouche était si tiède loin dans le champ de maïs. Quand on avait dix ans on y jouait à cache-cache jusqu’après le crépuscule, ignorant le cri des mères. À douze ans on venait y cloper en clandestin, plus tard on y flirtait, défiant le paysan qui patrouillait sur un panzer Massey Ferguson déchargeant indifféremment le gros sel de son fusil sur les corneilles, les galopins et les amants.
Retour de flamme, un conte de Denis Parent tout en images mentales, sonores et odorantes.
EXTRAIT
À Dieu qui lui demandait ce qu’il avait fait de toute sa saloperie de vie, Horzt ne répondit pas. En vérité il ne savait pas par quoi commencer.
Les femmes peut-être ? Mais c’était un chapitre trop vaste pour être abordé à la sauvette. Le pognon ? Ma foi, il avait eu ce qu’il fallait, parfois trop, parfois rien à crever, après tout rien qui mérite d’épiloguer. La gloire ? Pas grand’chose à signaler de ce côté-là. Saluez l’anonyme. Alors quoi ? Et d’abord à quoi ça pense un Dieu ? Qu’est-ce que ça veut ? Qu’est-ce que ça me veut ? Un bilan moral ? Il avait beau chercher, il se voyait pas pire qu’un autre Horzt. Là encore il avait eu sa part de tout comme victime et puis comme bourreau. Ignominie et trahison, mensonges et veuleries, indifférence surtout...
À PROPOS DE L'AUTEUR
Denis Parent est né à Cambrai et a grandi à Paris. Aujourd'hui, il vit à Ajaccio.
Au cours de sa longue carrière, il a eu le bonheur de créer des radios (dites "libres"), un journal (Studio Magazine, avec quelques autres), une chaîne de télévision (Cinécinéma, avec quelques autres), puis il est devenu cinéaste.
Il a réalisé plusieurs courts métrages, quelques documentaires, et un long métrage Rien que du bonheur (2003). Il a écrit trois pièces de théâtre, dont une, Jude, a été publiée aux Éditions de Venise. Les deux autres, Only you et L'amour du maillot, sont en voie d'adaptation cinématographique.
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Aperçu du livre
Retour de flamme - Denis Parent
Retour de flamme
Denis Parent
À Dieu qui lui demandait ce qu’il avait fait de toute sa saloperie de vie, Horzt ne répondit pas. En vérité il ne savait pas par quoi commencer.
Les femmes peut-être ? Mais c’était un chapitre trop vaste pour être abordé à la sauvette.
Le pognon ? Ma foi, il avait eu ce qu’il fallait, parfois trop, parfois rien à crever, après tout rien qui mérite d’épiloguer.
La gloire ? Pas grand’chose à signaler de ce côté-là. Saluez l’anonyme.
Alors quoi ?
Et d’abord à quoi ça pense un Dieu ? Qu’est-ce que ça veut ? Qu’est-ce que ça me veut ? Un bilan moral ?
Il avait beau chercher, il se voyait pas pire qu’un autre Horzt. Là encore il avait eu sa part de tout comme victime et puis comme bourreau. Ignominie et trahison, mensonges et veuleries, indifférence surtout…
Ça c’est vrai seigneur, - seigneur, c’est comme ça qu’on dit hein ? - j’étais indifférent, je m’en foutais pour être plus exact. Je me disais règle ton affaire personnelle, fais le tri dans l’équipement qu’on t’a donné, après et après seulement regarde autour de toi. Mais j’en ai jamais vraiment fini avec moi-même. Alors ?
Alors Horzt restait muet, parce que, finalement, sa vie c’était comme du sable qui s’écoule entre les doigts et pas moyen d’en retenir un grain, un seul, quelque chose qui lui eu permis de dire tiens seigneur ça tu vas voir, ça ! Ça valait le coup d’être vécu.
Il était embarrassé par cette amnésie abrupte. On ne peut pas rester planté indéfiniment devant Lui, les bras ballants, la mémoire en berne, sans oser même bailler aux corneilles. Et puis quelque chose lui vint. Horzt parla sans réfléchir comme ça lui était souvent arrivé. Comprenez c’était aussi par respect, confusion, désarroi, parce qu’il fallait bien dire quelque chose, non pas qu’il eut été vachement pieux ou quelque chose du genre, mais parce que c’était comme ça qu’on l’avait élevé il y a quelques décennies. On répondait quand on vous posait une question. Alors il répondit.
« J’aurais fait ça mieux, si j’avais retrouvé Angelika. »
Angelika ? Angelika ?! D’où ça remonte ça ? Horzt n’en croyait pas ses oreilles. Et Lui non plus d’ailleurs qui s’était penché en avant comme un auditoire pressé d’en savoir plus, lançant Sa Grande Ombre jusqu’à l’infini. Vous l’aviez tous oublié Angelika hein ?
Peut-être même que Toi qui pourtant est La Mémoire tu l’avais oubliée.
Horzt tremblait. C’était venu si vite. Ce nom, ce nom-là, jailli du nulle part dans lequel il baignait, un nom jamais reprononcé, pas repensé, un nom fossile. Saisi d’un vertige Horzt recula, trébucha et se laissa enfin tomber sur un banc de pierre au pied d’une statue représentant le silence.
Ainsi tu aurais fait ça mieux si tu avais retrouvé Angelika ? Mais l’as-tu bien cherchée au moins ?
Horzt demanda si on pouvait fumer et en alluma une. Elles avaient un drôle de goût d’encens et de cires brûlantes. Ses poumons s’embrasèrent comme des cavernes illuminées par des feux de bengale.
Angelika… Quand l’avait-il vue pour la dernière fois ? Allons, allons tu sais bien. C’est le jour où l’avion est tombé.
Peu de temps avant la fin des classes. Un 3 ou un 4 juin, restait plus grand’monde en cours. Des jets passaient en crachant des fumées multicolores et tout le quartier était en ébullition. Les