La lune éclaboussée: Meurtres à Maubeuge
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEURE
Carine-Laure Desguin aime sourire aux étoiles et dire bonjour aux gens qu'elle croise. Elle a commis pas mal de choses en littérature et dans d’autres espaces aussi. Dans son palmarès, notons le Prix Pierre Nothomb 2014. C.-L. Desguin est collaboratrice pour le Salon du Livre de Charleroi (Alchimie du Livre) et également chroniqueuse pour une webtélé (http://www.actutv2.com). Ses textes poétiques (ou pas) se lisent dans des revues littéraires numériques (ou pas). Sa dernière publication (Putain de Pays Noir, Éditions Lamiroy, collection opuscules, 2019) fut un succès.
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Avis sur La lune éclaboussée
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Aperçu du livre
La lune éclaboussée - Carine-Laure Desguin
Du même auteur
Rue Baraka, roman, Éditons Chloé des Lys, 2010
Les enfants du Grand Jardin, conte surréaliste, Éditions Chloé des Lys, 2012
Spirales urbaines, poésies, Éditions Chloé des lys, 2013
C’est le même décor, nouvelles, Édilivre, 2015
Des lames et des lumières, poésies, Éditions Le Coudrier, 2015
Album number one, Cinéma magique, poésies, Éditions Chloé des Lys, 2016
Toujours aussi jolie, nouvelle, Édilivre, 2016
À chaos, chaos et demi, poésies, Éditions La P’tite Hélène, 2018
Le Transfert, théâtre, Éditions Chloé des Lys, 2019
Putain de Pays Noir, nouvelle, Éditions Lamiroy, Collection Opuscule, 2019
Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne serait que pure coïncidence. Et toc !
1
Sans plus attendre, foncer.
Depuis la lecture de cet e-mail, très tôt ce matin, Jenny Dalooz n’a qu’une certitude, celle que le moment est venu de tenter sa chance. Elle se doute que d’autres personnes ont reçu la même info et que son nom est noyé parmi des dizaines d’autres noms. Dalooz, un nom perdu dans une très longue liste de contacts. Qu’importe. Foncer. Après tout, elle et lui habitent la même ville : Maubeuge.
Les derniers livres de la bibliothèque personnelle de Michel Garnier attendent un acquéreur. Invitation à tous. Olivier Garnier.
Ces trois lignes composent tout le texte de l’e-mail. Trois lignes, pas une de plus. Aucun renseignement au sujet d’une date ou d’un quelconque horaire, rien. D’habitude, ce genre d’affaires se traite en séance publique dans une salle de vente. Les héritiers aiment se sucrer un max, c’est quand même bien connu, ça. Étrange e-mail n’est-ce pas ?
Voici trois ou quatre ans, des lettres écrites de la main de Louis-Ferdinand Céline se sont vendues pour plus de trente mille euros. Mais voilà, cela fait plus de cinquante ans que ce voyageur du bout de la nuit connaît l’envers du ciel et les grands secrets des univers. Les temps ont changé.
Olivier Garnier désire-t-il, en traitant lui-même ces affaires-là, privilégier certaines personnes ? Des écrivains ? D’autres artistes ? Des amis intimes ? Les enchères doivent-elles rester secrètes ? Tiens, tiens, bizarre tout ça. Comment cet Olivier Garnier a-t-il pris connaissance de l’adresse e-mail de Jenny Dalooz ? A-t-il lu toute la correspondance de son père ? Oui, bien sûr. Alors, il sait.
Un frisson secoue la jeune femme et une pointe d’amertume émousse ses élans. C’est une nouvelle aventure qui s’annonce et Jenny ressent en elle des feux qui s’allument. Elle aime ça.
Dans la petite ville du nord de la France, des rumeurs circulent déjà et ça roule rapido, une rumeur.
Allez savoir pourquoi, une intuition féminine, peut-être. Mais dès cet instant, Jenny Dalooz, toujours à la recherche d’une histoire qui sort de l’ordinaire pour donner à ses textes un air de vérité, renifle que, par-delà cette proposition, se glisseront d’autres interrogations. Et Jenny, elle adore ça, l’inattendu.
La journée avait démarré comme d’habitude. Très tôt, Jenny ouvre son PC, son frère de lait. Elle vérifie si l’agence d’intérim ne lui propose pas un job, histoire de donner cours trois ou quatre semaines avant la fin de l’année scolaire, ce qui l’arrangerait bien. Vivre seule, ça permet de garder sa liberté, mais pour ce qui est de payer les factures, c’est pas fastoche du tout. Au milieu de tous ces e-mails, des publicités quelconques, des appels à textes d’une maison d’édition ou l’autre et des propositions de rencontres coquines. Jenny porte son attention sur ces quelques mots, mots pour lesquels elle cavale à présent :
Les derniers livres de la bibliothèque personnelle de Michel Garnier attendent un acquéreur. Invitation à tous. Olivier Garnier.
À sa montre, huit heures trente. Sur France 2, William Leimergies oscille entre humour et vérité, un petit côté décalé, et tout ça sur un ton d’autodérision. Elle jubile quand elle regarde ce mec, mais c’est plus fort qu’elle, elle lui cloue le bec. Il attendra demain. Elle avale en vitesse sa tasse de café, un ristretto de Nespresso, rien que ça. Y’a pas que les richards qui ont le droit, pas vrai ?
Foncer. Envoyer un e-mail pour une prise de rendez-vous serait une perte de temps. Au diable les bonnes manières ! Et après tout, que risque-t-elle ? Un refus ? Une porte close ? Alors, qu’importe ! Se créer des situations et des concours de circonstances, voilà ce qui ajoute du peps à l’existence.
2
Le 20 mars, la mort subite de Michel Garnier, l’écrivain au « sang mille prix », comme on le surnomme encore dans tout l’Hexagone, avait laissé ses lecteurs dans une totale stupéfaction. Michel Garnier, la cinquantaine, un auteur de polars devenu célèbre à la parution de son troisième roman, « L’héroïne de la zone H », était un homme comblé. Aimé des lecteurs, adulé des femmes, tout lui souriait. Depuis ce premier best-seller, Michel Garnier s’affichait aux bras des plus belles filles de la région. Un type chanceux, un type qui ne pataugeait pas dans la mouise, comme beaucoup de mecs d’ici. Michel Garnier, le genre à créer autour de son personnage, des jalousies malsaines, des légendes, des « on-dit » et des « il paraît que ». Chaque année, les lecteurs s’impatientaient à l’idée de lire sa nouvelle intrigue. Toujours des livres à suspense qui n’avaient rien à envier aux thrillers des Amerloques. Ah, cette façon toute personnelle qu’il avait de prendre les lecteurs par la main, de les emmener sur une fausse piste, de disperser les indices et puis, vers l’avant-dernière page, faire une pirouette et lancer, comme pour faire un pied de nez à tous ceux qui croyaient détenir la vérité, un « Je vous ai bien eus ! » Ses héros, il les dégotait dans la vie quotidienne des habitants de sa ville, son Maubeuge à lui, sa « Perle du Nord », comme il aimait le glisser dans presque chacune de ses interviews. Alors, vous comprenez, dans les romans de Garnier, chacun se cherchait, fut-il dans la peau du dépeceur de huit prostituées ou du maître chanteur d’un tradeur véreux, qu’importe. Michel Garnier avait ainsi immortalisé la boulangère, celle qui avait étouffé son mari avec de la farine de seigle. Et le docteur ? Un brave homme, au stéthoscope calé dans les oreilles, toujours prêt à écouter les cœurs meurtris ou pas. Tellement manipulateur qu’il était parvenu à contraindre son ex-maîtresse à noyer sa fidèle épouse dans les eaux de la Sambre, et tout ça pour se pavaner dans les allées du Val-Joli avec sa nouvelle poupée, une beauté maghrébine à la peau de velours et au regard de gazelle. Hélas, le ciel du Nord se moqua bien des prières suppliantes de sainte Aldegonde pour préserver l’enfant chéri du pays et, dans un bref éclair de fin du monde, le cœur de Michel Garnier s’arrêta de battre. Drôle de destin pour un homme qui aimait tant la vie que mourir la veille du printemps. Une fin pénible, digne d’un film bollywoodien. Son fils, Olivier, l’aurait retrouvé plusieurs heures après son décès, étendu sur le carrelage de la cuisine, le visage tuméfié par l’eau bouillante de la machine à café. Le médecin venu acter le constat aurait certifié une mort naturelle. Alors, infarctus ? Rupture d’anévrisme ?
« Qu’importe ! » aurait lancé Olivier. « Il est mort, voilà tout ! Encore heureux qu’il n’ait pas foutu le feu à la baraque ! Mourir la cigarette au bec ! Par chance, sa machine à café s’est renversée et a limité les dégâts ! », avait-il blasphémé, presque ironique.
À Maubeuge, petite ville autrefois riche en industries et en charbonnages à quelques encablures de la frontière belge, des bruits sourds ont de suite circulé :
Une célébrité ne peut pas mourir comme ça ! C’est impossible ! Rappelez-vous, quand Claude François est mort à cause de ce merdique accident domestique, personne ne croyait à cette électrocution ! Alors, Michel Garnier ? Un suicide ? Un meurtre ? Un poison aurait-il provoqué une crise cardiaque ? Qui Michel Garnier dérangeait-il ? Un écrivaillon jaloux de ses succès ? Une maîtresse évincée ? Deux maîtresses évincées… ?
Et Mickael Jackson ? Son médecin a quand même été inculpé ! Pas de fumée sans feu !
Dès l’annonce de la mort de l’écrivain, les suppositions ont fusé à travers la ville. La recherche du sensationnel, comme toujours. Les choses banales n’intéressent personne et ne font pas les choux gras de la presse. Alors, une rumeur lancée par des journalistes locaux pour vendre leur canard ? Rien n’est impossible car de nos jours, on lance même des virus pour vendre des vaccins, alors…
Le succès de Michel Garnier amenait dans les quartiers de Maubeuge une foule de gens venus des quatre coins du pays. Ce romancier était devenu, en quelques années, une valeur sûre pour la région, une espèce d’industrie à haut rendement. Le Shakespeare, L’Acropole, l’Arlecchino et tous les autres restaurants qu’il fréquentait toujours accompagné d’une beauté ou l’autre, avaient décuplé leur clientèle en l’espace de quelques années. Certains établissements projetaient même des agrandissements, c’est dire. À l’aérodrome de La Salmagne où Michel Garnier aimait s’initier aux sensations fortes, parachutisme et vol en ULM, du personnel supplémentaire fut engagé, histoire de gonfler les équipes à chaque apparition du don juan local.
Depuis les fermetures des usines de la région, Maubeuge s’éteignait. Les entreprises Jeumont-Schneider, c’était avant-hier. Et c’était donc une aubaine pour cette ville d’un peu plus de trente mille habitants que Michel Garnier, cet homme riche et chanceux, soit resté sur ses terres natales.
Bien sûr, régulièrement et pour la promotion de ses livres, il filait à Paris. Les télévisions le sollicitaient, les interviews, les séances de photos et tout ce qu’il incombe à une vedette de prester. Avec sa complaisance habituelle, il se prêtait à tous ces jeux, les dédicaces dans les grandes librairies, les invitations chez Olivier Barrot ou chez François Busnel. Personne n’oubliera sa participation à l’émission « On n’est pas couché ». Au pied levé, Laurent Ruquier lui demande de remplacer Guillaume Musso. « Oui » répondit Garnier, mais avec son sens habituel de la répartie, l’écrivain maubeugeois ajouta : « J’insiste, lancez alors un carton d’invitation à Carole Bouquet et un autre à Audrey Tautou, je brûle de rencontrer ces deux beautés ! » Une sacrée soirée que celle-là, tout le monde s’en souvient !
Mais en homme fidèle, il revenait dans la vieille maison familiale de Maubeuge. C’est seulement dans sa ville, quand il respirait les parfums de son enfance, quand il se frottait aux humeurs des gens de son terroir, qu’il trouvait de l’inspiration, aimait-il dire. Et puis, la bonne bouffe d’une vieille gouvernante, l’odeur de la flamiche, sans oublier la bouteille de Wambrechies.
Dans la région, pour les libraires, vendre le dernier livre de Michel Garnier, c’était déjà une assurance pour deux semaines de vacances dans la plus belle suite du Martinez ou du Carlton, sous le soleil du Sud. Alors on jase, on projette, on échafaude des hypothèses. Un auteur de romans policiers n’a pas le droit de mourir comme ça, d’une bête crise cardiaque. Une mort plus spectaculaire, plus sensationnelle aurait-elle cloué le bec aux commères ? Ce n’est pas certain non plus. Dans les petites villes, tout est sujet à des suppositions désopilantes, voire grotesques, et puis tout cela vire vers des rumeurs machiavéliques.
3
Maubeuge, ce n’est pas vraiment le genre de métropole grouillante, avec un périphérique surchargé, des camions renversés, des hélicos patrouillant entre les nuages et des gyrophares qui clignotent en hurlant à mort. Alors, si tôt le matin, une Citroën C2, ça se faufile sans embarras dans ce trafic pas trop polluant. Boulevard de l’Europe, avenue de la Gare, porte de Paris, et hop ! la voici déjà sur la route d’Avesnes. Zut, un gamin en rollers qui passe au rouge ! Pas étonnant, avec cette visière qui lui barre la vue ! Un coup de frein, et de justesse ! Une suée… Espèce de sale gosse !
Dans le rétroviseur, Jenny se regarde, elle se trouve jolie. Elle l’est. Tout en conduisant, elle se remet du gloss vitaminé, se passe la main dans les cheveux noir de jais coupés court et, d’un geste de désinvolture, elle lance sur la banquette arrière une canette vide et « La Voix du Nord » de jeudi dernier. C’est imprudent, désordonné et à des années-lumière de sa bonne éducation. Mais elle aime ça : narguer l’ordre, les règlements, l’atmosphère et tous les dieux qui l’habitent.
Sa main droite tâtonne sur le siège à la recherche d’un sachet de bêtises de Cambrai à la pomme verte. Sucer plutôt que fumer, voilà son leitmotiv. Et pour vous le signaler sans tarder, Jenny l’aventurière traîne sous les talonnettes de ses santiags, deux ou trois manies scotchées aussi fort que du chewing-gum sur la moquette à poils longs d’une vieille maniaque.
Primo : sucer des bêtises de Cambrai à la pomme verte. À la pomme verte, et ce depuis l’an dernier seulement. En tapant sur Google « bêtises de Cambrai », juste comme ça pour s’amuser, un soir où aucun film policier ne s’affichait sur l’écran de la télé, elle avait hoché la tête d’approbation en lisant la dernière trouvaille des Cambrésiens, ajouter d’autres saveurs à leurs bêtises, c’était gagné d’avance.
Secundo : elle aime donner un sobriquet aux gens qu’elle croise dans les rues, dans les magasins. Il suffit qu’un gars aux bras bien musclés frôle Jenny Dalooz et, de suite, elle encode dans ses neurones, le « bodybuildé ». Et puis, tous ces petits jeux d’observation, ces détails anodins qui accentuent le mystère, ça peut toujours lui servir pour pimenter le texte d’un thriller infernal.
Tertio : plusieurs fois par jour, un air de musique se murmure inconsciemment sur ses lèvres, comme si un inconnu appuyait sur un interrupteur coincé entre deux plis de sa cervelle. Pour le moment, « moi aussi j’ai une fée chez moi elle s’était cachée sous un livre et la lune finissait ivre », lui tourne dans le ciboulot du matin jusqu’au soir. Merci, Zaz.
La route est glissante. Cette nuit, le ciel a craché une fine pluie. Numéro quarante-trois de la route d’Avesnes, à quelques mètres en retrait de la route, une grande bâtisse à colombages. Un haut grillage noir longe la vieille propriété, du lierre grimpe le long de la façade blanche, des jonquilles et des tulipes de toutes les couleurs égaient les parterres entre les graviers bleutés de la large allée centrale. Des tilleuls centenaires ombragent ces lieux cossus et, sur le côté droit, tout près d’un saule pleureur, un pavillon coiffé d’un dôme ressemble en miniature à la grande maison. Sur le portail rouillé, une sonnette, qu’elle actionne. Jenny attend, fébrile. Ces minutes paraissent une éternité. Elle balaie du regard les alentours, surprise de se voir toute seule devant ce grillage. Aucun autre futur acquéreur à l’horizon.
Où sont tous les autres ?
Pour dissimuler son impatience, Jenny fixe le sol, un mélange de terre rougeâtre et de cailloux.
J’aurais dû mettre mes santiags rouges et pas ces bottillons en daim taupe tristes à ne pas lâcher une vanne pendant deux semaines. Et pourquoi n’ai-je pas mis un jeans propre au lieu d’enfiler celui-ci en quatrième vitesse ? Zut alors !
À l’intérieur, peut-être des intéressés plus riches qu’elle, discutent le coût et clôturent la vente. Des suppositions s’infiltrent en elle et les minutes s’étirent, ça devient long, très long.
Où sont les bagnoles des autres acheteurs ?
4
Avec la tronche de celui qu’on vient d’arracher à son rectangle, un jeune gars mal rasé, les traits mous, les cheveux en bataille, s’amène vaille que vaille, le torse nu, et les mains dans les poches d’un pantalon de coton gris.
— C’est pour ? dit-il d’une voix traînante et rocailleuse, tout en ouvrant le lourd portail vétuste.
— C’est pour l’annonce, enfin, je veux dire l’invitation, c’est-à-dire l’e-mail que je viens de recevoir… de la part d’Olivier Garnier…
Jenny bafouille, surprise de voir l’allure peu ragoûtante de ce gars.
— Ah oui ! c’est pour les derniers livres de mon père. Suivez-moi.
— Les derniers, dites-vous ? et les autres livres sont déjà… envolés ? s’inquiète la jeune femme en fronçant les sourcils.
Elle est tellement pressée et surexcitée de tenir entre ses mains des livres que Michel Garnier a touchés qu’elle en oublierait même d’être attentive et puis hop ! trop tard, elle se tord la cheville dans ces foutus cailloux.
— Envolés ? dit-il d’un ton étonné, en pivotant sur lui-même, sans même accorder un geste de galanterie à la jeune femme qui a failli basculer.
— Je voulais dire « vendus », dit-elle, en jetant un œil sur sa talonnette.
En relevant la tête, elle ajoute :
— Olivier Garnier, c’est bien vous, n’est-ce pas ?
Le jeune gars évince la question.
Encore un type charmant…
— Les principaux ouvrages sont liquidés, grâce au ciel. Je devrais dire grâce au diable dans ce cas-ci. Ne restent que quelques dizaines de livres signés Michel Garnier et puis d’autres déclassés sans aucune autre valeur, hormis celle d’avoir frôlé les mains de mon « illustre » père. Des livres auxquels il était attaché « sentimentalement », comme on dit.
Olivier Garnier lâche ces mots en levant le bras droit dans les airs, comme pour montrer qu’il s’en