Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Le sursis: Nouvelle
Le sursis: Nouvelle
Le sursis: Nouvelle
Livre électronique54 pages49 minutes

Le sursis: Nouvelle

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Au fil de ces pages illuminées par le soleil de Provence, Marie met ses pas dans ceux de Camus, l'homme 

À la faveur d’un semestre sabbatique, elle se plonge dans les lieux et les textes où Camus a laissé une trace, dans l’espoir d’en dresser le portrait. Ce qu'elle cherche vraiment ainsi ? Elle n’en a aucune idée, sinon elle l'aurait trouvé, avoue-t-elle. Sa route croise alors celle d'un étranger. Elle ne sait pas d’où il vient, elle ne sait pas ce qui l’amène à être guide touristique dans ce petit village de Lourmarin. Elle ne sait pas non plus pourquoi il l’invite à habiter chez lui. Elle sent juste que les questions ne sont pas de mise. Elle lui raconte L’Etranger, il sursaute; il raconte avoir vécu au bord de la Méditerranée, elle écoute... Au croisement du journal intime de Marie et de la narration, c’est finalement le portrait de cet homme intriguant qui se dessine. 

A PROPOS DE L'AUTEUR

Essayiste et nouvelliste québécoise, Lise Gauvin a publié plus d’une vingtaine de livres. Dans l'oeuvre comme dans la carrière de cette femme de lettres, l'étude de la langue et celle de la littérature se font écho.

À PROPOS DES ÉDITIONS LIBRE COURT

Libre Court propose des nouvelles et des histoires courtes à lire partout en moins d'une heure. Ces textes, signés par des auteurs reconnus, vous entraineront à la découverte de personnages attachants, percutants voire déroutants, portés par une écriture rythmée.

EXTRAIT

"On ne revient pas indemne d’un périple en des lieux étrangers, ne serait-ce que par la découverte de la part d’inconnu qui se révèle alors en soi."
LangueFrançais
ÉditeurLibre court
Date de sortie9 oct. 2014
ISBN9782511024461
Le sursis: Nouvelle

Auteurs associés

Lié à Le sursis

Livres électroniques liés

Fiction littéraire pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Le sursis

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Le sursis - Libre Court

    Sursis_cover_epubSursis_title

    Le SURSIS

    Debout devant un carré de terre surélevé surmonté d'une épitaphe, Marie lit l'inscription : Albert Camus, 1913-1960. La dernière date est, à dix ans près, l'année de sa propre naissance, coïncidence troublante. Elle fréquente depuis plusieurs années l'œuvre de l'écrivain sans que jamais elle n'ait songé à rapprocher ces deux anniversaires. Elle a voulu retracer l'itinéraire français de celui-ci, mettre ses pas dans les siens, s’imprégner de ses paysages familiers et de ses lieux d’élection. Cela lui permettra, pense-t-elle, de relire ses textes avec des images précises dans la tête. Elle a déjà retrouvé ses adresses parisiennes et arpenté les quartiers qu’il fréquentait. La voilà parvenue à la phase ultime de son voyage, celle de la période provençale d'Albert Camus, qui se termina par un accident mortel.

    Elle est seule aujourd'hui dans un enclos semblable à un jardin mal entretenu. En cette fin d’après-midi d’été, la lourdeur de l’air incite à la paresse. Elle s’étonne de voir peu de fleurs dans cet espace quadrillé de monuments discrets, qui n’ont rien à voir avec les pierres tombales luxueuses des cimetières urbains. Elle n’a eu aucun mal à repérer l’endroit. La simplicité de la tombe, ornée seulement de quelques cèdres nains et d’un bouquet de fleurs séchées, ne manque pas de l'intriguer. Un vent chaud s’élève peu à peu. S’insinue à travers les arbustes. Le bouquet de fleurs vacille. Elle le remet en place. Ce simple geste l’émeut, comme si elle avait accompli un rituel de deuil qui l’autorisait à s’approcher un peu plus de l’homme qu’avait été Camus. Tout à côté de sa tombe, elle en aperçoit une autre, de même taille exactement. Seule différence entre les deux : un généreux plant de lavande orne le monticule de terre. Sur la pierre, on a inscrit : Madame Albert Camus, née Francine Faure, 1914-1979.

    Marie est intriguée. Était-il encore possible, à la fin du siècle dernier, de désigner une femme d'après le nom de son mari, surtout quand celui-ci est décédé depuis près de vingt ans ? Pourquoi ne pas avoir plutôt indiqué : Francine Faure, madame Albert Camus. Qui était cette Francine Faure ? Quel genre d'existence avait-elle mené ? Marie a soudain envie d'en savoir davantage. Elle se rendra au château, où l'on dit que la bibliothèque est bien fournie. Avec un peu de chance, elle y découvrira des manuscrits ou des textes peu diffusés.

    Un accident d’auto a fauché l’écrivain en pleine gloire. Lorsqu’il était adolescent, un astrologue lui avait prédit qu’il mourrait de façon tragique. Étrange prémonition.

    Il était assis ce jour-là à côté de son éditeur et ami, Michel Gallimard, qui avait offert de le ramener vers Paris. Ils venaient tout juste de prendre congé de la femme de Camus, dans le village de Lourmarin où ce dernier possédait une propriété. Le repas avait été copieux et bien arrosé. Camus parlait de ses projets, du roman qu’il était en train d’achever et qu’il promettait pour le printemps. C’était l’hiver. Le froid intense et un épais brouillard obstruaient la vue. La route à certains endroits semblait glacée. Un premier dérapage, déjà, avait causé de l’inquiétude. Mais ce n’était rien, avait dit le conducteur, juste un moment d’inattention. La conversation avait repris de plus belle. Camus disait ne pas connaître encore la fin de son récit et aimer cette incertitude qui le tenait en état de veille jusqu’à la dernière page. Mais voilà que soudain un silence inhabituel envahit la voiture. Au même instant, le paysage se met à tourner. Les yeux des voyageurs s’agrandissent, les pupilles se dilatent. Des images d’arbres et de feuillage se fixent au fond de leurs rétines. Puis plus rien.

    À peine entendent-ils le bruit de la voiture se fracassant sur un platane.

    Marie s’arrête encore une fois devant les dates : 1913-1960. L’homme avait quarante-sept ans. Curieux tout de même que cet être atteint d’une grave maladie pulmonaire et dont toute la vie, jusqu’à un certain point, fut guidée par une méditation devant la mort, connaisse ce genre de fin. Albert Camus

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1