PORTRAIT
Àl’automne 2019, Alexandre Antolin est un jeune chercheur qui termine sa thèse en lettres modernes à l’université de Lille. Son sujet : le roman de Violette Leduc. Et plus précisément, la censure exercée par Gallimard, qui n’a accepté de publier le texte, en 1955, qu’au prix de redoutables coupes. Un avortement, un viol et surtout une histoire d’amour lesbienne entre deux adolescentes ont disparu de la version finale. Trop sulfureux pour l’époque. Trop risqué. C’est « un assassinat » pour Violette Leduc, qui en sort « brisée » et passe plusieurs mois en maison de repos à cause du choc. Le manuscrit original n’a malheureusement jamais été retrouvé, mais Alexandre Antolin est obsédé par l’idée de reconstituer le texte au plus près, grâce aux carnets de travail de l’écrivaine. Il soumet l’idée au directeur de la collection L’Imaginaire, chez Gallimard, qui semble intéressé. Les difficultés apparaissent aussitôt. Les spécialistes ne sont pas d’accord entre eux sur la manière de faire ; les ayants droit ne sont pas tous convaincus... Le projet est au point mort quand Margot Gallimard prend la tête de L’Imaginaire, début 2021. La nouvelle éditrice en fait un combat personnel. Durant deux ans, elle remue ciel et terre, tout en déployant des trésors de diplomatie. « Elle s’est démenée jusqu’à l’épuisement, souffle le chercheur, à l’origine de la nouvelle version de , publiée en novembre 2023. Un autre éditeur aurait probablement fini