Le Prophète
Par Khalil Gibran
5/5
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À propos de ce livre électronique
les plus quotidiens. Hymne à la vie et à l’épanouissement de soi, Le Prophète s’impose désormais comme l’un des textes cultes du XXe siècle.
Khalil Gibran
Khalil Gibran est un poète et peintre libanais, né le 6 janvier 1883 à Bcharré au Liban et mort le 10 avril 1931 à New York. Il a séjourné en Europe et passé la majeure partie de sa vie aux États-Unis. Publié en 1923 et composé de vingt-six textes poétiques, son recueil Le Prophète est devenu particulièrement populaire pendant les années 1960 dans le courant de la contre-culture et les mouvements New Age. On a comparé Gibran à William Blake, et il est appelé par l’écrivain Alexandre Najjar le «Victor Hugo libanais».
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Aperçu du livre
Le Prophète - Khalil Gibran
1
Prologue
Almustafa, l’élu et l’aimé de tous, qui était l’aube de son propre jour, attendit douze années dans la cité d’Orphalese le retour de son vaisseau, qui devait le ramener sur l’île où il avait vu le jour.
Et la douzième année, au septième jour d’Ielool, le mois des moissons, il gravit la colline située hors des murs de la ville et regarda au large ; il aperçut son vaisseau venant avec la brume.
Alors, les portes de son cœur éclatèrent et sa joie vola loin sur la mer. Il ferma les yeux et pria dans les silences de son âme.
Mais, alors qu’il redescendait de la colline, la tristesse s’étendit sur lui et il pensa en son cœur : « Comment partirais-je en paix et sans chagrin ? Non, je ne quitterai pas cette ville sans une profonde blessure en mon esprit.
» Longs ont été les jours de souffrance que j’ai vécu entre ces murs, longues ont été les nuits de solitude ; et qui peut s’écarter de sa souffrance et de sa solitude sans regret ?
» Trop de parcelles de l’esprit ai-je dispersé dans ces rues, et trop nombreux sont les enfants de mes aspirations qui marchent, nus, à travers ces collines ; je ne pourrai m’en détacher sans qu’ils deviennent un fardeau et une douleur.
» Ce n’est pas un vêtement que j’ôte en ce jour, mais une peau que je déchire de mes propres mains.
» Et ce n’est pas une pensée que je laisse derrière moi, mais un cœur devenu tendre à force de faim et de soif. Mais je ne puis m’attarder davantage.
» La mer, qui appelle toutes choses à elle, m’appelle et je dois partir. Car rester, alors que les heures se consument dans la nuit, serait comme se glacer, se cristalliser et se figer dans un moule.
» Emporterais-je avec moi tout ce qui est ici ? Mais comment le pourrais-je ? Une voix ne peut porter la langue et les lèvres qui lui ont donné son envol. Seule elle doit atteindre l’éther. Et seul et loin de son nid, l’aigle devra voler au travers du soleil. »
Ayant atteint le pied de la colline, il se retourna de nouveau vers la mer, et il vit son vaisseau approcher du port et sur sa proue des marins, des hommes de sa propre terre.
Et son âme cria, et il dit finalement : « Fils de ma mère ancestrale, vous qui chevauchez les vagues, combien de fois avez-vous navigué dans mes rêves. Et maintenant, vous venez en mon éveil, qui est le plus profond de mes rêves.
» Je suis prêt au départ et les voiles déployées de mon impatience se languissent du vent.
» Je n’inspirerai qu’une dernière bouffée de cet air paisible, je ne jetterai en arrière qu’un dernier regard plein d’amour, et alors, je me tiendrai parmi vous, marin parmi d’autres marins.
» Et toi, mer immense, mère endormit, qui seule est le repos et la délivrance du fleuve et du ruisseau, un dernier méandre le fleuve tracera, juste un dernier murmure dans la clairière, et puis je viendrai à toi, goutte infinie dans un océan infini. »
Et alors qu’il marchait, il vit au loin des hommes et des femmes quitter leurs champs et leurs vignes et se hâter vers les portes de la cité.
Et il entendit leur voix prononcer son nom, et s’interpeller de champ en champ pour annoncer l’arrivée de son vaisseau.
Et il se dit : « Le jour de la séparation doit-il être le jour de la récolte ? Et sera-t-il dit que mon crépuscule soit en vérité mon aurore ? Et que donnerai-je à celui qui a laissé sa charrue au milieu du sillon, ou à celui qui a rendu immobile la roue de son pressoir ?
» Mon cœur doit-il devenir un arbre lourd de fruits, que je peux recueillir et distribuer ? Et mes vœux doivent-ils jaillir comme une source, afin que je puisse remplir leurs coupes ?
» Suis-je une harpe, que la main du Puissant peut me toucher, ou une flûte, que Son souffle peut me traverser ?
» Je suis