La brièveté de la Vie

Par Sénèque

"Nous n'avons pas trop peu de temps, mais nous en perdons beaucoup".

Un Traité philosophique absolument incontournable et très actuel sur le rapport au temps dans lequel Sénèque nous invite à faire une pause dans nos vies surmenées, à prendre le temps de vivre pleinement.

• Langue: Français
• Éditeur: FV Éditions
• Date de sortie: 1 déc. 2015
• ISBN: 9782366681529

Aperçu du livre

Réservés

SÉNÈQUE

(Lucius Annaeus Seneca, 4 av. J.-C - 65 ap. J.-C)

« Nous n’avons pas trop peu de temps,

mais nous en perdons beaucoup »

Sénèque compte parmi les philosophes les plus importants. Sa force réside dans l’universalité de ses écrits dont les propos restent, pour la plupart, d’actualité. Le texte qui suit en est un brillant exemple. Sénèque y propose une réflexion sur notre rapport au temps, à ce temps qui nous paraît insaisissable, comme l’eau qui coule entre nos mains sans que nous puissions la retenir. Déjà, il avait décelé une modification de ce rapport au temps, une accélération du temps qui caractérise aujourd’hui, et plus que jamais, nos sociétés modernes. Nous méprisons en effet le présent et oublions le passé, dans une fuite en avant toujours plus prononcée dans un futur devenu incertain. Notre perception du temps est littéralement parasitée, polluée par toutes ces activités qui remplissent notre quotidien et le travail que nous avons, à tort, érigé en principe identitaire vecteur supposé indispensable d’intégration sociale. Face à ce constat dont Sénèque percevait qu’il ne pouvait être positif pour le devenir de l’humanité, il nous invite à repenser la temporalité dans laquelle chacun de nous s’inscrit. Notre vie n’est pas aussi courte, aussi éphémère qu’elle y paraît, à condition de ne pas vouer son existence au gaspillage, à l’affairement inutile. Il nous invite ainsi à faire une pause, à prendre le temps de vivre pleinement. Et pour ce faire, Sénèque nous exhorte à prendre du recul, à renouer avec l’idée de retraite, dans une perspective qui permet de mettre en place les conditions d’une mise entre parenthèse du monde et de ses occupations. Ce repli nécessaire redonnerait enfin sa juste place au passé et au présent, nous autorisant ainsi l'accès à la pleine mesure d’un temps redevenu source de quiétude et de sérénité.

FVE

De la brièveté de la Vie

De Brevitate Vitae

I

¹ La plupart des mortels, Paulinus, se plaignent de l’injuste rigueur de la nature, de ce que nous naissons pour une vie si courte, de ce que la mesure de temps qui nous est donnée fuit avec tant de vitesse, tarit de rapidité, qu’à l’exception d’un très-petit nombre, la vie délaisse le reste des hommes, au moment où ils s’apprêtaient à vivre. Cette disgrâce commune, à ce qu’on pense, n’a point fait gémir la foule seulement et le vulgaire insensé : même à d’illustres personnages ce sentiment a arraché des plaintes.

² De là cette exclamation du prince de la médecine : La vie est courte, l’art est long. De là, prenant à partie la nature, Aristote lui intente un procès peu digne d’un sage : il la blâme d’avoir, dans son indulgence, accordé aux animaux cinq ou dix siècles d’existence, tandis que, pour l’homme appelé à des destinées si variées et si hautes, le terme de la vie est incomparablement plus court.

³ Nous n’avons pas trop peu de temps, mais nous en perdons beaucoup. La vie est assez longue ; elle suffirait, et au-delà, à l’accomplissement des plus grandes entreprises,