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Sombres Chuchotements
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Livre électronique232 pages3 heures

Sombres Chuchotements

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À propos de ce livre électronique

Sombres Chuchotements est un recueil de petites histoires d'une quinzaine pages chacune. Le lien qui les unit, et qui justifie cette compilation, est le monde fantastique.

Qu'est le fantastique ? C'est ce qui commence au-delà du réel. Dès que le récit nous montre un fait qui ne peut pas exister, nous somme dans le monde fantastique.

Le monde fantastique peut être visible sans consistance réelle, une ombre existe, mais elle n'a aucune consistance, vous pouvez essayer de la toucher. Cet exemple n'est peut-être pas le meilleur qui soit, en effet, une ombre dans le meilleur des cas fait partie du monde réel. Bien que si jamais, elle ne désirerait plus vous suivre à la trace, vous pourrez vous inquiétez.

Un corbeau est un oiseau bien ordinaire, même lorsqu'il croasse au petit matin. On les répute de mauvais augures. En me lisant, vous vous apercevrez qu'ils peuvent créer une atmosphère angoissante..

Dans ce recueil vous ferez la connaissance de Paul Simon, pauvre malheureux qui tombe au sein d'un étang en boulant pêcher.  Une noyade, pensez-vous ? Non, il est devenu poisson. Ce fait parait surprenant, mais au pays où je vous mène, c'est un fait habituel.

La famille Ribaud a un puit au milieu de son jardin, il est tout à fait extraordinaire. C'est le moins qu'on puisse dire, je ne sais pas si vous vous désirez le même au milieu du lopin de terre que vous avez devant votre terrasse.

Albert Bergen habite Begles à la périphérie de bordeaux, rien d'extraordinaire, je vous le concède. Le matin, il rencontre une petite fille qui tous les jours joue à la marelle ce qui va arriver devient tout fait inimaginable. Cependant qu'une gamine qui joue a un tel jeu au pays des tablettes et des smartphone, on pourrait s'inquiéter. Mais là, l'angoisse nous saisit en poursuivant notre lecture.

Et d'autres récits surprenants, vous attendent, alors si vous aimez ce qui n'est pas courant achetez ce livre.

LangueFrançais
ÉditeurCarol Young
Date de sortie21 déc. 2023
ISBN9798223299660
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    Aperçu du livre

    Sombres Chuchotements - Carol Young

    Table des matières

    Le corbeau

    Le temps sans fin

    La marelle

    Le fleuriste

    La pêche à la ligne

    L'attente

    Une si jolie maison

    La lanterne magique

    Le puits sans fond

    Le corbeau

    Saint-Germain-sur-Sèves , une petite commune déployée en Normandie se lève.

    Tous les matins, dès que mes pieds touchent le sol, je me dirige vers la fenêtre, remonte le store, il est là. L'heure de son arrivée demeure une inconnue. Je suis juste certain de sa présence.

    Avant de continuer de reconter mon histoire, je dois préciser que je m'appelle Barnabé.

    L'innommé représente un oiseau, un corbeau, si l'on désire le désigner. Il se poste sur un poteau, équipé à son sommet d'une plaque carrée de dix centimètres de côté, scellé sur un bloc de béton au milieu du jardin. Il faut toujours le même, pourtant vingt-neuf autres n'attendent que lui.

    Son plumage d'un noir profond se fonce d'un ton plus sombre que le charbon, mais ce qui le différencie de cette couleur est son aspect luisant. Je le qualifie de noir huileux. Chaque matin, je le regarde, durant les premiers jours, je dois dire que j'étais émerveillé, cependant, cette admiration contredisait que tout le monde le faisait comme un charognard.

    Je suis un homme célibataire que tout un chacun décrit comme solitaire et taciturne. Si j'ai atteint la cinquantine, je reste svelte, la pratique d'une activité physique m'aide à cette fin. Cependant, enfant, je déteste le sport, je suis toujours surpris de l'avoir adopté comme un loisir que j'exerce dans la bonne humeur. Je chanterais presque ses louanges en m'échinant à vouloir suer.

    J'ai acquis cette maison à la succession de mon père, elle fut la bienvenue, puisqu'elle m'a offerte un toit. Quelqu'un a intégré cette bâtisse orientale en pierre de taille voilà deux siècles, un jardin potager, quelques arbres fruitiers, ainsi que quelques marronniers l'agrémentent. Elle s'est transmise de génération en génération depuis plusieurs dizaines d'années. Le point délicat réside dans le fait qu'à défaut de descendant, la tradition s'éteindra, tout se perd. À mon décès, un notaire la vendra, peut-être.

    Mon père préféra se suicider après la mort de ma mère que d'affronter la solitude. Elle n'avait pas survécu à une maladie dont personne ne guérit. Certaines afflictions sont lâches, elles ne te donnent aucune chance. Une espèce de chose immonde difficilement nommable, mais qui a vécu en elle, sa croissance a équivalu à son dépérissement.

    - Bonjour! Monsieur le corbeau, formulé-je.

    Croa, croa, croise l'oiseau.

    J'ai toujours l'impression qu'il me répond. Ces cris grossiers et inhumains rapportent sans doute un message, moi, je les interprète en un mot de civilité. Peut-être, me dit-il, ferme ta gueule. Ces oiseaux, tout le monde la réputation de mauvais augure, parce qu'ils annonceraient la mort en chantant le matin. Cette renommée me laisse indifférente, car ces cris ne sont qu'une répartie à ma salutation.

    À l'heure actuelle, tout un chacun me qualifie de chômeur, ce mot est devenu péjoratif, je préfère dire que je suis sans-emploi. Se déclarer chômeur, c'est pire que d'avouer qu'on a attrapé la peste et le choléra. Depuis un nombre considérable d'années, je survis grâce aux CDD, aux contrats de travail intérimaires, et ainsi qu'aux allocations chômage. De ce fait je navigue à vue, prévoir sur le long terme, c'est comme espérer gagner à un jeu de hasard, et je n'en nomme aucun. D'ailleurs, je n'y joue jamais. Ma banque m'a catalogué précaire, et les administrations l'ont imité, au point que ce statut me colle à la peau, pire que les plumes du corbeau. Je n'exerce jamais le même métier, de telle sorte que je suis obligé de m'adapter à chaque emploi. Mes réponses aux offres s'attachent à satisfaire le besoin de me nourrir, je ne me soucie pas d'un éventuel projet professionnel, selon certains, tout un chacun en suivrait un. Ces gens ignorants de la vie, puisque l'atteinte d'un âge critique implique que le seul objectif adopté consiste à travailler, il ne souhaite pas sombrer au sein de l'exclusion. Les administrations perçoivent le chômage qu'au travers des statistiques, j'en suis révolté.

    Je bois mon café et observe le corbeau toujours posé sur le poteau, impassible et fidèle au poste.

    À dix heures, à l'égal de tous les matins, l'oiseau s'en va. Réglé à l'étape d'une horloge, il ne reste pas une seconde de plus. Je suppose qu'un rendez-vous surement l'attend chaque jour. Une belle ne doit pas supporter le moindre retard. Nul besoin de regarder la pendule, le fait de sa présence entraîne que la petite aiguille ne soit pas encore arrêtée sur le dix. J'avoue qu'elle ne se presse pas, elle ne se fatigue pas à la tâche.

    Ma vie est vide, alors, je l'ai ajustée à ce corbeau.

    Je me demande sans cesse pourquoi mon père a construit une telle installation, d'autant plus qu'il l'a prise au milieu du jardin, elle est incongrue. Un peu plus loin, quelques arbres, enracinés à l'intérieur des limites de la propriété, auraient été susceptibles d'accueillir ce passereau carnassier. À l'époque de son édification, je ne venais plus, puisque ma mère s'était envolée vers les cieux, après un long séjour à l'hôpital où elle a résisté à la tentation de la fuite. Quant à mon père, voilà six mois qu'il a rejoint le royaume des morts.

    À mon arrivée, je le perçus à mon réveil. Au temps de ma mère, le matin, on entendait la nature quitter le monde de la nuit, maintenant le silence accompagne ce volatile. L'ombre de la mort s'est peut-être emparée du jardin.

    J'ai transporté le vécu et les souvenirs paternels empaquetés en vingt-cinq cartons au grenier. J'y pense et reconnais qu'à l'instant où la vie s'éteint du corps, l'homme ne devient plus qu'un amas de traces de son passage sur Terre. Tout d'un coup, je me remémore que mon père s'appelait Jean-Marc.

    Je les ai redescendus au salon, car je pourrais plus facilement les explorateurs. La raison pour laquelle l'a engagé à implanter ces poteaux m'intrigue, ils ont correspondu peut-être à un gout esthétique, moi, je les juge laids. J'aimerais dénicher un index qui expliquerait leur présence, je les ouvre un par un. L'ébahissement des premiers temps à pris fin, aujourd'hui, je m'horripile à l'observer continuellement. Le premier coffre contient des photos de ses premières années, ainsi que des choses et d'autres qui se réfèrent à cette époque, je les connais, car, enfant, je les ai déjà vus. Entre mes mains, je tiens la collection de porteclés qu'il m'avait interdit de toucher. Rangée au sein d'une boite, elle imitait un trésor, au moment où mes doigts les effleuraient, j'avais l'impression de caresser des pierres précieuses. Je contemple les clichés de mon père grimé en militaire, il était mince alors. La dernière fois que je l'ai vu, il avait vieilli, sa peau était ridee, sa silhouette trahissait les kilos qui s'avouaient de trop sans rougir.

    Je trouve également des images d'une autre femme, plus jeune que ma mère, mais aussi des lettres où sa jalousie claque à chaque mot comme un coup de fouet. À supposer que le marquis de Sade lirait les fantasmes ancrés au sein de cellules-ci, il en rougirait. Non informé de ses gouttes en matière sexuelle, je les découvre, ils m'ébranlent. Sa copine et Amante se nommait Gwendoline. Je la devine parmi ses missives, mais aussi grâce à des brouillons ou à des calepins , ses termes exposent ses pensées à son sujet.

    Gwendoline et Jean-Marc avaient pris place sur une banquette de cuir à la couleur de cerise mure, seuls au fond d'un bar, une ampoule, au-dessus d'eux, diffusoit une lumière tamisée. Face à face, ils buvaient un café, elle croquait sur une noisette enrobée de chocolat. En un sourire, elle avoua son penchant en faveur de cette gourmandise. Il lui a concédé que sa vie a changé depuis leur rencontre. Pensez à son esprit obnubilait son fils. Alors, une de ses questions perturba, en effet, elle demanda un commentaire se portait sa femme. Il ne répondit pas, son regard se noya au fond de sa tasse de café. Cinq minutes plus tard, il lui enlève la tête et il s'aperçoit qu'elle souffrait de l'abdomen. Au moment où il l'avait vu pour la première fois, une douleur a commencé, depuis cette date, elle la torture, jour et nuit.

    À cette lecture, je repense à ma mère, aucun doute ne la titillait, puisqu'elle ne remettait pas en cause sa fidélité. Une affliction l'avait assaillie et ne l'avait pas lâché, si bien qu'elle avait chuté à l'intérieur de l'abime sans fond de l'au-delà. Pendant cette épreuve, les escapades éventuelles de son conjoint ne lui importaient peu.

    Une photo de Gwendoline révèle le flamboiement de ses grands cheveux, la couleur aigue-marine de ses yeux et les taches de rousseur qui parsèment son visage. Âgée de trente-cinq ans, jolie, une question me dérange. Qu'est-ce qu'elle fabriquait avec mon père ?

    Sans charme, de plus la camarde est venue le chercher à sa soixante-quinzième année. L'argent aurait été susceptible de constituer un motif, cependant il n'avait qu'une retraite de cadre moyen. At-il généré d'un héritage qui serait issu de sa famille ? Elle aurait sûrement voulu mettre le grappin dessus.

    Le couple vivait sous le régime de la communauté réduite aux aguets, donc un gain de cette sorte lui restait acquis, si bien qu'il en ait joui sans que son épouse intervienne, ou s'y opposait. Cependant, jusqu'à présent, aucune trace d'une richesse quelconque ne jaillit de sa recherche .

    Sur un chemin, à quelques mètres de la maison, Gwendoline et Jean-Marc promenaient et se diraient vers la forêt. Elle l'interrogea s'il portait le talisman. Il le lui exhiba, elle en fut tranquillisée.

    Je l'ai entre les doigts ; j'observe ce bracelet formé d'un cordon noir en cuir auquel sur un attaché un nœud celtique en métal blanc. Je questionne au sujet de la protection des offres.

    Jean-Marc demande s'ils sont d'intérêt en faveur de la culture celtique datés de longtemps. Elle lui répliqua qu'elle y baignait depuis sa naissance.

    Ce dialogue lui parait aberrant du fait que son père n'a jamais démontré une inclination envers une quelconque érudition. Il était plutôt bête comme ses pieds. L'œil unique de la télévision l'avait favorisé et le maintenait au sein d'une léthargie vis-à-vis du monde extérieur à l'audiovisuelle.

    Je me lasse de ses mots, alors je remarque une malle en bois près de plusieurs cadenas, je ne vois plus qu'elle. Après avoir brisé ses fermetures, je la fouille. Le contenu m'étonne, car je découvre des livres et de la documentation diversis au sujet des corbeaux. Au cas où la présence de ces animaux l'intrigait, ce stade ne serait plus qu'un souvenir, puisque l'achat de tous ces livres prouverait une obsession.

    Le lendemain matin, j'ouvre mon magasin et j'aperçois le volatile. Je bois mon café en le contemplant. Comment occupe-t-il le reste de la journée ?

    Je retourne ma lecture des mots paternels. D'après ceux-ci, un fait me perturbe. Gwendoline n'apparait au sein de la vie de mon père que pendant la maladie de ma mère, en effet, plus aucune mention ne rapporte qu'elle fût là lorsque la mort a relayé l'affection. Le deuil l'a-t-elle écarté quelque temps ?

    Je ne désire pas sombrer dans la folie, ne doute pas surgit et s'immisce en moi. Une relation entre Gwendoline et le décès de sa mère existe-t-elle ?

    Elle a rejoint l'au-delà à la suite d'une longue maladie. Personne ne fut capable de la nommer, cependant cette inaptitude n'a pas empêché son départ vers le royaume de l'oubli.

    Sa correspondance m'a indiqué son adresse. Elle habitait une voie à quelques centaines de mètres de la maison. J'ai déjà été par là-bas, mais je ne me souviens pas d'une demeure quelconque.

    On the path of earth tassé et tapissé de cailloux, à ma droite, s'étend la forêt opaque de feuillus et, à ma gauche, des champs qui se perdent à l'horizon. Je déambule sans que le paysage trouble mes pensées. Mes réflexions se rapportent au sens de la vie. Elles me rappellent que, depuis sa naissance, je n'ai rien créé de concret. J'ai valsé d'une entreprise à l'autre et d'un logement en cité HLM en studio au milieu du centre-ville. Aucune femme que j'ai rencontrée n'a voulu un construire bout de chemin à deux, alors, seul, le soir, je m'ennuie.

    J'arrive devant une boite aux lettres apposée sur un treillis rouillé de fils de fer ondulé Doté de grandes mailles. Je ne perçois aucune maison, juste trois grosses roches posées l'une sur l'autre déconcertent la verdi. La forêt est à une distance de mètres. Quelqu'un a installé une tente canadienne sous un chêne, des statues placées au sol l'encerclent. Je tourne autour de la clôture, je reviens sur mes pas et lis le nom inscrit sur la boite aux lettres, Gwendoline Branwen . Aucun doute n'est possible, elle y habite. Malgré son patronyme à la consonance de ceux d'outre-Manche, elle écrit en français.

    Le défaut de portail m'oblige à escalader le grillage. À présent vers les roches, à leurs pieds, j'aperçois une boite à chaussures, j'en retire le couvercle, elle renfermait une poupée transpercée d'aiguilles au milieu du ventre. Par instinct, je pense à ma mère à cause de ses souffrances abdominales, elle les assimilait à des cellas occasionnées par de longues pointes qui s'enfonceraient en elle. Ce souvenir d'elle qui revient sans me prévenir meurtrit le cœur. De temps à autre, des spasmes connaissaient son corps, au point que ses yeux s'écarquillaient, ensuite ses mains s'agrippaient aux draps. Maman, que t'ont-ils fait ?

    Je ne m'adresse à personne en particulier, car c'est désert par ici, aucune âme ne vit ici. Il les a vus m'entourer. Je n'entends même pas le vent ni le chant d'oiseaux. Le mutisme anormal de la forêt m'apure.

    Je m'oriente vers la tente, un immense chêne l'abrite des tourments du temps. À mon approche, les statues à l'aspect informe du corps fumeur, je reconnais des représentations d'animaux tels que des cerfs, des loups, des ours ou des taureaux. À l'orée, j'aperçois d'autres arbres aux feuilles caduques qui portent des glandes, sauf sur quelques mètres où je remarque des ifs qui cassent la monotonie. Une vieille femme jaillit, sa silhouette maigre et voutée se revêt d'une grande robe noire qui balaie le sol. Elle marche, sans se presser, un panier d'osier pend à sa main. Près de moi, je reconnais du gui posé au fond.

    — Cette fleur sacrée des chênes constitue un don de la nature et évite d'un évènement particulier, car elle a vaincu l'impossibilité. Seuls, les humains créent l'infaisable, la vie l'ignore, me déclarent la vieille dame.

    Je ne réponds pas, j'observe ses dents cassées, j'ai l'impression que ce sont des crocs aussi pointus que les canines d'un loup. Elle se dirige vers les rocs, à quelques mètres, je découvre un foyer. Il est comparable à ceux qu'on façonne, le soir en cas où l'on fonctionne un feu de bois, mais ce brasier a dû s'éteindre voilà quelques heures. Elle repart et revient avec des branches séchées, quelques minutes après, des flammes naissent. Assise, elle observe le bucher, je m'approche d'elle et je lui confesse ma recherche d'une jeune femme nommée Gwendoline. Elle me fixe au fond des yeux et m'affirme qu'elle est ce que je souhaite.

    — Ce fait est impossible, car elle a sans doute fêté ses trente-cinq ans au cours de cette année , lui répliquè -je.

    — Le temps passe plus vite lorsque nous nous ennuyons.

    — Sous une tente, les minutes s'écoulent lentement.

    — Je parle de ceux que nous oublions, ils attendent la fin sans se plaindre.

    Je me tais et je m'en vais. Cette évocation concerne selon toutes les probabilités mon père, elle l'a à coup sûr rencontré sur un sentier, parce qu'il aimait se promener à travers les bois.

    L'incompréhension rythmait nos vies. Il me raconte que l'existence se résume à avoir un travail et à construire une carrière au sein de la même entreprise. Le but de la société devient celui du salarié qui ne vit plus que pour cela. Cette dernière est obligée de gagner des parts de marché et de prendre une position dominante au milieu de son secteur d'activité, en cas où tout un chacun bénéficierait d'un contrat de travail, il poursuivrait cet objectif. L'entreprise gratifie le besogneux par une responsabilité supplémentaire, ce gravissement au sein de l'échelle sociale constitue l'essence de la vie professionnelle. Je lui répondais qu'en suivant ce chemin, tout un chacun devient un mouton. Il appartient à ce peuple docile, qui marche au pas cadencé, de telle sorte qu'en serviteur un intérêt supérieur, il oublie ses souhaits et ses envies. Il finit même par omettre la réalité de son être en dehors du groupe. La liberté n'admet pas l'asservissement de l'homme à un intérêt qui dépasse sa propre personne. Un dialogue de sourds s'ensuit au point qu'il disparait.

    Je me suis échappé à Paris. Artiste, je voulais y jouer de la guitare et y chanter, car les gens reconnaitraient mon talent. Pour ce faire, je devais partir et goûter à la vie parisienne. Je poursuivais un rêve d'enfant, c'est pourquoi je m'imaginais en saltimbanque moderne qui fredonnerait des mélodies populaires partout, tout le monde m'applaudirait. Si nous ne réalisons pas nos chimères juvéniles, l'existence ne détient aucun sens. À la nuit tomber, je dormais sur un matelas au sein d'un immeuble abandonné au milieu d'une faune hétéroclite. Certains avaient perdu leurs biens matériels, et même la raison. Alors que je me sentais saisi d'un esprit bohème, les autres se revendiquaient en tant que clochards. Bagarre et ivresse accompagne la lune et les étoiles. J'étais bien loin de la poésie de Pierrot et de Colombine. Un jour, son père est passé dans le métro, il m'a vu et m'a jeté une pièce.

    — Tu t'achèteras un litre de vin pour construire ton destin.

    Un air narquois marquait aussi son visage. Il s'enfuit sans tourner la tête et depuis nous ne nous sommes plus jamais traduit la parole. J'ai joué les baladins pendant deux ans sur

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