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Un décembre assassin
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Livre électronique284 pages6 heures

Un décembre assassin

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À propos de ce livre électronique

À la suite de la mort violente de ses parents, Morwenna Alviti est adoptée par une famille bretonne au passé obscur. Dans sa quête de vérité et de bonheur, elle rencontre l’énigmatique commandant Arsène Dubreuil, un homme torturé et obsessionnel. Ensemble parviendront-ils à éclaircir les mystères qui les entourent ? Quel sera le prix à payer pour atteindre cet objectif ? Entre aventure, crime, amour et trahison, laissez-vous immerger dans cet univers à nul autre pareil.


À PROPOS DE L'AUTEURE


À la faveur de sa nouvelle vie en Bretagne, à l’âge de 11 ans, Caroline Lucet obtient un prix grâce à l’écriture d’une nouvelle. Elle s’inspire donc de cette magnifique région afin de continuer à faire vivre sa passion. Un décembre assassin est son deuxième roman publié.
LangueFrançais
Date de sortie20 sept. 2022
ISBN9791037770516
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    Aperçu du livre

    Un décembre assassin - Caroline Lucet

    Chapitre 1

    Une vieille vengeance

    Hameau de Ty Goarch, village de Plouray, Morbihan, Bretagne, 10 décembre 2016, 23 h 12, par une nuit glaciale et enneigée, maison des Bocklesky, lieu-dit Ty Goarch, entre forêt et montagne

    Accolée la forêt de Plumargoar’ch se tenait une grande bâtisse rénovée datant du 18e siècle, aux impressionnantes pierres de taille et aux baies vitrées aussi larges qu’indiscrètes. Celle-ci, du haut de sa bute, dominait un terrain vallonné et en partie boisé sur plusieurs hectares. Cette propriété était enclavée par un mur ancien de plus de deux mètres de hauteur, aboutissant à un vieux portail en fer forgé quelque peu rouillé. Une partie du terrain était limitée par la forêt elle-même sur le flanc ouest, ainsi que plus bas par une rivière. Le terrain était lui-même entouré de la chaîne des montagnes noires propres à cette région du centre Bretagne.

    Cette maison, isolée de tout, faisait corps avec la nature vivace de cet environnement où tout paraissait respirer encore plus fort que l’homme : la brise fraîche fouettant les joues, le bruit des pas dans la dense neige, les chants des oiseaux du coin qui n’avaient pas migré, le bruit des clapotis de l’eau du ruisseau en contrebas, et le craquement des vieilles branches se battant avec le souffle puissant du vent.

    L’environnement était resté très sauvage, voire hostile ; la maison aussi grande soit-elle, n’était qu’un grain de sable entre montagnes noires, landes touffues, collines et forêts verdoyantes. C’était au cœur de cette forêt qu’il y avait de cela trente ans le clan des Gitans Bocklesky avait posé valises, caravanes et paniers en osiers. Cette très ancienne famille avait tout de suite essayé de s’intégrer dans ce qui était un petit village breton, plutôt désert et reculé, mais n’était-ce pas ce que leur chef de clan, Jean Bocklesky n’avait pas toujours souhaité ? S’isoler ? Peut-être, mais la raison n’avait pas été divulguée.

    Aux abords du jardin, à une bonne centaine de mètres au-delà de la vieille maison se dressait le terrain de la famille, où quelques caravanes et maisons en bois plus récentes avaient été installées, c’était le « camp ». Toutes ces habitations, roulantes et non roulantes étaient installées au centre du terrain, en arc de cercle. C’était un peu un village dans un autre village.

    Tout ce terrain accueillait hommes, femmes et enfants du clan Bocklesky, les terres étaient vastes, et sur des hectares le clan pouvait prospérer et se développer, vivant essentiellement du commerce, de l’agriculture, des marchés et de certains trocs et arrangements divers.

    Depuis trente ans cette famille était ancrée dans le cœur de la Bretagne, eux qui étaient originaires de Pologne. Ils avaient historiquement migré en France pendant la guerre 39/45, au sud dans un premier temps ; puis à la fin des années 80 ils étaient arrivés sur la terre bretonne, et avaient fini par se sédentariser dans le Morbihan, au milieu de cette immensité de nature et de montagnes intimidantes.

    Ce soir d’hiver 2016, quelques vieux et hauts sapins autour de la maison remuaient sous la force du vent. Sur les terres gelées et assombries des Bocklesky, la neige avait cessé de tomber depuis une heure environ ; mais en y regardant par la fenêtre, Jean, le maître des lieux, ne voyait dans son terrain et vers l’orée du bois qu’un tapis grisonnant et froid. En ce soir de décembre, l’ambiance n’était pas à la détente. Jean, le patriarche de la famille Bocklesky n’en menait pas large. Lui qui n’avait jamais craint personne depuis soixante ans savait que cette fois il ne serait peut-être pas épargné par sa bonne étoile. D’ailleurs des étoiles, il n’en voyait aucune de sa baie, c’était un vrai ciel d’encre et la lune était quant à elle aussi fine qu’un croissant dévoré.

    Ce soir-là, il savait qu’il était au crépuscule de sa vie. Le grand brun aux tempes grisonnantes se questionna un instant sur celle-ci, son nez proéminent collé à la vitre de sa fenêtre. Qu’avait-il fait à part mener toute sa famille d’une main de fer, et avoir fait au mieux pour assurer les intérêts de tous les membres de son clan ? Peut-être pas assez…

    Et quelqu’un allait d’ici peu venir lui rappeler les erreurs de son passé. Un passé violent et regretté depuis près de quinze ans…

    Il avait appris que la jeune Morwenna Alviti viendrait le voir ce soir pour l’assassiner. Morwenna, il ne la voyait pas comme les autres du clan la voyaient. Il ne voyait pas ses vingt-deux printemps, mais bien la petite fille qu’il avait connue jadis : la petite tête blonde qui courait avec son fils Luka dans le camp gitan ; à se cacher avec fougue et malice entre les larges et longues caravanes blanches qui envahissaient les lieux à cette époque. Il ferma les yeux, et crut un instant entendre de nouveau ses petits souliers s’écraser sur les gravillons du terrain, ses rires et cris de surprise lorsque son fils Luka arrivait à l’attraper par la taille, l’air conquérant en cet instant.

    Jean ouvrit les yeux. Les enfants de ses souvenirs n’étaient plus là. Il venait bien d’entendre frapper ; c’était la petite blonde aux yeux bleus, presque turquoise, qui avait bien grandi depuis, et qui se tenait certainement devant sa porte, dans le froid, dans la nuit, dans l’esprit de vengeance qu’était certainement le sien…

    Il prit un cigare dans son élégante boîte en bois exotique posée sur le rebord de sa cheminée en pierres, manipula l’objet quelques secondes entre ses doigts rugueux puis le reposa sur celle-ci. Il leva les yeux au-dessus de la cheminée et observa la grosse tête du sanglier taxidermisé, pensant « ce soir c’est moi la proie ». Il tourna les talons et traversa son grand salon sobrement agencé, passant sans s’en rendre compte sa main rugueuse sur le rebord de son canapé en cuir marron qui trônait au centre de la pièce. Il n’avait rien entre les mains, pas même un objet quelconque pris à la hâte pour se défendre. Il était comme résigné en cet instant, et repensait aux fantômes de son passé. Et des fantômes il en avait eu à l’esprit durant ces quinze dernières années, Jean opina du chef en acceptant le fait qu’il allait ouvrir à la fille d’un de ces fantômes. Mais il le ferait, il assumerait ses choix, aussi difficiles qu’ils eussent pu être. Il arriva dans son entrée aux murs blancs et lumineux, foula le sol de celle-ci et tourna la clé dans la serrure de la lourde porte en bois taillée en arc de cercle.

    La porte s’ouvrit, il aperçut Morwenna, emplie de neige, frigorifiée, portant son long manteau blanc en laine, la capuche sur la tête, ses yeux croisèrent le bleu des siens. Il se racla la gorge et passa la main dans sa barbe grisonnante.

    La jeune et grande femme blonde entra et se secoua avec autant de classe qu’un chien en aurait eu pour s’ébrouer, afin d’ôter les restes de flocons sur son manteau.

    Jean l’observa, tendu. Il sentit sa gorge se serrer. Elle n’était pas une inconnue, et il n’avait pas envie de la traiter comme telle.

    Il tendit la main gauche en direction de son salon.

    Morwenna ôta son épais manteau, quelques gouttes de flocons fondus tombèrent sur le parquet ancien du séjour. Jean l’attrapa et le posa, avec la main quelque peu tremblante sur le porte-manteau en fer forgé qui trônait dans cette entrée vide de tout.

    Elle avait gardé son vieux gilet noir en crochet qui tombait sans grâce aucune sur son jean.

    Il savait que Morwenna était très élégante, malgré sa tenue aussi simple qu’elle était, il la trouva très belle, sa chevelure blonde et ondulée lui flottait librement le long de sa taille finement marquée. Son visage fin et pâle aux traits purs et frôlant la perfection se tourna vers le vieux gitan. Il ne décela pas de haine dans son regard, mais de la détermination, ainsi qu’un air profondément empli de désarroi. C’était encore plus effrayant. Mais par affection pour cette petite et par respect pour les sentiments que Luka son fils avait pour elle, il ne souhaitait pas se défendre. Il se tourna, au risque de se faire poignarder dans le dos et retourna près de la cheminée, prit son cigare qu’il alluma sans hésiter cette fois-ci et se posa sur l’un des deux sièges en rotin près de la cheminée, tout en agrippant le pic en fer qu’il avait près de lui afin de remuer les bûches embrasées.

    La jeune femme mit sa main droite dans la large poche de son gilet en crochet. Elle sentit entre ses doigts la lame du couteau qu’elle avait pris avec elle. Il allait bientôt sentir le froid de celle-ci traverser sa poitrine. Elle le tuerait, ce soir, dans ce salon. Elle attendait cette vengeance depuis quinze ans, depuis cette effroyable nuit où elle l’avait vu enfant sortir de leur maison voisine du campement Bocklesky, après la mort de ses parents. Après qu’elle et son frère Stuart s’étaient réfugiés dans l’une des chambres à l’étage, pour échapper au vacarme, aux hurlements et aux bruits sourds des coups assénés à leurs parents.

    Une véritable bagarre sanglante avait débuté dans le hall de leur maison cette nuit d’hiver 2001. Morwenna, alors âgée de sept ans et son frère Stuart, neuf ans, avaient grimpé sur ordre de leur mère Elena les escaliers de leur maison quatre à quatre. Stuart avait eu très peur ce soir-là, Morwenna aussi. Son frère, ayant un déficit mental, ne pouvait qu’être une victime aux yeux de Morwenna, elle l’avait agrippé aussi fort qu’on attrape la dernière liane avant de tomber dans le vide. Les yeux transpirant la peur elle avait fermé la porte de leur chambre, à clé…

    Les cris, les supplications, lui revenaient en observant Jean, elle s’assit silencieusement dans le fauteuil, faisant face à l’homme qui lui avait arraché ses parents.

    Ce douloureux passé arriva sans ménagement au fond de son esprit torturé, et au creux de son ventre, noué. Le mal, le souvenir du mal l’envahit, et telle une bête infâme la brûla en passant de son ventre à sa gorge.

    Jean voyait bien que son esprit était troublé, elle était là mais finalement ailleurs en cet instant. Le vieux gitan resta silencieux.

    Elle ferma un instant les yeux et se revit cette nuit de décembre 2001, sur le parquet rugueux et froid de leur chambre d’enfant, son frère Stuart dans ses bras. Elle ne sut si c’étaient les deux qui tremblaient dans les bras l’un de l’autre ou si l’un d’eux secouait l’autre dans son tremblement de frayeur. Ce souvenir angoissant s’était au fil des années transformé en cauchemar récurent. Et elle l’avait fait mille fois ce terrible cauchemar ; se revoyant au sol, prier pour que les hurlements cessent, pour que les bruits de coups, de cris et de chute s’estompent, et enfin prier pour que tout cela soit un simple cauchemar. Un instant dans son esprit, elle revit la lumière vive de l’étage s’allumer, elle avait encore en mémoire le souvenir de ce filet de lumière agressif passant sous les deux centimètres entre la porte et le sol de leur chambre. Celui-ci signifiant implicitement que l’horreur approchait d’eux à grands pas. Elle y était encore près de quinze ans après. La petite fille qu’elle était fermait les yeux, serrant Stuart le plus fort possible : « ça va aller Stuart, bouche tes oreilles ». Stuart écrasait ses paumes de mains contre ses oreilles ce soir-là… Puis elle se souvint des derniers bruits les plus angoissants, le hurlement d’agonie de sa mère, puis le bruit d’un coup de feu. Puis plus rien. Le silence était revenu, elle avait vu par le dessous de la porte l’ombre des pieds d’une personne, un homme, il avait tenté une seconde d’ouvrir la porte de leur chambre, sans insister, puis avait dévalé les escaliers pour enfin sortir. Elle se souvint s’être décrochée avec peine de Stuart, s’être approchée de la fenêtre, avoir vu distinctement malgré la nuit, et grâce au lampadaire de leur cour, l’allure de cet homme qui fuyait la propriété. Ce dernier fit une chose, une seule, il se tourna vers la fenêtre de leur chambre, et elle l’avait vu distinctement… Jean… L’ami de la famille, cet homme d’une quarantaine d’années, barbu, costaud et imposant, il avait ensuite tourné les talons et fuit hors de chez eux, mais le pire restait à venir, ouvrir la porte… Ce qu’elle avait fait… Pour découvrir les corps inanimés et ensanglantés de ses parents, morts ; son père dans le hall de l’étage, et sa pauvre mère, le visage figé dans la mort, au bas de l’escalier, baignant dans une mare de sang.

    L’horreur absolue…

    Elle se souvint avoir contenu son hurlement en enfonçant ses deux index dans sa petite bouche, pour ne pas effrayer davantage son frère qui se relevait à peine dans leur chambre. Morwenna lui avait ordonné de rester là et de ne pas sortir, il s’était couché dans leur lit double sans avoir rien vu de la scène, pendant qu’elle avait pris le téléphone portable dans la poche de son père. Elle se souvint avoir glissé dans la flaque de sang autour du corps de celui-ci avec ses pieds nus, puis s’être éloignée des cadavres pour aller se réfugier dans la salle de bain, une pièce épargnée du drame.

    Elle se souvint aussi avoir cherché dans la liste d’appels, un nom familier, rassurant. Sa tante, Viviana, la sœur de sa mère.

    Morwenna se remémora cette conversation si courte avait-elle été.

    La jolie blonde aux airs froids et à l’âme impénétrable ouvrit les yeux, quittant par la même occasion cet effrayant souvenir ; elle observa Jean fumant son cigare près de la large cheminée en pierres. La petite fille qu’elle était à marcher dans le sang venait de disparaître de son esprit.

    Bien qu’elle vînt de revivre dans son esprit la terrible soirée de décembre 2001, elle revint rapidement à la réalité du moment, et on était bien en décembre 2016… Et elle faisait face au tueur présumé de ses parents.

    Morwenna resta fixer ses yeux bleus et affaissés par de larges et lourdes paupières.

    Il avait l’air fatigué. Nerveusement, elle balança légèrement sa tête à gauche, puis à droite.

    Non il n’en est pas question, on n’attend pas près de quinze ans, avec rage de se venger pour fléchir le jour J. Impensable…

    Elle se reprit.

    Ce dernier poussa un léger soupir dont lui seul en connaissait la signification, laissait-il place à la lassitude ? De ses faits ? De sa vie ? De la tournure du moment ?

    Elle approcha sa lame, mais hésita à l’enfoncer au fond de son cœur.

    Elle se balança d’un pied à l’autre, prise d’angoisse. Finalement était-elle prête à entendre les révélations de Jean ?

    Je tremble trop… Ce n’est pas comme cela que je voyais ma vengeance… Pourquoi ?

    Morwenna fit l’erreur de passer furtivement sa main sur ses yeux pour essuyer ses larmes.

    Jean bondit soudain sur elle, réussit par l’effet de surprise à attraper le couteau, il agrippa de son autre main le cou de la frêle Morwenna, la collant contre son ventre rebondit.

    Il posa la lame sur la carotide de la jeune femme.

    Ils étaient si proches que Morwenna sentit le souffle de Jean derrière son oreille.

    Je ne suis pas l’assassin que tu crois !

    Morwenna revit le visage de son amour, son amour adoré, le seul être avec son frère à faire battre son cœur. Elle eut envie de le voir ce soir-là, envie de sentir cette chaleur inexprimable qu’il lui procurait, qu’il lui avait toujours procurée. Le visage mat et si beau de Luka envahit son esprit et son cœur énervé. Cet homme élégant au sourire si beau débordant d’amour et de tendresse. Elle se souvint qu’il était le fils de Jean, et que jamais il ne cautionnerait son acte. Elle décida de le chasser un court instant de son esprit, au risque de le perdre pour toujours… Sa tristesse prenait en cet instant toute la place.

    Jean était si peiné que l’amour de son fils veuille sa propre mort, il pensa à eux, à ce couple dont il ne souhaitait que le bonheur, le vieux gitan se sentit ému par la tournure des évènements :

    Il poussa un soupir puis reprit :

    En attrapant le verre, elle s’égara de nouveau dans ses sentiments entremêlés.

    Oh Luka, si tu étais là, près de moi, que me dirais-tu ? De lui laisser le bénéfice du doute ? Non ! Il vient d’avouer pour papa ! Luka je hais ton père autant que je suis mal ! J’ai tant besoin de toi Luka… Je t’aime plus que ma vie mon Amour, est-ce pour cela que je n’ai pas réussi à tuer le bourreau de mes parents ? Peut-être… Reviens-moi vite mon cher amour, je t’aime. Je t’aime tant… Reviens… Cela fait trop longtemps que tu t’es absenté du camp… Sans toi, je ne suis pas réellement moi Luka. Sans toi, rien n’a de sens. Tu me manques…

    Elle quitta ses pensées troublées et le manque qu’elle avait de son amour pour reprendre son échange avec le père de Luka.

    Il peina de plus en plus à prononcer le prénom de sa mère. Les larmes lui montèrent aux yeux, lui, le chef du clan Bocklesky avait une certaine sensibilité, et visiblement, un cœur. Et Elena, la mère de Morwenna était loin d’être « personne » pour Jean.

    Une larme s’écoula lentement de l’œil de Jean, il s’affala sur son fauteuil, et engloutit la moitié de son verre, puis l’autre moitié dans la seconde suivante. Il poussa un petit soupir en appréciant ce breuvage fort et réconfortant :

    Il m’en faudra un autre.

    La jeune femme se leva et alla en direction de la bouteille, prenant le verre de son ennemi juré au passage, en faisant attention de ne pas toucher ses doigts, elle lui servit le verre presque plein, lui tendit et se rassit.

    Jean observa un instant le feu brûler et les braises crépiter dans sa cheminée, puis il commença son histoire, Morwenna l’écouta silencieusement, et replongea avec lui quinze ans plus tôt, afin d’avoir des réponses sur ce jour aussi sépulcral et angoissant qu’une journée en enfer.

    Ce n’était pas uniquement l’histoire de Morwenna et ses parents, les Alviti, mais celle de la famille Bocklesky, la famille Gitan. Morwenna allait entendre ce qu’elle aurait peut-être dû entendre dès le départ, mais qui aurait eu à cœur de lui avouer l’inavouable ?

    Au même instant, à quelques mètres de là, dans le campement gitan des Bocklesky

    Stuart, le frère de Morwenna sortit guilleret de la caravane de Tony Bocklesky, le second fils de Jean, après avoir passé deux heures à jouer aux cartes et à boire du Chuchen et du whisky. Il attrapa son portable, sa sœur Morwenna n’avait pas répondu à ses appels et SMS.

    Ce géant aux airs de nounours voulait voir sa sœur. Le grand brun gratta ses cheveux noirs ébouriffés.

    Mais où est-elle ?

    Le jeune homme de vingt-quatre ans mais qui en avait neuf dans sa tête tourna le regard vers le campement, puis vers la maison de Jean située un peu plus loin. Il y avait peu de chances pour que sa sœur soit là-bas, mais elle n’était pas sur

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