La pieuvre à mille tentacules
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Aperçu du livre
La pieuvre à mille tentacules - Rémy Mokassa N’Sado
La pieuvre
à mille tentacules
Rémy Mokassa N’Sado
La pieuvre
à mille tentacules
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
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Quatre lettres aux quatre préventions (Poésie) ;
A mon enfant 1 (Poésie)
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Le phénomène « matolo » à Kinshasa (Bande Dessinée)
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© Les Éditions du Net, 2022
ISBN : 978-2-312-11959-5
Avant-propos
« Qui veut la paix, abandonne le mal ». Pablo n’est pas en soi une personne physique mais un état d’esprit mesquin. Cet ensemble d’antivaleurs en circulation qui de fil à l’aiguille se tisse et se transmet dans nos communautés respectives, et à la longue déshumanise l’être humain, lequel à son tour empêche finalement tous les peuples de vivre en paix et palper du doigt le vrai bonheur.
Voilà pourquoi, comme devant un rétroviseur, ce petit et modeste roman fait passer en revue, sans prétention aucune, cette mentalité rétrograde en vue d’interpeller chacun de nous, en quelque lieu où qu’il se trouve, et dans quelque poste de responsabilité qu’il occupe de se démener autant qu’il se peut, à quitter sinon abandonner son petit Pablo à lui, ceci en vue d’apporter la paix dans notre société en particulier et dans l’humanité en général.
Aussi tenons-nous, à nous excuser auprès de tous ceux qui à tort, se croiraient visés ou offensés par ce roman lequel n’est au demeurant qu’une œuvre d’esprit. Toute autre ressemblance de fait, ne serait qu’un pur fruit du hasard, dû en ce que l’inspiration ne provient généralement que du vécu quotidien si pas du lieu où l’on vit. En ce qui est de ce roman, rappelons d’avantage que Pablo n’est pas une personne physique. Mais la personnification du mal dont avons-nous tenté d’extérioriser ou de mettre au grand jour ses quelques aspects dans une approche purement dialectique, entrecoupée par endroit d’une poésie pittoresque renfermant des messages codés, fruit de notre imagination créative, coulée dans un genre épistolaire que nous appelons notamment : « verrouillage, enveloppe, carré ou encore bloc poétique », tout ceci aux fins de faire découvrir à nos lecteurs, la capacité de malice que développent certaines personnes juste pour nuire, parfois et souvent inutilement, à leurs contemporains.
C’est en cela que le présent roman vaut son pesant d’or en ce que d’une part, il aiguillonne la conscience des lecteurs et d’autre part, les préparer dès lors, à en découdre définitivement par un vrai changement radical de mentalités, les incitant, in fine à ne poser que des actes de nature, à ramener « la Paix » dans nos milieux respectifs, pour le propre bonheur de chacun et chacune, et pour le bien de l’humanité tout entière.
Le charme de Pablo
Ah ! Comme la vie est bizarre… Nos deux maisons furent voisines l’une de l’autre, dans un quartier populaire de Mbawa. Dans ce quartier dortoir, je connus un ainé d’au moins dix ans qui se prénommait Pablo. Il fut benjamin de sa famille et vivait chez sa sœur ainée Benoîte, mariée et mère de famille.
Nous l’avions affectueusement surnommée « Mère cool » à l’opposé de sa jeune sœur directe que nous traitions de « Mère acide ». Pourquoi en était-il ainsi ? Ne soyez pas pressé. Vous le saurez au bout de votre lecture.
Pour ma part, Pablo me parut un jeune jovial, doué et poli qui d’avantage tenait au confort corporel. Alors marmot, je pensais me servir de lui comme modèle. Où qu’il se trouvait, mon esprit le pourchassait comme sa propre silhouette.
« Oncle Pablo », ainsi l’appelait-on, fut un homme ravissant et beau comme un héros décrit dans un roman d’amour. Ses yeux noirs au fond blanc, brillaient d’un charme désarmant toute résistance féminine. Durant notre enfance si heureuse, nos maisons alors voisines et contigües ne connurent point des barrières entre elles. Tous, vivions, mangions et par moment, dormions ensemble. Cette chaleur humaine, nous la partagions intimement liés en temps de bonheur comme celui de malheur. En aucun moment de notre cohabitation, nos parents et à leur suite nous autres leurs progénitures, nous nous soupçonnâmes d’un fait malveillant, quel qu’il soit.
Cependant bien plus tard, je me rendis à l’évidence que oncle Pablo avait un discours mielleux qui du reste, ne constituait qu’un matelas de mots, lequel sommeillait débout quiconque voulait bien l’écouter. Et parmi ses nombreuses victimes admiratrices, j’en fus une. Chaque après-midi, après le repas, oncle Pablo nous ramenait, moi et nos amis à Tokoli, la petite brousse rocailleuse où nous allions jouer aux soldats.
– Taveres ! oui. Je me souviens encore de ses mots onctueux.
– N’y iras-tu pas aujourd’hui ? Ah. ouais ! Rappelle-toi qu’un paresseux Sergent dans une armée comme la nôtre, ne vaut pas plus qu’une brave recrue. Un vrai « Nyoto » doit subir et parfaire correctement sa formation.
Est-il qu’enfants, l’histoire des « Anyota », plus est, celle de la triste rébellion qui, si tôt, endeuilla notre jeune République au matin même de l’acquisition de son indépendance, à force d’y penser, nous tenait à cœur. Pour cause, mes amis, mes frères ainsi que moi-même rêvions de devenir des « supers Nyoto » afin qu’un jour, nous criâmes vengeance.
À cet effet, tout bon discoureur, fut-ce menteur, était à même de nous arracher la banane aux lèvres et nous trainer à tout bout de champs ; pourvu que nous fûmes, mes compagnons et moi-même revêtus, serait-ce, des grades militaires imaginaires dont nous-mêmes ne comprenions presque rien : qui sergent, qui adjudant, qui lieutenant, qui capitaine, qui major, qui colonel etc.
Dans ma perspicacité, j’enviais secrètement le grade de colonel. Je pensais par-là, venger tous les nôtres lâchement assassinés par le tristement célèbre « Colonel Egosa alias Mbanzi Mabe ». Ce piètre tueur avait acquis l’art de distribuer la mort comme de petits pains à quiconque ne partageait pas son opinion. Ce qu’il refit au su de tous, à l’une de nos sœurs religieuses au motif qu’elle lui refusât ce qu’elle avait de plus cher. Dieu merci, son sang immaculé ne laissa point la basilique Saint Pierre indifférente. Peu après, le souverain pontife vint la béatifier et promit sa canonisation qui jusqu’alors tarde de se réaliser sans nous en donner une explication plausible…
Ah ! Paix à son âme. La Révérende sœur Marie Clémence Anowingyo fut coutumièrement parlant ma tante.
– Tava… Tavares ! C’est ainsi que oncle Pablo m’interpellait toutes les fois, qu’il voulut que nous montâmes à Tokoli.
– À vos ordres ! Répondais-je.
– Mais tu risques de tout manquer pour la journée d’aujourd’hui.
Ah ! L’enfance. Ce que je ne compris guère, ses appels ne furent comme chronométrés qu’aux heures du repas. Aussitôt que je sursautais pour le rejoindre d’où il m’appelait, la grande horloge du salon sonnait quatorze heures ; et c’était souvent l’heure à laquelle nous montions à table.
Notre enfance, tenez-le pour dit, fut heureuse !
En tout-cas, ce n’était pas la nourriture qui nous manquait. À chaque dîner notre table était achalandée d’une variété de mets du pays : « le lituma au poissons frais, le maboke et le limbondo au makemba, du riz blanc au pot-au-feu, du fufu au madesu, le manzakpa, le mambunza, le Akpota ta moye » et de la viande boucanée aux bâtons de manioc, un peu du piment frais pilé, salé et légèrement grillé dans l’huile de palme…
Devant cette variété gastronomique, Pablo notre « oncle », avait un appétit unique en son genre. Jamais il ne manquait un sens d’humour pour justifier sa gourmandise.
Quand nous tous, réunis autour de la table lui souhaitions « bon appétit », oncle Pablo se taisait un moment, et puis au bout d’un large sourire mouillé de salive, il répondait : « Je n’en manque jamais… ».
Chaque fois que nous nous mimes à table, disais-je, Océane ma jeune sœur, s’empressait à bénir le repas, dans une prière élastique entrecoupée des mots inaudibles, alors que, tous nos convives, y compris moi-même, ne souhaitions qu’une oraison jaculatoire. Un jour, avant qu’Océane n’entamât sa longue prière habituelle, ironique, oncle Pablo la supplia en ces termes : « Océane, prends pitié de tes affamés que nous sommes. Par l’amour du ciel daigne-nous épargner de cette prière sub-saharienne consistant essentiellement à demander à notre Père, resté en Europe, de quoi manger pour soi-même et pour les siens ; sans pour autant tenir compte, ni de la quantité, ni de la qualité, et moins encore de l’heure à laquelle, il faudra chaque jour prendre le fameux repas. Bien manger
Océane ! Je me dois de l’avouer ici et maintenant même que : c’est un droit naturel et légitime que le bon Dieu reconnait à chacun de nous depuis le paradis, après nous avoir imposé l’obligation de manger chaque jour pour nourrir son temple personnel qu’est notre corps. Aussi aura-t-il tort, s’il ne nous donne pas quotidiennement de quoi manger, et du bon à manger, à la bonne heure… ».
– N’est-ce pas Tava ? M’avait-il questionné, cherchant me prendre à témoin dans sa fausse cause, que pour une fois au moins, je rejetai ab ovo, alors qu’il taquinait par ailleurs Océane à son insu, la pointant du bout de ses lèvres en fronçant malicieusement ses sourcils du haut vers le bas.
Après le régal, mes amis et moi, tous à sa traine, prenions la direction de Tokoli. Personnellement, je ne pouvais pas rater ! Y être absent ? Non ! Je devrais terminer avec succès, me disais-je, toute ma formation de « Nyoto », car oncle Pablo devrait partir. Il devrait quitter disait-il, cette bourgade où nous vivions, pour une ville lointaine. « Découvrir le monde et mourir » étaient son credo.
Tokoli si proche de notre maison où nous allions jouer, fut à la fois, une ancienne usine d’extraction et de fabrication de matériaux de construction : sables, moellons, caillasses, tôles, clous, bars de fer, fil de recuit et consorts, abandonnée par un sujet portugais, Monsieur Olivier Tavares. Mon père Mzee Matau Camille y travaillait pour son compte. Profitant de la circonstance, lors de ma naissance, il me donna le nom de son patron Tavares. Notre habitation commune, alors un camp pour ce dernier ; était situé non loin de ces installations inondées des vieux engins, lesquelles devinrent un lieu sûr, où oncle Pablo alla pour longtemps nous distraire.
À cet effet, pour bien exécuter sa besogne, oncle Pablo