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Un cœur de petite grenouille. Plume dorée, ange ou bourreau? Volume I
Un cœur de petite grenouille. Plume dorée, ange ou bourreau? Volume I
Un cœur de petite grenouille. Plume dorée, ange ou bourreau? Volume I
Livre électronique276 pages3 heures

Un cœur de petite grenouille. Plume dorée, ange ou bourreau? Volume I

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À propos de ce livre électronique

Plume dorée, ange ou bourreau?, le premier volume de la Collection Un Cœur de Petite Grenouille (auteur: Gheorghe Vîrtosu) ouvre la voie vers le monde de l’enfance, de l’amitié et des leçons de vie qui forgent un fort caractère. Ce conte, écrit pour tous les âges, commence par l’aventure hors du commun d’une petite héroïne, qui rassemble tout le courage dont elle est capable pour retrouver sa famille, perdue dans le monde. On nous parle de comment pardonner, de comment jouir vraiment de la vie et de tout ce qu’elle a de beau à offrir. Le premier volume de la Collection Un Cœur de Petite Grenouille est transposé dans des bandes dessinées et dans un film d’animation.

LangueFrançais
ÉditeurAdenium
Date de sortie14 juin 2016
ISBN9786068622170
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    Aperçu du livre

    Un cœur de petite grenouille. Plume dorée, ange ou bourreau? Volume I - Vîrtosu George

    Antonesei

    Conte emprisonné I

    J’écris ce conte à la mémoire d’un vieux Rat…

    Cette aventure a commencé en 2004. C’est l’année où je suis tombé dans les griffes du malheur, qui m’ont fait prisonnier, me jetant dans une prison du Sud de la France. Entre ses murs, dans des temps depuis longtemps écoulés, la dame guillotine avait réussi à introduire la peur dans l’âme de tous ses habitants. Sous sa lame criminelle, guidée par le pouvoir du mal, sont tombées les têtes de toute la famille royale, qui avait été intronisée par le vouloir et avec la bénédiction de Dieu, ainsi que de ceux qui avaient cru à leurs idéaux de construire un monde nouveau.

    Eh bien, un beau jour du printemps de cette année-là, le soleil caressait tendrement toute la nature: il ramenait à la vie bien des racines amères, il savourait le vert cru des petits bourgeons…

    Je restais les yeux fermés dans la cellule humide et sombre. Je ne pouvais que voir en imagination les merveilleuses beautés de ce temps de l’an. J’essayais de dormir. Le sommeil de l’après-midi entre les quatre murs en béton, crucifiés depuis des centenaires sur le squelette de l’armature, que j’entendais soupirer sans cesse, après minuit. Elle souffrait en voyant que la Rouille la mangeait peu à peu, satisfaisant ainsi les plaisirs de l’Humidité, l’une des servantes fidèles de la Souffrance. En fait, là-bas tout ce qui nous entourait semblait faire la volonté de la Souffrance, qui portait, sur ses lèvres blafardes, les destinées tragiques de tous ceux qui se trouvaient dans ce lieu maudit.

    Je m’étais assoupi plutôt du sommeil du lièvre, où toutes sortes de pensées inondent l’esprit: il m’était facile d’imaginer les morts dans leurs cercueils, car ma cellule, froide et inhospitalière, ressemblait à un tombeau.

    Mais, tout à coup, un bruit venu de près m’a fait sursauter. J’ai ouvert mes yeux encore troublés par les pensées qui m’avaient assailli. Je regardais autour de moi et j’essayais de comprendre ce qui s’était passé: je ressemblais à un vautour sauvage cherchant désespérément sa proie.

    Que pensez-vous que j’ai pu voir? Un rat! Enroulé dans un fil de soie blanche, crevant de faim, les oreilles déchirées, pleines de cicatrices - il était sur la table, près de mon lit. Il grignotait, désespéré et effrayé, la croûte de pain sec restée sur le bout de la table. Je n’ai réagi nullement. Il m’a semblé très hardi puisqu’il ne se souciait pas de ma présence. Je suis resté immobile, le regardant obliquement; je me demandais d’où et comment il était venu. Il tenait le pain de ses petites pattes et le grignotait rapidement. La faim lui avait certainement donné ce courage fou. Nous faisons exactement de même quand nous avons le ventre vide: le besoin de le satisfaire nous fait essayer de le remplir vite, à tout prix. C’est ainsi que s’expliquent aussi les risques fous que nous prenons quelquefois, en faisant des choses dignes de l’empire du mal, sans penser à leurs conséquences…

    Je tentais de deviner l’âge du Rat. Les cicatrices en disaient long sur lui: les endroits qu’il avait fréquentés, les peines qu’il avait subies… Il avait, certainement, une grande expérience de vie; de toute façon, assez importante s’il était tellement libre, ce jour de printemps, qu’il cherchait quelque chose à manger dans la cellule d’une prison. Je le suivais des yeux, fasciné, pendant qu’un autre bruit, familier cette fois, parvint à mes oreilles: sur le rebord de la fenêtre de ma cellule venaient de se poser doucement deux pigeons. Ils me regardaient attentivement, tournant vers moi tantôt un oeil, tantôt l’autre. A mi-voix, en nasalisant, comme s’ils ne voulaient pas me réveiller, ils fredonnaient leur chant sans mélodie, mais que j’attendais amoureusement chaque jour. Ils me signalaient qu’ils étaient de retour et qu’ils attendaient que je revienne de mon sommeil tourmenté, où je m’enfonçais chaque jour étourdiment, cherchant dans les ravins sombres au moins un rêve heureux, qui m’ait été fidèle autrefois. Car ils m’avaient tous fui à cause du logis où j’étais. Je cherchais un Rêve qui puisse me donner, à mon réveil, l’espoir d’aller de l’avant. Qui puisse me dire à l’oreille que la Liberté sans bornes m’attendait, me donnant à nouveau la force de faire revivre mes sentiments fanés, parce qu’ils n’avaient plus ressenti, depuis si longtemps, les caresses des Rayons du Soleil.

    Les pigeons étaient mes vieux amis: ils avaient l’habitude de venir chaque jour, après mon réveil, se nourrir des miettes de pain que je leur donnais. Souvent je leur posais la question: — De quelle couleur s’habille la Liberté, au-dehors?

    Les pigeons ouvraient largement leurs petites ailes. Ils me montraient les plumes sales, d’un gris sombre. Ils voulaient me dire que c’était „la couleur de la Liberté"…

    — Mais qu’est-il arrivé? leur demandais-je étonné. Il n’y a plus d’eau sur la terre?

    Ils fermaient leurs ailes et me faisaient signe de la tête que non. Ensuite ils me chuchotaient tristement:

    — Non, il y en a encore. Mais nous, on n’a plus accès à l’eau pure et claire. Les vautours géants, protégés par la loi (car ils sont, n’est-ce pas, menacés par la disparition), se sont rendus maîtres des eaux. Ils la donnent seulement à qui bon leur semble, en échange de la viande fraîche et tendre, laquelle crois-tu?, de pigeon, bien sûr. Tu parles de Liberté? me disaient-ils, tournant avec peur leurs têtes. Pourquoi crois-tu qu’on te rend visite? me demandaient-ils ensuite de manière rhétorique.

    Et c’était toujours eux qui répondaient:

    — Paradoxalement, c’est ici, sur le territoire de la prison qu’on se sent plus libre que dans la „Liberté" du dehors… C’est ici qu’on est attendus et respectés… Tandis qu’au-dehors on est surveillés en permanence par des yeux ennemis. Nous ne serions pas étonnés d’apprendre qu’on nous envie pour avoir accès ici… Il y a un proverbe qui parle de ceux qui n’ont pas beaucoup de possibilités dans la vie: on dit que tout est bien là où l’on ne peut pas arriver…

    Il fallait que je me lève pour nourrir les Pigeons. Mais je ne voulais pas effrayer mon nouveau visiteur, j’ai donc attendu un peu plus.

    J’ai tourné mon regard vers le Rat. Je n’arrivais pas à comprendre par où il était entré dans la cellule. Ma première pensée a été qu’il s’était probablement faufilé parmi entre les barreaux en fer de la fenêtre.

    Il était possible que, du rebord de la fenêtre, où je mettais des miettes pour les pigeons, celles-ci soient tombées au dehors, au fondement du bâtiment en béton. Les trouvant, le Rat aurait tout risqué pour arriver en haut: il a grimpé, peut-être sur la muraille pour assouvir sa faim ennemie. Et, qui sait? il serait tombé à l’intérieur…

    J’ai regardé de nouveau par l’embrasure de la fenêtre. J’ai vu le fil de fer barbelé, si fidèle, si pointu, remplissant sa mission ingrate de faire mal à n’importe qui voudrait entrer, sans parler de ceux qui voudraient sortir…

    — Et pourtant, le Rat a réussi à atteindre ma cellule, pensais-je. Son cerveau l’aurait aidé, aiguisé par tant de cicatrices.

    Je ne bougeais point pour ne pas l’effrayer. Seuls mes yeux tournaient, en tentant de le voir mieux. Il semblait être heureux comme s’il avait découvert un moulin magique ou un four qui donne naissance en permanence au délicieux pain…

    Après avoir mangé goulûment et s’être rassassié, mon Rat s’est léché plusieurs fois les pattes en marmonnant dans sa barbe quelque chose que seulement lui et le Bon Dieu avaient compris. Il a adressé, peut-être une prière à Dieu, le remerciant du petit-déjeuner dont il lui avait fait don.

    Il est descendu lentement de la table, tout à fait comme un vieillard et il s’est niché sous le lit, quelque part dans le coin de droite de la cellule. Il est resté là-bas décidé à partager ma cellule. Pendant quelques jours, je l’ai laissé tranquille. Il devait s’habituer à son nouvel abri. La semaine suivante, en m’y mettant avec beaucoup de patience et de persévérance, j’ai réussi à le faire manger de ma main. Il a accepté mon amitié. Une semaine plus tard, le Rat m’a permis de le prendre dans mes bras. Ravi par la cofiance qu’il me témoignait, je l’ai débarassé du fil de soie emmêlé, qui l’empêchait de marcher, le faisant se déplacer avec peine. Et même je lui ai fait prendre un bain chaud. Je l’ai lavé bien avec mon savon à linge, car je n’en avais pas d’autre. Une foule de puces se sont enfuis, en sortant de sa fourrure grise…

    Nous avons donc vécu ensemble un an et neuf mois; nous avons partagé la même cellule étroite, que les Rayons du Soleil ne visitaient pas; nous avons partagé la nourriture et les ennuis aussi… J’ai réussi même à apprendre le langage des rats…

    Sa compagnie me faisait du bien. J’étais content de le savoir toujours à côté de moi. Ne vous imaginez pas pourtant, que j’ai essayé de le tenir en captivité par peur de rester seul. Non! Au contraire, j’avais souvent pitié de lui. Il me semblait injuste qu’il subisse la même peine que moi. Plus d’une fois, je l’ai posé sur le rebord de ma fenêtre en lui faisant comprendre, autant que possible, qu’il était libre de partir. De jouir de ce que lui offrait la Nature de manière inégalable; en un mot, de jouir de la Liberté…

    Il me semble le voir encore tendre son petit nez au dehors pour inspirer l’air frais. Il se tournait ensuite, s’élevant sur ses pattes arrière et tendait celles de devant vers moi, pour que je le prenne dans mes bras.

    Il ne voulait pas partir. Notre «amitié» devenait de plus en plus forte. J’ai pensé que, peut-être, le pauvre Rat n’avait aucun autre abri. Comme beaucoup d’hommes aussi. Ou bien, au contraire, comme nous le dit un vieux proverbe: ne retourne jamais là où tu as été heureux autrefois, car tu pourrais être terriblement déçu par ce que tu y trouveras. La laideur du présent annulerait les beaux souvenirs qui t’avaient rendu heureux. Ce serait dommage de tomber dans le piège amer des regrets…

    En tout cas, je comprenais chaque jour mieux le petit animal qui m’accompagnait fidèlement. J’ai appris même quelle était la mission destinée aux rats pendant leur vie sur cette terre, mais j’en parlerai largement dans le conte que je vous invite joyeusement à lire dans les volumes suivants.

    Les jours passaient l’un après l’autre, mais comme tout ce qui est beau, la paix que le Rat m’avait offerte ne pouvait pas durer infiniment. Un beau jour d’hiver, de bon matin, au dépourvu, comme on fait d’habitude avec les prisonniers, quelque chose d’imprévu est arrivé dans la prison. J’ai été levé de force du lit, que j’avais à peine chauffé. Avec de froides menottes aux mains et aux pieds, on m’a fait sortir du bâtiment en béton, tel un chien traqué, surpris à voler des poules. Si l’on respectait la loi à la lettre, il ne serait pas juste de procéder ainsi avec les détenus. Je n’avais nullement enfreint le règlement de détention. Mais, passons…

    Je suis sorti dans la cour de la prison; j’ai trouvé là-bas des centaines de prisonniers, mécontents comme moi. Nous avons tous attendu dans le froid pendant un jour entier, sans qu’on nous explique pourquoi.

    Il gelait. Il neigeait. Je regardais les gros flocons et je m’imaginais que Dieu les tamisait au-dessus de nos têtes par le tamis géant du Ciel, les envoyant pour laver nos péchés.

    Vers le soir, nous avons appris ce qui était arrivé: on avait organisé un contrôle inopiné dans toute la prison. Ils avaient appris que les détenus cachaient dans les cellules des choses interdites par le règlement. Comme des chiens de chasse qui flairent la proie, les gardiens de la prison avaient tout fouillé: pleins de méfiance, ils farfouillaient dans tous les coins. Ils croyaient que même dans les W.C. couverts pouvaient naître des vers des espèces les plus évoluées et ils craignaient que si ceux-ci devenaient libres, ils s’adapteraient à n’importe quel milieu, à tous les risques et à toutes les situations et ils arriveraient à commander des millions de «bactéries» (comme il arrive aussi dans notre société contrôlée par des voleurs rusés, défendus par les lois faites par eux-mêmes).

    Le froid m’avait engourdi. Je ne savais plus depuis combien de temps je subissais le gel. Je pensais à mon ami, le Rat. J’étais impatient de voir comment il allait, de lui confier tout ce que j’avais vécu ce jour-là où nous n’avions pas été ensemble. Très tard, lorsqu’on nous a permis d’entrer, j’ai trouvé un désordre incroyable dans ma cellule, louée de force. Il paraissait que des milliers d’éclairs fâchés étaient passés par là. Le lit avait écarté du mur. A l’endroit où habitait le Rat, j’ai découvert une flaque de sang. Des milliers de gouttes se détachaient et se faufilaient pleines de tristesse dans la paille du petit tas, qui gardait encore la chaleur du corps du petit animal.

    J’ai compris qu’il avait été écrasé par une grosse botte, car elle avait pris soin de laisser sa sale empreinte, bien parlante, sur le mur, au-dessus de l’endroit où avait habité le Rat. Mais il n’y avait pas de trace du Rat. Son corps avait disparu. Je tournais étourdiment dans ma cellule. J’avais envie de me ruer sur la porte et de crier, de hurler! Mais je savais que tout était en vain, qu’il n’y avait personne à m’entendre…

    Je n’ai pu apercevoir qu’un ricanement de païen. Celui-ci m’a claqué si fort la porte au nez, que j’ai eu les oreilles bouchées à cause du bruit assourdissant. J’ai tourné mon regard vers l’endroit où s’était niché le Rat. J’étais triste et je regardais dans le vide. Je me figurais ce qui était arrivé… Et je n’avais pas été là pour le défendre…

    Je ne sais plus combien de temps je suis resté comme ça. A un moment donné, j’ai senti un vent froid, qui entrait entre les barreaux de la fenêtre. Je l’ai senti curieux, comme s’il voulait ramasser les derniers restes de la chaleur du corps du Rat, ce qui était resté sur la paille ensanglantée… Je suis resté immobile. Je n’ai pas voulu fermer la fenêtre. Je pensais laisser le Vent au moins être à l’aise, car quant à moi, j’étais accablé par une tristesse sans bornes. Il n’aurait pas été juste que tout le monde souffre à cause de la tragédie qui s’était abattue sur moi; Dieu a établi un équilibre dans ce sens: une balance, qui penche ou s’élève toujours en essayant de tenir en équilibre le Bien et le Mal, la Lumière et les Ténèbres, la Beauté et la Laideur, la Joie et la Tristesse, l’Amour et la Haine…

    A quoi bon la Philosophie: je n’étais plus bon à rien. Un grand chagrin, un grand écœurement avaient envahi mon âme après cet événement. Je n’ai rien mangé durant une semaine. Je n’ai plus quitté ma cellule. Je ne voulais voir personne. Ils étaient tous coupables de ce qui m’était arrivé. Je ne pensais qu’à Dieu. Je lui demandais sans relâche: „M’as-tu oublié, Mon Dieu? Pourquoi m’as-tu laissé de nouveau seul entre ces murailles affreuses, sans chaleur, sans pitié, bornés sinistrement par les barreaux en fer?"

    Les murs des prisons „se nourrissent", pratiquement, des jours de la vie des détenus. Leurs corps vieillissent prématurément, en effaçant tout ce qui avait une valeur quelconque dans l’éclat de leur mémoire.

    Je croyais que Dieu n’entendait plus mes pleurs, mais je me trompais. Le huitième jour, pendant la nuit, j’ai reçu la visite de mon ami, le vieux Rat. Il a grimpé sur la table, sans se presser, comme toujours, comme il s’était habitué après que nous soyons devenus amis. Seulement, cette fois-ci, il n’était plus intéressé par le pain. Il était de nouveau enroulé dans le fil de soie blanche, comme la première fois. Il semblait l’avoir fait exprès pour que j’aie pitié de lui. Plein de joie, je l’ai vite pris dans mes bras chauds, comme je l’avais fait toujours avant le coucher, lorsque je voulais qu’on se rechauffe l’un l’autre, pour que le sommeil soit plus doux. Me voyant si triste de l’avoir perdu, le Rat m’a chuchoté:

    Qu’est-ce qui t’arrive?Je ne te reconnais plus. Soit fort, mon ami! Tu ne resteras pas là pour l’ éternité. Peut-être que Dieu t’a envoyé ici dans un but par Lui seul connu ou pour te protéger contre une épreuve plus grande que celle-ci, que tu aurais subie si tu avais été ailleurs à présent. Le Temps passera comme il est venu; tu seras libéré, tu retrouveras les tiens. Tu comprendras plus tard pourquoi il a fallu que tu passes par cette épreuve. Ta seule mission est de suivre ta voie de façon lumineuse, sans tenir compte de la profondeur des ténèbres qui t’entourent. N’oublie pas que tout désastre engendre un changement. Il est possible que ce soit une chance déguisée, habillée dans des vêtements trop larges, difficile à reconnaître à première vue. Chaque fois que tu affrontes une épreuve, après l’avoir dépassée, elle te fait un Don. Toute Epreuve, si dure qu’elle soit, peut être transformée dans une bénédiction, ainsi qu’une bénédiction peut être transformée dans une malédiction, si l’on ne sait pas en jouir comme il faut. Mais avant tout, prends garde à toi. La vie perd son sens quand la santé manque. Ne crois pas à tout ce que tu vois: le pouvoir des yeux est limité. Tu dois „regarder" autour de toi à l’aide de l’esprit, en utilisant tous les dons dont Dieu t’a doué, dans sa bonté infinie. Seul l’esprit est vraiment libre. Il nous montre que le Bien n’est pas un miracle, que l’Amour n’est pas une illusion, que la Beauté n’existe pas que dans notre imagination. Au contraire, ce sont eux qui constituent la vraie réalité. L’Esprit ouvre des portes inconnues, il nous aide à trouver le moyen de voler sans tenir compte des frontières. Ne limite pas ta confiance dans les idéaux, même si tu n’es pas certain de pouvoir les faire vivre.

    Dieu nous a doué d’Âme, d’Esprit et de Corps: en un mot – de Vie. L’Esprit est le pont entre le Corps et l’Âme. Il maintient la paix et l’harmonie entre les deux. Le Corps est le Temple qui abrite la Vie, la protégeant comme une fleur qui porte une indicible sensibilité – l’Âme. L’Esprit est celui qui ouvre la voie de la Vie vers l’Univers infini, l’enrichissant de toutes les merveilles données par Dieu. Si le Corps ne peut apporter dans ta vie ce que ton Âme désire, l’Esprit peut t’aider à t’imaginer que tu possèdes déjà tout, t’apprenant à faire confiance à ton pouvoir d’aller de l’avant.

    Mon cher ami, rejette donc ta Tristesse! Essuie tes pieds sur elle sans pitié, pour qu’elle ne vale plus la peine, étant tellement sale, d’être relevée. Ne lui permets pas d’assombrir ton visage éclairé par la confiance en toi-même!"

    Je l’écoutais sans faire le moindre geste. J’étais tellement déprimé!

    L’absence de toute réaction de ma part a fait le Rat pousser un profond soupir. Il m’a prié de le remettre sur la table. J’ai fait, en silence, ce qu’il m’avait prié. Il s’est penché lentement, comme un vieillard, il a pris le stylo à bille et il me l’a tendu. Je n’ai pas eu le temps de le prendre: un bruit de pas, qui s’éloignaient, nous ont fait sursauter. Comme si quelqu’un, en passant devant la fenêtre, s’était arrêté pour écouter les mots de mon ami et qu’il partait maintenant. Le Rat avait

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