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Deeptetch Nation: Quel avenir pour le modèle suisse?
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Deeptetch Nation: Quel avenir pour le modèle suisse?
Livre électronique413 pages4 heures

Deeptetch Nation: Quel avenir pour le modèle suisse?

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À propos de ce livre électronique

Quelle est la place de la Suisse dans un monde high-tech dominé par les géants américains et asiatiques ? Comment assurer un niveau suffisant de souveraineté technologique ? 

L'auteur lance le débat et nous propose des éléments de réponse originaux, basés sur les valeurs entrepreneuriales historiques qui ont fait la richesse de la Suisse depuis 200 ans. Il met aussi en évidence l'importance stratégique du venture capital pour construire la Suisse du futur et appelle à mobiliser les ressources du pays autour de dix « moonshots », ces grands projets technologiques ambitieux et porteurs de sens, dans lesquels la Suisse peut jouer un rôle moteur à l'échelle mondiale.

Accompagnez Dominique Mégret dans une enquête rigoureuse et détaillée sur le futur technologique de la Suisse !


A PROPOS DE L'AUTEUR
L'auteur Dominique Mégret dirige Swisscom Ventures depuis sa création en 2007.
LangueFrançais
Date de sortie10 sept. 2021
ISBN9782832110935
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    Aperçu du livre

    Deeptetch Nation - Dominique Mégret

    Couverture

    Aux chercheurs et entrepreneurs,

    à leurs familles

    L’auteur

    Dominique Mégret travaille depuis une trentaine d’années dans le secteur des nouvelles technologies en tant que stratège d’entreprise, entrepreneur et investisseur. De culture européenne et de nationalité franco-suisse, il a quitté la France à l’âge de 19 ans pour étudier et travailler en Allemagne, au Royaume-Uni et enfin en Suisse, où il réside depuis 18 ans. Passionné d’innovation, il s’est impliqué dans le développement d’une centaine de sociétés de haute technologie en Europe, en Afrique et aux États-Unis.

    Dominique dirige actuellement la société de capital-innovation Swisscom Ventures, qu’il a lancée en 2007 au sein du Groupe Swisscom. Basée en Suisse à Zurich et Lausanne ainsi qu’aux Etats Unis à Palo Alto en Californie, Swisscom Ventures a CHF 600 millions d’actifs sous gestion et conseil, financés par Swisscom et une quinzaine d’investisseurs institutionnels (caisses de pension, groupes industriels et gestionnaires de fortune). Son portefeuille est investi principalement dans des technologies issues de la recherche scientifique, dites deeptech, telles que l’intelligence artificielle, la robotique, les semiconducteurs, la bio-informatique ou la réalité virtuelle.

    Préface

    La Suisse est de plus en plus visible sur la carte des nations start-up. De nombreuses entreprises technologiques y ont été créées en 2020 malgré la pandémie. Zurich et l’Arc Lémanique, mais aussi Bâle et Zoug, sont devenus des hotspots pour les start-ups dans les technologies de l’information et de la communication (TIC), la biotech, la medtech ainsi que la fintech.

    Les graines ont été semées il y a un quart de siècle avec le lancement des premiers concours pour jeunes entrepreneuses et entrepreneurs ainsi que pour les parcs technologiques. Le thème du transfert de technologies issues de la recherche universitaire a progressivement gagné en importance. Les universités – en particulier les deux écoles polytechniques fédérales (EPF) de Zurich et Lausanne – jouent un rôle crucial en tant que centres d’ingénierie de pointe et de pépinières de jeunes entreprises deeptech. Pour un nombre croissant de nos étudiants, le saut vers l’entrepreneuriat est devenu une alternative attrayante à un premier emploi dans l’industrie.

    Dans le seul domaine des EPF, des étudiants, doctorants et chercheurs ont fondé quelque 500 entreprises au cours des dix dernières années, créant ainsi plusieurs milliers d’emplois hautement qualifiés en Suisse. Ces entreprises nous aident également à relever des défis tels que le changement climatique, la transition énergétique ou les progrès de la médecine et des soins de santé. En outre, de nombreuses entreprises internationales de haute technologie ont établi leurs propres activités de R & D en Suisse, à proximité de nos universités. Autant de signes confirmant l’attrait de la Suisse en tant que lieu de formation et d’innovation.

    Créer une entreprise est une chose, trouver des fonds pour en financer la phase de croissance en est une autre. Là aussi, la Suisse bouge. Le venture capital, qui alimente la création de nouvelles entreprises suisses, s’est fortement étoffé récemment, jusqu’à dépasser la barre des deux milliards de francs suisses pour la deuxième année consécutive en 2020. La moitié des fonds a été versée dans les cantons abritant les deux écoles polytechniques fédérales, soit Zurich et Vaud. Notons l’augmentation du nombre de tours de financement ainsi que le lancement de nouveaux fonds. Le problème structurel de participation du venture capital suisse aux tours de table les plus importants a été adressé avec des résultats prometteurs. Des entreprises telles que Swisscom Ventures et d’autres groupes d’investisseurs ont pris une part importante à cette évolution. Une publication qui éclaire la genèse et le contexte de la Suisse comme deeptech nation arrive donc à point nommé.

    Bien des choses restent possibles – à condition de ne pas nous reposer sur nos lauriers. Une comparaison internationale avec les pays européens, mais aussi avec les États-Unis, la Chine ou Israël, montre que notre pays dispose encore d’une bonne marge d’amélioration.

    Introduction

    Janus, le dieu romain des transitions, des choix et du changement

    Janvier 2021. Je termine l’écriture de ce livre sous le double regard de Janus, une face tournée vers le passé, l’autre vers l’avenir. Fêté le 1 janvier, Janus a donné son nom au premier mois de l’année (Januarius). Cette figure mythologique m’inspire, car elle symbolise le passage du temps et les remises en question associées à chaque période de changement. Elle illustre bien la problématique de la Suisse contemporaine : comment s’inspirer d’un passé brillant pour relever les défis du futur ? La Suisse se trouve en effet dans une période délicate de transition entre l’ère industrielle, dans laquelle elle a excellé à l’échelle globale, et celle du numérique, outrageusement dominée par les géants américains et asiatiques. L’Europe est la grande perdante de la transformation digitale avec seulement 2 % de la capitalisation boursière des 25 plus grandes sociétés technologiques mondiales, les big techs . Elle est devenue dépendante des logiciels américains et des équipements asiatiques. Comment se fait-il qu’elle ait perdu sa souveraineté technologique, alors qu’elle reste à la pointe de la recherche scientifique et de l’innovation ? Que doivent faire les européens, et les suisses en particulier, pour reconquérir des parts de marché et ré-équilibrer les rapports de force ? Quels investissements dans les technologies du futur doivent être priorisés ? C’est l’heure des choix… et du changement.

    200 ans d’innovation

    Pour donner des éléments de réponse à ces questions, je me suis tourné vers le passé dans la première partie de ce livre. L’objectif est de mieux comprendre les forces et faiblesses historiques du modèle suisse afin de le repositionner intelligemment pour l’avenir. Mes recherches ont largement dépassé mes attentes. J’ai été très surpris de l’amplitude des succès des entrepreneurs suisses et de la modernité de leurs valeurs. Celles-ci sont basées sur 200 ans d’innovation dans les technologies de haute précision, l’internationalisation systématique et l’ambition de conquête d’une niche à l’échelle globale. Ces thématiques restent tout à fait pertinentes pour les start-ups d’aujourd’hui.

    Comment la Suisse a-t-elle pu devenir un pôle d’excellence de niveau mondial pour l’innovation issue de la recherche scientifique ? Avec seulement 8 millions d’habitants, soit 2 % des États-Unis ou de l’Europe, la Confédération helvétique semblait bien trop petite pour lutter à armes égales dans la course aux deeptechs, ces technologies issues de la très coûteuse recherche fondamentale et appliquée. Et pourtant, la Suisse a su construire un réseau unique de laboratoires publics (CERN, EPFZ, EPFL…) et privés (Google, IBM, Disney Research…), qui lui donnent une position de leader mondial en termes de brevets et de prix Nobel scientifiques par habitant¹. Elle a même été classée le pays le plus innovant du monde par le Global Innovation Index (INSEAD et WIPO, l’organisation des Nations Unies pour la propriété intellectuelle) pour la dixième année consécutive.

    Cette intensité de recherche et développement (R & D) est en partie liée au succès des multinationales suisses, qui ont une dimension extraordinaire par rapport à la taille du pays. Nestlé, Roche et Novartis occupent ainsi la première, troisième et quatrième place des plus grosses capitalisations européennes tous secteurs confondus². L’infrastructure de recherche est aussi intimement associée à un tissu industriel très performant constitué de petites et moyennes entreprises discrètes et peu connues du grand public. Ces hidden champions sont entièrement axées sur l’exportation de hautes technologies de précision, telles que Straumann (medtech), Debiopharm (biotech) ou Sensirion (microtechnique). Ces sociétés partagent des valeurs historiques à la base du modèle entrepreneurial suisse. Contrairement à l’opinion largement répandue, la Suisse n’est pas un pays de rentiers, mais au contraire, elle est l’une des nations les plus entrepreneuriales au monde dans la high-tech. C’est une deeptech nation !

    Le modèle entrepreneurial suisse 2.0

    La grande question est de savoir si le modèle suisse aura aussi du succès dans un monde futur entièrement digitalisé. Fondamentalement, je pense que oui, car les valeurs entrepreneuriales suisses sont intemporelles : recherche de l’excellence et… excellence de la recherche. La Suisse dispose des conditions-cadre (liberté de la recherche, infrastructure, cadre de vie, fiscalité, stabilité politique) et de tous les atouts humains, scientifiques et culturels pour réussir dans la haute technologie… sauf un : le financement des start-ups à grande échelle ! L’argent pour la R & D et la phase d’amorçage ne manque pas. Mais les investisseurs suisses sont peu présents dans les derniers tours des sociétés les plus avancées, là où se joue la taille critique pour le leadership mondial.

    Pour des raisons historiques et culturelles, les sociétés innovantes suisses souffrent d’un handicap chronique de sous-financement en venture capital (VC) par rapport à leurs concurrents anglo-saxons. Les start-ups soutenues par les fonds VC, que j’appelle les VC kids, sont les enfants d’une culture spécifique, encore relativement peu répandue en Suisse. Elles jouissent d’un avantage fondamental : l’accès au capital quasi illimité ($28 milliards pour Uber par exemple, voir page 193), sans aucune contrainte de profitabilité. Elles peuvent ainsi se concentrer exclusivement sur la croissance la plus rapide possible. Le start-uper n’engage que sa réputation sur la base d’un business plan, contrairement à l’entrepreneur classique d’une PME, qui doit s’autofinancer ou hypothéquer ses actifs personnels pour avoir accès aux prêts bancaires. Le facteur-temps dans la course au leadership est décisif : là où les hidden champions ont mis 20 à 25 ans pour construire leur position dominante, les VC kids ont les moyens d’y parvenir en moins de 10 ans pour prendre leurs concurrents de vitesse. Il est donc très important d’avoir accès aux mêmes ressources en venture capital pour éviter les distorsions de concurrence.

    Ce n’est malheureusement pas le cas actuellement sur le continent européen, qui n’a pas encore vraiment compris l’importance du venture capital. Il s’agit pourtant d’une révolution capitalistique, avec un impact sociétal, économique et scientifique décisif dans le développement des nations modernes. Cet instrument financier conçu sur-mesure pour les entrepreneurs high-tech est devenu un avantage compétitif majeur pour ceux qui savent l’utiliser. Les Américains le font avec un succès phénoménal depuis 50 ans. Jugez donc : avec un total de $ 1200 milliards³ investis dans leur écosystème start-up, en partie financé par les épargnants européens, les États-Unis ont pris le contrôle de près de 80 % de la valeur capitalistique des big techs dans le monde⁴ ! Les 10 premières VC kids américaines valent ainsi plus de $ 9 100 milliards, soit autant que toutes les Bourses d’Europe continentale réunies⁵. Les Chinois ont parfaitement compris l’impact stratégique du venture capital pour développer une industrie high-tech puissante. Ils ont donc lancé ces dix dernières années un programme d’investissement massif en Chine… et dans les VC kids américaines les plus emblématiques. A tel point que l’administration Trump a fini par réagir et interdire de facto les investissements chinois, bien consciente de l’importance de l’industrie high-tech dans la guerre économique.

    L’Europe et la Suisse n’ont pas encore saisi cette opportunité historique. Leur manque de venture capital les pénalise fortement. Avec seulement 11 % des investissements VC cumulés mondiaux en 50 ans, contre 60 % pour les Américains⁶, l’écosystème européen a disposé de 6 fois moins de ressources qu’outre-Atlantique. En conséquence directe, il a produit peu de grands leaders technologiques mondiaux, dans le numérique en particulier. La crème de la crème de ses start-ups finit bien souvent par être rachetée par les leaders chinois et américains avant d’avoir atteint une masse critique. L’Europe était pourtant un acteur big tech majeur dans les années 1970. Elle n’a pas su investir massivement dans une nouvelle génération de start-ups pour solidifier son écosystème et compenser l’érosion naturelle des groupes historiques liée à la « destruction créatrice » chère à Schumpeter.

    Perte de souveraineté technologique

    Cette passivité est lourde de conséquences. Le problème pour l’Europe est plus fondamental que la seule faiblesse de son industrie high-tech : elle a perdu le contrôle sur sa propre transformation numérique, qui impacte l’ensemble des secteurs économiques et sociétaux. La digitalisation redistribue les cartes dans toutes les chaînes de valeur et fait migrer les profits vers des plateformes en ligne globales de nature oligopolistique. Dans ce modèle implacable de la platform economy, le travail à faible marge et les coûts restent dans leurs pays d’origine alors que les données et la création de valeur sont centralisées. Sans changement drastique, le système actuel va renforcer notre dépendance technologique, y compris dans les secteurs encore protégés aujourd’hui comme la santé, les transports ou l’enseignement.

    Sommes-nous condamnés à choisir entre protectionnisme digital (à la chinoise) et soumission résignée (comme le reste du monde) ? Non, bien sûr ! La reconquête d’un équilibre technologique à la mesure de la taille économique de l’Europe (23 % du PIB mondial) est tout à fait possible à condition d’avoir une vision ambitieuse et d’y consacrer des montants suffisants. Pour combler son retard sur les États-Unis, l’Europe doit tripler ses investissements en venture capital ($ 46 milliards investis en Europe en 2020, contre $ 156 milliards aux États-Unis⁶). A l’échelle de la Suisse, il faut viser CHF 5 milliards par an (contre CHF 2,1 milliards en 2020) pour rester dans le top 10 des clusters d’innovation dans le monde, avec l’objectif d’atteindre CHF 10 milliards par an en 2030. Attention ! Il ne s’agit pas de subventions étatiques mais bien d’investissements profitables dans leur ensemble, productifs et à fort impact sur les emplois du futur. Ils permettent aussi de réduire les dépendances technologiques sans utiliser de méthodes protectionnistes, dans le respect des règles libre-échangistes d’un monde globalisé. Avec de tels avantages géopolitiques et économiques, pourquoi le venture capital représente-t-il moins d’1 % de la fortune nette des ménages suisses⁷ ? Pourquoi les investisseurs privilégient-ils les allocations passives et spéculatives (immobilier, actions cotées, obligations, matières premières), sans impact direct sur l'innovation et la croissance ? Il est grand temps de modifier nos habitudes et d'allouer au venture capital une portion, même minime (1 à 2 % de la fortune des privés et des entreprises suffisent), pour redynamiser la Vielle Europe et reprendre notre destin en main.

    Plan d’action

    La deuxième partie du livre est donc consacrée à des propositions concrètes pour adapter le modèle entrepreneurial suisse aux nouveaux défis d’aujourd’hui. La plus importante des mesures concerne la montée en puissance d’un écosystème de financement complet allant de la phase initiale (démarrage et croissance) jusqu’à la mise en Bourse et aux acquisitions. C’est tout à fait possible : l’excellente compétitivité de l’écosystème suisse dans les sciences de la santé le prouve. Il faut maintenant appliquer les mêmes méthodes à grande échelle dans l’ensemble des secteurs.

    Je suis surpris du manque d’intérêt public et institutionnel à ce sujet : si le financement de CHF 22 milliards par an pour la recherche publique et privée obtient toujours un consensus, celui de la commercialisation des innovations par le venture capital, 10 fois plus petit, est beaucoup moins consensuel. Etrange logique qui traduit des blocages d’ordre socioculturel ! Les études mentionnées dans ce livre prouvent pourtant que la réussite des clusters d’innovation est principalement corrélée au volume des investissements.

    Afin d’encourager l’utilisation du venture capital, je propose de l’adapter à la culture helvétique dans une version locale, que j’appelle capital-innovation (C-I). La stratégie d’investissement doit être ciblée sur les points forts historiques suisses, les deeptechs. Le livre se termine avec dix grands défis technologiques à relever, les moonshots, pour répondre efficacement aux défis environnementaux, sanitaires, sociaux et économiques du XXIe siècle. Ces projets porteurs de sens sont des opportunités d’investissement exceptionnelles dans des produits à très haute valeur ajoutée, notamment dans une logique de convergence info-nano-bio-cogno et d’interdisciplinarité.

    Les entrepreneurs et les investisseurs portent une grande responsabilité collective dans l’orientation technologique de la Suisse du futur. Ensemble, nous pouvons contribuer activement à construire le monde de demain dont nous rêvons. Nous avons le privilège d’avoir la liberté de choix. Nous devons être ambitieux, courageux et innovants. Nous ne pouvons pas simplement copier-coller la Silicon Valley. Quel modèle capitalistique compatible avec les valeurs suisses voulons-nous mettre en avant ? Quels problèmes à fort impact sociétal voulons-nous contribuer à résoudre ?

    Ces questions ne peuvent être tranchées par une planification centralisatrice, mais doivent faire l’objet d’un débat entre les acteurs de l’écosystème. Je suis donc allé à la rencontre des entrepreneurs, investisseurs et scientifiques helvétiques parmi les plus emblématiques pour leur demander de raconter leur histoire et d’imaginer la Suisse de demain. Il s’agit aussi de leur rendre hommage et de stimuler de nouvelles vocations, qui sont essentielles pour l’avenir de notre pays. « Vivre, c’est transmettre », résume ainsi l’entrepreneur lausannois Yann Guyonvarc’h. Vous pouvez découvrir les récits de vie des personnalités suisses mentionnées dans cet ouvrage sur notre site vidéo/podcast www.deeptechnation.ch/podcasts

    Bonne lecture et excellente écoute !


    1 Office européen des brevets (EPO) : la Suisse est première mondiale avec 956 demandes de brevets par million d’habitants en 2018 devant les Pays-Bas (416). La Suisse a reçu 20 prix Nobel en sciences « dures » (physique, chimie et médecine), soit 231 par million d’habitants, le plus haut ratio du monde devant la Suède (168). La Suisse est la 6e nation en termes absolus.

    2 Nestlé (CHF 298 milliards), LVMH (CHF 295 milliards), Roche (CHF 262 milliards), Novartis (CHF 188 milliards). Valorisations au 31 décembre 2020

    3 Total mondial des investissements en venture capital sur une période de 50 ans (1970 – 2019) estimé par l’auteur à $ 2100 milliards, dont 59 % aux États-Unis, 11 % en Europe, 30 % le reste du monde. Sources : National Science Foundation, Science and Engineering Indicators 2002 ; CB-Insights (2005 – 2020), Hervé Lebret, A History of venture capital ; Crunchbase, 2019

    Global VC Report

    4 Capitalisation de marché des 25 premiers groupes high-tech mondiaux. Voir page 135. Elle inclut les sociétés dites big tech, à la fois software et hardware, comme Tesla ou Apple.

    5 www.tradinghours.com/markets Euronext $ 5 200 milliards, Francfort $ 2 100 milliards, Suisse $ 1 900 milliards

    6 Pitchbook KPMG Venture Pulse Q4 2020

    7 Office Fédérale de la statistique : fortune nette des 5.3 millions contribuables suisses : CHF 1 993 milliards fin 2017

    Hypothèse : 50 % d’investissements d’origine suisses, donc CHF 2.5 milliards par an pendant 5 ans, soit 12.5 milliards (0.6 % de la fortune nette). Autofinancement par la suite (evergreen). Ce calcul ne tient pas en compte de la fortune des entreprises.

    Deeptech Nation Forum

    Dans le but de partager les expériences entrepreneuriales et de stimuler un débat sur l’avenir du secteur high-tech de la Suisse, l’équipe de Swisscom Ventures a réalisé des vidéos et des podcasts avec les femmes et hommes au cœur de l’écosystème suisse : entrepreneurs, investisseurs, avocats spécialisés, chefs d’entreprise et politiciens.

    Nous leur avons posé trois questions :

    •Qui êtes-vous ?

    •Quelle a été votre expérience entrepreneuriale ?

    •Quelle est votre vision pour la Suisse high-tech de demain ?

    Vous trouverez ces interviews sur le site :

    www.deeptechnation.ch

    La Suisse en bref


    8 Office fédéral de la statistique (BFS) www.bfs.admin.ch

    9 SECO décembre 2020, PRESSEDOK2012_F.pdf

    Quelques grandes dates de l’entrepreneuriat suisse

    Première partie

    La recherche scientifique suisse

    EPFZ

    Lorsque le jeune Albert Einstein (1879 – 1955) se présenta à l’âge de 16 ans en 1895 à l’examen d’entrée de L’École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ ou ETH Zürich en allemand), il était loin d’imaginer qu’un siècle plus tard cette université serait l’une des plus prestigieuses du monde. Avec 21 lauréats du prix Nobel et un clas­sement dans le trio de tête européen en concurrence directe avec Oxford et Cambridge, l’EPFZ est aujourd’hui l’université scientifique la mieux cotée d’Europe continentale. Créée en 1854 par le gouvernement fédéral Suisse pour répondre aux besoins de formation technique dans l’industrie naissante, l’EPFZ était certes réputée pour la qualité de ses équipements techniques, avec notamment le laboratoire de mécanique le plus moderne d’Europe ¹⁰. Mais elle était alors relativement jeune et petite en comparaison des vénérables universités ­italiennes (Bologne créée en 1088), anglaises (Oxford en 1096, ­Cambridge en 1209), françaises (Paris en 1150, école polytechnique X en 1794) ou même américaines (Harvard en 1636).

    Albert Einstein choisit pourtant l’EPFZ car il était issu d’un milieu social composé d’ingénieurs polytechniciens et de dirigeants de l’industrie électrique actifs entre Munich, Milan, Turin et Zurich. Notons l’extraordinaire émulation intellectuelle dans cette région transalpine au XIXe siècle. Trois « voisins » d’Einstein, habitant tous à moins de 350 kilomètres de Zurich, ont apporté des contributions essentielles dans le domaine électrotechnique : Volta (Italien de Lombardie à l’origine de la pile électrique), Ohm

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