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Confidences d'un papa fou… et alors…: ou 25 8 26 vers et quelques sur le vieux par le vieux, Poème ou slam fou très autobiographique
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Confidences d'un papa fou… et alors…: ou 25 8 26 vers et quelques sur le vieux par le vieux, Poème ou slam fou très autobiographique
Livre électronique521 pages4 heures

Confidences d'un papa fou… et alors…: ou 25 8 26 vers et quelques sur le vieux par le vieux, Poème ou slam fou très autobiographique

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À propos de ce livre électronique

J’aime versifier, c’est une marotte.
Que je pratique depuis longtemps,
Dire autrement ce qui me botte
Ou me pousse à l’énervement.
Vous offrir de l’inhabituel,
Coller ainsi au personnage
Décalé, drôle de paternel
Qui montre comment n’être pas sage,
Me semblait juste et il fallait
Donner dans l’exagération
Pour ne pas dénoter du trait
Que traduisent toutes mes assertions
D’où ces trente mille et quelques vers
Pour vous laisser un peu de moi,
Qu’ils vous satisfassent, je l’espère,
Même si fâcher certains, je crois,
Par des mots pour des sentiments
Que je n’ai voulus adoucir,
La teneur de mes errements,
Pour vous, pas question d’y souscrire.
Une manière de vider ce sac
Où mes souvenirs s’ennuyaient,
Beaux, vils, dans tous les entrelacs
D’une mémoire encore éveillée.
Lisez-le comme une aventure
Qui n’est pas encore terminée,
Quand ? La mort m’aura à l’usure,
Depuis longtemps, on se connaît.
LangueFrançais
Date de sortie9 janv. 2019
ISBN9782312064369
Confidences d'un papa fou… et alors…: ou 25 8 26 vers et quelques sur le vieux par le vieux, Poème ou slam fou très autobiographique

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    Aperçu du livre

    Confidences d'un papa fou… et alors… - Jean-Pierre Beau

    cover.jpg

    Confidences d’un papa fou… et alors…

    Jean-Pierre Beau

    Confidences d’un papa fou… et alors…

    ou 25 8 26 vers et quelques sur le vieux par le vieux, Poème ou slam fou très autobiographique

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    © Les Éditions du Net, 2019

    ISBN : 978-2-312-06436-9

    Mini-Préface

    Salut les kids,

    Comme je ne pouvais pas sortir Confidences d’un papa fou en un seul volume, il m’a fallu le scinder en deux parties, voici la deuxième pour continuer ce poème fou et voir ce que la vie me réserve.

    Bonne lecture les kids. Je vous aime.

    Monika et U T A

    Fort d’un anglais plus qu’honorable,

    Et correspondant aux critères,

    Je postulai, c’est raisonnable,

    Au poste mâle d’hôtesse de l’air,

    Juste après mon retour en France,

    Le niveau bac leur suffisait,

    J’étais prêt à saisir la chance

    Si l’occasion se présentait ;

    Mais je n’y pensais déjà plus

    Quand le dossier me fut posté,

    Une magnifique planche de salut

    Quand je ne pensais qu’à crever ;

    J’étais convoqué au concours,

    Je devais monter à Paris,

    Le tri humain durait deux jours,

    Je me suis posé chez Nelly.

    A l’arrivée, j’étais barbu,

    Au premier jour de sélection,

    Le lendemain, le menton nu,

    Ils m’en firent tous la réflexion ;

    Une remarque des plus positives,

    Ils appréciaient le sacrifice,

    Un truc comme ça, ça te motive,

    Je les sentais un peu complices.

    Premier jour, je passai les tests

    Psychotechniques, restait l’anglais,

    Et là of course, je fus the best,

    C’est grâce à lui qu’ils m’ont gardé.

    Sur un paquet de candidats,

    J’eus, je l’ai su, la meilleure note,

    La fille après moi en fit cas,

    Quel était mon secret, ma botte ?

    Elle avait réussi à voir

    Les notes, elle, seize et moi, dix-sept,

    Et son soi-disant désespoir

    Etait feint, elle n’était pas bête,

    En fac de langue, licence en poche,

    En route pour une maitrise d’anglais,

    Croyant ferme qu’un de mes tout proches

    N’était pas né côté français.

    La bonne nouvelle a mis du temps,

    Deux, trois semaines, je ne sais plus,

    Après le choc, un sentiment

    Depuis trop longtemps disparu ;

    La fierté d’avoir réussi,

    Ce, grâce à mes seules compétences,

    D’avoir ce dont j’avais envie

    Sans qu’enfin s’en mêle la malchance.

    Il me fallait quelques photos

    Pour U T A, d’identité,

    La croûte au nez, due au bobo,

    Habilement, fut camouflée.

    Là-dessus s’est pointé l’amour

    Sous forme d’une jolie polonaise,

    Une fille qui valait le détour

    Venue voir la vie céronnaise.

    Ma grande sœur l’avait amenée,

    Pour un week-end à la maison,

    On s’est vu et on s’est aimé,

    L’amour n’explique pas ses raisons ;

    D’autant plus drôle qu’au grand jamais,

    Je ne restais dans la famille,

    Les vendredis, je m’éclipsais

    Pour des week-ends schischon et filles.

    Ce week-end-là, j’étais présent,

    J’ai flashé sur la demoiselle,

    Un coup du sort certainement,

    Je n’en connais pas les ficelles.

    Une photo très troublante l’atteste,

    Ca fait très peu qu’on se connaît,

    Yeux dans les yeux, le même geste,

    La même tenue, comme fait exprès.

    En France depuis quatre-vingt-un,

    Au départ pour quelques semaines,

    Pour un échange estudiantin,

    Sachant Racine ou Lafontaine,

    Elle étudiait la langue française,

    Etait en année de maîtrise,

    Un beau cerveau, cette polonaise,

    A Lyon, pour plus de matière grise,

    Elle n’avait pas pu repartir,

    Bloquée par les évènements

    De Gdansk, du coup, son avenir

    Changea de cap brutalement ;

    Etant largement impliquée

    Dans le mouvement syndical,

    Membre de Solidarité

    Universitaire fut fatal,

    Si elle retournait au pays,

    Des mois de camp l’y attendaient,

    Ce connard de Jaruzelski

    Avait tendance à museler

    Toute expression contradictoire

    Aux folles directives du Kremlin,

    S’appliquant à marquer l’Histoire

    De la triste empreinte de sa main.

    Sa maman était internée,

    Son retour était compromis,

    Il lui fallut réinventer

    Son futur, elle vint à Paris

    Pour recommencer ses études

    A la Sorbonne, grâce au soutien

    D’une connaissance, sans certitude

    Qu’elle reverrait un jour les siens.

    Reprendre son cursus à zéro

    Dans une langue n’étant pas la sienne,

    Elle devait trouver du boulot

    Pour cette nouvelle vie parisienne.

    Elle habitait dans le Seizième,

    Une piaule pour des heures de ménage,

    Près de mon futur dix-septième,

    Un léger relent d’esclavage.

    Coincée là depuis deux décembres,

    Elle connaissait des exilés,

    Chez eux, elle m’a trouvé une chambre,

    Chez un couple franco-polonais.

    Septième étage sans ascenseur,

    Du côté du métro Villiers,

    Huit mètres carrés pour mon bonheur,

    Les gogues et douche sur le palier.

    D’abord, Nelly m’a accueilli

    Très gentiment au 2, rue Cail,

    Je me retrouvais à Paris,

    Mais cette fois-ci pour du travail.

    Le stage se tenait au Bourget,

    J’étais près de la gare du Nord,

    Je prenais un bus à côté,

    Trente minutes, ce n’est pas la mort.

    Des stewards, des hôtesses de l’air,

    On nous a appris le boulot,

    Celui d’un loufiat pieds en l’air,

    Je croyais ça plus rigolo.

    Autrement plus intéressante

    Fut la partie sécurité,

    Visites des avions captivantes,

    Exemples des calamités

    Auxquelles on aurait à faire face,

    Crashs, incendies, que des horreurs,

    Exercices qui donnent la grimace

    Pour apprendre à gérer sa peur.

    En fin de stage, un examen

    Sanctionnait notre apprentissage

    Dont deux épreuves, celles du bassin,

    Secours en eau, vitesse de nage ;

    A cause des muscles inexistants

    D’une silhouette un peu trop fine,

    Tous me voyaient déjà perdant

    Mais j’ai frimé à la piscine ;

    Trente-cinq secondes au cinquante mètres,

    Du côté temps, j’ai assuré,

    Ils pensaient me voir disparaître,

    Ca les a plus que sidérés.

    Un seul accroc à déplorer,

    Avec une de nos instructrices,

    Madame Dubreuil n’a pas gobé

    Deux, trois de mes blagues de service,

    Mais l’instructeur, lui, m’aimait bien,

    Il a appuyé mon dossier,

    Comme il était le plus ancien,

    La mère Dubreuil a dû plier.

    Premier vol avec Monsieur Vrot,

    Un type génial à observer,

    Très bon instructeur, vrai cadeau

    Je débutais, j’appréhendais.

    Il était en fin de carrière,

    Un chef steward de l’ancien temps,

    Il a vite brisé la barrière,

    M’a mis à l’aise en m’apprenant.

    Il m’a conté les rotations

    Du début de sa longue carrière,

    La saga des Constellations

    Desservant l’Afrique les premières.

    Des escales de quarante-six jours,

    Des vols de plus de dix-huit heures,

    Escales et fabuleux séjours

    Aux alentours de l’Equateur.

    On s’envolait pour Kinshasa,

    Pièce une de mon puzzle Afrique,

    Une zaïroise en ce temps-là

    Coincée entre les deux tropiques.

    J’ai, du coup, passé l’équateur,

    Cette ligne magique pour qui voyage,

    J’ai eu des frissons plein le cœur

    Tant l’émotion était sauvage.

    A onze heures du soir GMT,

    Les portes se sont enfin ouvertes,

    D’air chaud, humide, enveloppé,

    Ma peau, de sueur, s’est recouverte.

    C’était une étrange sensation,

    A la fois gênante et si bonne,

    La sentir, une jubilation,

    Pour moi qui hais l’hiver, l’automne.

    Dodo dans un hôtel hors classe,

    Vingt heures sur place pour découvrir

    Un paysage qui me dépasse,

    Premières images à souvenirs.

    Une flore incroyablement verte,

    Dense, variée et démesurée,

    Et savoir qu’elle s’étend à perte

    De vue, le sentiment me plaît.

    Premiers sourires des indigènes,

    Ceux de l’hôtel, rictus forcés,

    Des gens gentils mais qui vous prennent

    Avant tout pour des portemonnaies.

    De nouvelles saveurs dans l’assiette,

    Ma première mangue, texture étrange,

    Jamais je n’ai laissé une miette

    De ces nouveautés qui se mangent.

    Au retour, on s’est coltiné

    Des pétroliers en permission,

    Ils étaient sacrément touchés

    Mais continuaient leurs libations.

    La vente hors-taxe battait son plein,

    Quand un de ces types s’est pointé,

    Il voulait des trucs, des machins

    Mais personne ne le comprenait ;.

    Il était saoul comme un cochon,

    Parlait un anglais populaire,

    Je me marrais car son jargon

    J’en savais le vocabulaire.

    C’était du slang, du pur, du vrai

    Coupé de hoquets alcooliques,

    Une langue que j’avais pratiquée

    J’en connaissais toutes les répliques.

    Si j’étais là pour observer,

    J’ai quand même proposé mon aide,

    Vrot a vu que je comprenais,

    Le langage flou de ce bipède.

    On a discuté un moment,

    Il avait la monnaie volage,

    Mon instructeur était content,

    J’avais rectifié son plumage.

    Puis les vols se sont enchaînés,

    Gabon, Congo, Sierra Leone,

    Côte d’Ivoire, Cameroun, destinées

    Fabuleuses pour qui les mentionne,

    L’ordre des coins vus se bouscule,

    Je ne me souviens plus très bien,

    Six mois de jouissance dans ma bulle,

    Je vivais un rêve aérien.

    Je n’ai pas tenu de journal,

    Aucun écrit, c’est bien dommage,

    Quand on vit des choses peu banales,

    On se doit de noircir des pages.

    Des escales de rêve incroyables,

    Souvent trop courtes, mais quelle folie,

    Six mois de magie véritable,

    A toucher de nombreux pays.

    Des souvenirs, j’en ai pléthore,

    A Kinshasa, Free Town, Douala,

    A chaque escale, nouveau décor,

    Djakarta, Lomé, Lusaka,

    J’allais me balader partout,

    Même dans des endroits impossibles,

    Avec mon sourire, mon bagou,

    N’attirant pas les irascibles.

    C’est vrai que deux fois, j’ai eu chaud,

    La toute première dans un marché,

    A Douala, je cherchais une peau

    Sur laquelle je pourrais taper.

    J’ai toujours aimé les tam-tams,

    J’en ai rapporté quelques-uns,

    Vous savez bien, ma deuxième came,

    La défonce à l’ombre des pins.

    Parti tout seul dans un marché,

    Je suis rentré dans une cahute

    Où les tam-tams se bousculaient,

    Autres instruments et quelques flûtes ;

    Un seul vendeur était présent,

    Au début, plutôt sympathique,

    Mais dès qu’on a parlé argent,

    Les choses ont viré moins comique.

    Le ton a changé de couleur,

    Le monsieur était exigeant,

    Dans ces cas-là, on sent la peur

    S’insinuer tout doucement.

    Surtout que ses potes sont venus,

    Flairant peut-être une bonne affaire,

    J’étais peu fier car convaincu

    Qu’ils allaient me faire des misères.

    Ma gueule est grande, fait établi,

    J’en ai usé une fois encore,

    Donnant à mes yeux cette folie

    Qui sait faire peur et me rend fort.

    Ils ont dû me prendre pour un fou,

    Les fous font très peur en Afrique,

    Du coup, leur ton s’est fait plus doux,

    IIs ne m’ont pas piqué mon fric.

    La deuxième fois, c’est à Lomé,

    Je cherchais du tabac à rire,

    Un togolais m’a embarqué,

    Chez lui, il pouvait m’en fournir.

    Errant tranquille dans les étals

    D’un marché à sorcellerie,

    Crânes de serpents, crocs de mygales,

    Tout le vaudou et ses grigris,

    Pour l’amour, la mort, des potions,

    Dont l’accroche vantait les mérites,

    Queues de lézards et de scorpions,

    Pour l’entreprise, la réussite.

    Je me suis fendu d’un billet,

    Pour deux de ces attrapes-pouvoirs,

    En fait, on ne doit pas payer

    Pour la magie, ou blanche, ou noire.

    Tout en réglant, je demandais,

    Un traitement pour insomniaque

    Si certaines plantes de la contrée,

    Des herbes afro paradisiaques,

    Pouvaient s’acheter dans le coin,

    J’eus en réponse un grand sourire,

    Il n’habitait vraiment pas loin,

    Et de quoi amplifier mes rires.

    Quand il a annoncé le prix

    Qu’il espérait pour son bout d’herbe,

    J’ai cru à une plaisanterie

    Mais son ton raisonnait acerbe.

    Il s’est saisi d’un grand couteau,

    Pensant peut-être m’impressionner,

    Je les avais bien à zéro,

    Mais pas question de le montrer.

    Je lui ai pris la lame des mains

    Et l’ai lancée contre le mur,

    Sans regarder, j’étais certain

    De la planter, j’ai la main sûre.

    Du coup, le type, ça l’a calmé,

    Il a révisé ses tarifs,

    Ca m’a à moitié rassuré,

    Je me méfiais de ce natif.

    Maudite, cette herbe mal achetée

    M’a ensuite causé des ennuis,

    J’ai fait fumer une prostituée

    Rencontrée dans une boîte de nuit.

    Seule pute que je n’ai jamais eue,

    C’était une gosse de seize, dix-sept,

    Naïf, au début, j’avais cru

    A une drague sans air de pépettes.

    A l’hôtel, j’ai vite déchanté,

    Elle voulait rester toute la nuit,

    Quand j’ai dit non, elle a hurlé,

    J’ai voulu étouffer le bruit

    Avec l’oreiller mais très vite,

    J’ai relâché la vile pression,

    Cris et peur feints par la petite,

    Je l’ai compris à l’addition.

    Elle a hurlé à l’assassin,

    Ils ont fait venir l’ambulance,

    Pas la police, grâce aux copains,

    Mais j’ai casqué en abondance.

    Sinon les rencontres étaient cools,

    Les africains sont des gentils,

    J’allais me perdre dans la foule

    Pour voir leurs marchés aux grigris.

    J’ai découvert des autochtones

    Loin des hôtels, dans leur milieu,

    A chercher du tabac à cônes,

    La misère m’a sauté aux yeux.

    Ca impressionne la pauvreté,

    Quand on la côtoie tout à coup,

    Ce n’est pas comme à la télé,

    Ses odeurs provoquent le dégoût.

    Les autres restaient dans les hôtels

    Fréquentaient les sentiers battus,

    Ne visitaient pas les poubelles

    Qu’on ne trouve que dans certaines rues.

    En cela, j’étais différent,

    J’aimais me perdre avec les noirs,

    Je suis allé là où les blancs

    Ne traînaient pas, surtout le soir.

    A Lusaka, un beau marché,

    Mais entouré d’une palissade

    Etait un endroit réservé

    A la race noire, une galéjade.

    Un black a voulu m’interdire

    D’y pénétrer, question de race,

    Par mon discours et mon sourire,

    J’ai su convaincre l’homme de la place.

    Si j’étais là, c’était pour eux,

    Pour côtoyer les autochtones,

    Les blancs, les riches et les fâcheux

    Faisaient partie d’une autre faune ;

    Du coup, il s’est mué en guide,

    M’a promené dans les allées,

    Ca déclenchait une peur stupide

    Vite remplacée par la gaieté

    Provoquée par l’inhabituel,

    L’Afrique du Sud n’était pas loin,

    L’apartheid, un vilain modèle,

    Trop l’acceptaient, j’en suis témoin.

    J’y achetais mon premier pagne

    Et trois ou quatre colis fichets,

    Ravi que ce gars m’accompagne,

    Me présente aux vendeurs zélés.

    L’après-midi avec ces noirs

    A discuter nos différences

    Restera un moment d’espoir,

    Quelques heures à croire à une chance

    Puis le suivre dans un coin à boire

    Aussi réservé aux bronzés,

    Soirée unique dans notre Histoire,

    L’une comme l’autre déstabilisée.

    Jamais un blanc n’avait franchi

    Le seuil du maquis du quartier

    Où buvaient ses copains, surpris

    Par une blancheur qui effrayait.

    Silence d’une veillée mortuaire,

    Les regards me dévisageaient

    Avec dans l’œil une telle colère

    Qu’à l’instant je voulus filer ;

    Mais ce nouvel ami bronzé

    Les rassura en quelques mots

    Car on avait su s’accepter,

    Oubliant nos couleurs de peau.

    La peur a fait place aux sourires,

    Je crois que j’ai un don pour ça,

    On s’est saoulé de bières, de rires,

    J’ai fait honneur à tous leurs plats.

    Le lendemain, j’ai acheté,

    Grâce à lui, trois belles aigues marines

    Sans peur de me faire arnaquer,

    En digérant mon aspirine.

    L’apartheid fait froid dans le dos,

    Je l’ai vu à Johannesburg,

    Avec ces sales petits panneaux

    Qui s’affichaient sinistres et lourds.

    « No dogs and no coloured people »

    Devant l’entrée des restaurants,

    Les arrêts de bus, un symbole,

    Un pour les noirs, un pour les blancs.

    J’ai tenu une porte à une noire

    Qui est restée interloquée

    Alors je lui ai fait savoir

    Que c’était normal car français ;

    Un indigène afrikaner

    A bousculé la pauvre femme,

    M’a insulté avec humeur

    Mais j’ai laissé passer la dame.

    J’y ai mangé le meilleur steak,

    Que, de mémoire, j’ai savouré,

    Un T-bone fondant dans le bec,

    Une saveur jamais retrouvée.

    J’ai visité un terrarium,

    Zoo à serpents et araignées,

    Où j’ai pu vérifier l’axiome

    Qui dit : « La peur peut aliéner ».

    La frayeur de chaque visiteur,

    Quand, dans un mouvement de fouet,

    Un serpent à lunette, rageur,

    Vers la vitre, se précipitait,

    Provoquant chez tous un recul

    Malgré l’épaisseur des carreaux,

    D’en percevoir le ridicule

    Malgré les frissons dans le dos.

    Dehors, un charmeur autochtone,

    Rien à voir avec les hindous,

    Aux gestes de pungis monotones,

    Faisait des tours plus ou moins fous

    Avec des serpents à venin,

    Manipulait les irascibles

    Tout en plaisantant, l’air serein,

    Se moquant des âmes trop sensibles.

    C’est en allant vers ce spectacle

    Qu’un « Hello » m’a interpelé,

    Aucun humain pour faire obstacle

    A mon regard au tour complet ;

    Je fais un pas, l’appel raisonne

    J’en suis tout près, une nouvelle fois,

    Aux alentours, toujours personne

    Quelqu’un doit se moquer de moi.

    La prise de conscience fut cocasse,

    Bluffé par un mainate parleur,

    Siffleur, chanteur plutôt loquace,

    Il connaissait quelques horreurs,

    A Brazzaville, j’ai fait ami

    Avec un local adorable,

    Il était chauffeur de taxi

    Et moins voleur que ses semblables.

    Deux ou trois fois, il m’a écrit,

    Un style fleuri plutôt marrant,

    Je lui rapportais des habits,

    Mon premier pote du continent.

    Grâce à lui, j’ai touché une herbe

    D’une puissance jamais approchée,

    Elle ne m’a pas filé la gerbe,

    Par contre, elle m’a déconnecté.

    Pour la tester, il me donna

    Trois bonnes boules d’herbe qui fleuraient bon,

    De l’herbe gratuite en plus de ça,

    Dans du papier kraft de maçon.

    Un cône de pure, j’y allais fort,

    Pensant maîtriser la défonce,

    Le taxi n’était pas d’accord,

    Eût préféré que je renonce.

    Comme je riais de son conseil,

    Il me mena au bord de l’eau

    Pour me présenter une merveille,

    Pour lui, une fierté, son Congo.

    Je suis resté pendant trois heures,

    J’ai pris une claque grosse comme jamais,

    Du fleuve, je fus le spectateur

    Sûrement le plus fasciné.

    Quand il est venu me chercher,

    Inquiété par cette longue absence,

    Il m’a trouvé, hypnotisé,

    Riant d’avoir autant de chance.

    Je pensais être là depuis peu,

    Surtout pas un huitième de jour,

    Peut-être une heure, mais moins de deux,

    A contempler les alentours.

    Quand je suis rentré à l’hôtel,

    Raccompagné par mon chauffeur

    J’étais au-delà du réel,

    Ca m’a tenu près de six heures.

    J’ai voulu manger un morceau,

    Mais j’étais bien trop défoncé,

    Fixant mon plat sans dire un mot,

    Tous les copains l’ont remarqué.

    J’ai prétexté une insomnie,

    Un sérieux manque d’heures de sommeil,

    Je les ai laissés pour mon lit,

    Pour encaisser cette claque merveille.

    Un chef-d’œuvre, « Victor, Victoria »

    Passait en boucle à la télé,

    J’en appréciais le charabia,

    Trois fois de suite, je l’ai maté

    En y prenant un même plaisir,

    Tout en fumant quelques pétards,

    Sans aucune envie de dormir,

    Elle est venue, le matin, tard.

    J’en achetai lors six cents grammes

    Pour trois mille deux cent cinquante francs

    Des CFA, pas chère, la came,

    Une fois sans branches, restait trois cents.

    Un peu de travail pour mes doigts,

    J’ébranchai l’herbe pour l’amincir,

    Rentrer avec, planquée sur moi,

    Passer les contrôles sans subir

    L’inquisition de ces douaniers,

    Toujours, avec tous, soupçonneux,

    Ne pas avoir l’air effrayé,

    Condition pour gagner le jeu.

    Je l’ai glissée sous ma chemise

    Tout aplatie contre mes reins,

    Rares étaient les fouilles de valises

    Au retour des vols africains.

    J’ai eu raison d’en profiter

    Car j’en ai pris plein les mirettes,

    Si, comme les autres, j’étais resté

    Dans les hôtels, c’eût été bête.

    Heureusement, certains anciens

    Appréciaient encore l’aventure,

    L’une à l’univers reptilien

    Qu’affectionnait peu ma nature.

    Au Bénin, la culture vaudou

    N’a jamais faibli, au contraire,

    Aux alentours de Cotonou,

    C’est le python que l’on vénère.

    Son temple est une grande case toute ronde

    Ajourée à sa mi-hauteur,

    A l’intérieur, il y a du monde,

    Plein de pythons aux belles couleurs.

    Petits et grands, au moins cinquante

    Se mélangeaient lascivement,

    Une vieille sorcière mi-impotente

    En assurait les sacrements.

    On est entré dans le vivier

    Au milieu des nombreux reptiles,

    Savoir où arrêter ses pieds

    N’était pas une chose si facile.

    Avec son sourire édenté,

    Elle s’est emparée d’un serpent

    Et dans les mains, me l’a collé,

    C’était assez impressionnant.

    Il a fait le tour de mon bras

    Ce reptile d’un bon mètre cinquante,

    Et même s’il ne le serrait pas,

    Je sentais une force conséquente.

    Quand elle a proposé mon cou

    Comme destination du python,

    Je ne l’ai plus senti du tout,

    Courageux certes, mais pas si con.

    Puis elle nous a conté l’histoire

    D’un chauffeur de car inconscient

    Qui écrasa sans le vouloir,

    Un python par trop insouciant.

    Il aurait dû faire des offrandes

    Pour apaiser le dieu vaudou,

    Il ne croyait pas aux légendes,

    Pensait moderne, technique et coûts.

    Il en a perdu le sommeil

    Car chaque nuit un car l’écrasait,

    Du coup, il a fallu qu’il paye

    Son cauchemar s’est arrêté.

    Sur la maison d’un autre gus,

    La pluie, la foudre, le vent, le froid,

    Venait chaque nuit secouer ses puces,

    Il en est d’ailleurs mort d’effroi ;

    Parce qu’il avait tué un serpent,

    Qu’il n’avait pas payé sa dette,

    Le pouvoir du python est grand,

    Le pauvre en a perdu la tête.

    Dans ce Bénin plein de mystères,

    Berceau de la culture vaudou,

    Dahomey aux sorciers austères

    Qui tenaient les foules sous leurs jougs,

    Il y en a des histoires curieuses

    Qui défient notre entendement,

    La magie n’est plus facétieuse

    Quand elle occupe l’esprit des grands.

    Le Bénin recèle de trésors,

    Je n’en ai vu que bien trop peu,

    Ganvier fait partie des décors

    Qui m’ont marqué, rendu heureux.

    Découvrir cette lagune immense,

    Dans une pirogue sous un ciel pur,

    Au loin, une masse d’un sombre intense

    Barre l’horizon, telle une coupure.

    Très vite, la masse se fait village,

    Sur pilotis, Ganvier surgit,

    Une vision sortie d’un autre âge,

    Une Venise noire, un paradis.

    Village lacustre de quatre mille âmes,

    Il a fait bon s’y promener,

    J’y ai craqué pour un tam-tam,

    Art primitif en bois sculpté.

    Les femmes n’apparaissent que très peu,

    Farouches gardiennes de leurs secrets,

    Je parle des jeunes à l’âge heureux,

    Celles qu’on aimerait effeuiller ;

    Toujours cette méfiance de l’étrange,

    Des blancs, ici, il n’y en a pas,

    Mais le sourire permet l’échange,

    Le premier geste, le premier pas.

    Mes dents, c’est mon arme absolue,

    Quand elles paraissent dans un sourire,

    L’œil rieur, la banane charnue,

    Ouvre les cœurs sans coups férir.

    Ca m’étonnait, ce choix de vie,

    Je pensais surtout aux moustiques,

    Et de terre n’avoir pas envie

    M’apparaissait trop aquatique.

    Les gniards nageaient comme des poissons,

    Apprenaient dès les premiers jours,

    Balancés du haut des pontons,

    Sans inquiétude et sans discours.

    Vite, ce fut l’heure des au revoir,

    De vrais adieux sans lendemain,

    On vous aime vite en Afrique Noire,

    On vous quitte avec du chagrin.

    Je repartais vers Cotonou,

    La tête ensoleillée d’images

    De cette Afrique au cœur si doux

    Qu’on en oublierait les carnages.

    Je frappais fort, comme un damné,

    Des rythmes blancs qui s’enfuyaient

    Sur l’eau-soleil qui miroitait,

    Sous l’œil hilare du piroguier.

    J’ai adoré ces découvertes,

    Ces rencontres sans conditionnel,

    Profitant des instants sans perte,

    Poussant l’envie au passionnel.

    Une seule véritable escapade,

    Loin de la ville et des palaces,

    Quatre jours d’une super balade

    Pour une Afrique aux grands espaces.

    Celle de la brousse, des plantations,

    Des bananiers, des caféiers,

    Bonheur, surprises et émotions,

    Malgré le temps bien trop mouillé.

    Les bananes poussant à l’envers

    Non vers le bas, mais vers le haut,

    Les grains de café rouges et verts

    A perte de vue sur le plateau.

    On se déplaçait en voiture,

    Il pleuvait trop pour randonner,

    Charrettes classiques pour l’aventure,

    Des quatre-quatre eussent été parfaits.

    Un ruisseau nous barrait la route,

    Il se prenait pour un torrent,

    On voulait passer coûte que coûte,

    Sous l’œil amusé des enfants.

    En fait, l’eau descendait très vite,

    Etait plus profonde que jaugée,

    La voiture a pris de la gite,

    Puis doucement, a décroché

    Les flots noyaient toute la portière,

    A ras de la vitre-conducteur,

    Dix gosses ont poussé par derrière,

    De la lutte sont sortis vainqueurs.

    On leur a donné des billets,

    Pour nous si peu et pour eux tant,

    Une manière de les remercier,

    Sans eux, le mal eût été grand.

    L’hôtel, des cases, simples, touristiques,

    Entouré par les caféiers,

    Je connaissais si peu l’Afrique,

    Ne cessant d’être émerveillé.

    On s’arrêtait dans les villages

    Pour boire un coup, pour admirer,

    Apprécier le côté sauvage

    Des tableaux qui, à nous, s’offraient.

    On a visité un fossé,

    Sans grand dommage pour la voiture,

    De l’herbe épaisse nous a freinés,

    A ras de la déconfiture.

    Où que tu sois, pas de hasard,

    La nouvelle, très vite, se colporte,

    Des hommes, comme sortis de nulle part,

    Sont

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