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Après la fonte des glaces: Tome 2
Après la fonte des glaces: Tome 2
Après la fonte des glaces: Tome 2
Livre électronique286 pages4 heures

Après la fonte des glaces: Tome 2

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À propos de ce livre électronique

Après quelques années de bonheur et de prospérité, Emeline, qui est heureuse entre ses époux et ses enfants dans une communauté qui vit en harmonie et protégée par les scorpions, voit leur tranquillité compromise par des changements climatiques étranges.
La Terre en convalescence, veut retrouver son équilibre.
Emeline et sa famille vont devoir affronter de nouvelles épreuves.
À nouveau, les survivants vont devoir lutter.
LangueFrançais
Date de sortie28 avr. 2020
ISBN9791029010491
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    Après la fonte des glaces - Monique Medecin

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    Après la fonte des glaces

    Monique Medecin

    Après la fonte des glaces

    Tome 2

    Les Éditions Chapitre.com

    13, rue du Val de Marne 75013 Paris

    Du même auteur

    Après la fonte des glaces, Tome 1, chapitre. com, 2020

    © Les Éditions Chapitre.com, 2020

    ISBN : 979-10-290-1049-1

    Encore merci pour ton soutien et ton courage papa.

    Chapitre 1. Fin été 3103 – A la recherche des renforts

    Nous voici réunis, mon épouse Marion, mes plus proches collaborateurs et les citoyens que nous avons sauvés, en sécurité dans le bunker en cours de construction par les Elites que nous avons trouvé aux abords de la ville. Nous savons à présent qu’il existe d’autres factions qui peuvent renforcer nos rangs et, suite à la proposition de Loïc, le citoyens que nous avons libéré lors de notre première incursion dans la cité, nous avons décidé d’envoyer un groupe chercher de l’aide auprès des rebelles, pendant que nos scorpions lancent un appel à leurs congénères.

    Loïc, Tann et Alex viennent à peine de partir que j’ai déjà une boule au ventre. Le fait que Marion ne soit pas plus rassurée que moi augmente mon inquiétude. Je regrette déjà d’avoir laissé mes hommes avec cet homme que je ne connais pas.

    Malgré l’aval de Tom resté sur l’île avec nos familles, j’ai du mal à faire confiance au point que je les aurai bien accompagnés. Je sais que je vais me ronger les sangs jusqu’à leur retour. Il y a quelque chose dans son récit qui ne me plaît pas, je n’arrive pas à savoir quoi et ça me met mal à l’aise.

    Toutefois, il y a ici beaucoup de choses à faire. Soigner tous les citoyens malades, les aider à se structurer et à trouver une occupation correspondant à leurs capacités, alors je m’attelle à la tâche.

    Je répartis mes hommes de manière que chacun constitue une équipe de travail dans les compétences qui leurs sont propres. Ensuite ils nomment des têtes d’équipe chargées de recruter des ouvriers pour les seconder.

    Je pense que le plus difficile est de faire prendre conscience aux citoyens que tout le travail qu’ils vont fournir à partir d’aujourd’hui est uniquement pour leur bien-être personnel contrairement à ce qu’ils ont toujours connu avec le gouvernement.

    La notion de partage est totalement absente de leur conception de la vie, c’est à nous de les aider à l’intégrer.

    Je me mets en quête de réparateurs afin d’apporter de l’aide à François qui est seul pour le moment à assurer une charge de travail phénoménale. Je fais le tour des réfugiés, me présente à eux et leur demande qui est doué dans la réparation des machines. Je trouve deux individus décharnés qui m’affirment savoir tout réparer. Ils me soutiennent également qu’ils savent construire tout ce qu’on veut avec n’importe quoi.

    Je les conduis auprès de François qui les regarde d’un air dubitatif, puis décide de leur accorder sa confiance. Afin de les tester il leur confie la mission d’inverser le système de recyclage d’un appareil, puis se concentre à nouveau sur son travail. Je les abandonne et reprends ma recherche, car à trois, il leur faudra des semaines pour réaliser la transformation du système de recyclage de l’air. Je trouve quatre autres personnes, dont deux femmes. Je les guide auprès de notre génie de la bidouille que je trouve dans un état d’excitation qui m’inquiète aussitôt.

    – Regarde Robin ! Ils ont des mains d’or ! C’est fantastique ce qu’ils ont réalisé. Non seulement ils ont inversé le recyclage, mais ils l’ont modifié pour qu’il soit plus performant !

    À la suite de cette démonstration de leurs capacités, François m’assure parvenir à faire les modifications en quelques jours. Cette nouvelle m’enchante. Je lui demande s’il a encore besoin de main-d’œuvre. Il me confirme qu’ils sont à présent assez nombreux et que les travaux iront plus vite.

    C’est donc rassuré que je poursuis mon but, c’est-à-dire aider chacun à trouver sa place.

    *

    Les sentinelles donnent l’alerte. Nous avons de la visite. C’est Loïc qui, comme il nous l’a promis, nous ramène la troupe des rebelles précédée de leur chef Clovis.

    J’accueille le retour de Loïc, Tann et Alex avec soulagement. Ils ont accompli leur mission avec brio et en vingt-quatre heures.

    Loïc fait les présentations, puis nous conduisons les nouveaux arrivants vers leurs demeures afin qu’ils s’y installent. Clovis et moi faisons une brève réunion, ce qui nous permet de constater que nous avons les mêmes idées et que nous nous entendrons bien, d’autant que je lui cède volontiers la position de leader.

    J’ai du mal à dormir et même l’intervention de Marion pour alléger le poids de mes soucis n’y fait rien. Je ne cesse de penser qu’il y a à présent assez d’hommes pour soulever une armée bien plus nombreuse que celle du gouvernement. Mais beaucoup plus faible, non entrainée, qui ne nous permettra pas de gagner la guerre.

    Pour me calmer, je me promène le long d’une coursive qui longe tout un jardin situé au centre du bunker. Je réfléchis aux possibilités qui s’offrent à nous. Elles sont nombreuses en apparence, mais une fois que je mets dans la balance les points négatifs, elles se réduisent à presque rien.

    Nous n’avons pas assez d’armes. Les citoyens ne sont pas entrainés au combat. Ils sont si faibles physiquement, qu’il faudrait des semaines pour qu’ils soient aptes à mener un assaut. Nous ne savons rien de la cité et de sa configuration. Nous ignorons combien d’Elites habitent la cité et combien sont de notre côté. Nous n’avons qu’une vague idée de la puissance de feu de la cité. Nous savons qu’il y a des soldats super entrainés qui protègent le Chef Suprême, mais nous ne savons pas combien ils sont et de quelles armes ils sont équipés. Ensuite, il y a l’armée que nous connaissons.

    Maintenant, je fais mentalement la liste des priorités. Celles-ci en revanche, sont nombreuses. Plus j’y pense, plus il y en a. C’est à désespérer. Je pousse un soupir de résignation. Je ne dois pas perdre courage et surtout, je dois réunir les personnes concernées afin de discuter de tous ces sujets qui bourdonnent dans ma tête.

    – Bonjour Robin !

    Je me tourne vers la personne qui m’interpelle. C’est Clovis qui se dirige vers moi à grands pas décidés, un sourire aux lèvres, le visage détendu.

    – Bonjour Clovis. Comment allez-vous aujourd’hui ?

    – Beaucoup, beaucoup mieux, vraiment ! Mais vous…

    – En effet, de nombreux soucis s’entrechoquent dans mon crâne.

    – Et si nous les traitions ensemble ?

    – Justement j’allais vous le proposer. Allons dans un endroit plus approprié. Venez, je vous conduis.

    Nous nous dirigeons d’un même pas vers une salle suffisamment grande pour accueillir une vingtaine de personnes. Au centre de celle-ci, se trouve une immense table avec des fauteuils disposés autours. Devant un tel luxe, Clovis s’exclame.

    – Eh bien ! Ils ne se privent de rien ces salauds !

    – Vous n’avez pas tout vu.

    Arrivent presque en même temps, nos hommes de confiance respectifs. Alexandre et Tann pour moi. Gréor et son fils Julien pour Clovis.

    Une fois tout le monde installé, Clovis nous fait un résumé des dernières nouvelles envoyées par les autres camps. Elles se résument à peu de choses.

    – Nous n’avons aucune nouvelle des phénomènes. Nous ne savons pas s’ils sont toujours terrés dans leur refuge ou s’ils ont fui. En ce qui concerne les citoyens enfermés dans la ville, leur situation a encore empiré. Les distributeurs de gélules fonctionnent de plus en plus mal. Certaines gélules sont vides, l’eau n’est plus traitée, des maladies sont en train de se développer et se transforment en épidémies. Les morts se comptent par dizaines.

    Robin, propose :

    – Je pense qu’il est temps de leur venir en aide. Avec votre soutien ce sera possible. Je propose d’envoyer des éclaireurs faire des repérages pour établir un plan d’action, ensuite, nous attaquerons et nous guiderons les citoyens libérés dans les sanctuaires que nous avons découverts.

    Clovis opine de la tête.

    – Je suis d’accord sur le principe.

    Nous abordons ensuite les sujets concernant l’organisation, la répartition des tâches, la sécurité des bunkers et la reprise des récoltes. Gréor, nous informe du résultat de ses investigations.

    – Nous avons découvert une grotte dans laquelle les Elites ont aménagé des terres cultivables avec l’éclairage nécessaire pour la pousse des légumes. Je propose que nous désignions un groupe d’agriculteurs pour s’occuper de ces terres et commencer les cultures.

    La réunion avec Clovis et nos seconds terminée, je me rends auprès de mon épouse et m’apprête à lui proposer une promenade pour nous détendre avant la nuit. Je la trouve en compagnie de Dimitri et Rodrigues. Ils discutent paisiblement et me sourient en m’apercevant. Je les salue et leur propose la promenade qu’ils acceptent avec plaisir. Ils reprennent leurs bavardages que je n’écoute que d’une oreille distraite, quand Marion entre en transe. Dimitri et Rodrigues sont dans le même état. Je comprends que Thia est en communication avec eux. Je suis frustré d’être mis à l’écart. Toutefois, je prends mon mal en patience et j’attends qu’ils terminent leurs palabres. Marion me communique enfin les informations qui leur ont été transmises.

    – Tous les camps ont quitté l’île. Thia et Yack ont consolidé le pont et veillent à ce qu’il ne s’écroule pas sous le poids des chariots. Ils nous rejoindront quand ils auront tous traversé.

    – Qu’est-ce qui a précipité leur départ ?

    – L’urgence de se mettre à l’abri des intempéries qui s’annoncent. Une communauté qui vient de l’Ouest va aussi nous rejoindre.

    *

    Nous voici, Clovis et moi, de nouveau dans la salle de réunion. Nous sommes sur les dents. Nous sommes en train d’estimer la quantité de population à loger en urgence. Clovis fait un recensement à partir des informations qui lui ont été fournies.

    – Trois communautés qui viennent de l’île, comprenant environ cent à deux cents personnes chacune, plus celle qui vient de l’Ouest, dont on ne connaît pas le nombre. A cela, nous ajoutons quatorze arrondissements répartis en quatre quartiers dans la ville qui d’après les derniers recensements, comptaient cinq à six mille personnes par arrondissement. Ce qui nous fait un total d’environ quatre-vingt-dix mille personnes à loger ! Où allons-nous les mettre ?

    Je lui réponds avec amertume.

    – Les Elites se sont probablement posé la même question.

    – Et c’est sûrement la raison pour laquelle ils ont à nouveau décidé de sacrifier les plus faibles !

    Nous restons un instant silencieux, perdus dans nos réflexions. Je secoue la tête. J’ajoute qu’étant ancien limier de terrain, je connais assez bien la ville, et je pense que les chiffres du dernier recensement sont totalement erronés.

    – Ils seraient plus nombreux ?

    – Non, moins, beaucoup moins. Déjà, le quartier Sud est pratiquement désert et à lui tout seul il comptait cinq arrondissements. Dans celui que nous avons libéré, il n’y avait que trois cent vingt-sept personnes. Nous sommes loin des cinq mille. Ce qui laisse présumer que dans les autres quartiers, il risque d’y avoir le même problème et donc, nous serons moins nombreux, mais il y a les scorpions. Et nous ne savons pas combien il va en venir, s’ils sont tous adultes, ils vont prendre beaucoup de place…

    Clovis me demande de me renseigner auprès de Marion à ce sujet, puis le silence s’installe à nouveau. Nous restons pensifs au-dessus de la carte de la région étalée sur la grande table. Clovis se redresse et formule tout haut les inquiétudes qui nous taraudent.

    – Ça fait trois jours que tes éclaireurs sont partis et nous n’avons toujours pas de nouvelles. Je serai tenté d’en envoyer d’autres.

    – Je ne crois pas que ce soit une bonne idée Clovis. Ils ont une grande distance à parcourir. Laissons-leur encore un peu de temps. S’ils ne sont pas revenus d’ci deux jours, j’enverrais Alex, Gréor et Léandre à leur recherche.

    – Humm, Ok… Concentrons-nous alors sur l’accueil des familles qui ne vont pas tarder à nous rejoindre. Où en est l’aménagement des autres abris ?

    C’est un lieutenant de Clovis, chargé des travaux qui répond.

    – Nous avons presque terminé le bunker N° 2, je pense que nous aurons fini d’ici deux à trois jours. Ensuite, nous pourrons concentrer nos efforts sur le bunker N° 3.

    – C’est trop long. Les réfugiés seront parmi nous bien avant. Il faut accélérer la cadence.

    – Nous ne pouvons pas faire plus, Monsieur, il y a dans ces chantiers le maximum de personnes possible, qui travaillent sans relâche et avec beaucoup de courage étant donné les circonstances. Si je peux me permettre, Monsieur.

    Clovis acquiesce et nous donne congé. Je rejoins Marion pour lui demander d’entrer en contact avec Thia et lui demander combien il y a de personnes et de scorpions dans chaque camp afin de nous organiser. Ma douce moitié, s’exécute immédiatement. Thia lui répond qu’elle se renseigne et nous tiens au courant.

    *

    Nous sommes en pleine distribution de rations, quand un messager nous annonce le retour de deux éclaireurs. Mon sang se met à battre dans mes veines. Je cours à la salle de réunion. A mon arrivée, je découvre Clovis en train d’accueillir les hommes. Ils sont sales et leurs visages sont lugubres.

    – Allez mes amis, dites-nous ce que vous avez vu !

    – Comme vous nous l’aviez demandé, nous sommes montés jusqu’à la frontière entre le quartier Sud et le Quartier Ouest. Tous les arrondissements sont déserts et depuis longtemps. Certains bâtiments commencent à être envahis par la végétation. La seule activité que nous ayons découverte, c’est celle des drones de surveillance. Et encore ! Ils ne vont pas jusqu’aux clôtures qui d’ailleurs ne fonctionnent toujours pas.

    – Nous en avons profité pour détruire des points de jonction. Maintenant ils sont totalement hors d’usage.

    – Excellente initiative. Vos camarades ont pu continuer jusqu’à la frontière Nord ?

    – Il semble que oui. Nous avons hésité à aller avec eux, mais vous nous aviez donné l’ordre de revenir dès que nous aurions accompli notre mission, alors on les a laissés continuer.

    – Vous avez bien fait, ces renseignements nous sont précieux. Dites-moi pourquoi vous avez mis autant de temps pour faire le trajet ?

    – C’est sauvage par là-bas chef. En plus, les rats se sont réfugiés dans ce secteur. Ça nous a bien ralenti.

    – Vous avez subi des attaques ?

    – Oui, mais nous les avons dégommés et ensuite on a mis le feu à leur terrier. Du coup, le retour a été plus tranquille.

    – Bien, merci, vous pouvez aller vous reposer.

    Les deux hommes saluent et se retirent. Au moment où Clovis ouvre la bouche pour commenter les nouvelles, un messager nous annonce l’arrivée d’une communauté avec, pour leur servir de guides, nos deux éclaireurs partis pour le quartier Nord. Nous mettons tout en œuvre pour accueillir les nouveaux venus.

    Je me précipite dans l’allée, je cherche un guérisseur des yeux. Dès que j’en trouve un, je lui demande de transmettre à tous ses collègues l’arrivée imminente d’un groupe de réfugiés. Je veux que tout le monde soit prêt pour les prendre en charge, les soigner et les installer.

    Les portes s’ouvrent et notre déception est grande quand nous apercevons le maigre groupe qui, épuisé, sale, misérable, entre sans un commentaire, apportant avec eux quelques têtes de bétail et un chariot de semis. Une vraie manne pour nous tous. Ils défilent devant nous d’un pas lourd, le regard triste. Les guérisseurs et les citoyens les accueillent et leur apportent les premiers soins. Les géants les soulagent de leurs fardeaux et avec une infinie douceur, les guident dans les appartements qui ont été préparés à leur intention.

    Quand les portes sont refermées, les éclaireurs viennent nous faire leur compte rendu.

    – C’est en revenant que nous les avons trouvés. Ils venaient d’essuyer une attaque par les rats. Leur couple de scorpions étaient vieux et en fin de vie, alors ils se sont sacrifiés pour qu’ils puissent se sauver.

    – Ils sont combien ?

    – Dix-huit. Leurs guérisseurs sont morts avec leurs scorpions.

    Clovis est abattu. Tout dans son attitude montre une lassitude profonde.

    – Qu’avez-vous vu dans le quartier Nord ?

    – C’est à se demander si ces arrondissements ont été habités un jour. La végétation a totalement repris possession des lieux. Les bâtiments tombent en ruine. Des arbres centenaires ont fait leurs racines sur les murs. Nous avons exploré une partie de cette forêt, sans trop pénétrer à l’intérieur, car c’est une vraie jungle. Nous n’y avons trouvé aucune trace de vie humaine. Seulement des animaux sauvages dont nous ignorons les noms et les espèces. Nous n’avons pas cherché à en savoir plus, c’était trop dangereux.

    Clovis s’assoit, le dos voûté, le regard perdu.

    – En revanche chef, nous avons une bonne nouvelle.

    Clovis lève la tête. Ses yeux bleu acier éclairés d’un soudain intérêt.

    – Les phénomènes se sont aussi installés dans les sous-sols du quartier Ouest.

    – Vous les avez vu ?

    – Mieux que ça, nous les avons rencontrés et nous avons discuté avec eux. Ils n’ont pas été faciles à convaincre, mais finalement nous sommes parvenus à les rallier à notre cause. Ils viennent.

    Clovis se jette en arrière dans son fauteuil, se passe les mains dans ses cheveux blancs coupés en brosse, il pousse un soupir de soulagement. Enfin, ils se sont décidés à sortir de leurs trous.

    – Combien sont-ils ?

    – Trente et un, plus neuf scorpions.

    Clovis constate d’une voix sourde, emplie de haine.

    – Avec eux, nous avons maintenant une chance de les battre ces fumiers d’Elites.

    Les éclaireurs sont renvoyés avec un remerciement chaleureux.

    Nous nous regardons un instant, Clovis et moi, sans prononcer un mot, puis Clovis commente tout en consultant la carte étalée devant nous.

    – Le quartier Ouest comportait quatre arrondissements. Ce qui fait neuf zones désertes avec le quartier Nord. Dix avec celle que vous avez vidée. Il ne reste que les quatre derniers du quartier Est. Nous tombons à une possibilité de vingt mille personnes à sauver au lieu de quatre-vingt-dix. C’est horrible !

    – Si tous les citoyens ont bien été concentrés dans ce quartier. Je ne veux pas vous démoraliser, Clovis, mais la famine décime la population. C’est vous qui l’avez dit.

    – C’est pourquoi nous devons agir vite. Avec la venue des phénomènes, nous pouvons enfin intervenir. Nous sommes maintenant assez nombreux pour constituer une armée capable d’anéantir les Elites et l’armée…

    Je ne partage pas l’avis de Clovis et je l’interromps d’une voix emplie de frustration.

    – Pas avec ceux qui sont arrivés aujourd’hui. De plus, tous les hommes valides sont occupés à aménager les logements pour les futurs réfugiés, à créer les espaces cultivables et ceux pour le bétail. Comme nous ne pouvons arrêter les travaux, je pense qu’il faut attendre que toutes les communautés soient réunies ici, pour préparer notre assaut. Attaquer maintenant, même avec les phénomènes à nos côtés serait un suicide.

    Une brusque colère s’empare de Clovis, il donne un grand coup de poing sur la table.

    – ATTENDRE ! ENCORE ATTENDRE ! COMBIEN D’INNOCENTS MEURENT PENDANT CE TEMPS ?

    Comme je partage sa colère, je pose ma main sur son épaule en poussant un soupir.

    Calmé, il s’effondre dans un fauteuil. Il me fait remarquer que neuf scorpions accompagnent les phénomènes, ce qui signifie autant de guérisseurs qui remettront les citoyens sur pied très vite, finalement, nous n’aurons pas à attendre si longtemps que ça.

    Marion apparaît sur le pas de la porte. Thia a répondu à notre demande et elle vient nous communiquer les résultats.

    – Désolée de vous déranger, Thia m’a dit que le camp 1 compte soixante-sept personnes et deux scorpions ; le camp 2 compte deux cent cinquante-six personnes et deux scorpions ; le camp 4, trente-deux personnes et deux scorpions ; les phénomènes, trente et une personnes et neuf scorpions.

    Clovis et moi sommes ahuris par les chiffres.

    – Si peu ?!… Merci Marion. Merci beaucoup.

    Marion fait un signe de tête et s’en retourne vaquer à ses occupations. Nous sommes accablés. La haine de Clovis est palpable. Tout à coup, d’un bond, Clovis saute sur ses pieds.

    – Les prisons ! Personne n’a pensé aux prisonniers et ils sont nombreux. Nous devons envoyer des éclaireurs pour savoir ce qu’il en est. Vous voulez bien vous en occuper Robin ?

    Je pars immédiatement désigner trois équipes que j’envoie dans les trois prisons.

    *

    La nuit est tombée et nous sommes, Clovis et moi, toujours à travailler dans la salle de réunion. Dehors des rafales de vent glacé sifflent dans les arbres. Une pluie fine, mortelle, tombe sans discontinuer. Dans notre refuge, nous n’avons pas conscience de ce qui se passe, jusqu’à ce que l’alarme sonne, nous faisant sauter sur nos pieds. Le cœur battant la chamade, nous nous précipitons sur la coursive afin de nous rendre compte de ce qui se passe.

    Un messager surgit de l’ascenseur qui se trouve à quelques mètres de nous.

    – Ils arrivent ! Des géants et des scorpions arrivent ! Les sentinelles les conduisent à l’entrée de la réserve.

    Mon cœur fait des bonds dans ma poitrine. La joie me donne des ailes. Clovis est dans le même état que moi. C’est presque en courant que nous dévalons le sentier et débouchons dans le hangar dont la porte est grande ouverte,

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