Ce matin, en la chapelle des Sœurs du Bon Secours de Paris, dans le 6e arrondissement à Paris, une messe est dite à l’intention de Bernard Loiseau, mort il y a exactement vingt ans. Un coup de fusil dans la mâchoire, comme Hemingway.
« Les femmes possèdent, sur l’existence, des informations qui nous échappent »
Jacques Chardonne
On comprend et l’on reconnaît les gens, souvent, à la nature de leur sourire. Celui de Loiseau, le chef trois étoiles le plus célèbre à l’époque, ce sourire, ce pétillement des yeux, cette chaleur et cette énergie qui se dégageaient de toute sa personne, son corps massif et rassurant, cette allure fière et conquérante, en selon certains membres pas toujours bienveillants du métier cruel de la haute cuisine (médias, chefs, financiers), à la faillite. Dominique aura été un des plus éclatants exemples de volonté, ténacité, rebond, courage, intelligence ; reprenant la mission de Bernard, faisant fi des prophètes de malheur, elle aura non seulement permis au bateau Loiseau de ne pas couler mais lui a redonné ampleur, vigueur, initiative. Avec ses filles, Bérangère et Blanche, à ses côtés, qui prennent peu à peu les rênes de l’entreprise, avec Bastien, son fils (trois prénoms en B, comme celui du père), elle a construit, développé, ouvert d’autres établissements, exemple parfait de résilience et de bravoure. Une femme, celle à propos de qui on peut citer la phrase de Jacques Chardonne : Ce que possédait Dominique Loiseau ? La vertu de l’effort, le refus absolu du doute, l’amour du travail, le sens de la vie, qu’il faut aimer et chérir, quoi qu’il arrive. Je ne peux pas dissocier le beau visage souriant de Bernard de celui, élégant et modeste, de Dominique. Pendant toute la semaine prochaine, elle va animer des rencontres, conférences, master class pour enfants. C’est Dominique Courage. L’oiseau de Loiseau ne cesse pas de chanter.