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La vie amoureuse des seniors sur le net: Les cyber-rencontres de Liane 50 et Kate L24
La vie amoureuse des seniors sur le net: Les cyber-rencontres de Liane 50 et Kate L24
La vie amoureuse des seniors sur le net: Les cyber-rencontres de Liane 50 et Kate L24
Livre électronique232 pages3 heures

La vie amoureuse des seniors sur le net: Les cyber-rencontres de Liane 50 et Kate L24

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À propos de ce livre électronique

Qui a dit qu’il y avait une limite d’âge pour tomber amoureux, faire l’amour et être heureux ?

Aujourd’hui, ce qu’on appelle le « troisième âge » est bien plus actif sur Internet et sur les réseaux sociaux qu’on ne le pense ! Il utilise à bon escient les sites où l’amour semble être offert sur un plateau d’argent.
L’auteur, Martine, nous dévoile les confidences de pensionnés actifs qui sont « addicts » à ces rencontres virtuelles et pimentent ainsi leur quotidien.
Outre la compilation de témoignages plus savoureux les uns que les autres, l’auteur laisse aussi la place à une réflexion très actuelle : les papis et mamies d’aujourd’hui sont encore très jeunes et veulent le rester !
Liliane, 61 ans, senior active, est une vraie « fleur bleue » et une douce farfelue. Redevenue célibataire sur le tard, elle choisit le site « LoV’ » pour dénicher l’homme de sa vie, la soixantaine passée !
Martine, son amie et auteur de ce livre, 65 ans, a elle aussi sauté le pas, tout d’abord par curiosité, ensuite pour suivre son amie. Elle se prendra au jeu et découvrira des rapports humains qu’elle ne soupçonnait pas...
À la pêche aux rencontres amicales, affectives, amoureuses, ces mamies sont les reines du clavier et de la souris !

Avec humour et sincérité, Martine Garreau nous dévoile le cyberquotidien de cette nouvelle génération du troisième âge, connectée et moderne.

EXTRAIT

Des aventures surprenantes et parfois cocasses allaient en découler.
Au cours de nos tribulations, mon esprit logique et réaliste, je dirais même scientifique (fruit de mes études), s’est confronté aux délires insouciants de la gesticulante Lili.
En revanche, notre alliance pour traquer « l’homme », un « gibier » dont nous allions apprendre petit à petit les moeurs et les points faibles, nous rendit encore plus soudées. Nos différences, mais aussi notre complémentarité, nous permirent de faire une étude plus ample à propos de ces fameux sites et du potentiel de séduction qu’il reste aux femmes lorsque la soixantaine est passée.
Nous dévalâmes ainsi, en tandem bancal, mais étrangement solide, un nouveau chemin qui nous mena à vitesse grand V au sexe opposé : le chemin du virtuel…
Une grande et enrichissante aventure.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Martine Garreau est une abominable « prof » à la retraite.
Parisienne qui a enseigné au lycée la Folie Saint-James à Neuilly-sur-Seine jusqu’en 2003, elle vit aujourd’hui en Haute-Normandie, dans sa propriété, entourée de nombreux animaux.
Elle occupe ses journées entre écriture, nature et gestion de sa « petite ferme ».
LangueFrançais
Date de sortie25 avr. 2017
ISBN9782390091431
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    Aperçu du livre

    La vie amoureuse des seniors sur le net - Martine Garreau

    couver.jpg

    © La Boîte à Pandore

    Paris

    http ://www.laboiteapandore.fr

    La Boîte à Pandore est sur Facebook. Venez dialoguer avec nos auteurs, visionner leurs vidéos et partager vos impressions de lecture.

    ISBN : 978-2-39009-143-1 – EAN : 9782390091431

    Toute reproduction ou adaptation d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, est interdite sans autorisation écrite de l’éditeur.

    Martine Garreau

    La vie amoureuse

    des seniors sur le net

    À Liliane

    À mon ordinateur

    Un grand merci…

    À toutes celles et tous ceux qui m’ont aidée à

    réaliser ce livre grâce à leurs témoignages.

    À mes amis qui ont cru en moi et m’ont

    encouragée dans cette voie.

    Prologue

    « On » prétend que la position de la femme dans la société a évolué de façon très positive depuis les années 2000. Je ris ! « On » dit que les seniors ont rajeuni, qu’ils s’habillent « jeunes », sont beaucoup plus actifs et ont une meilleure santé. Comme c’est exact !

    En revanche que doit-on dire sur la quête de l’Amour chez les seniors redevenus célibataires ? Plus précisément chez les femmes seniors, et surtout lorsque celles-ci se lancent sur les chemins du virtuel pour « une chasse » à l’homme ?

    Nous, les femmes, avons-nous oui ou non une valeur, une cote, sur « le marché de l’Amour », après soixante ans ?

    Liliane et moi sommes amies « depuis toujours », soit dix-sept ans. Nous nous retrouvâmes célibataires à quelques jours d’intervalle. Ironie du sort !

    Nous cumulions chacune, lors de notre entrée dans le célibat, trois handicaps pour la société, trois handicaps dont le troisième aggravait singulièrement chacun des deux premiers : seniors, célibataires et… femmes.

    Un autre point nous a toujours unies : l’enseignement.

    Nous étions toutes deux à la retraite dès le début de nos aventures. Elle affichait soixante-et-un ans sur l’horloge de sa vie. J’en avais et j’en ai toujours, malheureusement, quatre de plus.

    La délirante Lili (dans le privé) et la fonceuse Liane (sur Internet), dans l’histoire qui suit, ne sont qu’une seule et même femme : Liliane, mon amie.

    Ne sommes-nous pas tous plusieurs personnes à la fois ?! N’avez-vous jamais remarqué que nous changeons notre façon de parler, jusqu’à notre comportement, ne serait-ce qu’en changeant d’interlocuteur ? N’avez-vous jamais été surpris par certaines de vos réactions ? Des élans de bravoure ou de couardise pouvant laisser pantelant votre autre « Moi » resté caché au tréfonds de vous-même. Eh oui, les deux ou trois personnes qui sommeillent en nous se révèlent, et selon les circonstances, s’étonnent parfois mutuellement !

    Ainsi Lili et Liane sont les deux formes d’expression de Liliane, l’une stupéfiant parfois l’autre.

    Liliane ne m’avait jamais caché qu’elle pensait un jour refaire sa vie. « Refaire sa vie », quelle jolie expression pleine d’espoir et pourtant si trompeuse : on ne « refait » pas une vie, on la poursuit tant bien que mal… La vie est un long chemin, rarement rectiligne, souvent cahoteux, sur lequel il est impossible de faire demi-tour.

    Impossible de revenir en arrière, de refaire ce qui a été raté. Il faut continuer coûte que coûte.

    La foi sans limite de Liliane en cette vie parfois bien cruelle, son enthousiasme, son tonus et sa vitalité d’enfant, ainsi que son constant désir de croire en les autres (surtout les hommes !) m’ont donné envie de suivre ses pérégrinations.

    Elle devint mon modèle comme on peut être un modèle pour un peintre.

    J’écrirais une bibliothèque sur elle tant elle est complexe et imprévisible !

    Dès la fin octobre, ce petit bout de femme à la chevelure flamboyante, dont le roux naturel inondait un visage au teint très clair et piqué de charmantes taches de rousseur, commença à avoir des pensées bien sombres.

    En Normandie, à cette époque de l’année, douce période automnale, saison des peintres et des photographes, les arbres rutilaient et les brumes rampaient dans nos campagnes, venant nous envelopper langoureusement en fin de journée. Le romantisme brûlait notre belle région. Pourtant la mélancolie de la belle ne relevait pas de la météo, et je connaissais fort bien la cause de son état, hélas…

    Aussi, un après-midi où Lili se languissait chez elle au point de me demander de lui préparer une tisane et de se couvrir d’un plaid, je fus prise de panique. Il me fallait la sortir de cette apathie au plus vite. Et puis son mal commençait à devenir communicatif.

    Toute compatissante, j’attaquai un discours se voulant plein d’espoir :

    « Tu as de la famille, beaucoup d’amis, mais il faudrait que tu te trouves un compagnon. Ton ex, tu pourrais le remplacer en mille fois mieux, et ça ne serait pas difficile ! » lui dis-je.

    Cela la fit éclater de rire. Enfin elle riait ! Elle était encore vivante !

    « Tu as besoin d’un homme agréable et surtout plein d’humour. » poursuivis-je.

    J’avais l’air de lui donner une leçon : j’étais celle qui expliquait, qui donnait LES conseils, judicieux et incontournables… alors qu’une lugubre pensée commençait à m’envahir sournoisement : « Mais toi aussi ma vieille, tu aurais besoin d’un tel homme ! ».

    Comme beaucoup, je pensais que les sites de rencontre sur Internet multipliaient au-delà de nos espérances les chances de trouver l’Autre, ou disons plutôt… un autre !

    Aussi, je conclus :

    « Inscris-toi sur un site de rencontre, sur Meet me par exemple. »

    C’était presqu’un ordre. Je venais de me lancer sans filet ni garde-fou, comme un parachutiste qui saute sans avoir vérifié son équipement. Tant pis, c’était fait, j’avais osé le lui dire.

    « Oh non, pas ça ! répliqua-t-elle, offusquée.

    — Pourtant beaucoup de gens vont sur Meet me, repris-je. Janine, tu sais, celle qui est divorcée de Marc, y est .

    — Je sais…

    — Et il me semble que Jean, l’ex de ta copine Mireille, y est aussi. » ajoutai-je me voulant convaincante.

    Elle devenait songeuse. Puis, enchaînant avec un peu plus de dynamisme, elle ajouta, abondant dans mon sens : 

    « As-tu appris que Monique Chambrain et Jean-Claude Péri sont sur Love me tender ?

    — Ah bon ? Ce sont des petits cachotiers ceux-là. »

    Voulant apporter une petite note d’espoir, je lançai un joyeux :

    « Ma voisine a même trouvé quelqu’un de très bien sur LoV’ ! »

    Tous avaient à peu près notre âge. 

    Et voilà… Tout avait germé ainsi, en ce radieux mois d’octobre. Un nom fatidique avait été prononcé, celui de « site de rencontre » !

    Des aventures surprenantes et parfois cocasses allaient en découler.

    Au cours de nos tribulations, mon esprit logique et réaliste, je dirais même scientifique (fruit de mes études), s’est confronté aux délires insouciants de la gesticulante Lili.

    En revanche, notre alliance pour traquer « l’homme », un « gibier » dont nous allions apprendre petit à petit les moeurs et les points faibles, nous rendit encore plus soudées. Nos différences, mais aussi notre complémentarité, nous permirent de faire une étude plus ample à propos de ces fameux sites et du potentiel de séduction qu’il reste aux femmes lorsque la soixantaine est passée.

    Nous dévalâmes ainsi, en tandem bancal, mais étrangement solide, un nouveau chemin qui nous mena à vitesse grand V au sexe opposé : le chemin du virtuel…

    Une grande et enrichissante aventure.

    Si vous désirez quitter le célibat via Internet, j’espère que ces péripéties, toutes véridiques, pourront vous apporter quelques clés. Sinon, je vous souhaite de vous distraire grâce à nos aventures souvent comiques, mais hélas parfois pathétiques.

    Quant à vous, les ethnologues, inutile de vous envoler au bout du monde pour percer les mystères de sociétés encore trop peu connues ! Vous pourrez découvrir, sans bouger, face à l’écran de votre merveilleux ordinateur, un milieu passionnant, grouillant, varié et complexe, celui des sites de rencontre. Un véritable microcosme qui mérite, lui aussi, d’être étudié.

    Ces aventures burlesques sont des faits bien réels. Aussi :

    Afin de préserver l’anonymat des personnes, les noms, prénoms, pseudos et caractéristiques physiques ainsi que les lieux ont été changés.

    Dans le souci du respect de la vie privée de chacun, les textes, mais aussi le contenu des mails sur les messageries des sites de rencontre et les messageries personnelles ont dû être modifiés.

    Toute ressemblance avec une personne existante ou ayant existé ne peut être, par conséquent, que fortuite.

    1. Notre ordinateur,

    un ami intime…

    23 février

    Liliane me jeta un coup d’œil vif et malicieux, en biais. Elle jubilait.

    Elle s’était assise face à son dernier compagnon, l’« ordi ». C’était celui qui ne dérogeait en rien à ce qu’elle avait toujours recherché chez un homme digne de ce nom : une présence stable et constante, toujours là où on l’attendait, toujours prêt à aider, à tout dire, tout avouer, même si parfois il menaçait d’« un arrêt momentané pour une remise à jour » ou proposait gentiment « l’installation d’un nouveau logiciel », d’un « anti-spam » ou d’un « anti-virus » encore « plus performants » !

    Ah, si les hommes savaient s’interrompre pour installer de nouveaux logiciels… ou un simple anti-spam ! Comme la courbe des divorces s’infléchirait, s’écraserait lascivement sur l’abscisse des années qui passent !

    Stop à mon délire ! Tu ne feras jamais d’un homme un ordinateur qui écrit sous ta dictée, qui efface avec patience toutes tes erreurs, et mettra gentiment à la corbeille ce que tu as raté.

    Mais attention, tu ne feras jamais non plus d’un ordinateur… un homme, et ça, c’est prouvé !

    La bouche de Lili, déjà entrouverte, se fendit davantage. Ses dents m’apparurent, belles et blanches, et même sa langue. C’était un de ses éclats de rire que je connaissais bien : gloussements au début, très vite tremblements des mains qui finissaient devant une bouche, presque honteuse de s’abandonner, puis explosion, moment fatidique où Lili devenait sourde à tout apport, même intelligent, de l’extérieur. C’était fini : je ne pouvais plus communiquer avec elle. Une seule envie m’anima alors, exploser aussi, pour le plaisir de remplir mes poumons, pour le plaisir de me sentir exister.

    « Rire à pleins poumons », ô comme cette expression me semblait juste à ces instants où nous communiions dans nos délires salvateurs. Un passé plutôt lourd nous avait en effet appris que seuls le rire et la dérision de toute chose pouvaient nous sauver. Pour d’autres, c’était la religion. Nous, nous préférions la garder pour la méditation.

    Lili pouffait maintenant face à « son dernier compagnon ». Moi je riais sans savoir pourquoi, je riais pour me faire du bien, parce qu’elle riait et que c’était bon.

    Les seniors savent encore pouffer et éclater de rire, rassurons-nous !

    Nous étions à nouveau les deux allumées, trop jeunes de caractère pour nos soixante-et-un et soixante-cinq ans respectifs, trop vieilles physiquement pour nos comportements d’ados ou d’« adultes pas finies ». En revanche, notre bilan nous paraissait sans faute ; âge mental : 15 ans, âge réel : la soixantaine, mais paraissant beaucoup moins bien entendu !

    Lili et moi sommes des femmes atypiques, des hors-normes, pire : des « profs ». Pire encore : des « profs » en retraite ! Mon amour pour la nature m’avait amenée à l’enseignement de la biologie et de la géologie, son désir perpétuel de gesticuler à celui de l’éducation physique. Comme ce métier peut conserver tous ceux qui ont subi des milliers d’ados échevelés et parfois délirants ! Les « profs » ne rendent guère plus sages leurs élèves (l’adolescence n’est pas un mal qui se guérit) mais finissent par se ranger dans leur camp, celui de la jeunesse insouciante et souvent provocatrice. La seule différence entre les jeunes et leurs profs, c’est que les premiers finiront par accéder au grade suprême d’adulte alors que les seconds, avec de nouvelles fournées de « clients », resteront indéfiniment des mômes. Après ? À la retraite ? Eh bien, c’est trop tard pour faire marche arrière. Le mal est fait. Je dirais plutôt le « bien » est fait !

    Être jeune dans sa tête tire le physique vers un dynamisme et une jeunesse inespérés.

    D’ailleurs n’est-ce pas le cas de beaucoup de femmes seniors de nos jours ? Fini les « mémères » !

    Un coup de coude de ma Lili et un geste du menton lancé en direction de son ordinateur m’obligèrent à quitter des yeux sa bouche et à suivre son regard, jusqu’à son écran complice.

    « Regarde ! » fit-elle, fière comme une puce qui vient de réussir son premier salto arrière.

    J’arrêtai de rire, l’instant devenait sérieux. Sur l’écran noir de « son seul ami fidèle » (rassurez-vous, j’ai aussi le mien !) une superbe page venait de s’installer, remplie de lignes, d’une multitude de jolis coeurs très rouges et… d’une photo, celle d’un homme !

    « Non ! Tu l’as fait ! Tu t’es inscrite sur un site de rencontre ? Et sans m’en parler ? Depuis quand ? » 

    Lili pouffait trop pour répondre à toutes mes questions, extrudées avec la violence que procurent les émotions fortes. Je me penchai à nouveau sur l’écran devenu gai et attractif.

    Il fallait que je sache !

    « Oh, qu’il est laid ! » explosai-je en rejetant la tête en arrière.

    Je n’eus que cette phrase. Rien de plus. Choquée, ma rousse aux yeux bleus en oublia de rire et me fit don d’un très inquiet et très doux :

    « Tu trouves ? »

    Le doute, combiné à ce qu’elle venait de vivre en silence ces derniers mois, démolit d’un coup l’expression de joie de son visage. C’était subitement l’autre Liliane, celle qui avait peur d’avoir fait une bourde — une de plus — prête à demander pardon.

    Je penchai à nouveau le visage sur cette fiche qui eût été plus attrayante si la photo de l’homme s’était évaporée grâce, par exemple, à une erreur de son ordinateur. Mais le « compagnon » de Liliane ne fauta pas. Lorsque tout va bien, nos « ordis » sont francs, constants, courageux. Ils font leur boulot, à la plus grande joie de leurs propriétaires dont ils deviennent petit à petit le meilleur compagnon. Ce jour-là, celui de Liliane se comporta comme un collaborateur irréprochable. Hélas ! Le personnage masculin qu’il exposait encore à mon regard stupéfait s’était affublé d’un pseudo presque touchant tant il me paraissait ridicule, « grave », comme disaient mes élèves : Peny R 12.

    Pourquoi Peny ? Pourquoi R 12 ? Roulait-il encore en Renault 12 ? Cela me donna presque envie de connaître le phénomène. Juste pour savoir.

    Voyant mon air désespéré, Liliane reprit d’un ton hésitant, prête à ravaler ce qu’elle allait dire timidement : «  Il a l’air gentil… Je trouve qu’il ressemble à mon grand-père ». Ça commençait mal !

    Ce 23 février, je venais de découvrir que Liliane avait « franchi le pas » de l’inscription sur un site de rencontre depuis un peu plus d’un mois, sans m’en parler. Elle avait, je la cite, « trop honte d’avoir sombré dans la fange où se roulaient toutes ces femmes seules ».

    Mieux, je découvrais qu’un homme virtuel faisait déjà partie de son quotidien...

    Notre jeune senior avait choisi son site, toute seule, en janvier. Son nom s’affichait d’ailleurs en haut de la page qui s’était ouverte sous mes yeux, si gros qu’il était impossible de l’ignorer, d’autant plus qu’il s’y couchait de jolis petits cœurs très rouges.

    « Alors tu as choisi LoV’ ? » dis-je sans détour.

    Ma question, qui n’attendait pas de réponse, eut un curieux effet sur ma terrible complice : ses yeux s’arrondirent, elle aspira l’air, le faisant siffler entre ses lèvres arrondies en un « wouiii » plein d’une satisfaction jubilatoire. On eût dit une carpe, il ne manquait plus que l’eau ressortant par les ouïes !

    Meet me était le site de rencontre sur Internet le plus connu et le plus fréquenté de l’époque. Pourtant, il y en avait beaucoup d’autres comme Magnétic Attraction, You to Me, LoV’, Choisis ton Gus, Love me tender, et depuis très peu de temps Viens ! et Tuch’ Me ! qui commençaient à faire réellement fureurTout le monde, un jour ou l’autre, finissait par passer sur l’un d’eux.

    À croire que les gens ne se rencontraient plus dans le train, au ciné ou chez des amis autour d’un bon repas et un verre de Bordeaux à la main. Ils préféraient maintenant chercher l’âme sœur sur les chemins du virtuel, parfois sans désir réel d’une rencontre bien concrète, en chair et en os. Beaucoup rêvaient seulement l’Autre. Ils vivaient finalement une addiction les clouant des heures sur leur chaise face à leurs gentils ordinateurs qui, eux, obéissaient à tous leurs ordres. Pas comme les copains si souvent décevants !

    Lili allait rencontrer l’Amour grâce à Internet. Elle en était persuadée !

    « Sais-tu que je suis « Liane 50 » ? Comme Liane Folie, la chanteuse », continua-t-elle, montant d’un degré en fierté.

    Il fallait que je l’arrête, car j’avais peur que la suite ne devienne catastrophique.

    « Je suis très heureuse que tu aies franchi le pas, mais c’est quoi ce « grand-père » ? » la coupai-je brutalement.

    « J’ai reçu sa fiche mi-janvier. Je lui ai envoyé un mail. Il m’a répondu et depuis nous correspondons. C’est très agréable, conclut-elle comme apaisée.

    — Tu voudrais le rencontrer, ton Peny ? » 

    Elle devint plus hésitante :

    « Peut-être… je ne sais pas encore… »

    Très vite, elle enchaîna sur un autre sujet, comme pour échapper à mes investigations :

    « Sur LoV’ et la plupart des

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