L'Idéalisme en action: Entretiens avec Jean-François Roussel
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Aperçu du livre
L'Idéalisme en action - Jean-Pierre Balduyck
L’Idéalisme en action
Jean-Pierre Balduyck
L’Idéalisme en action
Entretiens avec Jean-François Roussel
Préface de Lionel Jospin,
ancien Premier ministre
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2019
ISBN : 978-2-312-06675-2
« Un jeune travailleur vaut plus que tout l’or du monde. »
Joseph Cardijn, fondateur de la JOC
« On n’enseigne pas ce que l’on sait ou ce que l’on croit savoir : on n’enseigne et on ne peut enseigner que ce que l’on est. »
Jean Jaurès
« La France ne peut accueillir toute la misère du monde,
mais elle doit en prendre fidèlement sa part. »
Michel Rocard
« Comprendre, c’est avant tout unifier. »
Albert Camus
Remerciements
Un grand merci à nos proches respectifs qui nous ont aidés à débusquer les coquilles, corriger les fautes, rectifier les erreurs, améliorer la lisibilité…
Dans un ordre alphabétique en vigueur au PSU des années soixante-dix : André, Brigitte, Catherine, Chantal, Christian, Corinne, Damien, Geneviève, Hubert, Marig, Martine, Michel, Monique, Nathalie, Valérie, Véronique, Yves.
NB : les introductions aux parties sont de Jean-François Roussel.
Préface
Ce livre est un témoignage.
J’ai accepté de le préfacer parce que j’ai été sensible à son authenticité et en raison du respect qui est le mien pour la personnalité et le parcours de Jean-Pierre Balduyck.
Pressé de questions par l’écrivain Jean-François Roussel, qui conduit avec rigueur l’échange, l’ancien employé du textile devenu maire et député de Tourcoing se libère, pour ses lecteurs, de la réserve, voire de la « timidité » dont il dit lui-même qu’elles sont constitutives de sa personnalité. J’ai aimé par exemple le passage du livre où, contrairement à tant de responsables qui bombent le torse, Jean-Pierre Balduyck confie : « Je n’ai jamais eu confiance en moi. » Ce qui ne lui a pas interdit d’être un réalisateur et d’entraîner hommes et femmes derrière lui.
Jean-Pierre Balduyck parle sans détour de l’enfant qu’il fut, venu de la ville mais attaché à la terre, volontiers solitaire mais désireux de connaître les autres. Il évoque la Flandre dont sa famille est originaire mais qu’il a longtemps laissée dans l’ombre avant de la redécouvrir grâce à Jacques Brel. Il raconte l’impulsion précoce qui le conduit à 15 ans vers la Jeunesse ouvrière chrétienne (la JOC) autant par soif de justice que par attachement à sa foi. Puis vient, avec l’entrée au travail dans l’industrie textile, la lutte syndicale que ne quitte jamais le sens du compromis. Et enfin, la prise de conscience chez lui du besoin d’un engagement citoyen, plus politique, qui le conduira, après le PSU, au Parti socialiste de François Mitterrand que Michel Rocard vient de rejoindre (c’est là que nous nous rencontrerons).
Il y a dans ce récit d’une vie au service des autres une dimension tourquennoise et nordiste qui touchera sans doute de près les hommes et les femmes de cette région. On y lit la nécessité du labeur, la souffrance au travail, l’impératif de la solidarité, la conscience que la force ne peut être que collective, le traumatisme que fut l’inévitable fin des mines et la mutation qui a saisi l’industrie textile.
Je ne suis en rien insensible à cette dimension régionale du récit. Peut-être parce que Jospin est aussi un nom flamand et que mon père était Chtimi, alors que ma mère était occitane. J’ai toujours été attaché aux traditions ouvrières, au sens du collectif et à l’esprit de fraternité qui ont marqué l’histoire du nord de la France.
J’ai eu aussi l’opportunité, grâce à l’insistance de Jean-Pierre Balduyck et à la solidité de ses dossiers, de permettre la concrétisation de beaux projets pour Tourcoing. Comme ministre de l’Éducation, d’abord, pour l’implantation de l’IUT, comme Premier ministre, ensuite, pour L’École des Douanes, j’ai pu seconder les projets du maire et du député.
Dans ce récit d’un enracinement – qui n’est jamais un enfermement – il est passionnant de voir comment un jeune homme modeste va s’accomplir au service des autres. Comment le tout nouveau conseiller général de Tourcoing-Nord Est va sillonner le département pour remplir, en s’imprégnant du terrain, sa mission de vice-président en charge des routes. Comment aussi, comme député puis surtout maire de Tourcoing (pendant dix-neuf ans), il va travailler au développement et à l’embellissement de sa ville en se saisissant de dossiers complexes tout en gardant un contact familier avec ses habitants.
Trois traits de la personnalité de Jean-Pierre Balduyck m’ont à cet égard frappé. D’abord, il juge les gens – quels que soient leur statut, leur rang ou leur activité – sur le fondement de ce qu’ils accomplissent et non à l’aune de leurs proclamations. Ensuite, il veille toujours à rendre justice à ceux qui ont accompagné son parcours, qu’ils lui aient montré le chemin ou qu’ils aient été ses collaborateurs : il sait que le mérite n’est jamais celui d’un seul. Enfin, Jean-Pierre Balduyck, s’il a des convictions ancrées, est étranger au sectarisme. On le voit à sa façon de se tenir au milieu de ses camarades socialistes. On le perçoit tout autant dans le respect qu’il garde pour ses adversaires et mieux encore dans l’action commune qu’il a conduite avec André Diligent, auprès de Pierre Mauroy, sur le dossier « Métro ». Ce métro dont Jean-Pierre Balduyck rappelle – je ne l’avais pas oublié – que je suis venu inaugurer son dernier tronçon de la ligne 2 quand j’étais Premier ministre.
Au plan national, le livre montre avec quelle conviction Jean-Pierre Balduyck a exercé son mandat de député pendant les législatures qui ont vu Michel Rocard puis moi-même gouverner. Je ne vais pas redire ici, moins bien que lui, comment, sur le terrain et à la commission de la production et des échanges de l’Assemblée nationale (comme coprésident avec Philippe Séguin du groupe « Textile habillement »), il a voulu défendre les intérêts d’une industrie importante pour sa région et qui affrontait une crise majeure.
Par contre, je peux souligner ici pourquoi j’ai confié au député-maire de Tourcoing, Jean-Pierre Balduyck, en tandem avec Christine Lazerges, députée et adjointe au maire de Montpellier, une mission temporaire auprès de moi sur la prévention et le traitement de la délinquance des mineurs. Cet élu de terrain, issu des milieux populaires, était trop réaliste pour être laxiste : il n’entendait pas que soit diluée la responsabilité de ceux qui, jeunes ou pas, commettent des actes délictueux. Mais il savait aussi l’importance de l’éducation, de l’emploi, pour sortir les jeunes de la désespérance et leur redonner confiance. Le rapport parlementaire qui a alors été remis au gouvernement a débouché sur des décisions concrètes, notamment en termes d’embauche de policiers mais aussi de travailleurs sociaux.
Enfin, Jean-Pierre Balduyck, toujours guidé par le questionnement de Jean-François Roussel, ne se contente pas de retracer son cheminement passé. Il donne aussi son sentiment sur les menaces, les incertitudes et les espérances possibles d’aujourd’hui. Je ne me substituerai pas à lui pour dire, selon ses termes, comment « reconstruire la gauche socialiste ». Il nous parle d’unité, de solidarité, de responsabilité, de régulation des forces économiques, de juste répartition de la richesse produite.
Le jeune homme timide et résolu du début de ce récit a mûri, puis vieilli. Il a appris de la vie, d’une vie qu’il a vécue au milieu des autres. Mais il est resté fidèle à ses valeurs et à ses idées. Il n’a cédé ni à la résignation ni à l’opportunisme. Pour trouver un simple exemple de fermeté et de constance, lisez ce livre.
Lionel Jospin
Avant-Propos
« Vraiment, Rocard et Jospin auraient pu revendiquer plus ouvertement leurs racines protestantes et leurs parcours militants dans les organisations de jeunesse. Cela aurait éclairé bien des aspects de leur personnalité et certaines de leurs décisions, notamment dans le domaine de l’éthique. »
Voilà une réflexion que je me suis souvent faite concernant deux anciens Premiers ministres chers à ma mémoire.
Au crépuscule de l’an dernier, galopait en moi une envie de publier un quatrième livre afin, pour ce qui concerne ma vie, de tenter de relever ce défi du retour sur mes racines.
La préparation de la biographie de Guy Chatiliez par Jean-François Roussel avait introduit celui-ci dans le cercle de mes proches amis. Aussi, lorsqu’il me proposa de m’accompagner dans cette aventure du récit de mon existence, j’y vis la possibilité de réaliser mon projet.
Il me proposa de relever trois challenges dont je n’ai mesuré l’ambition qu’après coup. Le premier était celui d’une liberté totale dans le choix des questions posées. Le second concernait la place réservée à chaque étape de mon parcours de vie. Le troisième était le respect de la transcription de mes mots et de mes phrases comme dans un direct radiophonique.
Nous nous sommes vus à de nombreuses reprises pour réaliser ces entretiens. Le texte qui en résulte dans les pages qui suivent n’a pas nécessairement le « façonnage » de ce que j’écris habituellement. Il est cependant fidèle à la sincérité de mon expression.
Jean-François chemine ainsi avec vous dans mes jardins secrets dont il a su comprendre les codes d’entrée. Parmi ceux-ci et à titre d’exemple, nous avons visité ensemble chaque village ardennais que je cite dans le récit de ma jeunesse. La parole est plus spontanée et directe dans les lieux inscrits dans le souvenir.
Ce livre en est le résultat. Le risque est là : dévoilant certains aspects de ma vie, « fendant l’armure », le lecteur peut aimer ou se cabrer. J’ai donc le trac comme avant de prononcer un discours important.
J’assume tout cela.
Jean-Pierre Balduyck
Prologue
Comme à chaque renouvellement du conseil municipal, il y a du monde dans le grand hall de la mairie de Tourcoing en cette soirée du vendredi 24 mars 1989. Une grande estrade a été aménagée et les nouveaux élus y sont assis, rangés par ordre alphabétique lequel, facétieux, ménage des voisinages politiques improbables : conseillers municipaux du FN aux côtés de socialistes, eux-mêmes encadrés par des RPR ou des UDF. L’ambiance est assez lourde : les sortants de droite, vainqueurs en 1983, manifestent leur mauvaise humeur en critiquant l’ambiance musicale de fond, la lourdeur du vote secret pour l’élection du maire et de ses adjoints. Les derniers jours de la campagne, marqués par la diffusion massive de tracts diffamatoires contre le jeune député socialiste Jean-Pierre Balduyck, candidat contre le maire sortant, l’UDF Stéphane Dermaux, sont encore dans tous les esprits. La lutte a été rude. Plus que cela, indigne et blessante. Mais les électeurs ont tranché donnant une majorité à la gauche contre l’équipe sortante et le Front National.
Et voici que le nouveau maire se lève pour prendre la parole. De lui, ses adversaires ont tout dit : qu’il était un « grand creux », que simple employé de bureau, il serait incapable de gérer une ville de près de 100 000 habitants, qu’il était gentil mais inconsistant… Il en a été blessé. Profondément. Va-t-il se venger ? Écraser ses adversaires de son nouveau pouvoir ? User, à son tour, de la calomnie et des propos venimeux ?
C’est mal connaître Jean-Pierre Balduyck. Douze ans après son maître en politique, Guy Chatiliez, le nouveau maire offre aux Tourquennois un discours de haute tenue morale que la presse, unanime, saluera pour sa dignité{1}.
Il cite son adversaire malheureux, offre un espace de parole à ses opposants, appelle sa majorité à la simplicité et au sens du collectif, stimule les fonctionnaires municipaux au service de la population, ouvre le dialogue avec la presse, rappelle les enjeux pour lesquels la nouvelle majorité a été missionnée et prononce cette phrase si représentative de la personnalité du nouveau maire : « la douceur est parfois une stratégie moins faible qu’on ne le pense »…
Pour comprendre la signification profonde de cette affirmation, un long entretien est nécessaire…
Jean-François Roussel
PREMIÈRE PARTIE :
Les racines d’une identité
Il en est des êtres humains comme des arbres. De la profondeur de leurs racines et de la qualité du sol dans lequel celles-ci plongent, dépendent la vigueur du tronc et la qualité de la sève nourrissant les feuilles jusqu’au bout des plus hautes branches. Lorsque le vent souffle en tempête, éprouvant la résistance de leurs ramures ; lorsqu’une canicule épuise leurs réserves vitales… alors les fondements profonds sont autant de ressources.
On ne peut comprendre une personnalité, déchiffrer l’unité d’une femme ou d’un homme sans interroger son enfance, sa jeunesse, ces temps essentiels où beaucoup se joue : la famille, les amitiés, les émotions, les paysages, les premiers choix et les premiers engagements.
J’ai cherché en vain la signification du nom « Balduyck ». Que les néerlandophones me pardonnent si je prends quelques libertés avec leur langue : « Duyck » se traduirait par « Digue » et « Bal » par « se jeter »… Balduyck pourrait ainsi donner : celui qui prend la mer à partir d’une digue…
Les pages qui suivent auront pour but de trouver, chez Jean-Pierre Balduyck, les digues protectrices autant que tournées vers le large, cet océan dans lequel le futur député-maire de Tourcoing plongera très tôt.
1. Flandres et Ardennes
GÉNÉALOGIE SOMMAIRE
Ta famille paternelle, Balduyck, est d’origine flamande. Tu le revendiques souvent !
Mon grand-père paternel était ouvrier agricole à Langemark-Poelkapelle, commune située à une dizaine de kilomètres au nord d’Ypres. Il existe peu de traces de la famille sur ce territoire entièrement dévasté par la Première Guerre mondiale. Mathis, mon petit-fils, y a repéré des Balduyck dans les cimetières et sur les monuments aux morts. Il m’a dit alors : « Tu vois, nous avons des ancêtres morts pour la France. » Je lui ai répondu : « C’était l’armée belge qui était engagée sur ce front-là. Ils sont donc morts pour la liberté aux côtés de la France… ». Autour de la maison du grand-père, il y avait probablement un peu de terrain et quelques animaux. Cela ne suffisait pas à faire vivre sa famille. À l’époque, l’immigration vers la France partait des Flandres. La Wallonie était riche avec le charbon, le textile et l’acier. Mon grand-père est donc venu se faire embaucher dans des fermes vers Linselles. Pourquoi là et pas ailleurs ? Pour la bonne et simple raison qu’une départementale traçait tout droit à travers la campagne d’Ypres à Linselles en passant par Wervicq. En bon Flamand, il était allé tout droit devant lui sur son vélo. Il a ainsi travaillé dans les fermes du secteur entre Pâques et la Toussaint en période de travaux agricoles.
La famille de ma mère, quant à elle, était implantée dans la vallée de la Lys. Les Olivier étaient présents à Bousbecque, à Comines. Certains fabriquaient du fromage. Mon grand-père maternel travaillait à la filature de lin de Linselles. Le lin, contrairement à la laine, ne se décompose pas dans les poumons et les gens qui travaillaient dans cette industrie mouraient, comme les mineurs de charbon, d’une sorte de silicose. Si bien que, quand mon grand-père maternel est mort en 1947, sa famille ignorait s’il était mort du gaz des tranchées de la guerre 14-18 ou à cause du lin. À cette époque, il n’était pas question d’attaquer l’ancien employeur en justice.
Mon père, Albert, est né à Linselles en 1904. Une de ses sœurs, Gabrielle, a fait un an de prison pendant l’occupation allemande pour avoir insulté la photo du Kaiser. Elle n’avait pas seize ans. L’esprit rebelle ! J’ai bien connu cette tante qui tenait un commerce de vin à Wazemmes. Antoinette, une autre tante avait accueilli ses parents jusqu’à la fin de leur vie à Lys-lez-Lannoy.
TOURCOING
Tu nais le 15 mai 1941 à Tourcoing. Qu’est-ce qui a amené tes parents dans cette ville ?
Sophie Olivier et Albert Balduyck se sont connus à Linselles. Ma sœur aînée, Paule, y est née en 1929. Grand débat dans la famille. Ma mère pense alors que la scolarité de sa fille sera meilleure à Tourcoing. Faute de transports en commun, ma sœur, scolarisée à l’école privée rue de Wailly, était hébergée chez ses grands-parents maternels, concierges de l’usine Masurel toute proche. Mon père voyait cela d’un assez mauvais œil. Car, pour lui, une gamine élevée chez les grands-parents était forcément gâtée. Mon père apparaissait donc comme un intrus venant la voir le dimanche pour remettre de l’ordre dans la vie de sa fille, rétablir son respect dû aux parents, l’empêcher de manger deux desserts. Il se rendait bien compte que, dès qu’il aurait repris le tram R jusqu’au Blanc Four à Roncq pour rentrer à Linselles, ma sœur aurait obtenu son deuxième gâteau. Voyant cela, mes parents ont décidé de déménager sur Tourcoing. Je suis allé à la maternelle, à « Notre-Dame », école privée rue de Wailly – je me souviens encore de la Sœur « Saint Pierre » – puis au « Petit Saint Louis » et enfin, de l’autre côté de la rue, au « Grand Saint Louis » devenu l’EIC. Au « Petit Saint Louis », nous ne mangions pas avant d’avoir communié et à l’EIC, il y avait la messe le vendredi matin dans la chapelle. Il est arrivé à l’aumônier de me convoquer pour me dire : « Jean-Pierre, ça fait quand même trois mois que tu n’es pas allé à confesse, tu iras donc samedi prochain. » Il y avait un réel contrôle. Cette formation à l’Évangile n’est pas la meilleure. Ces aumôniers n’étaient pas très pédagogues…
Tes parents travaillaient dans l’entreprise textile Masurel rue de Rotterdam…
Oui, au 15 de cette rue. Mon père y était concierge. C’était une filature se partageant les deux côtés de la rue. Avec une retorderie côté gauche. Les mamans, à l’époque, accouchaient chez elles. Mon autre sœur y est donc née en 1939, et moi deux ans plus tard.
Le quartier a été bombardé pendant la guerre… vous l’avez échappé belle !
En mai 1944, l’aviation anglaise avait bombardé la gare de Tourcoing, important centre de triage des trains de marchandise. Une enquête d’après-guerre a établi que l’un des avions n’avait pas réussi à larguer l’une de ses bombes, restée coincée dans la soute. Repérant la gare des Francs, nœud ferroviaire plus modeste mais au voisinage de toutes les usines et avec un trafic conséquent, le pilote anglais décida de lâcher la bombe sur ce site. Il a raté le nœud ferroviaire mais pas le café-dîneur face à l’église « Saint François » tout près de l’usine Masurel. Encore aujourd’hui l’emplacement de ce café est visible, remplacé par une construction provisoire désormais en ruine. Près de vingt personnes ont été tuées, soufflées par l’explosion. En ce qui nous concerne, en cas d’alerte, nous descendions dans les caves de l’usine, ce qui ne nous aurait pas beaucoup protégés si le bâtiment avait été touché, car nous aurions été écrasés par les machines au-dessus de nos têtes sur quatre étages…
LES ARDENNES
Ton père, Albert, avait été mobilisé en 1939 ?
Mon père avait fait son service militaire dans la musique à Charleville Mézières. Dans le civil, il appartenait à l’harmonie de Linselles et était un musicien correct. Talent qu’il ne m’a pas transmis ! Au moment de la mobilisation générale, il se sentait relativement tranquille, étant père de deux