Le 7 juin vers 19 heures, un communiqué est tombé de l’Élysée. « Dans l’esprit d’amitié qui lie la France au Liban, le président de la République a désigné Jean-Yves Le Drian comme son représentant personnel afin d’échanger avec ceux qui, au Liban comme à l’extérieur, peuvent contribuer à une sortie de l’impasse. » Un style laborieux pour une mission complexe.
On attendait l’ancien ministre des Affaires étrangères du premier quinquennat Macron à l’Institut du monde arabe. Le projet avait été évoqué avec faveur entre le décisionnaire et le bénéficiaire, lequel, prudent, avait choisi de n’en dire mot à quiconque, hormis à une poignée de proches.
C’est Jack Lang qui a lancé la rumeur de son arrivée pour l’empêcher, bien sûr, organisant tout un tintouin urbi et orbi avec la verve du propriétaire courroucé qui voit débarquer un squatteur.
Voilà dix ans que l’ancien ministre de la Culture de François Mitterrand règne sur l’Institut. Son troisième mandat expirait le 6 mars. « Quand je suis quelque part, j’y suis pour l’éternité », a-t-il osé dire. Façon de prévenir qu’il n’était pas prêt à y renoncer, mais au contraire à rempiler pour trois ans. Plaidant aussi qu’il fallait pour ce poste un expert de la culture – ce que n’étaient pas ses prédécesseurs Edgard Pisani et Dominique Baudis –, lui-même s’étant désigné depuis 1981 comme le grand prêtre, voire le parangon exclusif de la culture dans l’Hexagone.
Jack Lang n’est toujours pas officiellement reconduit. Son successeur n’étant pas désigné, il n’a pas fait ses valises. Il est toujours là. On en est là.