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Le moulin de Casserouge: Roman policier
Le moulin de Casserouge: Roman policier
Le moulin de Casserouge: Roman policier
Livre électronique247 pages3 heures

Le moulin de Casserouge: Roman policier

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À propos de ce livre électronique

Octobre 1927.

Dans une bastide du Bordelais, un vieil homme est sauvagement attaqué, suriné et dépouillé. Ceci n’est que le début d’une longue série d’agressions, de viols et de meurtres perpétrés par un individu violent qui sème la terreur dans cette région paisible de l’Entre-deux-Mers.
La police de Bordeaux ouvre une enquête, car cette même nuit, on leur annonce deux crimes supplémentaires. Le viol et la mort d’une femme dans une ferme isolée au milieu des vignes et la découverte d’un homme poignardé.
Les inspecteurs découvrent bien d’autres forfaits et se lancent aux trousses d’un suspect qui correspond au tueur. Bordeaux n’est, cependant, pas épargné : meurtres et agressions s’enchaînent…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Michel Lataste est né à Bordeaux et réside à Créon. Paysagiste de formation, il est passionné de châteaux, de botanique, d’histoire et de littérature. Après quarante années à œuvrer pour des châteaux, il recueille confessions, témoignages et de nombreuses histoires qu’il prend plaisir à romancer.
LangueFrançais
Date de sortie19 févr. 2021
ISBN9791037718686
Le moulin de Casserouge: Roman policier

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    Aperçu du livre

    Le moulin de Casserouge - Michel Lataste

    1

    Jour de marché à Créon

    En ce mercredi 19 octobre 1927, les marchands ambulants s’installaient sous le regard du garde champêtre qui les plaçait. Dès les six heures du matin, les premiers chalands venaient, malgré les quelques flocons qui tombaient, faire leurs emplettes. Madame Contreuil nettoyait les toilettes publiques à grands coups de seaux d’eau. Accroupie, malgré ses rhumatismes et le froid qui glaçait les corps et les membres, les mains dans l’eau glacée, elle frottait énergiquement, avec une brosse en chiendent, le sang étalé qui colorait la totalité du sol.

    L’agression de monsieur Vagneau était sur toutes les lèvres et se propageait sur la place du marché.

    La Bastide de Créon fourmillait de monde. Comme tous les mercredis depuis 1315, ce marché permettait à de nombreuses personnes de se retrouver pour, bien évidemment, faire des emplettes mais aussi pour échanger des nouvelles et des ragots.

    Lecourtois, le nouvel adjudant de la gendarmerie de Créon, avait décidé de mener sa petite enquête. Il remplaçait le commandant Soumat, mis d’office en pré-retraite.

    Peu connu dans sa commune, et afin de se faire moins remarquer, Lecourtois avait troqué sa tenue militaire contre une tenue civile et flânait devant les étals. Il glanait tous les renseignements possibles, utiles ou inutiles.

    Deux bigotes, ferventes catholiques, vêtues de noir de la tête aux pieds, le nez et le menton affûtés tout comme le verbe, tenant chacune un panier en osier empli de victuailles masquées par un torchon brodé, chuchotaient sur le parvis de l’église, tout en faisant bien attention que le bon Dieu ne les entende pas colporter leurs médisances :

    — Soi-disant qu’il y a eu encore un crime à Créon.

    — Ah bon ! Raconte, que sais-tu donc ?

    — Enfin, moi je te le vends tel qu’on me l’a vendu. C’est Annette la femme du bedeau qui me l’a confié à l’instant. Mais, soi-disant que c’est un négociant en vins qui s’est fait dépouiller par une dizaine de Gitans. Peut-être même quinze, et en plein jour en plus. Oui, madame… Ici même devant l’église. Il y avait du sang partout. Ils lui ont pris tout son argent.

    — Il l’aura peut-être cherché ? Moi tu sais, tous ces gens riches… je ne les plains pas. D’ailleurs, les voit-on aux messes ou aux vêpres ? Non, jamais. C’est bien qu’ils ont matière à cacher.

    — Une fortune ! Soi-disant qu’il avait plein d’argent. Ça débordait partout, tout le temps. Mais… Chut… Ne le répète pas… je sais de source sûre qu’il allait voir la Ginette…

    — Oh, celle-là. Elle sait y faire avec les bonshommes. Il paraît que…

    L’adjudant, amusé par ces ragots, continuait ses déambulations au fil des étals et marchandait volontairement, tour à tour, poireaux, pommes de terre ou autres salades. Mais, tout en remplissant son cabas, il continuait d’écouter les rumeurs. Arrivé devant un volailler, il se mit dans la file d’attente juste derrière deux femmes qui discutaient.

    — Sais-tu que ma dernière a failli se faire agresser par le père Mario ?

    — Remarque, Mario est plutôt beau gosse. S’il me tournait autour, moi, je me laisserais bien faire, dit son amie en lui faisant un clin d’œil. C’est même le plus beau des hommes de cette commune.

    — Moi aussi. Cela me changerait de mon nabot de mari qui, entre nous soit dit, n’est plus très actif. J’ai beau lui faire manger épicé, comme tu m’as conseillé, rien n’y fait. Il dort… il dort. Mais, ce qui m’embête, c’est qu’il se soit intéressé plus à ma fille qu’à moi. Attends, moi ça me vexe. Depuis le temps que je lui fais du charme et que je passe devant et que je repasse… il ne me regarde même pas. Juste un bonjour et c’est tout !

    — Ah, tu vois ! Toi aussi, tu le trouves beau cet Italien.

    — Oui ! Et même très beau, je vais te raconter…

    Les deux femmes, sentant une présence, se retournèrent subitement et cessèrent immédiatement leur conversation. L’adjudant continua ses discrètes investigations. Au détour d’une des arcades qui entouraient la place de la bastide, une autre discussion retint son attention.

    — On ne parle plus que de ça. Il paraît qu’à Créon un homme a été agressé par un inconnu.

    — Oui, je l’ai entendu dire par Michel le garde champêtre.

    — À coup sûr, c’est le même. Il attaque une personne le soir à la tombée de la nuit.

    — Oui, il paraît, il tape au hasard car, hier soir, il s’en est pris à un instituteur à la retraite qui n’a pas un sou sur lui. Mais en plus, il l’a poignardé dans le dos.

    — Et le gars ? Il va s’en sortir ?

    — Oui, apparemment. Mais il paraît que ce pauvre instituteur est complètement sonné. Il a un copain à lui qui vient d’arriver de Bordeaux. C’est un ancien des brigades du Tigre. Un commissaire de police.

    — Écoute, moi qui fais les marchés de la région, c’est la troisième personne qui se fait dépouiller violemment.

    — Bon, je te laisse. Je ne peux pas rester plus longtemps. Je file car j’ai plein de choses à faire. Salut, Antonio.

    L’adjudant Lecourtois sortit de derrière le pilier et s’avança vers cet autre marchand de volailles, tout en prenant sa place dans la file d’attente, juste derrière une enfant au regard espiègle.

    — Bonjour, ma belle ! Qu’est-ce qui t’amène ? Dis-moi ce que tu veux et je te le donne. Que dis-je ? Je te le vends, s’exclama tout fort le volailler en pouffant de rire, sûr de son humour.

    — Il m’aurait fallu juste 12 œufs, monsieur.

    — Tiens, petite ! 10,80 francs mais tu diras à ta mère que, pour elle, je te lui fais à 10 francs, mais que ça mérite la bise. Qu’elle vienne me voir.

    — Bien, monsieur, je le dirai à mon père ! répliqua-t-elle immédiatement avec un sourire narquois et en soutenant du regard le volailler.

    — Et pour vous, monsieur ? demanda le volailler à l’adjudant.

    — Par inadvertance, j’ai surpris votre conversation concernant le mystérieux inconnu comme vous le nommez. Je suis l’adjudant Lecourtois de la gendarmerie de Créon. Que pouvez-vous me dire de plus sur cet individu ?

    — Vous savez, je ne sais pas grand-chose ! Tout ce que je sais c’est qu’au marché de La Tresne, on m’a raconté une agression où une femme a été rossée pour se faire piquer son porte-monnaie et comme elle refusait, le voyou l’a menacée avec un grand couteau comme ceux des Gitans et le lui a enfoncé dans l’épaule.

    — Un surin ?

    — V’là, c’est ça. Un surin d’après ce qu’on m’a dit.

    — Et quoi d’autre ?

    — Ensuite, une autre agression pas loin d’ici, à La Sauve Majeure. C’était il y a environ trois semaines. Ouais, c’est ça, trois semaines. En bas de l’Abbaye de La Sauve, un homme s’est fait agresser à la tombée de la nuit et comme il refusait lui aussi de donner son portefeuille. L’agresseur, armé d’un grand couteau, encore un surin, lui a planté dans le bras. Enfin, je vous répète ce que l’on m’a dit. Notez que c’est dans deux lieux différents et raconté par deux personnes différentes.

    — Intéressant ce que vous me dites.

    — Ah oui ! Un détail qui pourra vous aider… L’homme porte un bonnet noir et une écharpe pour se masquer le visage et a de grands cheveux qui dépassent du bonnet. Enfin, d’après ce qu’on m’a dit comme d’habitude.

    — Merci pour vos renseignements, donnez-moi un poulet de trois livres ! Et sans faire de commentaire sur mon achat, s’il vous plaît ! dit l’adjudant en souriant.

    — Oh ! Je ne me permettrais pas. Et un poulet. Un ! s’exclama tout haut le volailler en rigolant.

    L’adjudant Lecourtois continua son petit tour de marché, achetant, tour à tour, de la charcutaille ainsi que deux bouteilles de vin issu d’un vignoble Créonnais. Mais, il n’apprit rien de plus concernant l’agression de la veille. Donc, il décida de passer voir monsieur Vagneau à son domicile. Il quitta la place de la prévôté royale où se situait le marché et remonta en direction de la gendarmerie, pensant trouver monsieur Vagneau alité. Quelle ne fut pas sa surprise de le trouver debout et en compagnie de deux autres personnes !

    — Entrez, entrez, lui dit monsieur Soumat, l’ex-commandant de la gendarmerie de Créon, qui était venu lui rendre une visite de courtoisie.

    L’adjudant entra dans cette petite pièce où un désordre indescriptible, dû principalement aux cahiers et aux livres entreposés, ne laissait que bien peu de place pour s’asseoir et discuter. L’autre personne qui était présente sur les lieux était tout simplement monsieur Danthés, un ancien commissaire des brigades du Tigre et ami personnel de monsieur Vagneau.

    Une fois les présentations faites, l’adjudant Lecourtois posa quelques questions à monsieur Vagneau, qui ne put décrire que bien peu de choses au sujet de son agresseur.

    — Désirez-vous porter plainte, monsieur Vagneau ?

    — Oui ! Car ce sauvage aurait pu me tuer pour me voler juste les 30 francs que j’avais dans mon portefeuille. Le plus embêtant ce sont tous mes papiers à refaire.

    — Une bonne nouvelle. L’individu s’en était débarrassé juste après votre agression en les jetant dans la douve à la sortie de Créon. J’ai un brigadier qui a pris soin de tout faire sécher dans le bureau et vous pourrez les récupérer à la gendarmerie dès que vous le voudrez ! Sauf une photo qui est en partie délavée.

    — Ouf ! Ça, c’est un soulagement. C’est dommage pour la photo, car c’était la seule de ma défunte épouse que j’avais toujours sur moi, dit monsieur Vagneau en baissant les yeux.

    — Vous ne souffrez pas trop ? demanda l’adjudant Lecourtois.

    — La plaie ne me fait pas mal. Sauf les hématomes que vous voyez que j’ai sur le visage. Cependant, dans le choc des coups, une dent du fond a disparu.

    — Pour cette agression, mes hommes et moi allons mener l’enquête et je peux vous garantir que si on l’attrape, dit l’adjudant Lecourtois… avant d’être interrompu par l’ancien commissaire Danthés de Bordeaux.

    — Si vous l’attrapez, il ne risquera pas grand-chose au tribunal, du fait qu’il n’a tué personne, il ne sera même pas condamné. Ce qui veut dire qu’il recommencera encore et encore. Soumat et moi nous n’avons pas le droit de nous mêler de l’enquête. Mais si nous avions eu la charge de cette enquête, je peux vous garantir que ce fumier ne serait pas près de recommencer.

    — Un bon passage à tabac, c’est la seule procédure efficace, reprit Soumat. On en a calmé plus d’un avec nos méthodes et aucun n’est jamais venu porter plainte ! Même celui que j’ai balancé dans la Garonne.

    — La colère vous emporte, vous vous égarez, messieurs ! Moi je n’ai rien entendu. La loi s’applique pour tout le monde. Imaginez un instant que le présumé coupable… ne soit pas coupable justement et que vous balanciez un innocent dans la Garonne ?

    — Pour moi, ils sont tous coupables ! s’exclama l’ex-commissaire Danthés.

    L’adjudant Lecourtois se dirigea vers la porte pour couper court à la conversation, puis se ravisa et se retourna. Avant de sortir, sur un ton sec et sans appel, il déclama :

    — Bon d’accord, je vois ! Je vous demanderai, messieurs, de bien vouloir vous tenir à l’écart de mon enquête, car vous ne faites plus partie de la police ni de la gendarmerie. Vos anciens grades n’ont aucun droit ni aucun pouvoir sur moi. Bien, sur ce… Dès que vous serez en mesure de vous déplacer, monsieur Vagneau, passez me voir à la Brigade. Messieurs, j’ai bien l’honneur.

    L’adjudant sortit, quelque peu contrarié, de cette entrevue et regagna la gendarmerie d’un pas cadencé. L’ex-commandant Soumat ainsi que l’ex-commissaire Danthés, vexés de s’être fait remettre en place par un simple adjudant, tout en se regardant, comprirent que la roue de la vie avait tourné ! Ce n’était plus à eux dorénavant de décider ou de juger quoi que ce soit. Eux qui, peu avant, imposaient le respect partout où ils passaient. Maintenant, ils se retrouvaient au grade de retraités tout simplement.

    — Bon, Edmond, tu viens déjeuner avec nous à la maison ? demanda Soumat.

    — Oui, avec plaisir. Mais tu vois, cette fois-ci, je viens de prendre un sacré coup de vieux. T’as vu comme ce blanc bec nous a recadrés ? répondit Danthés

    — Bé oui, mon pauvre Edmond. C’est comme ça, place aux jeunes. Tiens, et si tous les trois nous allions déjeuner à l’auberge de l’Abbaye de La sauve. Je vous invite.

    — Tu n’as pas peur que la tête cabossée de Michel fasse peur aux clients ?

    — Ah, vous êtes sympathiques les amis… dit Michel Vagneau en rigolant malgré les douleurs.

    Edmond Danthés posa délicatement sa main sur l’épaule de Michel et tous les trois continuèrent à discuter un petit peu… puis subitement Edmond s’exclama :

    — C’est l’anniversaire de Bénédicte ce soir. J’allais oublier. Bon, je file, je vais aller voir à la bijouterie de Créon si je trouve quelque chose à lui offrir.

    — Pense à lui prendre des fleurs, les femmes aiment bien en recevoir de temps en temps, dit monsieur Soumat.

    — Oui, t’as raison. Bon, je repasse vous chercher vers midi et on file à l’auberge de La Sauve.

    — À plus tard, répondit Michel Vagneau.

    2

    Le quartier de la gare

    La journée de mercredi 19 octobre touchait à sa fin. Un maquignon et son commis faisaient descendre d’un wagon à bestiaux la dernière paire de bœufs charolais, une race vouée à la production de viande. De couleur blanche unie, tirant sur le crème, les bœufs sortaient du wagon, docilement menés par le commis qui tenait un aiguillon, cette longue baguette de merisier rigide ayant une pointe pour piquer les bœufs.

    Le train à vapeur avait livré toutes ses marchandises et déposé les voyageurs. Après le coup de sifflet du chef de gare, Antoine Cheminard, le conducteur, fit démarrer la locomotive à vapeur dans un boucan de métaux qui se frottent, grincent, sifflent et s’entrecroisent. Doucement, le convoi quitta le quai de la gare et le conducteur actionna la trompe de sa locomotive, pour signaler sa présence au passage à niveau dont les barrières rouges et blanches étaient baissées.

    Le bruit sourd des roues sur les rails accompagnait le train qui s’éloignait de Créon, enveloppé par une vapeur blanche, laissant la gare et son quai complètement déserts avec le silence angoissant de la nuit.

    Le maquignon, le commis et les bœufs se mirent en marche en direction des abattoirs. Passant devant le café de la gare bondé de monde à cette heure-ci, le maquignon fut invité à venir boire un verre. Ce dernier accepta et demanda à son commis d’accompagner les bœufs dans les abattoirs situés dans une des rues de Créon.

    Soudain, le cri douloureux d’une femme appelant au secours, déchira le silence de la nuit, et vint retentir jusque devant le café de la gare. Le maquignon se retourna en scrutant l’horizon, le commis également fit pareil… mais, le bruit du train qui s’éloignait, et celui d’une calèche qui venait de passer semèrent le doute. Les deux hommes tendirent l’oreille à nouveau.

    — Bon, t’arrives Jean-Baptiste, lui dit son ami sur le seuil du bistrot.

    — Oui. J’arrive ! T’as rien entendu ?

    — Entendu quoi ? lui demanda cet ami.

    — Non rien, répondit le maquignon soucieux. Il m’avait semblé entendre un cri. Allez, dépêche-toi à me conduire ces bœufs à l’abattoir. Tu crois que je te paie à rien faire. Espèce de fainéant. Bon à rien et pense à bien refermer le portail avant de partir !

    Le commis baissa la tête et sans rien dire, prit la direction des abattoirs en piquant les bœufs, dont les pas lourds résonnaient dans la rue de la gare. Le maquignon entra dans le bistrot et la porte se referma derrière lui. Le sujet de conversation était sur l’agression de ce pauvre monsieur Vagneau survenue la vieille.

    — Moi en tout cas ! dit un des clients, ivrogne et bègue de surcroît. Si je me fais agré… agré… agre… sser, il a intérêt à bien cou… courir !

    — Tu me fais rire, Roger ! Pour t’agresser pas besoin de courir ! Il te pousse ! Et tu tombes à terre tellement que tu es saoul !

    — Et vous monsieur Mandon ? Vous n’avez pas peur de vous faire agresser comme monsieur Rosenberg l’an passé ? demanda un des clients habitués du bar.

    — Moi ? Non !

    — Oui… Mais s’ils s’y mettent à plusieurs, comme pour ce pauvre de lui de monsieur Rosenberg qui s’est fait assassiner. Comment vous allez bien pouvoir faire ?

    Monsieur Mandon sortit une feuille de boucher de sa poche droite et l’agita au-dessus de lui en disant :

    — Vous voyez avec ça, je ne crains personne ! Je découperais rapidement ces marauds qui oseraient s’en prendre à moi. Je leur fends le crâne et je les envoie tous en enfer !

    Tous les hommes regardaient cette feuille dont la lame, tranchante comme un rasoir, était protégée par un étui en cuir. Chacun connaissant la puissance et le poids de cette lame, poussait un « Ouh là » de crainte.

    — Oui mais, si eux ils ont une arme à feu ? demanda en bredouillant un autre habitué du comptoir. Alors « quoi que vous faites » ?

    — Ha ha ha… pouffa de rire le maquignon. Je m’y attendais à celle-là. Alors, à ce moment-là, ce n’est pas le feuillet que je sors. C’est ça !

    Monsieur Mandon joignit immédiatement les actes à la parole et sortit un pistolet à barillet de sa poche gauche, une arme de 1870 de la western union.

    — Oui ! Vous avez raison, il faut nous armer.

    — Moi, il y a longtemps que je le suis. Tiens, regarde.

    Et chacun exhiba une petite arme quelconque. Cela passait du simple poing américain, au pistolet ou autres lames de couteaux. Monsieur Mandon finit son verre et prit le chemin du retour en saluant le reste de la salle, où les ressasseurs continuèrent leurs conversations. Une fois parti, un des clients dit, après avoir bien vérifié

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