epuis le boulevard, seul un regard affûté et particulièrement attentif peut apercevoir les caméras minuscules du système de protection de l’hôtel particulier. L’une est dirigée en permanence sur la partie extérieure du portail, une autre suit le parcours des visiteurs à travers la petite pelouse au gazon aussi finement taillé que le green d’un golf, une troisième prend le relais sur la porte d’entrée et la façade de la maison. Un système de protection électrique court tout au long du sommet du mur d’enceinte, le rendant infranchissable. Quant aux fenêtres du rez-de-chaussée en verre de sécurité, elles sont encastrées dans les cloisons, comme le sont celles de l’étage.
A l’intérieur de la propriété, c’est un véritable Fort Knox que le propriétaire des lieux a fait ériger. Si quelques toiles de valeur sont accrochées aux murs du grand salon, des chambres principales et du long couloir, l’ensemble de la collection du baron Antoine de Saint-Florent a été installé au sous-sol, dans deux pièces de quarante mètres carrés chacune, spécialement construites en béton de quatre-vingts centimètres d’épaisseur.
Un faisceau de rayons lumineux en interdit l’accès, et c’est ensuite un code avec reconnaissance digitale qui est nécessaire à l’ouverture d’une double porte blindée. Le tout est bien sûr directement relié au commissariat de Neuilly, instantanément averti si une alarme se déclenche. Aucune paranoïa dans toutes ces protections : le baron est l’un des trois plus célèbres collectionneurs français, au point de rendre envieux la plupart des galeries de peinture et même quelques musées !
Jaloux aussi sont d’autres amateurs d’art que Saint-Florent aime écraser de sa supériorité, sans ménagements, avec une prétention certaine qui ne lui a apporté qu’inimitiés et désirs de vengeance au fil des années. A 68 ans, le baron est maintenant un homme seul, sans amis, mais qui compte beaucoup d’ennemis. Trois fois divorcé – des divorces qui lui ont coûté un Modigliani, un Foujita et deux Bernard Buffet aime-t-il