Les murmures du sang: Roman
Par Christophe Patte
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À propos de ce livre électronique
Devenue désormais un parfait prédateur, Klaren retrouvera la coupable et plongera dans une spirale psychologique et physique proche de l’enfer…
À PROPOS DE L'AUTEUR
Après des études de philosophie et de commerce, Christophe Patte s’essaye à l’écriture de scénarios de série Télévisée. Après 13 ans passés dans l’administration, il devient technicien du cinéma, puis formateur en communication. Les murmures du Sang est son premier roman. La suite est actuellement en préparation.
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Avis sur Les murmures du sang
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Aperçu du livre
Les murmures du sang - Christophe Patte
Première partie
1
Klaren souriait de son visage de porcelaine. Nichée dans un confortable duvet, sa poitrine se déployait avec douceur dans une respiration apaisée.
Dehors, le vent rugissait, s’approchant de la maison dans un hurlement monstrueux. Elle inspira profondément et vida ses poumons. Ses paupières tremblaient légèrement, prises de petits mouvements convulsifs.
Un léger cliquetis à la fenêtre…
C’était presque imperceptible. Elle n’était même pas sûre de l’avoir entendu. Elle remua la tête. Son visage se crispa, faisant disparaître sa tranquillité angélique. Puis, un par un, les muscles de son visage se relâchèrent. Elle reprit sa douce expression.
Mais il eut à nouveau ce bruit métallique…
Cette fois-ci, elle était certaine de l’avoir entendu.
C’était comme si elle avait été frappée par une fragile secousse. Un choc électrique lui parcourut brutalement le corps. Ses paupières tressaillirent et se mirent à dérailler dans un mouvement chaotique. Sa tête lui parut soudainement lourde. Elle la plongea dans sa couette, blottissant son douloureux front soucieux et plissé.
Puis elle entendit un petit claquement sur la fenêtre…
Un bruit sec tapotant la vitre. Étrangement lointain. Un bruit étouffé, perdu dans la brume.
Son pouls s’accéléra. Son cœur s’emballa et envoya la pression dans tout le corps, comme si l’on broyait ses propres organes de l’intérieur. Le sang affluait trop vite dans son crâne. Il allait exploser. Sa respiration devint gênante et lourde. Puis douloureuse. Ses artères s’étirèrent. Elles allaient se rompre. Elle croyait se déchirer de l’intérieur. La souffrance devint insupportable. Elle perçut un cri strident aigu lui hurler dans la tête…
Elle ouvrit des yeux hallucinés. Il faisait nuit. Elle se retourna vers la fenêtre de sa chambre. Elle était ouverte.
Ouverte ?
Somnolente, Klaren se releva, aveuglée par la lumière.
Une ombre se tenait devant elle.
Une ombre immense.
Elle voulut hurler mais le cri rentra dans sa gorge.
L’ombre fondit sur elle… En une seconde.
Elle ne vit que du noir…
*
Michael riait de ses belles dents. Klaren lui asséna un coup violent sur l’épaule. Il bougea à peine.
Il éclata de rire. Le visage de Klaren se rembrunit. Michael s’approcha pour l’embrasser mais elle le repoussa violemment en se levant d’un bond. Il se servit une canette de soda dans le petit frigo et la vida presque d’un trait.
Il s’approcha d’elle en mimant maladroitement une danse sensuelle.
Klaren ouvrit son armoire et enfila un pull. Michael sauta du lit et stoppa net la jeune fille dans son élan, s’emparant du vêtement. Il effleura de ses lèvres la nuque parfumée de Klaren, en susurrant à son oreille.
D’un mouvement de la tête, elle se libéra sèchement de son étreinte et le toisa.
En observant Michael dans les yeux, elle eut un mouvement de recul. L’expression du jeune homme venait de changer de manière étrange. Il affichait une expression que Klaren ne lui connaissait pas. Quelque chose l’effrayait dans ce visage pourtant si familier.
Elle crut d’abord rêver mais se rendit à l’évidence au bout de quelques instants. L’homme planté en face d’elle venait presque de changer d’apparence physique. Ses yeux noirs, luisants et sombres lui perçaient la rétine. Sa bouche se tordait laissant un léger filet de salive apparaître sur la commissure de ses lèvres. Les joues devinrent flasques, sa peau se relâchait, semblant fondre comme la cire chaude.
Il se transformait… Ce n’était plus Michael…
Il inclina légèrement la tête vers le bas. Mais ses yeux obscurs restèrent vissés sur le front de Klaren.
Il fut sur elle en un battement de cils…
Klaren sentit le froid pénétrant des ténèbres…
Elle ne ressentit d’abord aucune douleur, même en cognant la tête sur l’armoire. Elle mit quelques secondes à réagir jusqu’à ce qu’une main solide comme l’acier s’empara de sa mâchoire. Terrifiée, elle fut incapable du moindre mouvement. La main se serra, exerçant la pression d’une puissance inouïe. Lentement les doigts commencèrent à s’enfoncer dans la peau, transperçant presque la gencive. Klaren entendit l’os émettre un craquement. Une douleur indescriptible traversa sa joue jusqu’à sa tempe qui allait exploser.
Son corps convulsait, tel un animal sauvage voulant s’échapper. Mais la bête l’écrasait de son étouffante masse.
Les doigts serrèrent davantage. Klaren laissa un hurlement lugubre s’échapper de sa gorge. Elle convulsait de douleur.
Son corps fut secoué. Ses vêtements arrachés.
Elle se sentit aspirée dans les limbes. Elle se renversa en arrière, tombant dans un lac sombre et glacé. Le froid lui fouetta le corps de meurtrissures. Des milliers de lames gelées saignèrent sa peau. Elle puisa tout ce qui lui restait d’énergie pour se débattre. Pour continuer à vivre.
Elle vivait la Mort…
Soudain une étonnante chaleur sur le front l’apaisa. Les douleurs se firent moins violentes jusqu’à disparaître. Le calme regagnait progressivement tout son corps. Elle ouvrit enfin les yeux, respirant à la surface de la vie.
Sa mère Élisa la fixait d’un air triste, les yeux embués. Klaren tenta de se relever mais sa mère l’en empêcha, appuyant sur sa poitrine.
Klaren déglutit avec difficulté.
Élisa se sentit transpercée par la douleur.
Un rêve. Ce n’était pas une hallucination. C’était vraiment arrivé il y a quelques mois. Presque comme dans ce cauchemar que Klaren venait de revivre. Elle se souvenait des moindres détails. Jusqu’à parfois la sensation physique de l’écrasement de son corps et de l’étouffement.
Elle avait déposé une plainte suite à cette agression. Mais son petit ami Michael Ondry avait réussi à s’en sortir. Il avait échappé à la justice, Klaren n’ayant aucun moyen de corroborer sa propre version des faits. « Aucun témoin » avait tristement souligné l’inspecteur de police Mullard. Aucune marque ou contusion visible. Rien qui ne permette d’envisager une quelconque poursuite judiciaire. C’était sa parole contre celle de Michael.
Klaren se redressa sur le lit et prit sa mère dans ses bras. Élisa sentit une petite perle d’eau lui caresser la joue. Sa fille pleurait… Pour autant qu’elle s’en souvienne, elle n’avait jamais pleuré. Elle fixait intensément la canette de soda. Elle l’avait conservé depuis tout ce temps, bien emballée dans un sac plastique transparent.
C’est aujourd’hui que tout commence…
2
La rue déserte s’imprégnait d’un silence glacial, nimbée par les lumières des réverbères. Ils paraissaient timides dans la légère brume blanchâtre qui tapissait l’air ambiant feutré.
Adossé à un arbre humide, l’inconnu avait la tête recouverte d’une capuche et le visage masqué par une écharpe noire. Seuls de grands yeux sombres et une mèche de cheveux noirs étaient visibles. Il avait une apparence crépusculaire, presque féline.
Depuis une trentaine de minutes, il surveillait une maison de l’autre côté de la rue. Seule une chambre au premier étage était éclairée dans laquelle une ombre faisait d’incessants allers-retours. Toute la rue du quartier huppé demeurait cotonneuse dans ce froid pénétrant. Il sortit de sa parka noire une petite caméra qu’il mit en marche. L’écran minuscule s’alluma. Il filma un moment la façade.
À son cou pendait une tablette d’environ dix pouces dotée d’une application destinée aux malentendants. Elle permettait de localiser une personne, rien que par la voix, dans un périmètre d’environ dix mètres en signalant sa présence physique par un point pulsant. L’environnement, comme les murs par exemple, était représenté par de fins liserés légèrement scintillants. Il transcrivait, et c’est de loin la fonction la plus importante, chaque mot prononcé donnant l’occasion à chacun de suivre une conversation en direct et de connaître la position exacte de son interlocuteur.
Ce soir, cette technologie était destinée à une tout autre fin.
Il mit en marche la tablette et traversa discrètement la rue. À proximité de la maison, il s’arrêta. Le logiciel calcula rapidement une nouvelle configuration environnementale et dessina en deux dimensions l’architecture approximative du rez-de-chaussée.
Il restait fasciné par l’étonnante rapidité de ce logiciel. Aucun point pulsant ne fit son apparition. La voie était libre.
Il s’approcha de la fenêtre de la cuisine et filma l’intérieur de la maison. Qui pouvait deviner que cette simple vidéo se révélerait d’une cruelle efficacité ? Il se dirigea vers la porte et appuya précautionneusement sur la poignée. Elle pivota.
En se faufilant dans la maison, il se retrouva au milieu d’un couloir sombre. Face à lui, des escaliers menant au premier étage où se tenait actuellement dans sa chambre, une jeune fille prénommée Estelle. Sur la droite, la cuisine high-tech au milieu de laquelle trônait fièrement un plan de travail. À côté des escaliers, un couloir qui menait au salon. Il consulta la tablette : Vue la superficie, il s’agissait sûrement de la pièce principale.
Les parents étaient partis pour au moins une heure au centre commercial, comme tous les mardis. C’était simple. On n’imagine pas à quel point nos habitudes sont nos points faibles. Une personne malveillante peut anticiper les moindres faits et gestes…
Il ralluma la caméra sur la fonction infra rouge et pénétra dans le salon. Un écran de télévision immense surplombait une table et un canapé de cuir blanc. Il filma la pièce en un lent panoramique et fit des plans très courts d’affreux bibelots et d’une multitude de tableaux de mauvais goûts. C’en était affligeant de vulgarité esthétique.
Sur le mur, un immense miroir au décorum néo-classique : ça fera parfaitement l’affaire. Il sortit de sa poche un petit bout de plastique transparent qu’il appliqua délicatement plusieurs fois sur la surface vitrée.
Un bruit sourd de pas résonna au plafond. L’inconnu leva la tête. Des pas lourds comme si on marchait avec des sabots.
La demoiselle au premier était loin d’avoir la démarche aérienne d’une danseuse étoile.
Il consulta la tablette : Une autre configuration était en cours. Cette fois-ci on pouvait voir se dessiner le plan du premier étage. Un point pulsant rouge se déplaçait dans une pièce, juste au-dessus. Estelle devait probablement utiliser son téléphone portable en faisant les cent pas dans sa chambre. Il gagna prudemment le couloir et déposa la caméra sur le sol en l’inclinant vers le