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Cavaliers de l'orage
Cavaliers de l'orage
Cavaliers de l'orage
Livre électronique138 pages2 heures

Cavaliers de l'orage

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À propos de ce livre électronique

Un frère et une soeur en route vers le Sud. Un aubergiste maniaque et une pluie de morts violentes. Mais sous l’apparence du slasher, un imprévu choc des titans

Né en 1984 selon les manifestants – bien plus tôt selon la police – Chris Anthem se réjouit que l’écriture ait un jour croisé son chemin. Ça lui évite de chercher un vrai travail. Quand ça lui chante, il envoie un nouveau bain de sang à son éditeur qui vous le livre tel quel.
LangueFrançais
Date de sortie23 janv. 2024
ISBN9782491750503
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    Aperçu du livre

    Cavaliers de l'orage - Chris Anthem

    Logo-Chris-Anthem

    CAVALIERS DE L’ORAGE

    Logo-Faute-de-Frappe

    ISBN : 978-2-491750-06-0

    Dépôt légal janvier 2022

    © Editions Faute de frappe

    Tous droits réservés

    PREMIERE PARTIE

    Riders on the storm…

    Into this house we're born

    Into this world we're thrown

    Like a dog without a bone

    An actor out on loan

    Riders on the storm...

    The Doors, Riders on the storm

    1

    Le papier peint n’avait pas dû être changé depuis les années soixante-dix. Depuis l’époque du plein-emploi et des cols pelle à tarte. Depuis sa jeunesse. De grosses fleurs orange, au teint fané, s’étalaient sur les murs rongés aux angles par l’humidité. Ici, avec l’étang proche, c’était un véritable fléau qui s’insinuait partout, remontait du sol argileux et grignotait l’auberge entière. Dans un futur qu’il aurait voulu moins rapide, Malone devrait prendre des mesures drastiques pour éviter la ruine.

    Mais pour l’heure, il lui fallait entrer en scène.

    Son public attendait.

    Cette jeune femme allongée sur le lit n’était pas belle, mais ça n’avait pas empêché Malone de la déshabiller. Pas pour contempler son corps boudiné. Ses cuisses grumeleuses de cellulite ou ses seins flasques. C’était un préambule. Malone pensait que tout homme ou femme recevait mieux son châtiment, l’absolution de ses péchés une fois revenu à son état originel, sa nudité d’enfant à naître.

    Elle dormait. Abattue par les calmants. Ses plaies multiples ne saignaient plus. Malgré son arrogance, cette jeune femme avait vite compris que bouger ne servait à rien.

    Pire, que bouger serait très douloureux.

    Le fil d’acier qui la ligotait aux barreaux du lit, enroulé autour de son ventre et de ses cuisses, était aussi coupant qu’un rasoir. Chaque mouvement brusque l’entaillait. Juste assez pour que la peau crève, que le sang perle et qu’une vive douleur l’assaille. Qu’elle hurle. D’ailleurs, il avait dû bâillonner sa résidente. L’antique auberge résonnait. Le son y rebondissait telle une balle en caoutchouc contre un mur.

    L’unique ampoule grésillait.

    Sa lumière jaune pisse inondait la pièce, conférait à la chambre une atmosphère malsaine. Ça sentait la poussière. La transpiration. L’urine. Cette jeune effrontée avait fait sous elle. Ses déjections s’étaient mêlées au sang des nombreuses blessures pour former un mélange douteux.

    Mais pour l’heure, il lui fallait entrer en scène.

    Derrière le miroir sans tain, Malone actionna d’un geste sec la poignée. La paroi grinça. Le mur finit par pivoter, lui ouvrir l’accès. Ce réseau de trappes, de passages secrets datait de la dernière guerre et lui aussi subissait l’usure du temps.

    Il posa un pied dans l’arène.

    Ses galons brillèrent aux reflets de l’ampoule.

    Le nœud de sa cravate à rayures était strict. Parfait. Son képi bien droit sur sa tête. D’un air songeur, Malone se lissa la moustache.

    – Bonsoir, finit-il par dire.

    La jeune femme au sommeil léger s’étira.

    – Papiers du véhicule.

    Elle ne réagit guère.

    En tout cas pas assez vite au goût du douanier, qui empoigna le montant du lit de ses mains noueuses puis secoua. Le lit s’ébranla. La jeune femme ligotée dessus bougea ainsi que le fil d’acier qui l’entourait. Ses plaies se rouvrirent. Soudain, elle hurla. Réveillée en sursaut. Elle tenta de se redresser par instinct, et l’impitoyable morsure du fil augmenta. D’autres entailles se formèrent au niveau des cuisses. Du ventre. La captive se mit à gémir, alors enfin Malone, dans sa splendeur entière, sa pleine stature d’officier, reprit son laïus d’un ton tranquille.

    – Bonsoir…

    Il lissa sa moustache et enfila des gants de cuir.

    – Papiers du véhicule.

    La jeune femme gémit. Sa poitrine flasque vibra, nimbée d’une sueur moite. Dans ses yeux se terraient l’incompréhension et l’angoisse.

    Malone enchaîna sans attendre.

    – Bien… Je vois que vous n’êtes pas très coopérative, mademoiselle.

    Il commença à contourner le lit.

    – Pourtant, nous sommes des agents assermentés…

    Il se désigna lui et un collègue imaginaire.

    – L’Etat nous a confiés une mission.

    Sans brusquer l’allure, Malone tira une desserte métallique dont les roulettes couinèrent sur le parquet ciré. Voyant la desserte – surtout ce qui y reposait – la jeune femme en proie à la panique ne put réprimer un hurlement, étouffé par son bâillon crasseux.

    – Si vous ne respectez pas les règles, mademoiselle, l’Etat vous réprimande.

    Il finit de tirer le meuble à lui, en observa le plateau puis la jeune femme. Dessus, divers instruments et un petit réchaud à gaz.

    – Sans règles, dit-il imperturbable, sans frontières à ne pas dépasser, c’est l’anarchie. La négation de toutes les valeurs de l’Etat…

    Malone laissa planer un silence.

    – Vous n’avez rien à déclarer ?

    Il demandait toujours ça avant de châtier ses victimes. Il avait à cœur de suivre la procédure habituelle de passage aux frontières. Toutes les frontières.

    La jeune femme se mit à geindre. S’agita, encore par réflexe, et se blessa. Le fil d’acier mordit sa peau. Le sang coula encore. Malone opina du képi.

    – Bon, conclut-il. Très bien.

    Il s’empara d’un briquet posé sur la desserte, alluma le réchaud à gaz sous l’œil terrifié de sa victime. Régla l’appareil. Bientôt, une courte flamme d’un éclat bleu nuit, identique à celui de sa veste à galons dorés, en sortit. Malone empoigna une longue aiguille de couturière dont il plaça l’extrémité sur la flamme, tandis que sa victime, rivée à ce spectacle de cauchemar, ne sembla plus percevoir les assauts inertes du fil d’acier sur son corps. Elle ne voyait que l’aiguille. Sentait à la fois la chaleur du feu et une caresse glaciale le long de ses os. Malone concentrait son attention sur la flamme. Et lorsque la pointe d’aiguille rougeoya, enfin il se tourna vers la martyre saucissonnée au lit.

    – Un douanier, voyez-vous, est avant tout gardien…

    Il manipulait l’objet avec maîtrise.

    – Un gardien de l’ordre. Dernier rempart de la civilisation contre les hordes barbares qui n’attendent qu’une seule chose, nous envahir. Nous écraser sous leur joug.

    Son ton se fit plus léger. Moins sentencieux.

    – Pourquoi téléphoner en conduisant ?

    Ce qui redoubla l’effroi de l’autre, et ses geignements plaintifs.

    – Vous savez que c’est interdit…, poursuivit Malone. On vous l’a dit et répété. Pourtant, vous refusez de comprendre. Vous nous obligez à sévir, perdre notre précieux temps avec des broutilles pendant que les hordes barbares nous envahissent…

    L’imposant tortionnaire se posta face à elle, au niveau du crâne.

    – Heureusement, notre travail est aussi d’éduquer. Il marqua une dernière pause. Pas seulement de punir vos erreurs, mais vous empêcher d’en commettre d’autres… Notre travail passe aussi par la prévention.

    De sa main libre, Malone enserra le front de la jeune femme pour l’immobiliser. Puis sans trembler, il enfonça l’aiguille chauffée à blanc dans son oreille droite.

    La victime hurla.

    Son tympan commença à grésiller. Vomir une humeur poisseuse, faite de cérumen fondu et de sang, un écœurant liquide jaunâtre et rouge. Malone continua d’enfoncer l’aiguille, insensible aux cris aigus. Aux assauts stériles de la fille pour se soustraire à l’étreinte.

    L’aiguille progressa lentement.

    Les cris brusques cessèrent lorsque la jeune femme étouffa. Avec sa propre langue gorgée de salive. Lorsque son corps se cabra sous la douleur et que l’acier mordit plus profond ses chairs. Elle bava, cracha en abondance, fut prise de violentes convulsions puis retomba inerte.

    L’aiguille engloutie, Malone stoppa son geste.

    Au sang chaud et au cérumen venait de s’adjoindre un autre liquide teinté de gris, sûrement de la matière cervicale… De la tête aux pieds, la jeune femme n’était plus qu’une unique plaie béante, une ode agonisante à la meurtrissure.

    – Vous n’avez rien à déclarer ? répéta l’officier consciencieux.

    Du sang avait giclé sur sa veste bleue à galons mais Malone ne le remarqua guère, contemplant ce fascinant spectacle. Il avait repéré cette traînée dès son entrée sur le parking. Portable collé à l’oreille elle s’était garée, avait par inadvertance tamponné un autre véhicule sans s’en rendre compte. Trop occupée à charrier des flots de bêtise par le boîtier plastique du téléphone dernier cri.

    Les gens ne respectaient plus rien.

    Maintenant, espérait-il, cette traînée comprenait. Saisissait l’étendue de ses vices. Maintenant, espérait-il, elle pourrait amender son âme et demander pardon.

    Après un dernier râle, la captive mourut. Son corps ruisselant de sueur et d’hémoglobine n’intéressa plus Malone, autrement que par la saleté que ce corps lui donnerait à nettoyer… Mais cela faisait partie de sa tâche. Son devoir était de laver les péchés de ses victimes.

    Les laver jusqu’au bout.

    Pour être plus à l’aise, il ôta sa veste. La plia et la posa sur un fauteuil. Il ne restait que quelques heures avant l’aube. Quelques heures pour nettoyer puis dormir un peu, se reposer avant d’aller préparer le petit-déjeuner de ses autres clients.

    2

    Il rampait lentement.

    A peine hors de son trou dans la terre, à deux ou trois mètres de la route. Du bitume froid, mouillé de pluie. Aussi froid que son propre corps long, annelé, tout en muscles et en os.

    Il rampait vers la lumière. Ce timide rayon de soleil balayant la campagne. Sur cette lande pas encore tirée de l’hiver, entre hibernation et réveil. Le printemps viendrait… Ferait fondre les dernières neiges. Bientôt, la nature reprendrait ses droits. Lui-même redeviendrait le prédateur majestueux des roches, des sous-bois.

    Serpent à sonnettes. Son espèce ne se trouvait pas dans la région, mais lui avait survécu. Après avoir atterri là par hasard. Etre sorti de la cage d’un collectionneur d’animaux exotiques dont le van avait rencontré un arbre. On naissait toujours sur cette terre par hasard. Depuis, le serpent dominait ces lieux. Sa morsure était mortelle pour ceux qui s’en approchaient. Même pour le plus dangereux des bipèdes, habituel prédateur de masse.

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