La tombée du crépuscule: Roman
Par Habib Mitsingou
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À propos de ce livre électronique
redonner espoir à tout un peuple au bord de l'hécatombe.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Habib Luc René Mitsingou est né à Pointe-Noire. Après ses études au Congo Brazzaville, il est employé chez Aerco (les Aéroports du Congo) en 2012 en tant qu'agent d'exploitation technique. Puis, il devient délégué du personnel au sein de la même société. Il est l’auteur d'un recueil de poèmes Une puce à l'oreille paru aux éditions Publibook en 2014 et d'un roman, Le oui du non, paru en 2016 aux éditions société des écrivains. Ces deux ouvrages engagés l’obligent à quitter le Congo d'une manière impromptue. Il réside actuellement en France.
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Avis sur La tombée du crépuscule
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Aperçu du livre
La tombée du crépuscule - Habib Mitsingou
I
Barakou, qui compte à peine deux cents habitants, est un petit village situé à l’Est de la région d’Obawé, à trois cents kilomètres de Kiangou, la capitale politique de Wembé. Toute la population de ce village, à l’exception de quelques rares enfants qui partaient à l’école, des personnes âgées et fatiguées, était mobile tous les matins pour ne regagner les pénates que le soir. Les travaux champêtres étaient un devoir pour tout le monde.
Chaque famille villageoise s’adonnait aux travaux champêtres, même si elle avait du mal à commercialiser tous ses produits, faute de routes. En effet, celles-ci étaient attaquées par de fortes érosions, situation face à laquelle l’État était resté indifférent. Cette population était la plus travailleuse de la région. N’était-ce pas un atout pour l’économie wembéenne ? Sûrement pas, car nul ne consentait au moindre effort pour les soutenir. Elle parvenait à produire par an des tonnes et des tonnes de maïs, de haricots, d’arachides, de foufou, de pommes de terre, d’ignames, pour ne citer que cela. Et comment faisait-elle pour commercialiser leurs produits ?
Quelques jeunes courageux du village avaient fabriqué des « koro-koro » qui n’étaient autres que des brouettes dont ils avaient modifié la forme en enlevant la cuve habituelle pour souder des barres de fer, ses pattes qui lui permettent de se tenir sur le sol étaient aussi renforcées par les barres de fer ou tantôt carrément remplacées par des tuyaux galvanisés. La petite roue de la brouette ordinaire se voyait elle aussi remplacer par une roue de véhicule pour lui donner plus de résistance sur le sol sableux. Devant, juste au-dessus de la roue, ils soudaient des longueurs de fer, en position mi-verticale, mi-horizontale, soutenues par l’étai de tête afin qu’en soulevant les bras du koro-koro, la marchandise puisse se maintenir sur le support de barre de fer croisée perpendiculaire en formant des carrés. Cette fabrication locale faisait l’affaire pour tenter de vendre la marchandise, mais il était presque impossible de tout vendre car la distance à parcourir avec cet engin d’adaptation était trop longue. Les journées entières étaient animées par ce spectacle qui donnait l’air d’une véritable course des « koromen » ainsi qu’on appelait ceux qui conduisaient ces koro-koro, dans l’espoir d’une meilleure recette en fin de journée. Malgré tous leurs efforts consentis, les plus forts n’avaient à faire que deux tours par jour au plus, entre le village et là où étaient stationnés les camions, épuisés. Tellement épuisés que chaque nuit, ils étaient obligés de prendre des anti- inflammatoires, dans les pharmacies de rue « Bana bilongo-manganga » pour un soulagement prompt des courbatures afin de pouvoir récupérer ses forces et se lever en grande forme le lendemain. Les produits les plus périssables pourrissaient car l’offre était supérieure à la demande. Les commerçants avaient bien envie de venir acheter les produits, mais les conditions de transport étaient tellement pénibles que la majeure partie se désistait quand bien même les produits étaient vendus à vil prix. Pour remplir un camion Mercedes (1113), il fallait compter au moins une semaine de corvée. Entre le village où ils s’approvisionnaient et le lieu où étaient garés les camions, quatre kilomètres les séparaient. L’État, censé aider les populations à sortir de cette misère en construisant des routes, était resté sourd-muet et même aveugle. Est-ce un faux-semblant ou une preuve de mauvaise foi ? La réponse demeurait dans ce qu’il était vraiment. Mais curieusement un poste de prélèvement des taxes commerciales était bien implanté au point de stationnement des camions. De l’autre côté, juste en face des représentants du ministère du Commerce, on voyait aussi une autre cabine mais, celle-ci logeait les agents de la mairie qui eux, collectaient la taxe de roulage. Si l’État était bien représenté, il n’était donc pas aveugle. Comment alors traduire ce genre de négligence ? Difficile à dire mais la population, pour sa part, se contentait de ce qu’elle voyait. En revanche, elle trouvait quand même injuste que la taxe de roulage leur soit réclamée pour une voie presque impraticable avec des ponts dans des conditions critiques. Les nids de poule à grande échelle et des ravins de part et d’autre, faisaient d’elle la voie la plus dangereuse au monde. Les commerçants voyageaient dans des conditions affreuses pour assurer