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Un clin d'oeil au bonheur
Un clin d'oeil au bonheur
Un clin d'oeil au bonheur
Livre électronique140 pages2 heures

Un clin d'oeil au bonheur

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À propos de ce livre électronique

Dans le vignoble nantais, la jeune Linda aime observer la nature et se raconter des histoires.

Ses parents cultivent la terre. Ils ont un chien, un chat, des poules, des lapins, des pigeons, des chèvres et un poney à chouchouter.
Leur vie est pleine de petits riens et de grands évènements.

Durant l'été, Linda part avec sa soeur en colonie de vacances en Bretagne.

Va t-elle réussir à quitter son monde paradisiaque ?
Les adultes, rencontrés ici et là, sont-ils réellement affranchis de leur propre enfance ?
LangueFrançais
Date de sortie11 déc. 2020
ISBN9782322215805
Un clin d'oeil au bonheur
Auteur

Sophie Bouron

Nantaise, Sophie Bouron est passionnée par les oeuvres d'art. Assistante juridique, elle a souhaité décrire les différentes phases de reconstruction après une rupture amoureuse. Ce second roman s'adresse autant aux hommes qu'aux femmes.

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    Aperçu du livre

    Un clin d'oeil au bonheur - Sophie Bouron

    À Pierre et Denise,

    mes parents

    " Le bonheur est une joie secrète

    qui se vit comme en songe "

    Robert Lalonde

    TABLE

    Préambule

    France

    Spirale infernale

    Festivités

    Escapade hivernale

    Éveil printanier

    Récréation estivale

    Préambule

    Derniers jours de septembre, des nuages blancs circulent sur un ciel d’un bleu délavé. L’air ambiant semble assaini par des températures douces. La nature flétrie vire délicatement au jaune, à l’orangé puis se meurt en tenue marron totalement desséchée dans un silence remarquable. Des feuilles mortes se détachent pour former un épais tapis moelleux sur la terre craquelée. Les sous-bois regorgent de châtaigniers qui croulent sous le poids de leurs fruits qu’ils ont du mal à larguer, laissant ainsi les quelques promeneurs s’éloigner vers d’autres horizons.

    Dans un étang délaissé par les pêcheurs, des canards surveillent leur progéniture. Les canetons s’ébrouent joyeusement, plongent à la recherche de nourriture ou de sensations fortes, lissent leurs plumes et se laissent porter par les eaux verdâtres. Le mâle survole l’étendue d’eau et semble particulièrement anxieux. De nombreux bruits vifs et réguliers rythment et offensent le calme habituel. Des aboiements succincts presque étouffés accompagnent ce brouhaha.

    Continuellement, le colvert s’égosille pour prévenir sa femelle de mettre à l’abri leur descendance, née tardivement cette année. L’âge aidant, il a décidé de rester à ses côtés pour les voir grandir et la seconder. Ses ailes battent à plein régime. Son regard hagard scrute les moindres recoins de son domaine. Tout son être est à l’apogée d’un délire inadmissible. Un plomb le frôle au croupion, un second lui érafle le jabot. Le volatile ne sait plus où donner de la tête. Il slalome tant bien que mal dans ce ciel laiteux qui ne prend même pas la peine de le camoufler. Il doit redoubler d’efforts pour éviter ces plombs qui ne cessent de déferler, à droite et à gauche, mais également au-dessus et au-dessous de son corps, corps tout à la fois robuste et fragile à l’instant présent. Tous ses moindres muscles travaillent à l’unisson pour sauvegarder l’espèce. Péniblement, il réussit enfin à rejoindre sa petite famille à l’ombre des roseaux. Terrorisés, les canetons entourent la cane qui les réconfortent comme elle peut. Le mâle, quant à lui, suffoque et peine à garder les yeux ouverts. Son corps est secoué par des soubresauts que l’eau tente d’espacer par des semblants de vague.

    L’auteur des coups de feu, un adolescent novice en la matière, est déçu. Vêtu d’une chemise noire à carreaux qui pend délibérément sur un jean lacéré au niveau des genoux, il fulmine. Le jeune homme refuse de s’avouer vaincu face à mille deux cents grammes de chair volante malgré les cartouches vides étalées à ses pieds. Il éructe des injures indéchiffrables. Il cogne même du poing contre un chêne pour extérioriser sa frustration, honteux de cet échec face à deux témoins de taille, son père et son parrain. Plus unis que jamais, ces derniers l’encouragent vivement à persévérer afin que les prochains tirs soient efficaces. Ils jouent à merveille le rôle des sages, prodiguant les précieux conseils qu’ils avaient eux-mêmes reçus de leur propre patriarche. Inutile de souligner que tous deux retiennent au fin fond de leur gorge des cascades de rire. Leur benjamin se remet enfin en question et boit comme du petit lait leurs paroles souveraines. Cette sortie salutaire, dont ils tairont soigneusement les détails à la gent féminine, sera soigneusement distribuée à la gent masculine au bistrot du bourg.

    En hauteur, un écureuil saute de branche en branche en quête de noisettes tandis qu’un pivert frappe avec acharnement le tronc d’un marronnier. Au sol, des mulots se faufilent sous les nombreux végétaux en cours de décomposition, leur terrain de jeu. La nature environnante est flamboyante de vie, chacun vaquant à ses occupations, chacun jouissant de l’instant présent en toute quiétude, sans se préoccuper le moins du monde des autres.

    Le bonheur de vivre est palpable à perte de vue, dans chaque chemin, dans chaque ruelle, dans chaque rue, dans chaque boulevard, à la campagne comme à la ville, en somme à des kilomètres à la ronde. Partout, ce même bonheur de naître dans telle ou telle maison est tout aussi grandiose que de grandir dans la société en éternelle évolution, de vieillir en profitant pleinement de chaque dizaine en souriant de son propre développement. Vivre jusqu'à s'évanouir de bonheur.

    De l'automne à l'hiver,

    De l'hiver au printemps,

    Du printemps à l'été,

    De l'été à l'automne.

    Le bonheur se conjugue ainsi à tous les modes et à tous les temps dans les moindres recoins de l'espace. Il ne demande qu'une seule et unique chose, que le maximum de personnes lui prêtent attention, ici et surtout ailleurs.

    France

    Chaque jour en fin de matinée, le camion utilitaire de la boulangère se garait devant notre maison, située à égale distance des deux extrémités de notre village au cœur du vignoble nantais. Trois grands épis de blé soigneusement entrelacés égayaient cette carrosserie vieillissante. Au volant, France klaxonnait lourdement pour prévenir de son arrivée. Puis, elle descendait en sifflant allègrement et ouvrait sa boutique ambulante.

    Une silhouette arrivait clopin-clopant à l’aide d’une canne de marche torsadée en cep de vigne. Ses cheveux mi-longs ondulés battaient la cadence. Les boutons dorés de son chemisier vert anis reflétaient au soleil pendant que sa jupe plissée valsait avec lourdeur. Cette femme grimaçait sous l’effort. Ma mère me donna hâtivement le pain et partit à sa rencontre pour la soutenir.

    — Bonjour Rose, heureuse de te voir. Tu sors de chez toi maintenant ?

    — Ne va pas le crier trop fort ma chère Élise ! C’est bien la première fois que je sors mon nez dehors depuis mon opération. Tu vois, je me suis dit ce matin qu’avec ce soleil, j’allais pouvoir faire un peu d’exercice et du moment que le père est pour la journée en ville pour régler deux ou trois bricoles, il faut bien que mon gars mange quand il rentrera ce midi.

    À ces mots, le visage de ma mère se décomposa et, face à cet état de fait indéniable, elle lui précisa que Gary aurait dû la prévenir dès la veille au soir pour une livraison à son domicile. Cette voisine répondit par la négative arguant que le kiné lui conseillait quelques exercices à l'extérieur autant pour la marche en elle-même que pour les moments de convivialité indispensables à sa guérison.

    — Si j’avais su ma petite Rose, j’aurais ramené une tarte aux poires que tu aimes tant. J’en prends dans le fourgon seulement le week-end et en semaine, c’est sur commande bien sûr.

    — Ce n’est pas grave France. C’est très bien comme ça et cela fera grand plaisir à mon gars les chaussons aux pommes, crois-moi.

    Assise à califourchon sur un muret en pierre, où la végétation commençait à s'éveiller à chaque interstice non canalisé, je contemplais les faits et gestes des adultes en silence derrière le rideau de mes cheveux longs qui frisottaient de contentement. Le muret s'écroulait en son milieu, formant un château de cartes bouleversé par une main maladroite où aimait se faufiler un lézard aux mouvements vifs. De temps à autre, je soufflai de manière continue quelques secondes sur ma chevelure pour le seul loisir de brouiller ma vision des choses.

    Le tiroir-caisse grinçait de vétusté à chaque nouvel encaissement, soufflant de soulagement dès qu'un habitué réclamait un crédit, obligeant la vendeuse coopérative à noter la présente dette sur un carnet à spirales, dans l'attente d'une meilleure fortune.

    — Waouh ! Marie-Trucmuche, ne démarre pas, j’arrive, hurlait un adolescent pratiquement accroupi sur son vélo de petite enfance qui pédalait à perdre haleine depuis le village voisin.

    Simultanément, les trois femmes tournèrent la tête dans la direction des cris. Le spectacle de ce jeune homme au corps en accordéon qui opinait de la tête à la manière d’un chien décoratif, objet communément posé sur la plage arrière des voitures, les fit rire. Il arrêta brusquement sa bicyclette en dépliant simplement ses longues jambes.

    D'une manière théâtrale, il salua les femmes qui le regardèrent d'un air intéressé. La sueur ruisselait sur les traits chevalins de son visage marqué par une acné débutante. Sa marinière à large encolure bâillait négligemment, dévoilant un torse à faible musculature. Personne ne pouvait affirmer l’état réel de son pantalon de couleur glaise. Était-il propre ? Était-il sale ? Il trompait l'ennemi, simplement.

    — Bonjour Eliott, c’est toi qui fais encore le mariole ce matin. Tu ne peux pas t’en empêcher. Dis-moi tout. Qu’est-ce qui te ferait plaisir ?

    — Un pain de deux mais je pense que les dames étaient avant moi, rectifia t-il naturellement.

    France lui sourit et le remercia pour ses bonnes manières. Elle lui donna son pain devant les yeux approbateurs de Rose et de ma mère qui essayaient d’identifier ces globes oculaires d'un noir intense.

    — Eliott, comment se fait-il que ta grand-mère n’est pas sortie de chez elle tout à l’heure quand je me suis arrêtée ?

    Il prit le temps de la réflexion en grattant du bout de ses chaussures le sol avec passion. La contrariété avait vieilli son visage d’un seul coup. Sur l’arête de son nez se battaient en duel deux grains de beauté. Les regards féminins toujours posés sur lui, il inspira profondément puis répondit d’un trait :

    — C’est simple, elle avait la courante alors elle était sur le trône au fin fond du jardin, tu comprends ? C’est qu’elle était bien empêtrée pauvre Mémé dans ses grands cotillons qui n’en finissaient pas. Dès qu’elle sortait des cabinets, ça la poussait au cul donc elle y retournait, poursuivie par les grosses mouches à merde heureuses de l’opportunité.

    — Oh ! Eliott, va, toujours le mot pour rire, dit-elle en essuyant ses yeux en larmes. Sérieux, tu ne l’as pas fait tourner bourrique ta grand-mère quand même. Alors, pourquoi n’est-elle pas sortie ?

    Se balançant d’un pied sur l’autre et jonglant allègrement avec le pain qui ne savait pas s'il devait rester dans sa main droite ou sa main gauche, il répliqua tout à coup :

    — Oh là là ! Ce n’est pas drôle. C’est juste Bella qui vient d’avoir ses petits cette nuit. Alors Mémé ne veut pas la quitter d’une semelle et moi j’étais dans mon arbre explorateur à guetter le renard avec mes jumelles. Il y en a un dans le coin, il paraît.

    France satisfaite passa l’index droit derrière son oreille, geste qu’elle avait adopté depuis son récent passage au salon de coiffure. Elle regrettait d’ailleurs ses cheveux longs jusqu’aux reins disciplinés par une splendide pince qui ne les libérait qu’à l’heure du coucher. Elle avait pris cette décision sur un coup de tête, estimant que sa chevelure enfantine l'empêchait de respirer depuis que des bouffées de chaleur s'étaient invitées précocement dans sa vie. La coiffeuse allait pouvoir l'attendre longtemps dorénavant.

    — Ah, je comprends mieux, pauvre chienne !

    — Pauvre Mémé, tu veux dire. Si elle reste une semaine aux pieds de Bella, je vais mourir de faim, moi, souligna t-il en creusant ses joues. J’espère franchement qu’elle aura la courante, au moins, cela la fera

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