Un week-end, une histoire - Tome 1

Par Fred Éric

Quatre mois d’aventures, quatre mois d’histoires courtes, quatre mois d’émotions et voilà que le Tome I de notre intrigue voit enfin le jour : "Un week-end, une histoire". Partez pour un voyage à travers les quatre coins du globe depuis votre canapé, à travers des thèmes portant tantôt sur les chagrins, tantôt sur les joies racontés avec simplicité pour le plaisir des petits comme des grands.




À PROPOS DE L'AUTEUR

Après le succès de son premier roman, "Belle Plume", Fred Éric revient sur le devant de la scène avec un recueil d’histoires courtes intitulé "Un week-end, une histoire".

• Langue: Français
• Éditeur: Le Lys Bleu Éditions
• Date de sortie: 17 juin 2024
• ISBN: 9791042232825

Aperçu du livre

Octobre 2023

Mélancolie

Week-end I

L’homme mystérieux

De l’autre côté de la rivière, un homme était assis. Il m’observait depuis un moment certainement, sans broncher. Il portait une chemise à carreaux, tachetée de boue comme s’il avait passé sa matinée à labourer. Je croise son regard et il se défile, mais je sens l’ombre de ses yeux sur ma silhouette quand je détourne le regard. Je pense l’avoir déjà vu auparavant, mais où ? Mon esprit devenait volatile et me jouait des tours sûrement, parce qu’il me paraissait de plus en plus flou lorsque j’essayais de me remémorer son visage pourtant très caractéristique, le teint noir brillant avec de gros yeux autour desquels tremblaient des cils blancs épars, la mâchoire en angle droit et un nez bien imposant.

Je le salue mais, il m’observe et ne dit toujours rien. Ça devient inquiétant, pourtant il m’a l’air sympathique. Je pose ma canne à pêche au sol et sur le gros tronc entreposé à 50 m de là où je pêchais, j’offre une belle performance d’équilibriste et me voilà de l’autre côté de la rive, abasourdi et étrangement seul. Le quidam avait disparu, comme par enchantement. Un peu comme s’il s’était volatilisé. Dans cette clairière savanicole presque désertique, aucune cachette ne pouvait justifier son absence. Mon sang se glaça dans mes jambes et la sérénité apparente que j’affichais n’était que feu de paille.

Une peur m’animait et je tremblais comme une feuille morte sur le chemin du retour.

— Yassoa qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi trembles-tu ainsi, comme si tu avais croisé un fantôme ? me questionna ma mère qui avait aisément décelé l’inquiétude sur mon visage.

Ma langue était paralysée, impossible de parler. Elle me fit asseoir et me donna de l’eau à boire. Un guérisseur, qui habitait dans la cour voisine, vint en courant. Il fit deux traits en croix sur mon front avec une poudre noire et ma respiration se rétablit.

Je leur détaillai l’étrange visage de cet homme lorsque j’eus pu enfin parler. Ma mère fondit en larmes.

— C’est ton père, il est mort quand tu n’avais que 2 ans, avait-elle dit en sanglots.

Elle rajouta qu’il avait toujours voulu accompagner son fils à la pêche et lui apprendre à jouer également au foot. Mais ses trois premiers enfants n’étaient que des filles, et lorsque je naquis, sa joie fut si grande qu’il précipita les choses. Il alla à la pêche avec moi alors que je n’avais que 2 ans. Un hippopotame m’attaqua et mon père bondit à ma rescousse mais il fut grièvement blessé. 2 jours plus tard, il avait succombé à ses blessures.

J’écoutais ma mère me conter cette histoire, 13 ans plus tard… Pourquoi avait-elle gardé le secret tout ce temps ?

— Ce n’était pas de ta faute, père, tu peux partir en paix… avais-je marmonné tout bas.

Week-end II

Cœur brisé

J’étais assise près de la cheminée quand un bruit sourd suivi d’un silence inquiétant m’interpella aux portes du jardin. Un oisillon s’était écrasé contre la vitre et avait atterri sur le pas de ma porte. Il était mal en point, un magnifique spécimen aux ailes multicolores, étalé tristement près du paillasson, la respiration saccadée. Je le pris et me dirigeai vers la table épaisse en bois rouge du salon. Cette table m’avait été offerte par Robert, mon défunt mari, et elle me rappelait nos heureux moments ainsi que nos petites disputes conjugales… Il est parti il y a maintenant 27 ans 3 mois et 17 jours, mais je sens encore son parfum quand je ferme les yeux.

Je posai l’oiseau sur la table et des toilettes, je récupérai un kit de premiers secours. De quelle espèce pouvait-il bien être ? Je n’en avais aucune idée mais une rôda en boucle dans ma tête : s’il se remettait de ses blessures, je le baptiserais Fifi. Et d’ailleurs, il lui faudra une cage, et du lait, et