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Par amour de la liberté: Polar cubain
Par amour de la liberté: Polar cubain
Par amour de la liberté: Polar cubain
Livre électronique281 pages3 heures

Par amour de la liberté: Polar cubain

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À propos de ce livre électronique

Cuba, juin 2014. Émoi de la police. Personne à Cuba ne découvre de cadavre.

L'atmosphère était lourde, il avait plu une partie de la nuit. Le bibliothécaire en chef était allongé dans un bain de sang. Danita prit son courage à deux mains. Son regard remonta le long du corps de l'homme. Sa gorge semblait avoir été tranchée d'un coup sec. Ses yeux, restés grands ouverts, marquaient la surprise et non la peur, se fit-elle la réflexion.
Sous le coup de l'émotion, elle se mit à trembler comme une feuille prise dans le tourbillon de l'œil d'un cyclone.
Elle sortit son portable et composa le 106, numéro de la police. Au bout de plusieurs essais avant d’obtenir la ligne avec le commissariat, faute de réseau correct, elle expliqua ce qu'elle venait de découvrir. Le commissaire Carlos Rodriguez la pria d'attendre sur les lieux. Il arrivait avec ses hommes.

Un polar teinté de rouge sang et à haut suspense !

EXTRAIT

Dans la moiteur de ce lundi, Danita se leva délicatement du lit où sa mère dormait encore et sortit doucement de la chambre. L'atmosphère était lourde, il avait plu une partie de la nuit. Les deux bassines, placées à des points stratégiques, c'est-à-dire là où le toit fuyait, étaient pleines.
Elle les prit et les vida dans la rue. Elle vivait à Santiago de Cuba, la deuxième ville de l'île. Santiago de Cuba était connue des Cubains comme la Tierra caliente, non seulement à cause des températures élevées tout le long de l’année, mais aussi grâce au tempérament accueillant et chaleureux des Santiagueros.
Le Carnaval le plus célèbre de Cuba s'y déroulait fin juillet chaque année. C'est de là aussi que débuta la célèbre révolution menée par Fidel Castro et le Che.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Isabelle Mazeline a su nous transporter dans son écrit et aussi dans son amour pour Cuba. - Blog Le sang des livres

À PROPOS DE L'AUTEUR

Isabelle Mazeline est née à Angers et travaille comme employée de banque à Paris.
Tombée sous le charme de cette île oubliée en 1996, Isabelle rend hommage à ses habitants dès qu'elle le peut.
LangueFrançais
Date de sortie23 nov. 2017
ISBN9791094243329
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    Aperçu du livre

    Par amour de la liberté - Isabelle Mazeline

    dollar.

    Il y a toujours une première fois

    Dans la moiteur de ce lundi, Danita se leva délicatement du lit où sa mère dormait encore et sortit doucement de la chambre. L'atmosphère était lourde, il avait plu une partie de la nuit. Les deux bassines, placées à des points stratégiques, c'est-à-dire là où le toit fuyait, étaient pleines. Elle les prit et les vida dans la rue.

    Elle vivait à Santiago de Cuba, la deuxième ville de l'île. Santiago de Cuba était connue des Cubains comme la Tierra caliente², non seulement à cause des températures élevées tout le long de l’année, mais aussi grâce au tempérament accueillant et chaleureux des Santiagueros. Le Carnaval le plus célèbre de Cuba s'y déroulait fin juillet chaque année. C'est de là aussi que débuta la célèbre révolution menée par Fidel Castro et le Che.

    Une fois cette corvée terminée, elle se mit à la recherche de quoi se préparer un petit-déjeuner. Il restait un peu de pain de la ration d'hier ; elle se dirigea vers la cafetière italienne qu'elle remplit de poudre constituée moitié de café, moitié de pois chiches moulus. À la bodega³, il n'y avait pas de vrai café, celui-ci était réservé aux achats en monnaie forte.

    Au bout de quelques minutes, le café fut prêt. Elle en but une petite tasse bien sucrée, avec un morceau de pain sans rien dessus, en espérant qu'à la cantine, ce midi, il y aurait quelque chose de consistant à manger.

    Le café de ce matin était un reste d'avant la venue de Michel et Isabelle, leurs amis français, arrivés hier de Paris. Elle n'avait pas osé toucher au paquet qui leur était réservé, timidité de sa part, puisqu'ils en achetaient pour eux aussi. Mais à chaque fois qu'ils venaient, il lui fallait deux ou trois jours d'adaptation, pour passer du presque rien au presque tout.

    Elle attrapa son sac à dos posé sur le vieux fauteuil à bascule et sortit dans la chaleur de l'été. Elle se rendait à l'université, à deux kilomètres de chez elle, mais avant, elle devait passer à la bibliothèque pour terminer un devoir sur les batailles historiques de l'armée espagnole du début de vingtième siècle, ce qui ne présentait aucun intérêt pour ses études d'infirmière.

    En sortant, elle tomba nez à nez avec Amed, son « presque frère ». Ils avaient été élevés ensemble, la mère d'Amed étant la sœur de la mère de Danita. Ils avaient le même âge, 22 ans. Lui n'allait nulle part. Il rentrait se coucher après avoir animé une soirée à l'hôtel Mélia Santiago, cinq étoiles, l'endroit le plus huppé de la ville. Grâce aux dons de ses amis français qui faisaient partie de sa famille depuis 16 ans, il s'était acheté d'occasion un ordinateur portable, lui permettant de mixer des morceaux de musique et de faire danser toute une foule de touristes en délire. Ce travail était convoité par beaucoup de jeunes.

    - Bonjour, ma belle, lui dit-il, tu vas bien ce matin ?

    - Pas assez dormi, répond-elle en réprimant un bâillement. J'ai fait la fermeture hier soir, je suis rentrée à 2 heures du matin. Une bande de touristes italiens est arrivée à 22 h 30, tu les connais, pour faire la fête, ce ne sont pas les derniers. Grâce à eux, la patronne a fait un bon chiffre d'affaires.

    Danita était serveuse le soir dans un paladar, lieu privé de 12 places maximum, où ceux qui ont accès à la monnaie forte, le CUC, pouvaient aller faire bombance midi et soir pour un mois de salaire d'un Cubain. Elle avait trouvé ce job fin d'aider sa mère pour les dépenses quotidiennes liées à la nourriture, et s'offrir des petits plus.

    - Et toi, ta soirée s'est bien passée ? lui demanda-t-elle.

    - Oui, pas mal, l'ambiance était bonne et j'ai gagné 10 CUC, de quoi voir venir pendant quelques jours. Je te laisse, je vais me coucher, je suis crevé.

    Sur ce, Danita lui fit une bise comme c'est la coutume et remonta la rue. Elle grouillait déjà de monde à cette heure ; les gens allant travailler attendaient placidement un camion, faisant office de transport en commun, ou un bus, dans le meilleur des cas.

    Elle rencontra son vieux voisin, Juan, pour qui elle avait une tendresse toute particulière. Il vendait des cigarettes à l'unité. Il vivait dans un solar, lieu fermé où un balcon court tout le long, et où plusieurs familles vivent. Il était à la retraite, mais le montant de celle-ci ne lui permettait pas de vivre, ni même de survivre. Lui qui avait fait la révolution à côté de Fidel et du Che, voilà comment il était remercié. Ce petit commerce lui permettait de récolter quelques pesos supplémentaires.

    Quand la famille française de Danita et d'Amed était là, il était invité à tous les repas et racontait des anecdotes du passé. Aujourd'hui, il avait le sourire, Michel et Isabelle étaient là, il mangerait donc à sa faim.

    Danita remonta la rue San Bartolomé et tourna à gauche après la place pour se diriger vers la bibliothèque. La rue grouillait de monde et de petits commerces. En 2011, plus d'un million de fonctionnaires s'étaient retrouvés au chômage et ils avaient été autorisés à ouvrir leur propre commerce. Cela allait de l'artisanat (objets en bois sculptés, objets faits avec du métal de récupération comme des canettes), aux vêtements, chaussures, souvenirs pour les touristes à l'effigie du Che, bijoux, et autres objets de récupération.

    Mais le comble, cette année, avait été l'ouverture d'un magasin « la mascota », exclusivement réservé aux animaux domestiques. Les gens s'y pressaient en curieux. Les oiseaux côtoyaient les chiens, les chats et les hamsters. Mais comment les nourrir alors que 90 % de la population avait juste de quoi manger !

    À partir de 9 heures, la rue serait barrée à la circulation jusqu'à ce soir. Pour le moment, de vieilles voitures de la fin des années 50, des motos, des camions crachaient une fumée noire due à une essence non raffinée. Heureusement qu'il n'y en avait pas trop, l'air aurait été irrespirable.

    Se frayant un passage dans la foule, Danita distingua l'imposant bâtiment qu'était la Bibliothèque Elvira Cape, ce spécimen de l'architecture moderne, au milieu d'un contexte essentiellement colonial, inséré de manière audacieuse. Elle avait été conçue par Rodulto Ibarra comme le centre de la colonie espagnole. Elle était sur trois niveaux et avait une terrasse supérieure. Elle pressa le pas. « J'espère qu'elle est ouverte », se dit-elle, les horaires n'étant qu'approximatifs. Elle monta les marches deux par deux et aperçut la porte entrebâillée.

    - C'est bon, elle l’est, commenta-t-elle à haute voix sans s'en rendre compte.

    Elle poussa un peu plus la lourde porte dans un grincement d'enfer et entra dans le temple de la culture. Aucun bruit ne venait troubler la salle de recherche et de lecture.

    - Bizarre, songea-t-elle, personne ne parle, pas de bruit de pas, de livres qu'on feuillette...

    Elle croisa Linda, la femme de ménage, qui avait fini son service de nettoyage et sortait par la grande porte, sans même prêter attention à la présence de Danita.

    Elle s’étonna de ne pas voir le gardien Augusto, toujours là d'habitude, fouillant les sacs à l'entrée pour y trouver on ne sait quoi, un objet « contre-révolutionnaire » sans doute. Elle regarda sa nouvelle montre made in France et se rendit compte qu'il n'était que 8h45. La bibliothèque n'ouvrait jamais avant 9 heures. Normal qu'il n'y eut personne. Mais pourquoi la porte n’était-elle pas close, en ce cas ? Que se passait-il donc ce matin ? Une réunion des pionniers de la révolution ? Non, elle les entendrait. Une réunion de la Fédération des étudiants qui s'était terminée tard hier soir et ils avaient oublié de fermer la porte ?

    Elle s'avança doucement entre les rayons chargés de lourds livres reliés d'auteurs russes, de discours de Fidel, de livres scolaires quand, soudain, elle discerna deux chaussures qui dépassaient dans l'ombre de la dernière étagère. Elle s'approcha lentement du bout du rayon, comme se déplaçant dans un mauvais rêve, et poussa un cri en même temps qu'elle sursauta, surprise par l'écho de sa voix.

    Le bibliothécaire en chef était allongé dans un bain de sang. Elle prit son courage à deux mains : après tout, elle faisait des études d'infirmière, et serait confrontée au sang. Son regard remonta le long du corps de l'homme. Sa gorge semblait avoir été tranchée d'un coup sec. Ses yeux, restés grands ouverts, marquaient la surprise et non la peur, se fit-elle la réflexion. Sous le coup de l'émotion, Danita se mit à trembler comme une feuille prise dans le tourbillon de l'œil d'un cyclone.

    Elle sortit son portable et composa le 106, numéro de la police. Au bout de plusieurs essais avant d’obtenir la ligne avec le commissariat, faute de réseau correct, elle expliqua ce qu'elle venait de découvrir. Le commissaire Carlos Rodriguez la pria d'attendre sur les lieux. Il arrivait avec ses hommes.

    Une sirène stridente ne fut pas longue à se faire entendre. Une voiture freina brusquement devant l'établissement. Carlos et Cesar, son bras droit, descendirent, délimitant la zone de crime avec un ruban en plastique. Déjà, la foule se pressait et posait des questions. La scène du crime fut vite contenue.

    - Que se passe-t-il ? Il y a eu un accident ?

    - Il y a des blessés, des morts ?

    - C'est grave ?

    Des badauds, plus aventureux, essayaient de passer sous le ruban de signalisation pour entrer dans la bibliothèque. Ils furent rattrapés de justesse par les membres de l'équipe de Rodriguez, arrivés entre-temps.

    - Ouste, circulez, il n'y a rien à voir. Vous ne saurez rien, leur cria un policier, sinon je vous embarque au commissariat.

    La foule recula.

    Carlos et Cesar se regardèrent :

    - Ce n'est pas possible, un meurtre, ici, c'est la première fois. Il faut qu'on boucle cette affaire vite fait. Un particulier ne doit jamais tomber sur un cadavre, c'est insensé ! Dans un mois, c'est le carnaval et les touristes vont affluer. Le MININT⁴ ne va pas nous laisser souffler. Il faut que ça tombe sur nous. Entrons voir les dégâts.

    Désabusés avant d'avoir commencé, suant à grosses gouttes, ils montèrent les marches et entrèrent. Des hommes en combinaison blanche s'affairaient déjà autour du corps, relevant d'éventuelles empreintes, des fibres, et prenant des photos du cadavre sous toutes les coutures.

    - Qui a trouvé le corps ? demanda le commissaire.

    - C'est moi, répondit Danita d'une voix effrayée.

    - Comment cela s'est-il passé ?

    Danita se mit à raconter qu'avant d'aller à l'université, elle était passée à la bibliothèque pour terminer un devoir.

    Elle avait été surprise que la porte soit entrouverte, qu'Augusto le gardien ne soit pas là. Elle avait croisé la femme de ménage comme si de rien n'était et elle avait découvert le corps ensanglanté du bibliothécaire en chef. Puis elle les avait appelés.

    - Vous n'avez touché à rien, bougonna Carlos, ni sur le mort ni dans la bibliothèque ?

    C'était un homme petit, enrobé, débonnaire, genre employé de banque, chemisette blanche, cravate rouge, les cheveux coupés à ras pour cacher une calvitie naissante. Blanc, la peau rougie par endroit à cause de ce maudit soleil, tenant à la main une mallette noire.

    - Bien sûr que non, fit-elle en le regardant avec méfiance.

    - Nous allons prendre vos empreintes digitales, on va bien en retrouver à vous. On devrait pouvoir les éliminer d'office. Terrero, occupe-toi de la demoiselle !

    Un jeune homme, métis, bien musclé, les yeux pétillants, s'approcha de Danita pour prélever ses empreintes.

    - Ne vous inquiétez pas, c'est juste une procédure de routine.

    Il saisit ses mains tremblantes et s'appliqua à poser doigt par doigt les empreintes sur une fiche prévue à cet effet.

    - Ne tremblez pas comme ça, Mademoiselle....

    - Oliva, Danita Oliva.

    - Danita, sinon nous allons finir par croire que vous êtes coupable, lui dit-il d'un sourire carnassier. Et que faites-vous dans la vie à part l'université ?

    - Je suis serveuse dans un paladar, le soir.

    Danita eut un sursaut de peur. Dans la police, ce n'était pas les plus futés qui étaient recrutés. Il ne manquerait plus que ça, qu'elle soit considérée comme suspecte. Elle songea à prévenir sa mère, qui risquait de s'inquiéter si elle avait vent de cette histoire. Heureusement que Michel et Isabelle étaient là.

    - Je peux téléphoner à ma mère, s'il vous plaît, inspecteur ?

    - Oui, allez-y, et laissez-moi votre numéro de mobile, nous aurons certainement d'autres questions à vous poser, peut-être dans la journée. Je m'appelle Osvaldo Terrero. À quelle heure terminez-vous vos cours ?

    - 15h30. Et je suis de repos ce soir.

    Elle parcourut le répertoire de son téléphone et appela chez elle. Le téléphone n'eut pas le temps de sonner. Dania, sa mère, était déjà au courant du meurtre. Comment ? Elle ne lui précisa pas. Elle fut rassurée que sa fille aille bien et inquiète que ce soit elle qui ait découvert le corps.

    - Tu sais ce qu'ils vont faire de toi ?

    Danita se retourna vers l'officier pour lui poser la question.

    - Ils me laissent rentrer à la maison, mais il faut que je reste à disposition de la police. J'arrive dans 10 minutes.

    Vale⁵, nous t'attendons.

    Vale.

    - Dites m’en plus sur le mort, intima le commissaire.

    Le corps d'Alberto Cabrera, tel était le nom du bibliothécaire en chef, fut rapatrié à la morgue. On avait aménagé dans les sous-sols du commissariat central une pièce réfrigérée pour le légiste, ainsi qu'un petit salon attenant pour faire attendre la famille du défunt. Ils n'avaient pas les mêmes moyens qu'à La Havane, Santiago était le parent pauvre de l'île. Cet endroit était très peu utilisé, le taux d’homicide frôlant les 0 %.

    La porte d'entrée donnait sur une salle carrelée où accédait le public et où les brancards étaient déposés ; ensuite la salle d'exposition des corps contenant des tables en marbre destinées à recevoir les cadavres ; le plancher était dallé, mais faute d'entretien, l'eau y stagnait continuellement. Le plafond était assez élevé, mais la fenêtre était trop petite pour ventiler la pièce. Ce qui faisait que, quand un corps était exposé, avec le taux d'humidité et la chaleur, l'odeur y était putride.

    Luis Mendez, le médecin légiste, n'était pas débordé de travail. Il avait été prévenu par un coup de téléphone du commissaire de l'arrivée d'un corps ; il avait préparé la table de dissection, une autopsie ayant été ordonnée. Lui qui jusqu'à présent avait été plutôt tranquille, allait avoir du pain sur la planche. Le dernier mort par assassinat remontait à une dizaine d'années. Les morts sur la voie publique étaient rares. Ici, les gens préféraient mourir tranquillement dans leur lit et le plus tard possible.

    Un remue-ménage se fit entendre à l'étage, ce devait être eux. Il entendit des pas dans l'escalier. Deux porteurs ahanaient sous le poids du brancard, Alberto Cabrera n'était pourtant pas un poids lourd.

    Luis leur montra la table de travail et les porteurs y déposèrent le cadavre, bien contents de se débarrasser de lui.

    Carlos apparut avec son fidèle Cesar à la porte de la morgue. Ces deux-là étaient inséparables. Carlos, souvent bougon depuis qu'il avait perdu sa femme suite à un cancer, et Cesar, toujours joyeux, libre comme l'air. L'odeur des produits les mettait toujours mal à l'aise.

    - Alors, Docteur, que pouvez-vous nous dire, au premier coup d'œil ? demanda-t-il à Luis.

    - À première vue, on lui a ouvert la gorge avec un objet tranchant, genre lame fine, répondit le médecin, et, se penchant un peu plus sur le corps, il ajouta : on lui a aussi écrasé les doigts.

    - À quand remonte la mort ?

    - Je ne peux pas vous le dire comme ça, il faut que j'examine plus profondément ce monsieur.

    Le commissaire, sûr de son pouvoir, lui ordonna :

    - Je veux un rapport complet ce soir sur mon bureau.

    - Ce soir ? Implora Luis. Je suis tout seul, je ne sais pas si j'aurai le temps de tout faire.

    - Comment ça, pas le temps de tout faire, vous voyez autre chose à faire ici ? C'est votre premier client depuis des années, dites plutôt que vous avez perdu la main, que vous ne savez plus où sont vos scalpels et autres instruments chirurgicaux. JE VEUX CE RAPPORT CE SOIR sinon les sanctions tomberont, c'est bien compris ?

    Luis hocha la tête, tout penaud, et marmonna un de acuerdo⁶ dans ses moustaches broussailleuses, où restaient des grains de riz de son déjeuner.

    Le commissaire Rodriguez et Cesar Prada remontèrent à l'étage et convoquèrent une réunion de crise. Ils prirent d'assaut la salle de réunion, où les pales du ventilateur au plafond brassaient de l'air chaud. Chacun prit place où il put et attendit que le commissaire prenne la parole.

    - Vous savez tous que nous avons un crime sur les bras. Le mort s'appelait Alberto Cabrera. Il était bibliothécaire en chef à la Bibliothèque municipale Elvira Cape Bacardi. Il faut absolument que nous mettions la main sur le ou les coupables. Pour l'instant, nous ne savons pas grand-chose, l'autopsie étant en cours.

    Il va nous falloir une enquête de voisinage, interroger ceux qui travaillaient avec lui, la femme de ménage, le gardien, la personne qui a découvert le corps et son entourage, ne négligeons aucune piste. Vous allez vous diviser en plusieurs groupes, Cesar et moi, nous nous occupons de fouiller son appartement rue Echevarria.

    Chacun se concerta pour savoir qui allait faire quoi. Osvaldo se proposa pour aller interroger Danita et son entourage. Pedro allait voir Augusto, le gardien et Linda, la femme de ménage, et Teresa allait s'occuper des collègues.

    Teresa partit la première. Quand elle pénétra dans le temple de la culture, il ne restait aucune trace de la forfaiture. Tout avait été soigneusement lavé à grande eau avant l'arrivée des étudiants et autres habitués de la bibliothèque.

    Elle chercha des yeux quelqu'un qui puisse la renseigner. Les jupes jaunes côtoyaient les pantalons rouges des collégiens et des lycéens, les étudiants, quant à eux, s'habillaient avec ce qu'ils pouvaient.

    Tout à coup, elle entendit « SILENCE ». Elle se retourna et se retrouva face à une femme d'une cinquantaine d'années, coiffée d'un chignon très strict, portant un legging jaune fluo qui ne dissimulait rien de ses formes et un chemisier blanc. Teresa indiqua qu’elle souhaitait s'entretenir avec elle au sujet de la mort d'Alberto Cabrera.

    - Oui, mais pas ici. Allons dans son bureau, nous serons à l'abri des oreilles indiscrètes, chuchota la femme pour ne pas perturber ceux qui travaillaient studieusement.

    Le bureau du bibliothécaire se trouvait à l'opposé de la salle de lecture. Il était tout en bois lambrissé, mais avait bien besoin de rénovation. Une grande table trônait au milieu de la pièce, un canapé défoncé était appuyé le long du mur, et un petit guéridon était orné d'un vase de fleurs artificielles. Mme Pedrosa, ainsi qu'elle se présenta, s'installa dans le fauteuil de feu le bibliothécaire. Teresa préféra la chaise au canapé.

    - Bonjour, Mme Pedrosa, je suis l'inspectrice Perez, je suis là pour connaître un peu mieux la personnalité de M. Cabrera. Comment se comportait-il dans son travail ? Comment étaient vos relations de travail ?

    - M. Cabrera était un homme charmant. Il avait une soixantaine d'années, vivait seul dans son appartement et consacrait tout son temps aux livres de cette bibliothèque. Il était très diplomate et ne donnait pas d'ordre directement. Tout se passait en finesse. J'étais sa secrétaire particulière, je connaissais tous les dossiers qui lui étaient confiés.

    - Le camarade a-t-il eu récemment un problème sérieux avec quelqu'un en particulier ou un dossier qui était plus épineux que les autres ?

    - Non, je ne crois pas. Nous avions la mission de répertorier

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