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Itinéraires de femmes: 1936 - 2010
Itinéraires de femmes: 1936 - 2010
Itinéraires de femmes: 1936 - 2010
Livre électronique208 pages2 heures

Itinéraires de femmes: 1936 - 2010

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À propos de ce livre électronique

Trois femmes aux destins liés par l'Histoire

Maria, Marine et Irène sont toutes les trois gardiennes d'une mémoire enfouie, cachée et enfin exhumée par la plus jeune d'entre elles.
Trois itinéraires de femme où chacune, tel un gardien de phare, veille sur le temps, scrutant l'obscurité pour rappeler ces lumières anonymes qui précédèrent leurs existences et en furent à l'origine.
Une histoire de famille parallèle à la grande histoire, depuis cette « Guerre d'Espagne » jusqu'à nos jours, avec une héritière qui au coeur du terroir roussillonnais cherche et veut comprendre...

Voyagez à travez le temps, en Catalogne, aux côtés de ces héroïnes fascinantes !

EXTRAIT

Toute la journée, sans un instant de repos, Consuelo travaille : pour procurer à sa vieille mère et à ses enfants un minimum de confort, elle doit pourvoir à tout. Elle ramasse du bois mort dans les bois proches. Quelques voisins lui apportent parfois de belles bûches, mais eux non plus n’en ont pas beaucoup car les propriétaires des bois en sont jaloux. Pourtant, des fagots, il en faut. La cheminée et la cuisinière à bois fonctionnent toute l’année, il n’y a pas d’autre moyen de se chauffer et de cuisiner. Quelques maisons sont pourvues de l’électricité, mais aucune dans cette partie du village. On continue à s’éclairer avec une lampe à pétrole ou une unique chandelle que l’on économise autant que l’on peut : il n’y a souvent, pour trouer l’obscurité du foyer, que la rougeur de l’âtre. Elle pense, émue, à la dernière mésaventure de son petit garçon, Toni. Le maître d’école avait donné à ses élèves un problème d’arithmétique à résoudre. Après bien des efforts solitaires, car nul n’aurait su l’aider, il y était parvenu mais, de contentement, il avait bousculé la chandelle fichée dans le goulot d’une bouteille vide et une grosse tâche d’encre s’était étalée sur son cahier. Le lendemain, le maître, aveugle aux efforts de l’enfant, sans jeter un regard au devoir, avait saisi par un coin de page le cahier, d’un air dégoûté, et l’avait lancé à l’autre bout de la classe en traitant Toni de cochon et de paresseux… L’enfant avait pleuré pendant des heures. Et elle, Consuelo, n’avait rien osé dire… Elle avait même grondé le garçonnet : « ça te servira de leçon, maladroit ! » Plus tard, peut-être, elle aussi pourra payer l’abonnement à l’électricité…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Claire Baco-Baesa, professeur de Lettres Classiques, mais aussi et surtout amoureuse du Pays Catalan a une double exigence : comprendre le monde, les hommes et trouver les mots pour le dire. Avec ce nouvel ouvrage elle évoque une période ambiguë et complexe de l'histoire catalane, nous amenant jusqu'à ses ramifications contemporaines.
LangueFrançais
Date de sortie27 oct. 2017
ISBN9782350661636
Itinéraires de femmes: 1936 - 2010

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    Aperçu du livre

    Itinéraires de femmes - Marie-Claire Baco-Baesa

    MARIA

    Mars 1936, un village de la Costa Brava.

    A l’horizon marin se pressent de lourds nuages noirs. Jep descend vers le village, sa rude journée est terminée. Depuis l’aube il a travaillé à l’écorçage des chênes-lièges avec une équipe d’ouvriers itinérants. Ses compagnons bivouaquent sur le lieu de travail, dans des huttes de terre et de branchages où ils dorment sur des lits de feuillage, mais lui regagne sa petite maison.

    Chaque année, sur différents chantiers de la région, il loue ses bras robustes. Depuis son adolescence, il participe à cette besogne et en connaît toutes les étapes. Il est fier de savoir, d’un seul coup d’œil, déterminer la circonférence des arbres. Si elle est inférieure à cinquante centimètres, il faut les laisser… Ils grandiront… Ils ont le temps… Mais s’ils sont assez épais et solides pour être écorcés, alors, le travail peut commencer. Il faut d’abord désherber leur pied, ensuite débarder le liège en délimitant l’écorce avec une scie, l’arracher avec peine en prenant soin de laisser les morceaux les plus grands possible. Le bois crie comme s’il souffrait. Puis le tronc apparaît, nu, écorché vif, orange sanguin. Quand le tas est assez grand, il faut le rapporter sur son dos à la piste où sont attachés les mulets. C’est la partie la plus pénible du travail. Le fardeau est pesant et volumineux, difficile à transporter en équilibre instable sur un terrain en pente, accidenté, à travers buissons de bruyère et de genêt. Pourtant Jep aime bien cette besogne : il y trouve la même ambiance de fête qu’aux vendanges et la même possibilité de discuter avec ces ouvriers qui viennent d’ailleurs, d’Andalousie, d’Estrémadure, de France et du Portugal. Lui aussi voyage ainsi tout au long des saisons. Il existe, de cette façon, une sorte d’internationale d’information ouvrière.

    Tandis qu’il est plongé dans ses pensées, la pluie jaillit, les gouttes rebondissent sur le sol sec et poussiéreux, éclaboussant le silence, exaltant les parfums. Jep offre sa poitrine à la pluie régénératrice ne pouvant cependant s’empêcher de remarquer que, si elle est trop abondante, elle transformera les chemins poussiéreux en ornières boueuses et que le travail du lendemain en sera plus pénible.

    Avec un soupir, il calcule que son salaire de la journée a été bien maigre. Avant la dépression de 1929, les ouvriers étaient payés à la journée, alors il était facile de prendre son temps pour soigner le travail. Mais maintenant le patron paie à la quantité ramassée. Il faut se hâter, au risque de rater l’écorçage, courir, se faire mal parfois, continuer…

    Le jeune homme jette un regard heureux sur le paysage qui l’entoure. Les montagnes violettes tombent dans la mer bleue, dans un enchevêtrement de rochers et d’arbres. Il hume l’odeur des pins maritimes, entrouvre les lèvres pour savourer les gouttes fraîches auxquelles il trouve une saveur salée. Déjà le vent se lève et chasse les nuages : la pluie s’arrête à peine commencée, c’est un temps de saison.

    Jep réfléchit aux discussions qui ont accompagné la journée. Pablo, un Andalou sec et noir, accablé par le salaire de misère qu’il récolte cette année disait :

    - Le Front Populaire a remporté les élections le mois dernier. Oui ou non ?

    - Oui, avait approuvé Jep, attentif.

    - Et tout ce qu’ils ont promis, tu le vois venir ?

    - Pour l’instant, pas trop, mais c’est tôt, quand même…

    - Il faut faire comme ceux des Asturies, ou d’Estrémadure. En Catalogne aussi, il y en a ! Puisqu’ils ne font pas les réformes, faisons-les nous-mêmes. Emparons-nous des terres et des usines !

    - Tu veux qu’il y ait autant de morts qu’en 1934, en Catalogne, quand le Président de la Généralité a déclaré la République Catalane à l’intérieur de la République Ibérique ? Tu te souviens de la répression, des mille morts et des vingt-mille arrestations ?

    - De toutes façons, ça va éclater, non ? Qu’est-ce qu’il va falloir faire maintenant que les notables se radicalisent à l’extrême - droite ?

    - Comme en Italie, avec leur Mussolini, comme en Allemagne, avec leur Hitler… Se résigner ? avait murmuré Jep.

    L’ouvrier arrive près du village, il regarde avec désolation les friches qui remplacent les vignes. Son grand-père avait été un paysan aisé : on disait ça de ceux qui travaillaient du lever du soleil à son coucher, prenaient un jour de repos par an et gagnaient assez pour manger à leur faim et mettre un sou de côté pour leur vieillesse. La famille vivait de la vigne. Mais le phylloxéra l’avait ruinée. Ce puceron, venu d’Amérique où les vignes lui résistaient naturellement, était arrivé à la fin du dix-neuvième siècle en Europe et avait impitoyablement provoqué la mort du vignoble. En France, Jep avait pu le constater, le greffage d’espèces européennes sur des porte-greffes américains avait permis d’endiguer la maladie et les vignes avaient été replantées. Mais son grand-père n’avait pas eu les moyens financiers de faire de même et depuis, la famille s’était appauvrie. Le père de Jep avant lui avait déjà été contraint de devenir ouvrier agricole. Mais, se souvenant de son aisance passée, il avait été un ouvrier honteux. Pas Jep. Lui est fier de sa condition. Il se sent membre de la classe ouvrière et respire, plein d’espoir, l’air des temps nouveaux.

    Il arrive au village, la nuit tombe.

    Il aperçoit, silhouette à peine esquissée, l’ombre de Maria qui pénètre chez elle avec ses deux chèvres.

    Pauvre Maria ! Comme la vie est injuste ! Jep songe aux parents de l’adolescente, Ana et Vicens. Bien que plus âgés que lui, c’étaient ses amis d’enfance, ses protecteurs et ses guides. Aussi loin que remontent ses souvenirs, Jep les revoit ensemble, petit garçon et petite fille. Ils s’étaient aimés dès qu’ils s’étaient vus et cela n’avait jamais cessé jusqu’à la mort d’Ana. Ils s’étaient mariés. Tout semblait leur réussir. Vicens était pêcheur, la pêche au lamparo rapportait suffisamment d’argent, Maria était née… Mais Ana avait été prise d’une mauvaise fièvre. Malgré les tisanes de la vieille Joana, ses cataplasmes et ses incantations, elle avait dépéri… Après la mort d’Ana, Vicens s’était transformé. Lui, si joyeux, était devenu morne et taciturne. Même sa vive petite fille ne lui avait pas rendu le sourire. Perplexe, Jep pense aux confidences de son ami :

    - Je la vois, Ana, elle vient à ma rencontre quand je navigue au large du Cap Creus. Elle apparaît, silencieuse, au devant de ma barque. Elle ne me quitte jamais longtemps.

    Jep n’avait su que répondre. Les vieux aussi racontaient des choses étranges. Il avait beau les considérer comme des superstitions, il ne se départait pas d’un certain doute.

    En tout cas, après la mort d’Ana, Vicens avait pris l’habitude de pêcher tout seul, or la pêche au lamparo n’est efficace que si elle est collective, aussi prenait-il moins de poissons et s’était-il appauvri. Cela n’avait pas d’importance pour lui, mais la pauvre Maria depuis son plus jeune âge avait dû faire bien des efforts…

    Jep arrive devant la porte de sa petite maison, le seul bien dont il a hérité. Il y fera sombre et froid. Un repas composé d’un hareng sec, d’un oignon et d’un quignon de pain rassis l’attend. Mais il n’est pas triste : ce soir, il ira veiller chez Consuelo avec ses amis.

    L’après-midi touche à sa fin dans la maison de Consuelo. Les enfants ne vont pas tarder à rentrer de l’école. Lluisa, l’aînée, aura bientôt neuf ans et a commencé à travailler quelquefois, pendant les vacances ; elle garde le bébé du notaire, maître Azul, quand il se rend en ville avec son épouse et aide aussi la vieille bonne dont la vue baisse à faire le ménage. Mais elle continue à aller à l’école, Consuelo y tient… Il sera toujours temps de devenir domestique… Les deux autres sont encore petits et dans le temps de l’insouciance et des jeux.

    Depuis trois longues années, la jeune femme est veuve. La mer a emporté son mari. Ils n’auront vécu ensemble que sept ans. Elle a revêtu depuis sa disparition une tenue de deuil : elle est toute de noir vêtue comme la Vierge des Sept Douleurs qu’on voit dans les églises. La vie est dure pour tous, certes, mais les difficultés de la vie quotidienne s’accroissent pour une femme seule.

    Machinalement, perdue dans ses pensées, Consuelo poursuit sa tâche : elle prépare des anchois pour sa famille. Dans son enfance et son adolescence, elle a travaillé à la conserverie et peut exécuter son travail sans regarder. Elle étête les anchois, les vide, les aligne dans un pot de grès, les recouvre de sel mélangé à des aromates, grains de genièvre, de poivre, feuilles de laurier, brins de thym. Elle range au-dessus des feuilles dentelées de fougères, bien serrées. Il suffira d’ajouter une planchette de bois épais maintenue par de gros galets et de recouvrir le tout d’une saumure faite d’eau et de gros sel. A la conserverie, se dit-elle, on ne se donne pas la peine de parfumer le sel, et puis on ne garde les anchois que trois mois… Elle, elle les gardera au frais et au sombre six mois avant que la famille ne les consomme…

    Toute la journée, sans un instant de repos, Consuelo travaille : pour procurer à sa vieille mère et à ses enfants un minimum de confort, elle doit pourvoir à tout. Elle ramasse du bois mort dans les bois proches. Quelques voisins lui apportent parfois de belles bûches, mais eux non plus n’en ont pas beaucoup car les propriétaires des bois en sont jaloux. Pourtant, des fagots, il en faut. La cheminée et la cuisinière à bois fonctionnent toute l’année, il n’y a pas d’autre moyen de se chauffer et de cuisiner. Quelques maisons sont pourvues de l’électricité, mais aucune dans cette partie du village. On continue à s’éclairer avec une lampe à pétrole ou une unique chandelle que l’on économise autant que l’on peut : il n’y a souvent, pour trouer l’obscurité du foyer, que la rougeur de l’âtre. Elle pense, émue, à la dernière mésaventure de son petit garçon, Toni. Le maître d’école avait donné à ses élèves un problème d’arithmétique à résoudre. Après bien des efforts solitaires, car nul n’aurait su l’aider, il y était parvenu mais, de contentement, il avait bousculé la chandelle fichée dans le goulot d’une bouteille vide et une grosse tâche d’encre s’était étalée sur son cahier. Le lendemain, le maître, aveugle aux efforts de l’enfant, sans jeter un regard au devoir, avait saisi par un coin de page le cahier, d’un air dégoûté, et l’avait lancé à l’autre bout de la classe en traitant Toni de cochon et de paresseux… L’enfant avait pleuré pendant des heures. Et elle, Consuelo, n’avait rien osé dire… Elle avait même grondé le garçonnet : « ça te servira de leçon, maladroit ! » Plus tard, peut-être, elle aussi pourra payer l’abonnement à l’électricité… Dans ces instants, son mari lui manque. Il est des décisions qu’elle ne sait pas prendre. Elle a tendance à se laisser aller au fil des jours et des travaux ; les hommes ont l’habitude d’aller aux autres, de se défendre mais les femmes sont confinées à la maison et lorsqu’elles sont veuves il leur est difficile de gérer à la fois le monde du dehors et celui du dedans.

    Elle entend des pas traînants devant la porte d’entrée : c’est sa mère qui revient de la fontaine, portant deux lourdes cruches à bout de bras… « Pauvre vieille femme, pense Consuelo, bientôt, elle ne pourra plus m’aider. »

    Il n’y a pas d’eau courante dans les maisons pauvres. Pour cuisiner, il faut aller à la fontaine.

    La mère entre et, fièrement, pose les cruches sur l’évier en pierre taillée.

    - Je vais y retourner, pour que les enfants puissent se laver… propose-t-elle.

    - Ce n’est pas la peine, mère. Nous les laverons dimanche…

    Les deux femmes, la jeune et la vieille, silhouettes noires pareillement endeuillées, se mettent à éplucher les légumes du soir en bavardant.

    - J’ai rencontré Marta, dit la mère, en voilà une qui a de la chance : domestique chez ces « Indianos ». Elle ne manque de rien tu te rends compte, eau, électricité. Elle travaille moins que toi et gagne de l’argent. Elle va même au cinéma quand elle accompagne ses maîtres à Barcelone…

    - Mère, les Blanes, ce ne sont pas des « Indianos » : c’est quand même leur arrière-grand-père qui a fait fortune aux Amériques…

    - N’empêche que depuis, ils n’ont jamais dû travailler pour vivre. Mais je te parle de Marta. Elle a bien fait, tu vois, de devenir domestique. Après un instant, elle insiste en regardant tristement sa fille : sa patronne lui donne toutes ses vieilles robes. Ce n’est pas elle qui n’a que des habits rapetassés à se mettre… Et elle ne travaille pas à pêcher comme un homme...

    - Mère, nous en avons déjà parlé. Moi je resterai ici : qui s’occuperait de vous et des enfants si j’allais travailler chez les riches ?

    - Je ne te dis pas toute l’année, mais quand ils viennent en vacances, ils ont besoin de personnel… Il faudrait y penser pour les petites, quand elles seront plus âgées… Depuis quelques années, les touristes arrivent… regarde tous ces peintres qu’on voit à la belle saison, et comme ils aiment nos paysages, notre mer transparente, nos oliviers et nos petites barques…

    - Je sais, mère. Mais moi, ce que je voudrais, c’est que mes enfants ne soient pas domestiques. Je les voudrais libres… Je voudrais que les riches soient moins riches et les pauvres moins pauvres… Peut-être que les choses vont changer maintenant, avec les élections…

    - Je ne crois pas que les bourgeois soient de ton avis…

    Soudain la porte s’ouvre sous la poussée énergique des trois enfants qui rentrent de l’école.

    - Maman ! Maman ! Toni m’a tiré les cheveux, pleurniche Clara, la plus jeune des deux filles.

    - C’est toi qui as commencé ! proteste Toni furibond. Berta, l’aînée, avec un air raisonnable, les fait taire :

    - Vous voulez goûter ?

    Déjà la grand-mère a préparé de larges tartines de pain arrosées d’huile d’olive.

    - Vous avez vu Maria, à la fontaine ? demande Consuelo à sa mère tandis que les enfants mordent à belles dents dans leur tartine.

    - Tiens, non ! Elle viendra peut-être ce soir… Tu ne trouves pas qu’elle devrait se placer comme bonne ?

    - Mère ! Vous y revenez ! Non. Même si la vie n’est pas drôle pour elle tous les jours, elle est mieux ici, au village…

    - Tu vois comme la vie est injuste : elle est si douce, si jolie, si travailleuse, si intelligente…

    - Comme tous nos enfants, mère. Tous nos enfants. Ils méritent mieux que notre vie de misère et d’ignorance…

    Joan se hâte vers sa boulangerie. La journée touche à sa fin. Les ombres du soir prennent possessions de l’atmosphère. A l’heure où chacun est rentré chez soi, lui va entamer sa nuit de travail. Sa femme est

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