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Le captif du grenier
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Livre électronique138 pages1 heure

Le captif du grenier

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À propos de ce livre électronique

Yannick et ses deux meilleurs amis quittent leur Ontario rural pour se rendre à Terre-Neuve. Ils sont attendus par une tante pour entamer les travaux de réfection d’une demeure ancienne destinée à devenir une auberge. Fuyant sa vie familiale difficile, Yannick a accepté cet exil temporaire qui lui permet de réaliser un rêve qu’il caresse depuis longtemps : voyager. Un jour de pluie, les jeunes découvrent au grenier les indices du passage d’un prisonnier. Surgit alors Otis, le garçon laid, ostracisé par sa famille et sa communauté presque deux cents ans plus tôt.
LangueFrançais
Date de sortie14 nov. 2023
ISBN9782897503659
Le captif du grenier
Auteur

Pierre-Luc Bélanger

Auteur franco-ontarien, Pierre-Luc Bélanger est passionné par les livres depuis l’enfance. À 13 ans, il se lance dans l’écriture d’un premier roman. Face aux refus des maisons d’édition, il persévère et réalise son rêve de devenir auteur, dix-sept ans plus tard ! Depuis, il a publié de nombreux romans qui lui ont valu des prix. Fervent amateur de voyages, de sports et d’aventures, il sillonne le monde en quête d’expériences et d’inspiration. Pédagogue, il connaît les adolescents qu’il place au premier plan dans ses écrits. Crédit photo : Bryan Gagnon

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    Aperçu du livre

    Le captif du grenier - Pierre-Luc Bélanger

    Chapitre 1

    Atterrissage sur « the Rock »

    – Yannick Michel Hurtubise ! Allez ! C’est le grand jour, cria Manon Hurtubise.

    – Oui, oui... je suis réveillé, mom.

    L’adolescent s’étira dans son lit, qui était trop petit pour ses presque deux mètres. Depuis déjà quatre ans, il se voyait forcé soit de dormir en boule, soit de laisser ses pieds dépasser du lit jumeau qui était le sien depuis qu’il avait deux ans. Grommelant un peu, il repoussa le drap défraichi qui couvrait son corps et se leva. En quelques pas, il sortit de sa chambre, traversa le couloir et entra dans la salle de bain. À cause de sa taille, le jet du pommeau de douche lui arrivait dans le cou. Le grand adolescent devait se pencher pour réussir à laver ses cheveux roux.

    Une fois propre, il passa devant le miroir et jeta un regard à son reflet. On ne voyait presque plus les cicatrices sur son torse, souvenirs douloureux de réprimandes peu souvent méritées lorsqu’il était enfant. « Au moins Denis Thibault a fini par aller en prison », pensa-t-il en songeant à la dernière fois que le conjoint de sa mère avait levé la main sur lui. Après lui avoir cogné sa tête sur le comptoir de la cuisine, il s’était emparé de ciseaux et s’était fait un malin plaisir à couper ses mèches rousses. Reprenant conscience, Yannick avait réussi à asséner un solide coup dans l’entrejambe de son agresseur et s’était sauvé à la course chez les Létourneau, voisins et amis de longue date.

    Le jeune homme tenta de chasser ce terrible épisode de son esprit. Mieux valait se concentrer sur l’aventure qui l’attendait.

    ***

    Chaque kilomètre séparant le village ontarien de Plantagenet et l’aéroport de Montréal semblait s’étirer. Manon Hurtubise et sa voisine, Anne-Marie Létourneau, étaient assises à l’avant du VUS ; Yannick était assis à l’arrière avec ses meilleurs amis, les deux cadets des Létourneau, Daniel et Élisabeth, surnommée Lili. Les trois adolescents étaient fébriles à l’idée de passer l’été à Terre-Neuve, où ils prêteraient mainforte à leur tante, Josée Ménard, qui souhaitait rafistoler une maison d’époque que sa conjointe, Céleste, et elle avaient achetée et planifiaient de transformer en auberge.

    En dépit de la nervosité qui le rongeait, Yannick rayonnait de bonheur. Sa mère et lui avaient passé des années à regarder des émissions de voyages à la télévision. Il avait enfin la chance d’aller plus loin que Niagara Falls, en plus d’effectuer son baptême de l’air. Quelle façon de souligner la fin de ses études au secondaire !

    Ils arrivèrent enfin à l’aéroport et entrèrent dans le débarcadère. Les deux mères enlacèrent leurs enfants, leur souhaitèrent de passer un bel été et leur recommandèrent d’être prudents. Un policier fit signe à madame Létourneau de déplacer sa voiture, ce qui mit fin aux accolades. Les femmes reprirent la route vers la maison, tandis que les trois amis pénétrèrent dans l’enceinte de l’aérogare. Daniel ne perdit pas une minute et mena le groupe au comptoir d’enregistrement.

    Une fois qu’ils eurent passé la sécurité, ils achetèrent des bouteilles de Coke bien froides et trouvèrent un coin où s’assoir.

    – J’en reviens toujours pas que votre tante nous paie le voyage et nous donne une job d’été.

    – Tu connais ma tante, elle est très généreuse, expliqua Lili.

    – La job d’été, je pourrais m’en passer... Il y a en masse de job à notre ferme. Moi, ce qui m’intéresse le plus, c’est tous les bons plats qu’elle va nous préparer, dit Daniel.

    – C’est fou de penser qu’on va travailler pour une chef cuisinière qui écrit des livres de recettes et qui a son émission de télé ! s’étonna Yannick pour la centième fois.

    – Les gars, je pense que ça va être tout un été ! lança Lili.

    – À notre été ! dit Yannick en levant sa bouteille.

    – À notre été ! répondirent en chœur Daniel et Lili.

    ***

    Yannick Hurtubise comprenait enfin pourquoi les gens se plaignaient constamment des conditions de voyage en classe économique. À cause de son gabarit, qui n’était nullement standard, le vol Montréal-St. John’s lui fut pénible. Il s’était cogné la tête en entrant dans l’avion ; les compartiments à bagages étant tous pleins, il avait dû ranger son sac à dos sous le siège devant lui, ce qui limitait l’espace pour ses pieds ; le passager devant lui avait incliné son siège, alors il avait l’impression d’avoir les genoux dans le front. Lili chercha à l’encourager : « Au moins, on ne va pas en Australie ! »

    Malgré que son baptême de l’air ne fut pas des plus agréables, Yannick était excité. Il partait enfin à l’aventure après avoir passé d’innombrables heures à rêver aux voyages qu’il ferait s’il en avait les moyens. Daniel, se sentait lui aussi coincé, car les accoudoirs lui rentraient dans les bourrelets.

    La pilote effectua un atterrissage en douceur et souhaita aux passagers la bienvenue « on the Rock », le sobriquet de la province. Une quinzaine de minutes plus tard, Daniel, Lili et Yannick retrouvèrent Josée Ménard, qui les attendait au carrousel à bagages. Elle les étreignit tous, les remerciant de venir lui prêter mainforte. Elle les informa qu’elle leur allouait quelques jours pour jouer les touristes avant d’entreprendre les travaux à Crow Head. En sortant de l’aéroport, elle lança un trousseau de clés à son neveu.

    – J’ai acheté un pickup et une van. On aura souvent du matériel à aller chercher ou des gens à reconduire, alors on sera bien équipés pour les travaux, puis pour veiller au bien-être de nos invités.

    Une camionnette blanche de l’année était garée à côté d’une nouvelle fourgonnette de la même couleur. Sur les portières avant, on avait décalqué une image d’une auberge perchée sur un rocher et d’un iceberg au loin. L’image était encerclée par les mots L’Auberge du bout du monde / End of the World Inn. En voyant ces deux véhicules de service, les jeunes sentirent que c’était officiel. Ils avaient du vrai boulot devant eux.

    – Alors, on se voit dans quelques jours à l’auberge. J’ai des rencontres avec des fournisseurs à St. John’s, puis je me tape la route vers le nord. Profitez-en pour visiter un peu. Il y a une enveloppe dans la boite à gants avec une carte routière, l’adresse à Crow Head et de l’argent pour payer l’essence et vos autres dépenses d’ici là.

    – Merci ! répondirent en chœur les trois ados, heureux de partir à l’aventure avant de commencer à travailler.

    Ils balancèrent leurs bagages dans la benne du F-150 et prirent place à bord. Daniel passa derrière le volant. Lili ne perdit pas de temps pour syntoniser une station de radio et régla le système de navigation. Elle avait une idée bien précise de ce qu’elle souhaitait voir en premier. Le trio suivit les consignes du GPS et se dirigea vers le centre-ville. Le chauffeur manœuvra le véhicule afin de le garer en parallèle sur un boulevard. Lili donna un coup de coude à Yannick, lui indiquant qu’elle voulait sortir.

    – Regardez, je les vois, elles sont toutes proches ! s’exclama l’adolescente en pointant du doigt des maisons colorées.

    Devant eux se dressaient des rangées de maisons de ville peintes en bleu vif, en jaune canari, en rouge passion, en violet et plein d’autres couleurs. Les contours des portes et des fenêtres étaient peints en blanc, ce qui les faisait ressortir. La fameuse Jellybean Row était la coqueluche des touristes depuis des décennies. Les amis dégainèrent les téléphones cellulaires et prirent quelques photos. Ils arpentèrent les rues de la ville, dont la rue George, reconnue pour ses tavernes et ses boites de nuit. Ils trouvèrent un casse-croute et commandèrent de la chaudrée de fruits de mer. Rassasiés, ils prirent la route vers Signal Hill.

    Du haut de la colline, ils admirèrent le panorama, l’Atlantique d’un côté, la ville de l’autre. Ils visitèrent la tour Cabot. Daniel ne manqua pas de lire toutes les enseignes de l’exposition portant sur la communication. Las, Yannick et Lili empruntèrent l’escalier, puis un sentier abrupt afin d’explorer les falaises rocailleuses et les vestiges des fortifications. Face à l’océan, le jeune homme prit le temps de humer l’air salin, qu’il sentait pour la première fois. Le vent soufflant incessamment lui fit penser à sa chevelure. « Avec des cheveux si courts, ça va me prendre une tuque ! »

    – Veux-tu que je prenne une photo de toi ? demanda Lili. T’es pas mal beau… avec le paysage derrière, ajouta-elle rapidement.

    – OK, j’en prendrai une de toi après si tu veux.

    Tôt le lendemain matin, ils conduisirent jusqu’au cap Spear. Là, ils visitèrent le phare et prirent des selfies devant l’enseigne indiquant qu’ils se trouvaient à l’endroit le plus à l’est de toute l’Amérique du Nord. Yannick envoya le cliché par texto à sa mère. Il lui écrivit qu’il se trouvait aussi près de l’Angleterre que d’Ottawa, sur un cap entre deux mondes.

    Manon Hurtubise sourit en recevant le message de son fils. Elle aussi se sentait prise entre deux mondes.

    Chapitre 2

    Une nuit peu reposante à Terra Nova

    Beep, beep, beep, beeeep, beeeep, BEEEEP !

    La sonnerie du réveille-matin s’intensifia. Daniel grommela, se demandant bien qui avait réglé l’alarme si tôt. « On est en vacances après tout », pensa-t-il en s’étirant. Il n’eut pas besoin de poser la question,

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