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Et si l'aube nous appartenait: Tome 2
Et si l'aube nous appartenait: Tome 2
Et si l'aube nous appartenait: Tome 2
Livre électronique253 pages3 heures

Et si l'aube nous appartenait: Tome 2

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À propos de ce livre électronique

Une histoire de passion amoureuse

Après le départ de l'homme qui a ravivé son cœur et avec qui elle a vécu une passion fulgurante, Alexandrine retrouve sa vie. Les interrogatoires se succèdent, la police recherche toujours les braqueurs en fuite et compte sur sa coopération, tandis que sa famille est aux petits soins. Obligée de mentir à tous, elle pourra néanmoins compter sur ses plus proches amis, Clarisse et Franck, pour la soutenir. Parviendra-t-elle à se détacher de cet homme dont elle ignore jusqu’au nom ? Et si l’occasion lui était donnée de le revoir, serait-elle prête à tout quitter une dernière fois ?

Plongez dans le second tome d'un roman mêlant amour, passion et mystère !

EXTRAIT

C’est tellement de pression tout ça. Je voudrais juste retrouver ma famille et rentrer chez moi. J’ai vécu coupée du monde durant plusieurs jours et d’un coup tout un univers s’affaire autour de moi. Je suis perdue, Docteur. Comme emportée dans un tourbillon que je ne maîtrise pas, déversé-je en triturant nerveusement mes doigts, je ne ressens pas le besoin de rencontrer le psy car je sais que ma psychothérapie sera assurée par mon amie. Ce n’est pas sa vocation mais auprès d’elle je me livrerai véritablement et elle trouvera les bons mots comme elle les a toujours trouvés.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Une plume simple, fluide et agréable à lire que je vous recommande de découvrir. - Mya, lesétoilesdesbibliothèques

À PROPOS DE L'AUTEURE

À 43 ans Cendrine Roca est une épouse et mère épanouie, aimant la lecture et le cinéma. C’est toutefois sa vie professionnelle qui reflète le plus ses centres d'intérêts : l’être humain et ses profondeurs. Elle travaille dans l'aide sociale avec passion, et continue toujours de croire aux capacités de l’Homme.
LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie29 mars 2018
ISBN9791023608298
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    Aperçu du livre

    Et si l'aube nous appartenait - Cendrine Roca

    Préambule

    Une sirène hurlante me ramène en surface. J’ouvre les yeux lentement et la lumière m’agresse.

    –Bonjour !

    Je ne connais pas cette voix masculine qui m’interpelle et ne distingue qu’une ombre floue penchée au-dessus de moi. Je papillonne des yeux afin d’adapter ma vision. Un masque couvre mon nez et ma bouche. Il m’oppresse et me gêne. Mon corps entier est ankylosé, lourd, complètement recouvert d’une couverture épaisse.

    –Allez, on revient !

    Cette voix, pleine de sympathie, chante presque. Elle me guide pour sortir de la torpeur. Je remue la tête afin d’échapper au masque qui m’est devenu insupportable et tente de bouger mes membres.

    –Du calme. Tout va bien.

    L’homme dégage ma main et la presse doucement.

    –Vous êtes en sécurité maintenant.

    Je le discerne mieux à présent alors qu’il me regarde de ses gobilles noisette et me sourit gentiment.

    –J’enlève l’oxygène.

    Il retire l’élastique qui entoure ma tête et soulève le masque. Je suis immédiatement soulagée. Cette coque en plastique m’étouffait.

    –Enchanté, Alexandrine ! Je suis Maxime. Nous vous amenons au Centre hospitalier de Perpignan. Votre famille a été prévenue. Comment vous sentez-vous ?

    Ses propos débités trop rapidement n’atteignent pas ma cervelle. Je ne retiens que son prénom : Maxime. Je me trouve dans le brouillard total, roulant en direction d’un hôpital, à bord d’une ambulance, une perfusion plantée dans le bras.

    Bordel, qu’est-ce que je fous là ?

    La panique se profile et je ferme les yeux tentant de réguler ma respiration qui s’agite. Quand soudain, de grands yeux émeraude me pénètrent : Lui. Tout me revient en tête dans un flash fulgurant : son regard vert intense, son sourire envoûtant, ses baisers ardents, ses mains sur ma peau, nos ébats amoureux et passionnés…Puis le néant : mon réveil dans ce grand lit vide, la douleur dans le garage, mes pleurs sur son oreiller, l’homme à la queue-de-cheval blanche, la distance qui m’emporte, les escaliers bordés de fleurs, la noirceur qui m’engloutit…

    Un bip sonore s’affole dans la cabine.

    –Hé, hé, hé, Alexandrine, revenez à moi.

    Ses doigts percent mes joues tandis qu’il secoue doucement ma tête. J’ouvre les yeux alors qu’il me dévisage, les sourcils froncés. Ses cheveux fins, poivre et sel tombent en une frange sur son front, ses yeux marron pétillent sur un nez retroussé et des lèvres minces. Il doit avoisiner la cinquantaine.

    –C’est terminé, vous ne craignez plus rien. Vous êtes parmi nous maintenant. Vous allez être bichonnée à l’hôpital et bientôt vous retrouverez votre famille. C’est terminé…répète-t-il alors qu’il lâche mon visage.

    Oui, c’est terminé. Et c’est bien là le pire. Mon aventure merveilleuse s’est achevée, je crève à petit feu tandis que la douleur me dévore et me déchire les tripes.

    –Dites-donc, vous avez le cœur qui sautille !

    Pourtant, j’ai l’impression qu’il est totalement absent, parti avec lui, ne laissant qu’un trou béant dans ma poitrine. Il attrape mon bras et enserre autour un brassard qui gonfle brutalement et dégonfle progressivement.

    –Vous faites la girouette ! Après une chute de tension phénoménale vous voilà à seize. Allez, allez, faut se calmer.

    Ses yeux se plissent alors qu’il récupère le masque en plastique.

    –Non, s’il vous plaît, imploré-je.

    Ce truc m’angoisse plus qu’il ne m’aide.

    –Oh ! Ça y est j’entends votre petite voix.

    Il repose l’engin.

    –Ok, mais détendez-vous. Respirez calmement. C’est terminé…

    Il peut arrêter de rabâcher ça ce connard !

    Je ne sais que trop que c’est fini. Me voilà à l’orée du chemin, ne me restant plus qu’à affronter ce monde où il n’existe pas.

    L’ambulance s’arrête et la porte s’ouvre. Un ambulancier est cerné par deux policiers.

    Le moment d’assumer est aussi arrivé. Je déglutis difficilement tant ma gorge est sèche. La boule pâteuse est toujours là. Quand ma conscience déboule, frétillante et pimpante : va falloir reprendre le bon chemin maintenant !

    –Ta gueule ! crié-je soudain.

    –Pardon ? s’exclame Maxime, levant les sourcils.

    Je vire tomate mûre radicalement tandis que j’imagine mon teint jusqu’alors translucide et que je bafouille des excuses sûrement incompréhensibles.

    Ressaisis-toi Alexandrine !

    Il retire délicatement les petites ventouses transparentes collées sur ma poitrine feignant de n’avoir rien entendu.

    Le brancard déploie ses roulettes alors que les deux ambulanciers me sortent du véhicule. Mon sac à dos, mon mini-bandoulière et mes solaires à mes pieds. Le vent frais a un effet vivifiant très agréable tandis qu’il frôle mes joues irritées. Le soleil tente de percer derrière les nuages qui s’étalent dans le ciel couvert.

    Un policier s’approche et me surplombe de sa hauteur :

    –Bonjour madame Rabelle. Nous vous avons escortée. Nos collègues de la brigade de Perpignan vont arriver pour prendre votre déposition. Comment vous sentez-vous ?

    –Ça va, merci, murmuré-je timidement.

    –Votre famille a été contactée et ils ont pris la route. Ils sont impatients de vous retrouver. Mais auparavant vous allez être prise en charge par un médecin. Vous devez être auscultée. Avez-vous des choses à signaler ?

    Je remue la tête de gauche à droite pour toute réponse.

    Les ambulanciers m’embarquent dans l’enceinte des urgences et les policiers suivent. Les personnes présentes dans la salle d’attente me dévisagent littéralement et certaines chuchotent entre elles. J’ai l’impression d’être une véritable bête de foire. Un policier échange rapidement avec la jeune femme mignonne et blonde, derrière le comptoir des admissions alors qu’un médecin arrive. Maxime fait un rapport détaillé de mon état de santé et des dispositions prises que le docteur écoute attentivement. Puis il s’approche :

    –Bonjour madame Rabelle. Docteur Darius, chef des urgences. Nous vous attendions.

    Puis il s’adresse à Maxime :

    –Suivez-moi, je vous prie.

    Il déclenche la porte vitrée et opaque qui donne accès aux box alignés dans un immense couloir blanc qui se referme sur les policiers. Ma garde rapprochée est au piquet. De longs néons puissants percent le plafond et m’éblouissent alors qu’on m’installe dans un compartiment, sur un lit dur. Mes effets personnels suivent sur une grille prévue à cet effet, sous la couche. Une infirmière me tend une blouse après m’avoir saluée. Maxime emporte son brancard :

    –Bon courage, Madame, retapez-vous vite.

    –Merci, réponds-je tout bas.

    Le médecin a le nez plongé à son ordinateur, se racle la gorge et lâche en se levant de la chaise de bureau :

    –Je suis à vous dans une minute.

    Puis sort de la pièce.

    Je me déshabille mais garde mes dessous alors que l’infirmière farfouille les tiroirs. Puis, elle fourre mes vêtements dans un grand sac de plastique transparent.

    –Faut retirer les bijoux aussi, précise-t-elle.

    Hors de question ! Il n’est pas envisageable que j’ôte mon bracelet.

    –Veuillez m’excuser mais je préfère les garder.

    Et si t’insistes je t’arrache la tignasse !

    Elle soulève les épaules :

    –Comme vous voulez. Désolée, marmonne-t-elle.

    Alors qu’elle embarque le sac de linge et mes effets personnels qui pendouillent misérablement sur son épaule quand le médecin revient.

    Tu seras scrupuleusement fouillée. Mon amoureux m’avait prévenue. Je soupire presque indifférente.

    Il m’ausculte de la tête aux pieds. Chaque recoin est minutieusement reluqué.

    –Je sais que la situation est compliquée mais je dois vous interroger.

    J’approuve de la tête sachant déjà pertinemment ce qu’il va demander. Il a un léger accent mais je ne parviens pas à définir ses origines.

    –Avez-vous été malmenée ou maltraitée, madame Rabelle ?

    Je secoue la tête en guise de réponse.

    –Vous venez de subir un traumatisme certain et parfois les victimes ont un mouvement de repli sur elles-mêmes afin de se protéger de ce qui est trop douloureux. Mais si vous avez besoin de soutien et d’accompagnement, madame Rabelle, il faut nous donner les moyens de vous aider.

    –Je n’ai à aucun moment été maltraitée, réponds-je d’un ton ferme, soutenant son regard. Je vous le dirais si c’était le cas, rajouté-je pour clore définitivement le sujet.

    –Très bien. Un confrère va vous rencontrer.

    –Psychologue ? demandé-je.

    –L’infirmier en psychiatrie rattaché au service, répond-t-il en griffonnant ses observations sur le papier.

    –C’est une obligation ?

    Il sourit brièvement.

    –Ne soyez pas aussi réfractaire, madame Rabelle. Si cela ne vous fait aucun bien, ça ne vous fera aucun mal non plus. Vous êtes libre à présent, lâchez la bride c’est terminé. Il est important pour vous d’exprimer afin de pouvoir avancer, croyez-en mon expérience de vieux médecin.

    Je souris timidement à sa plaisanterie. Il n’a pas l’air si âgé ou alors son coloriste a beaucoup de talent. Ses cheveux sont magnifiquement bruns coiffés en une brosse impeccable. Serait-il aussi botoxé ? Sa peau n’est que très peu ridée, formant seulement de fins sillons autour de ses yeux bleus. Encore un qui souligne que c’est terminé. Décidément on me l’aura rabâché comme pour bien l’entériner. Tous pensent que mon calvaire a pris fin avec ma libération alors qu’en réalité, il débute seulement. Mon amoureux surgit furtivement devant mes yeux : son regard profond ou j’aimais me perdre, sa bouche charnue entourée de sa barbe virile et sexy, son sourire désarmant, cette main qu’il passait dans sa chevelure dense et ondulée qui me faisait chaque fois chavirer…

    –Madame Rabelle ?

    Mon nom m’extirpe subitement de mes pensées.

    –Excusez-moi. Je… Je…

    Je suis incapable d’en dire davantage. Mon cœur est réapparu mais n’est que des pans de chair sanglants pendouillant lamentablement dans ma poitrine.

    Le médecin fait rouler sa chaise jusqu’à moi et me scrute quelques instants muré dans un silence inquiétant.

    –Vous étiez totalement absente là.

    –Oui, je…

    Impossible d’en placer une. Je me mettrai des gifles quand je suis ainsi, proche de l’inertie totale. Incapable de raisonner ou réagir correctement.

    –Prenez le temps de discuter avec mon confrère, c’est important je pense.

    Je baisse les yeux, coupable. De quoi, je ne sais pas réellement mais coupable c’est certain.

    –Cliniquement, hormis une tension à surveiller, tout va bien. L’infirmière va vous enlever la perfusion, reprend-t-il.

    Ma gorge est toujours affreusement sèche.

    –Pourrais-je avoir un verre d’eau, s’il vous plaît ?

    –Mais bien sûr.

    Il sort du box et revient presque aussitôt, le verre demandé à la main.

    –Merci.

    Je bois comme si je venais de traverser le désert.

    –Je demande à l’infirmière de vous amener une bouteille.

    Je souris gentiment :

    –Merci. J’aurais gravement besoin d’une cigarette aussi…

    Ma gorge la réclame fortement.

    Il pouffe.

    –Le vilain péché ! s’exclame-t-il en fronçant les sourcils, je suis désolé, tant que la police ne vous a pas entendue, je ne peux pas vous laisser sortir même devant mes urgences. Et le tabac ne vous aidera pas madame Rabelle. J’aimerais vous garder pour la nuit en observation.

    –Non, imploré-je, j’ai besoin de rentrer chez moi. S’il vous plaît.

    Les miens me manquent. Mon fils, ma famille, Clarisse et Franck, j’ai réellement besoin de les retrouver. De reprendre ma place parmi eux. Et j’ai aussi besoin de discuter avec Clarisse. Le médecin a raison, il est nécessaire pour moi de mettre des mots sur mes sentiments, tenter d’alléger ma peine en la déversant et il n’y a qu’avec Clarisse que je peux le faire. Il n’y a bien qu’elle pour me comprendre sans affronter quelconque jugement. Je suis presque honteuse devant cet homme qui fait preuve de compassion à mon égard. Me prenant pour une victime que je ne suis pas. Mais je ne peux absolument pas cracher mon secret. Trop lourd de conséquences pour ces hommes qui ont partagé mon quotidien durant ces quatre jours. Le père de mon amoureux avait parfaitement raison : un vrai cas de conscience. Et ce n’est malheureusement pas fini, le plus dur reste même à venir : affronter l’empathie dont va faire preuve mon cercle familial, que je ne mérite absolument pas. C’est le prix à payer aujourd’hui. Je savais qu’il arriverait et je ne peux y échapper, me restant plus qu’à l’endosser.

    –Je prendrai en considération le positionnement de mon confrère pour me prononcer. Je comprends parfaitement que vous souhaitiez rentrer chez vous, madame Rabelle, mais comprenez aussi que vous êtes sous ma responsabilité et que je ne peux vous laisser partir sans la conviction que votre état de santé le permet. Votre tension est encore un peu élevée et les jours à venir vont être compliqués. On ne se retape pas facilement d’un tel traumatisme, c’est tout un processus et physiquement je dois être assuré que vous êtes suffisamment stable. Il vous appartient aussi de sortir contre mon avis médical en signant une décharge. Je conseille, je n’oblige pas. Je me soucie seulement du bien-être de mes patients. Je reprendrai votre tension ultérieurement, pour l’instant reposez-vous, termine-t-il en me fixant.

    Cherche-t-il une quelconque réaction de ma part ? Je suis censée être victime d’un kidnapping et devrais sans doute être plus perturbée que je ne le parais. L’infirmière entre dans le box subitement et me sauve de ce moment de doute.

    –La police est là, Docteur, lâche-t-elle.

    Mon cœur s’emballe instantanément. Et j’ai dû virer blanche comme un linge. Vais-je être à la hauteur ? J’ai déjà l’impression que le médecin s’interroge alors la police…

    –Faites-les patienter je vous prie.

    L’infirmière semble étonnée mais s’exécute en tournant les talons :

    –Très bien, Docteur.

    –Et apportez une bouteille d’eau à madame Rabelle, s’il vous plaît.

    –Oui Docteur.

    –Je souhaite que vous échangiez avec mon confrère avant que la police vous interroge, se justifie-t-il, se raclant la gorge. Tout va bien, madame Rabelle ? Vous me semblez pâle subitement.

    Il connaît bien son job, celui-là !

    –C’est tellement de pression tout ça. Je voudrais juste retrouver ma famille et rentrer chez moi. J’ai vécu coupée du monde durant plusieurs jours et d’un coup tout un univers s’affaire autour de moi. Je suis perdue, Docteur. Comme emportée dans un tourbillon que je ne maîtrise pas, déversé-je en triturant nerveusement mes doigts, je ne ressens pas le besoin de rencontrer le psy car je sais que ma psychothérapie sera assurée par mon amie. Ce n’est pas sa vocation mais auprès d’elle je me livrerai véritablement et elle trouvera les bons mots comme elle les a toujours trouvés.

    Je m’arrête subitement quand l’infirmière réapparaît.

    –Excusez-moi docteur mais la police insiste.

    Elle dépose une bouteille d’eau sur la tablette à proximité de mon lit, semblant échapper ainsi au regard du médecin.

    –Gaëlle, je vous prie, retirez la perfusion de madame Rabelle.

    –Bien docteur.

    –Madame Rabelle, je reviens de suite, je dois m’occuper de ces messieurs qui s’impatientent.

    –Ces messieurs-dames, docteur. Il y a un homme et une femme.

    –Eh bien ces messieurs-dames alors.

    Cet homme a un charisme monstre. Et sort de la pièce d’un pas élégant, le buste droit et les épaules déployées tandis que l’infirmière s’exécute, après s’être généreusement lavé les mains et avoir enfilé des gants de latex, retirant le minuscule tube planté dans mon bras.

    –Merci.

    Il faut que je réfléchisse et rassemble mes pensées. Je dois impérativement assurer avec la police et le positionnement du docteur Darius m’accorde un peu de répit. Étant une inconditionnelle de la série Esprits criminels et notamment du physique très avantageux de l’agent du FBI Derek Morgan, je sais d’ores et déjà que le langage du corps a une véritable importance et peut révéler bien des choses. Je dois absolument veiller à garder le regard franc et droit, les mains ouvertes, posées sur mes cuisses. Parler posément et lentement. Réfléchir avant chaque réponse. Ils sont deux, comme toujours, pour se compléter. Je réalise soudain qu’insensiblement, je me conditionne pour mentir. Ma conscience bat de l’index à plein régime, me regardant en chien de faïence alors que les propos de mon amoureux me reviennent brusquement en tête :

    Ne cherche pas à nous couvrir ni à mentir. Ne culpabilise de rien, nous serons loin. Protège-toi toujours et quoi qu’il arrive.

    Mais de quelle façon, dans une telle situation, me protéger sans mentir ? J’aurais dû demander le mode d’emploi. Car je suis coupable. Et je sais maintenant de quoi : coupable d’être tombée amoureuse de mon bourreau. Ce n’est pas admissible aux yeux de la moralité et incompréhensible au regard de la loi. Ai-je donc d’autres choix ? Je garde un mince espoir en la tournure des questions qu’ils me poseront et me permettront d’y répondre sans en venir aux boniments.

    Le médecin revient, me tirant de mes réflexions absurdes car au fond, je sais pertinemment, inévitablement que la question d’une éventuelle description à fournir va être soulevée. Imparablement, je vais l’éluder.

    –Merci Gaëlle, pourriez-vous nous laisser je vous prie. Apportez juste une couverture à madame Rabelle, s’il vous plaît, s’adresse-t-il à l’infirmière qui s’affaire dans la pièce et dont j’ai même oublié la présence.

    –De suite, docteur.

    Elle quitte le box et revient aussitôt étalant sur moi une couverture rêche.

    –Merci.

    Elle sourit brièvement. Cette blondinette est toute mignonne : une crinière attachée en queue-de-cheval haute sur des yeux noisette et rieurs. De bonnes joues roses et des lèvres pulpeuses et glossées. Une blouse blanche et impeccable, largement ouverte sur un décolleté avantageux. Une véritable caricature de l’infirmière jolie et sexy.

    –Merci Gaëlle. Alors madame Rabelle où en étions-nous ?

    Gaëlle s’éclipse rapidement tandis qu’il reprend place sur sa chaise à roulettes.

    –Ça a été avec la police ? demandé-je en me servant un verre d’eau.

    –Ce sont mes urgences et vous êtes ma patiente c’est moi qui dicte la loi ici.

    Cet homme a de la bouteille également et je commence à croire qu’il disait vrai en évoquant un âge avancé.

    –J’ai perdu le fil de notre discussion.

    J’ai beau fouiller dans ma mémoire, ma cervelle tourne au ralenti. Tout se bouscule dans mon crâne.

    –Votre amie, apprentie thérapeute.

    Il me fixe comme pour lire en moi alors que je souris à sa moquerie.

    –Je possède tout ce dont j’ai besoin auprès des miens, docteur. Ils se complètent à merveille et ont tous leur rôle bien défini. 

    Franck voudra-t-il encore de ce rôle lorsqu’il apprendra ?

    –J’ai la chance inouïe d’être bien entourée. Je vais bien. Juste fatiguée et déroutée par toutes ces émotions mais je vais bien. Personne ne m’a fait de mal, j’ai mangé à ma faim et n’ai jamais été agressée ou malmenée.

    Le gosse surgit furtivement devant mes yeux, le regard haineux, son flingue posé sur mon front. Bon, lui c’est l’exception, il n’a pas franchement apprécié la tarte que je lui ai dégainée.

    –Aussi incroyable que cela puisse paraître, ils m’ont traitée avec respect. Je ne les intéressais pas. Ils ont atteint leur objectif et sont loin à présent. Je n’ai aucunement besoin de consulter un psy, qui perdra son temps alors que d’autres ont réellement besoin de ce soutien. Je veux juste retrouver mon cocon.

    À défaut de ses bras.

    Finalement, je dis vrai à un détail près : ils m’ont porté de l’intérêt. Et l’un plus profondément que les autres.

    Ma conscience déboule au grand galop : c’est quoi ce jeu de

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