Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Le Visiteur de Brume: Thriller psychologique
Le Visiteur de Brume: Thriller psychologique
Le Visiteur de Brume: Thriller psychologique
Livre électronique101 pages1 heure

Le Visiteur de Brume: Thriller psychologique

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Quand un ancien camarade de classe se présente chez eux, Laurent et Marianne font preuve d'hospitalité...

Un soir, un homme frappe à la porte du narrateur et de son épouse. Il s’agit d’un ancien camarade de classe qui, pour des raisons obscures, demande l’hospitalité pour une durée indéterminée. Après plusieurs jours, au moment où sa présence commence à peser à ses hôtes, il leur explique enfin les raisons de son comportement étrange...

Jean-Paul Pellaton nous dresse ici les portraits tout en finesse des différents protagonistes du roman: le « visiteur » et les femmes de sa vie, son copain d’enfance, hôte malgré lui, et son épouse au rôle plus important qu’il n’y paraît au premier abord. Un magnifique roman à faire (re)découvrir dès que possible!

Un roman psychologique à l'atmosphère pesante, où se débat un trio de protagonistes ambivalents.

EXTRAIT

Pierre Baud avait sonné chez moi vers six heures, un mercredi. Il n’était pas entré aussitôt, restant quelques secondes à stationner sur le paillasson, muet. Sans doute imaginait-il que je reconnaîtrais d’emblée son visage que verdissait la mauvaise lumière de l’escalier...
J’avais pu observer à loisir son corps empaqueté dans un imperméable de couleur mastic, de longs bras tombants à quoi les mains s’attachaient un peu comme des bêtes étrangères. Un demi-sourire flottait à la hauteur de la bouche.
– Bien sûr, je dérange... fit sa voix.
– Pas du tout, monsieur. Donnez-vous la peine...
Je m’effaçais pour le prier d’entrer lorsqu’un hoquet, de rire ou de confusion, me força à dévisager mieux ce visiteur.
– Ma parole ! Je ne me trompe pas : tu es Baud ?

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Grand écrivain suisse disparu en 2000, Jean-Paul Pellaton nous sert une intrigue étrange, chargée de non-dits, et il nous plonge dans une atmosphère lourde et chargée où partout l’on peut ressentir le malaise des gens et les remords qui rongent les vies. -David Campisi, La Cause Littéraire

Sans feux d’artifice, c’est un roman très fin qui nous laisse en suspens et fait énormément réfléchir. -Les lectures de Lux

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Paul Pellaton est né à Porrentruy le 10 août 1920 et il est décédé le 21 avril 2000. Enseignant secondaire dans un premier temps, il sera ensuite nommé directeur d’école. Parallèlement, il suit des études de Lettres à Berne, Genève et Neuchâtel. Il obtient une licence ès Lettres à l’Université de Neuchâtel en 1953. Dès 1957, il enseigne à l’École normale de Delémont, et pendant une vingtaine d’années, est lecteur en philologie à l’université de Berne. Son œuvre est riche de récits pour la jeunesse, de pièces radiophoniques, de plusieurs romans et recueils de nouvelles, publiés aux Éditions de l’Aire et à l’Âge d’Homme, notamment. Il a reçu plusieurs prix, dont le prix de la Bibliothèque pour tous en 1982, le prix Schiller en 1985 et le deuxième prix Schiller pour l’ensemble de son œuvre en 1994.
LangueFrançais
Date de sortie2 janv. 2018
ISBN9782940486366
Le Visiteur de Brume: Thriller psychologique

Auteurs associés

Lié à Le Visiteur de Brume

Livres électroniques liés

Fiction psychologique pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Le Visiteur de Brume

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Le Visiteur de Brume - Jean-Paul Pellaton

    soutien_loterie_romande

    ainsi que l’aide de la Ville de Delémont,

    auxquelles va toute la reconnaissance de l'éditeur.

    ISBN : 978-2-940486-36-6

    © Éditions Plaisir de Lire. Tous droits réservés.

    CH – 1006 Lausanne

    www.plaisirdelire.ch

    Photo de couverture : Michel Pellaton

    Version numérique : NexLibris – www.nexlibris.net

    JEAN-PAUL PELLATON

    LE VISITEUR DE BRUME

    RÉCIT

    Postface de

    Daniel MAGGETTI

    Table des matières

    Titre

    I

    II

    III

    IV

    V

    VI

    VII

    VIII

    IX

    ÊTRES DE BROUILLARD

    REMERCIEMENTS

    DU MÊME AUTEUR

    Pour les petits-enfants

    de Jean-Paul Pellaton

    I

    Pierre Baud avait sonné chez moi vers six heures, un mercredi. Il n’était pas entré aussitôt, restant quelques secondes à stationner sur le paillasson, muet. Sans doute imaginait-il que je reconnaîtrais d’emblée son visage que verdissait la mauvaise lumière de l’escalier...

    J’avais pu observer à loisir son corps empaqueté dans un imperméable de couleur mastic, de longs bras tombants à quoi les mains s’attachaient un peu comme des bêtes étrangères. Un demi-sourire flottait à la hauteur de la bouche.

    – Bien sûr, je dérange... fit sa voix.

    – Pas du tout, monsieur. Donnez-vous la peine...

    Je m’effaçais pour le prier d’entrer lorsqu’un hoquet, de rire ou de confusion, me força à dévisager mieux ce visiteur.

    – Ma parole ! Je ne me trompe pas : tu es Baud ?

    – Ah ! mon vieux Laurent ! exultait Baud, ses lourdes mains enfermant les miennes et les pétrissant.

    Il paraissait m’avoir fait la meilleure des surprises ! A mon tour, j’eus quelques mots pour l’accueillir, et la porte fut refermée. Avant d’entrer, Baud avait ramassé une serviette et un chapeau que je n’avais pas aperçus tout à l’heure : une serviette jaune à nombreux soufflets, comme en achètent les hommes d’affaires ; un chapeau gris et ancien, les plis très accusés. Dans le corridor, il dépouilla son imperméable qu’il suspendit au porte-manteau. Je le poussai dans mon bureau et l’obligeai à s’asseoir.

    J’avais eu Baud en face de moi, mal à son aise dans un fauteuil, les yeux agrandis par un bonheur qu’il s’efforçait de me faire partager, mais sans paroles. Il portait des lunettes de myope à solide monture noire. Derrière les verres, son regard bleu, que je me rappelais moins mobile, voltigeait de la bibliothèque à un tableau, stagnait un moment à la fenêtre pour revenir à moi – on eût dit vers une sécurité. Son visage n’avait pas changé : large, osseux, la peau sèche et comme usée, une bouche aux lèvres fortes, un peu molles.

    Puis Baud parla, me demandant si je me portais mieux. Sa question ne me surprit pas. Les dernières fois que je l’avais rencontré, je mijotais dans les maladies. Heureusement, ma santé ne me donnait plus d’inquiétude.

    – Tu as réellement meilleure mine, conclut Baud. Ça me fait un rude plaisir de te revoir, tu sais !

    Et sans transition, il s’enquérait, avec une espèce d’avidité :

    – Tu te souviens ?

    Quelles frasques, quelles discussions voulait-il que je me rappelle ? Je n’étais pas en humeur de m’attendrir sur ces années mortes et je dis, à tout hasard :

    – Nous étions des amis épatants, Pierre, autrefois. Un peu dommage que tout cela change... Chacun va son chemin dans la vie, un petit chemin égoïste et le plus souvent si maladroit ! Il faudrait se soutenir un peu. Que sais-je, moi ? Se revoir...

    J’avais lancé ces paroles comme des cailloux dans la nuit. Pouvais-je me figurer que Baud s’arracherait à son fauteuil, bondirait vers moi et, ses grosses mains enfermant mes épaules, me dirait, avec ce même hoquet du début que je pris, cette fois, pour un sanglot :

    – Oui, bien sûr, Laurent, je n’attendais pas moins de toi. Mais tout de même, il faut que je te le dise : tu es un copain merveilleux !

    A cette explosion, je soupçonnai que Baud était venu me demander un service. Mais lequel ? Lorsqu’il se rassit, la tête basse, comme s’il regrettait déjà de s’être ainsi livré, je le questionnai :

    – Et ton travail, Pierre ? Tu es satisfait ?

    – Ça n’est pas trop mal, dit-il sans beaucoup d’enthousiasme. Tu sais que j’habite Saint-Fromont, maintenant ?

    J’acquiesçai, comme si j’étais au courant, mais en fait, je l’avais perdu de vue depuis quelques bonnes années.

    – Bien entendu, continuait Baud, on pourrait trouver mieux. Même beaucoup mieux. Mais il faut aussi savoir se contenter.

    – Tu es dans le commerce, n’est-ce pas ?

    – Mais oui, le bureau d’une usine de textiles.

    Et c’est même le bureau qui m’envoie chez toi...

    – Chez moi ?

    – Façon de parler ! Je veux dire que j’ai des affaires à régler ici pour la maison. C’est grâce à cela que j’ai passé chez toi. Il y a si longtemps...

    – Ah ! oui, je comprends.

    C’était un de ces jours où l’on se croit en droit de tout comprendre. Une lucidité généreuse me portait vers Baud. Je demandai :

    – Tu es ici pour plusieurs jours ?

    – N...on. Tout au plus deux ou trois, je pense.

    Et après un temps, il corrigea :

    – Cela dépendra de l’avancement de mon travail.

    Baud désirait-il s’installer chez moi, les quelques jours qu’il aurait à vivre ici ? Je crus le deviner et, tout bonnement, je lui offris de le loger. Il me semblait qu’ainsi je m’acquittais envers un ancien camarade d’un élémentaire devoir d’hospitalité. Je précisai d’ailleurs qu’il ne devait attendre rien de spécialement confortable. Du moins, il n’aurait pas à se mettre en quête d’un hôtel.

    Baud pouvait refuser, et je dois dire que je m’attendais à ce refus. Il sembla tout au contraire hésiter, ouvrit la bouche une ou deux fois puis, avec un sourire qui lui remontait bizarrement une seule des commissures, il me dit, la voix humble :

    – Comprends bien, Laurent, que je ne tiens pas à déranger. Tu vas croire que je suis venu exprès pour ça. Je ne voudrais surtout pas...

    Sur ses genoux, ses doigts nerveux se frottaient l’un contre l’autre, comme pour se débarrasser d’une glu. De toute ma force, je le rassurai : je le recevais en ami, ce serait un plaisir pour ma femme et pour moi de l’avoir chez nous, et il n’était nullement question de déranger.

    Son teint s’éclaira. Peut-être même qu’une buée ternit un bref instant la surface de ses yeux clairs. Il avait l’attitude pitoyable de ceux qu’une pudeur retient de clamer leur misère, mais qui vous l’offrent là, dans un regard insistant, dans un sourire trop soutenu. Quelle misère ? Je remis à plus tard de m’en inquiéter.

    Quand je lui tendis une boîte de cigarettes, son corps se ramassa dans le fauteuil, comme pour exagérer encore la valeur de mon offrande à un personnage aussi infime. Il fumait sans hâte pourtant et commença, en regardant les anneaux bleus planer entre nous, de bavarder sur le passé.

    C’était un paradis qu’il évoquait, avec des détails menus et touchants que ma mémoire n’avait pas su conserver. La sienne s’était imprégnée de tout. Il réveilla la silhouette endormie d’un vieux professeur barbu qui m’aurait injustement puni. Je retrouvai le porte-plume aux moires rouges et vertes que je lui avais prêté, un jour qu’il avait oublié

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1