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Les Méandres de l'Amour: Tome 2
Les Méandres de l'Amour: Tome 2
Les Méandres de l'Amour: Tome 2
Livre électronique285 pages4 heures

Les Méandres de l'Amour: Tome 2

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À propos de ce livre électronique

Le parcours de l’amour dans ce second tome de Les Méandres de l’Amour entraînera le lecteur dans des aventures complètement ébouriffantes. L’amour ici se met tantôt au service de l’ego démesuré, du calcul mesquin. Le cœur est ainsi remplacé par le tableau de chasse, la calculette. Tantôt, il se veut rédempteur dans la mesure où des acteurs en mal de repères tentent de s’y accrocher pour prendre enfin la bonne direction dans la vie. Vous avez dit sentiment ambivalent ! ?
LangueFrançais
Date de sortie3 nov. 2015
ISBN9782312034485
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    Les Méandres de l'Amour - Riquelme

    cover.jpg

    Les Méandres de l’Amour

    Riquelme

    Les Méandres de l’Amour

    Tome 2

    LES ÉDITIONS DU NET

    22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    © Les Éditions du Net, 2015

    ISBN : 978-2-312-03448-5

    Avant-Propos

    Après les errements de la jeunesse, place à l’aventure…

    Toujours guidé par l’idée selon laquelle plus le sexe est tabou, plus il est susceptible d’attiser une curiosité malsaine, je livre ici l’amour sous un angle plus pointu et avec une expression plus crue ; ceci pour disloquer tout mystère qui justifierait un élan vicieux vers la chose amoureuse. D’ailleurs, les lecteurs du Tome 1 n’ont pas paru choqués par le style narratif des scènes d’amour. Peut-être même en redemandent-ils secrètement. Passons…

    Le parcours de l’amour dans ce second tome de Les Méandres de l’Amour entraînera le lecteur dans des aventures complètement ébouriffantes. L’amour ici se met tantôt au service de l’égo démesuré, du calcul mesquin. Le cœur est ainsi remplacé par le tableau de chasse, la calculette. Tantôt, il se veut rédempteur dans la mesure où des acteurs en mal de repères tentent de s’y accrocher pour prendre enfin la bonne direction dans la vie. Vous avez dit sentiment ambivalent ! ?

    Une chose est sûre : ce recueil n’entend pas plus que le précédent épuiser la définition de l’amour. Il ne fait qu’en livrer d’autres facettes qui permettront assurément d’embrasser la notion avec une plus large ouverture d’esprit. Seul un optimisme béat caractérisant le plus souvent les réflexions personnelles tente en effet de ne présenter l’amour que sous son jour le plus coloré. Mais les lignes suivantes révèleront aux plus optimistes que le ciel de l’amour sait aussi s’assombrir ; et que lorsque la bonne foi rencontre la mauvaise, la seconde a tendance à s’imposer de plus en plus souvent.

    Etant entendu que l’amour se définit par la somme des histoires d’amour, j’ajoute ici cinq nouvelles histoires aux cinq précédentes. Et on verra si les amateurs demandent de poursuivre le calcul…

    Le collectionneur (d’amours)

    Cela faisait près de cinq minutes qu’il était devant l’énorme glace – 200 x 100 cm – incrustée dans le mur, à se regarder sous tous les angles. De face, de profil, de trois quarts, tout était parfait. Il se contrôlait également de dos grâce à un autre miroir, plus petit, fixé au mur d’en face. Et s’il lui avait été possible de se dédoubler, il aurait même utilisé les vues aérienne et en contre-plongée pour se contempler d’en haut et d’en bas. Pour tout dire, il soignait son image comme si cela lui eût été vital… Satisfait, il rajusta une ultime fois sa cravate avant de sortir de la chambre.

    Ce soir, il était de bonne humeur. Comme toutes les fois qu’il avait rendez-vous avec l’une de ces magnifiques créatures qu’on rencontrait dans la capitale. Avec sa cravate épousant le costume d’alpaga sorti directement de chez Valentino, la chemise assortie aux chaussettes plongées dans une paire de souliers aussi brillants que s’ils avaient été des récepteurs lumineux, il se sentait irrésistible.

    Après s’être confortablement installé à bord de sa BMW Z4 décapotable – dernier modèle débarqué des installations automobiles germaniques –, il mit la main à la poche intérieure de sa veste pour sortir son carnet. S’il ne s’en séparait jamais, c’était qu’il représentait pour lui une sorte de journal intime. Un miroir dans lequel il aimait à suivre, non sans un sourire narquois, l’évolution de sa nouvelle vie… Il le feuilleta jusqu’à la dernière page utilisée. « 23/11/04 N° 522 : Jocelyne, étudiante », lut-il intérieurement. Avec un sourire espiègle, il rangea le carnet avant de démarrer. Direction, Le Mont d’Argent !

    L’aiguille du compteur passa à 80 km/h. Il ne devait surtout pas arriver en retard, car l’une de ses règles était de ne jamais faire attendre une conquête. Heureusement, la circulation n’était pas très dense. En tapotant sur le volant, il se mit à chantonner Girls (all around the world) de Recce Mastin. Non, il ne pouvait se passer des femmes. Sinon, quelle autre raison y avait-il de vivre ? « Sois patient, fiston. Tu auras toutes celles que tu voudras. Petites ou grandes, minces ou fortes, noires ou blanches, peu importe. Il n’y a que l’argent qui les attire. » Ainsi le réconfortait son père comme, à quatorze ans déjà, il pleurait après les petites de son quartier. Cette exhortation, il n’avait jamais pu l’oublier. Mieux, il avait résolu d’en vérifier la véracité dès le début de son embellie financière. Les femmes, il en avait alors connu. Et depuis, elles lui couraient toutes après, car il était non seulement beau, mais surtout très riche. En fait, il était leu6r rêve impossible, elles qui, pour quelques billets, étaient prêtes à s’afficher avec même un « quasi-gorille ». Mais ce dont il se moquait éperdument, c’est que son père avait ajouté : « Ton argent, il faudra surtout le gagner de la bonne manière. » La bonne manière… C’était quoi, la bonne manière ? À quoi se reconnaissait-elle ? Pour lui, chacun était à même d’apprécier les actes qu’il posait. C’est pourquoi il se disait qu’il gagnait son argent de la bonne manière. Quel mal y avait-il en effet à faire des affaires ? Ainsi, c’est tout fièrement qu’il s’était toujours présenté à ces dames comme un homme d’affaires. Mais quelles affaires ? Il ne l’avait jamais dit. Elles non plus ne le lui avaient jamais demandé. Tout ce qui les intéressait, c’était son argent. Son argent…

    Le parking était encombré. Mais pour lui, on pouvait toujours trouver de la place, quitte à faire dégager le véhicule d’un autre client. Dernière vaporisation de parfum, puis il descendit. De son pas souple, il entra et fut tout de suite accueilli par un serveur.

    – Bonsoir, monsieur. Je vous installe à votre place habituelle ?

    – Je vous en prie.

    Il avait toujours une place à son nom dans chacun des établissements qu’il fréquentait. C’était un habitué des grandes maisons qui les faisait tous se plier de déférence, car tout ce qui les intéressait, c’était son argent. Son argent…

    – Puis-je vous servir quelque chose ?

    – Juste un verre d’eau, merci.

    Il aimait être en avance pour se mettre dans l’ambiance des lieux avant l’arrivée de l’élue du soir. Le serveur lui apporta son verre d’eau qu’il porta aussitôt à ses lèvres. Puis il se mit à patienter tranquillement. Il est vrai que son invitée avait annoncé sa venue avec un brin d’incertitude. Mais il mettait cela sur le compte de cette manie qu’ont les femmes de se faire désirer. En plus, jamais, depuis qu’il était un V. I. P., on ne lui avait posé de lapin. Et cela ne commencerait sûrement pas ce soir.

    Pour amortir l’attente, il sortit son carnet. Son même carnet… Pris à l’envers, c’était l’objet qui lui importait le plus au monde, car il s’y trouvait des informations qui ne figuraient même pas sur son PC. Certes, l’ordinateur était devenu un support incontournable en affaires. Mais il n’y accordait qu’un intérêt mesuré, car avec l’évolution de la technologie, donc de la piraterie informatique, rien n’était plus sécurisé. Certains ne réussissent-ils pas à détourner des comptes – même étrangers – seulement à partir d’Internet ? De plus, une panne pouvait s’introduire dans le système et lui écraser toutes ses données. C’est pourquoi, il n’avait jamais pris le risque de conserver ses données sensibles sur sa machine. Son carnet était plus pratique, car il était non seulement facile à transporter – donc discret –, mais avec les abréviations et les signes codés qu’il renfermait, personne d’autre que lui n’aurait pu y lire grand-chose au cas – quasiment improbable – où il l’égarait.

    – Bonsoir, monsieur, fit une voix ultra douce.

    Levant les yeux, il découvrit une jeune fille debout en face de lui. Ses courbes moulées dans un blue-jean, sa poitrine agressive et son sourire extrêmement rayonnant le firent quelque peu frémir. Il rangea discrètement son carnet avant de répondre à la salutation.

    – Pourrais-je m’asseoir ?

    – Oui, allez-y.

    Il se demandait qui elle pouvait bien être et surtout ce qu’elle voulait. Probablement une allumeuse…

    – Vous êtes seul ? demanda-t-elle avec un sourire qui semblait en dire long sur ses intentions.

    Il prit le temps de l’observer et un plan lui vint en tête. Il songea à l’emmener ailleurs en déprogrammant son rendez-vous avec la guatémaltèque. Mais en même temps, il se rappela qu’il n’avait encore jamais exploré l’américaine latine féminine. (Mis à part la brésilienne qu’il avait juste eu le temps d’embrasser dans les toilettes d’un restaurant à Copacabana parce qu’elle était accompagnée de son époux. Resté sur sa faim ce soir-là, il s’était juré de river un jour les épaules d’une sud-américaine dans son lit.) Il n’était donc pas question qu’il se paie la tête de son invitée, d’autant qu’ils ne se reverraient probablement pas de sitôt ou même plus jamais. Bien sûr, il pouvait tenter le coup des toilettes avec celle qu’il avait en face de lui. Mais si la guatémaltèque arrivait entre-temps…

    – Désolé, mais j’attends quelqu’un, répondit-il, arborant une mine qu’il voulait navrée.

    – Oui, je vois. L’inverse m’aurait beaucoup étonnée. Bien, je vous laisse l’attendre alors. Qui sait, peut-être se reverra-t-on un de ces jours, ajouta-t-elle, la mine quelque peu contrariée.

    Pourquoi pas, puisqu’elle semblait y tenir ? D’ailleurs, il n’y avait personne de prévu après la sud-américaine.

    – Ce sera avec plaisir. Tenez, voici ma carte.

    Il la lui remit qu’elle glissa lentement dans son décolleté avant de s’éloigner, ondulant de toute la souplesse de ses hanches. Il prit une seconde gorgée d’eau et à peine eut-il reposé le verre qu’une silhouette lui apparut dans l’entrée. Elle s’approcha timidement, cherchant dans la foule celui qui avait su retenir son attention la veille. Elle l’aperçut dans l’une des encoignures et un sourire incoercible acheva de faire de son visage un univers magique. D’un pas assuré, elle se dirigea vers lui. Entre-temps, il s’était levé et posté à côté de la table pour l’accueillir. Arrivée à son niveau, elle lui tendit la main qu’il saisit pour y poser doucement les lèvres. Lui relâchant ensuite la main, il tira sa chaise et regagna la sienne après qu’elle se fut assise.

    – J’espère ne pas vous avoir fait trop attendre.

    – Rassurez-vous. Je venais juste d’arriver.

    Elle était incontestablement la plus belle de la salle avec la fleur couleur framboise dans ses cheveux bouclés. Son visage d’une faramineuse finesse hébergeait des yeux de lynx, un nez aux confins de la droiture et une bouche comme dessinée par Picasso lui-même. Le tout était rehaussé par un maquillage léger et agencé sur l’ovale avec une précision chirurgicale. Elle était tout simplement belle comme les sud-américaines savent si souvent l’être.

    – Garçon ! héla-t-il.

    Le concerné accourut, luisant de politesse. Tout de suite, il leur tendit à chacun une carte. Après avoir feuilleté quelques pages, l’homme d’affaires et son invitée firent leurs choix. Puis, pour ajouter au caractère cérémonial de la soirée, il commanda un Taittinger Comtes de Champagne Blanc de Blancs millésimé 1999.

    Quelques minutes plus tard, les commandes arrivèrent. Prenant la bouteille, le serveur la déboucha avec un bruit qui fit se retourner tous les autres clients. Il y avait vraiment de quoi : c’était le seul couple qui sablait le champagne dans la salle.

    – À quoi boit-on ? demanda-t-elle avec un sourire qui lui découvrit des dents d’un blanc méconnu de bien de générations de peintres en bâtiment.

    – À nos moments futurs, fit-il en lui rendant son sourire.

    Croisement bref des verres ! Pendant qu’il buvait, il la fixait du regard. Elle tenta l’affront visuel, mais ne put s’empêcher, au bout de quelques secondes, de baisser les yeux. Foudroyée…

    Après, ils s’attaquèrent à leurs plats qu’ils firent progressivement disparaître en passant d’un sujet de conversation à un autre.

    – L’addition, s’il vous plaît.

    Il paya. Puis, bras dessus, bras dessous, ils sortirent. À distance, il actionna le démarreur de son bolide. Ce qui fit tressaillir d’excitation le cœur de son invitée. Il lui ouvrit galamment la portière et fit le tour de la voiture pour aller s’installer à son tour. Après, il lui posa son éternelle question piège.

    – Que diriez-vous d’aller prendre un dernier verre chez moi ?

    – Ce sera avec grand plaisir.

    Ravi de son pouvoir de séduction, il sourit avant d’écraser l’accélérateur, faisant rugir le moteur. À cette heure avancée, la circulation était assez fluide. Au bout d’un instant, sa main droite quitta le volant pour se poser sur les cuisses de la passagère. Pour toute réaction, elle ne fit que plisser les paupières, l’encourageant muettement. Il n’en demanda pas plus pour envoyer ses doigts se hasarder plus loin. Distrait, il manqua de peu de renverser une grande poubelle à un virage qu’il négocia assez difficilement.

    – Je crois que vous devriez vous concentrer sur votre volant, fit-elle, revenue de sa petite frayeur. On a tout le temps, non ?

    – Bien sûr, répondit-il en retirant lentement la main.

    Nouveau virage et ils étaient à la sortie de la ville. Il habitait une résidence isolée, un domaine même, s’étalant sur plus d’un hectare à environ cinq kilomètres de la ville. Le cadre qui lui convenait le mieux du haut de tous ses milliards...

    Vingt ans plus tôt, lorsqu’il se lançait dans ses affaires, il habitait un studio aussi crasseux que l’intérieur des chaussures d’un clochard – lorsque celui-ci avait bien sûr la chance d’être chaussé… Sa vie n’avait vraiment pas été facile à l’époque. Fils unique d’une famille pauvre, il n’avait pu vivre qu’une enfance misérable, complètement aux antipodes de celle de ses rêves. Bien évidemment, ses résultats scolaires avaient été le reflet de sa condition sociale, paresseux qu’il était en plus. Cela lui avait valu trois exclusions : l’une à l’école primaire et les deux autres au collège. Mais son père, toujours soucieux de sa réussite, avait fait des pieds et des mains pour le remettre sur les bancs chaque fois que la situation l’avait exigé. Malheureusement, après son second échec au B. E. P. C., son père décédait des suites d’une courte maladie. Il n’avait alors eu d’autre choix que de partir à l’aventure, abandonnant sa pauvre mère. Il ignorait d’ailleurs si elle était toujours en vie. Honnêtement, il s’en moquait… Après de petits emplois qu’il n’avait jamais pu exercer longtemps parce qu’il était chaque fois jeté à la porte pour vol ou escroquerie, il avait débarqué dans la rue. Le dernier abri pour tous les infortunés de la vie… Là, il lui avait fallu s’adonner à toutes sortes de pratiques aussi perverses les unes que les autres pour pouvoir survivre. Et dans cette quête quotidienne de la vie, cette lutte impitoyable pour la survie, il avait perdu beaucoup de compagnons, tombés sous les balles des forces de l’ordre ou morts de maladies bizarres. Plus d’une fois, il s’était demandé comment il avait pu survivre à tout cela avant de se dire qu’il n’était peut-être pas destiné à mourir jeune. Puis, alors qu’il était au bord du gouffre, à ce moment là où l’on n’espère plus rien de la vie, s’était présenté à lui ce qu’il avait perçu comme une porte de salut. Sans hésiter, il s’y était engagé avant de finir par s’y plaire, ayant commencé à sortir progressivement de la misère. Après, était née en lui l’idée de rattraper tout le temps perdu à mener une vie de chien galeux. Tous ses rêves d’enfance, il avait décidé de les réaliser. Coûte que coûte ! Les vêtements, les voitures, les maisons, les femmes… Pour lui, c’était la moindre des vengeances contre le sort qui lui avait fait démarrer sa vie au plancher de la misère.

    Ils arrivèrent devant le grand portail qui s’ouvrit automatiquement. Au passage, il salua les vigiles d’un coup de klaxon. Il stoppa ensuite la voiture dans l’immense garage abritant une bonne dizaine de merveilles de la mécanique avant de descendre lestement pour aller ouvrir à son invitée. Elle était à la limite de l’incrédulité face à ce qui s’étalait devant ses yeux. Tant de luxe… !

    Comme ils entraient dans la salle de séjour meublée et décorée avec une classe envoûtante, elle ne put résister à l’envie de balayer les murs d’un regard émerveillé. Il l’installa. Puis, ôtant sa veste, il se dirigea vers le bar pour en sortir une bouteille de cognac. Nouveau toast. À l’amour ! Les choses se précisaient… Ils trinquèrent un moment.

    – Venez à la piscine. Il souffle un vent agréable.

    Elle le suivit aussitôt. Le vent y était effectivement d’une extrême douceur. Elle posa son verre, se déchaussa lentement avant de marcher pour aller s’asseoir au bord de l’eau dans laquelle elle plongea les pieds. Debout, à quelques mètres d’elle, il l’observait tranquillement. Une perle rare ! Il réalisait la chance qu’il avait eue de rencontrer ce top model, songeant qu’elle resterait sûrement gravée dans sa mémoire. Car de toutes celles qu’il avait rencontrées jusque-là, elle figurait parmi les rares qui l’avaient fait frémir dès le premier regard. Il l’avait remarquée deux jours auparavant, à l’un de ces dîners de gala qu’organisent ces bonnes gens aux portefeuilles bourrés. En croisant son regard, il avait craqué et s’était tout de suite approché d’elle. En dépit de son numéro habituel de gentleman, elle n’avait pas paru très impressionnée. Mais il avait tellement insisté qu’elle avait accepté de le revoir. Et puis, les choses s’étaient enchaînées d’elles-mêmes jusqu’à ce qu’elle soit là. À sa merci…

    Après s’être à son tour débarrassé de ses chaussures, il la rejoignit au bord de la piscine, de plus en plus excité.

    – Ainsi donc, vous reprenez l’avion dans deux jours.

    – C’est cela. J’ai un défilé prévu pour la semaine prochaine à Copenhague.

    – C’est dommage, non ?

    – Un peu, oui. Mais que voulez-vous ? C’est mon gagne-pain.

    – Alors, pourquoi ne restez-vous pas ici, avec moi ? Je vous donnerai tout ce que vous voudrez et vous serez ma petite femme. Qu’en dites-vous ?

    Il ne le disait pas sincèrement. D’ailleurs, la sincérité n’avait jamais vraiment figuré dans ses habitudes. En réalité, il lui faisait cette proposition pour voir jusqu’où elle irait pour lui. Il adorait se sentir aimé. Surtout à la folie. Mais lui n’avait jamais su aimer. Dans sa tête, aimer ne s’était toujours réduit qu’à faire l’amour.

    – Vous savez, j’aime beaucoup mon métier et je ne pense pas pouvoir arrêter de l’exercer de sitôt.

    – Je comprends.

    Lui aussi adorait son métier et ne pensait pas pouvoir trouver un sens à sa vie s’il s’en séparait. Mieux, il n’aurait pas pu y survivre…

    Il vida son verre avant de s’asseoir à côté d’elle, plongeant également les pieds dans l’eau froide.

    – Pouvez-vous m’aider à défaire cette cravate ?

    – D’accord.

    Elle se pencha vers lui et réussit tant bien que mal à exécuter le service demandé. Mais comme elle se redressait, il lui saisit le menton avant d’écraser ses lèvres contre les siennes. Elle s’abandonna aussitôt à lui, tout aussi excitée. Et pendant un moment, ils s’embrassèrent à perdre le souffle.

    – Allons à l’intérieur, lui chuchota-t-il à l’oreille.

    – Non, je veux rester ici. C’est si agréable.

    Il n’insista pas. D’ailleurs, ce n’était pas une si mauvaise idée que de faire l’amour à l’air libre. Il se leva donc d’un mouvement, la faisant se mettre également sur pied. Lentement, il dégrafa sa robe qui lui retomba lourdement aux chevilles, la faisant apparaître en petite lingerie. Il en resta statufié de désir. Avec sa poitrine pleine, ses hanches délicatement arrondies et ses cuisses fuselées, elle était appétissante. Il la plaqua contre lui et leurs lèvres s’accrochèrent à nouveau. Leurs mains se mirent aussitôt à leur explorer réciproquement les coins et recoins du corps. Et dans l’une de ces excursions manuelles, il effleura l’entrecuisse de la jeune femme, y détectant une inondation. Cette découverte acheva de le plonger dans un état second. Sans crier gare, il la souleva pour aller la poser sur un lit de plage à quelques pas de là. Il se livra alors à une caresse buccale de tout son corps sous l’effet de laquelle elle se tortilla comme un python diamant dans le désert australien. Le soutien-gorge fut vite mis hors-jeu, découvrant des seins aux pointes grosses comme deux têtes de pouce. Il s’en occupa la langue un instant, puis ce fut au tour du slip de quitter l’aire de jeu. Dénudé à son tour, il s’enfonça d’un trait en elle, lui arrachant un léger cri. S’ensuivit une kyrielle de couinements qui alla crescendo et qui n’atteignit son dénouement que bien plus tard, lorsque leurs corps épuisés s’arrêtèrent presque de bouger et que leurs souffles lourds leur emplirent les oreilles. Ils revenaient sur terre…

    Après un baiser rapide, il plongea dans l’eau, se laissant flotter un moment à la surface pour récupérer de sa dépense d’énergie. Elle ne mit pas longtemps à le rejoindre et à se frotter contre lui, escomptant le rendre à nouveau présentable. Elle y parvint au bout de quelques minutes de caresses. Il l’entraîna alors vers l’une des encoignures de la piscine. Et bis repetita placent{1}. Sous l’eau délicieusement fraîche s’organisa un autre voyage sensoriel pour Cythère…

    Il ouvrit doucement les yeux et consulta sa montre. 8 h 30 ! Avec le mannequin, ils avaient fait l’amour à l’air libre jusqu’à très tard dans la nuit avant de regagner la chambre, quasiment inconscients de plaisir. Puis le sommeil jaloux était venu les arracher à leurs ébats.

    Il la contempla un moment. Les yeux clos et le visage immobile, elle semblait une statue, tellement ses traits étaient fins. Seul le soulèvement régulier de sa poitrine rappelait que c’était un être vivant. Les femmes, il en avait connu de nombreuses. Mais très peu l’avaient satisfait comme celle qu’il avait présentement dans son lit. Et au tréfonds de lui-même, il regrettait déjà de devoir se séparer bientôt d’elle.

    Doucement, il se leva pour aller prendre sa veste dont il retira son carnet. Un instant, il se retourna pour adresser un nouveau regard contemplatif à la jeune femme. Puis il sortit son stylo. Et comme il l’avait fait à maintes reprises après avoir passé la nuit avec une femme, il

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