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Le Carrefour
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Livre électronique157 pages1 heure

Le Carrefour

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À propos de ce livre électronique

Le Carrefour est un témoignage sous forme romancée du parcours de soins d’un alcoolique. Il relate la vie de ce malade de la période allant « juste avant » son sevrage jusqu’à celle « juste après » son retour à la vie sociale habituelle. Cet ouvrage montre également la place qu’occupe l’alcool dans notre société. Sam, Katia, Tom, Lisa, Vladimir, Muriel, Esposito, Béa, Éric… certains « boivent », d’autres pas… certains « font avec », d’autres se croisent…


À PROPOS DE L'AUTEUR


Dès son jeune âge, Elpy a été initié à la lecture par des textes de Jacques Prévert qui lui servaient alors de support. Cet éveil à la poésie l’a conforté et, spontanément, depuis 1994, il a choisi l’écrit pour les cris, les mots pour les maux, en développant des sujets pouvant tous nous concerner.
LangueFrançais
Date de sortie8 août 2022
ISBN9791037765635
Le Carrefour

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    Aperçu du livre

    Le Carrefour - Elpy

    Elpy

    Le Carrefour

    Roman

    ycRfQ7XCWLAnHKAUKxt--ZgA2Tk9nR5ITn66GuqoFd_3JKqp5G702Iw2GnZDhayPX8VaxIzTUfw7T8N2cM0E-uuVpP-H6n77mQdOvpH8GM70YSMgax3FqA4SEYHI6UDg_tU85i1ASbalg068-g

    © Lys Bleu Éditions – Elpy

    ISBN : 979-10-377-6563-5

    Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

    « Hum…

    — Sam… debout, fainéant, ton café est prêt…

    — Hum… tu es vraiment pressée que je parte…

    — Idiot ! »

    Katia avait quitté la pièce. Sam avait ouvert les yeux, s’étirait, et prit le temps, comme à son habitude, de regarder le tableau qui lui faisait face. Un clown triste en rouge sur fond noir avec un vieux cadre doré. Il n’était jamais arrivé à savoir si ce tableau avait été offert à Katia par sa famille, par un ami ou par un de ses anciens amants. Et d’ailleurs, il s’en moquait… il était heureux d’avoir fait la connaissance de ce clown.

    Puis, il regarda le réveil à quartz de Katia et bondit hors du lit. Et voilà ! Le week-end était terminé…

    Il se rasa, prit sa douche et examina ses habits de la veille. Bon, pas trop de dégâts, la chemise n’était pas trop froissée. Elle pourrait tenir jusqu’à ce qu’il rentre se changer chez lui, ce midi.

    Pour la brosse à dents, il prit celle de Katia : leur degré d’intimité lui permettait bien ça.

    Puis, il se rendit dans la cuisine où Katia, vêtue d’un simple peignoir, achevait un de ces petits déjeuners boulimiques dont elle avait le secret. Il prit son bol de café avec une pomme.

    Le silence devenait un peu pesant. Il alluma une Gitanes.

    « Je te revois quand ?

    — Le plus tôt possible, tu le sais bien. Pas le week-end prochain, je suis chez des amis. Disons le week-end suivant, ça te va ?

    — Non.

    — Tu as quelque chose de prévu ?

    — Non.

    — Alors ?

    — Alors ? J’en ai marre d’être le joker, le remède contre la solitude de Monsieur ! Pourquoi est-ce que tu gâches toujours les moments passés ensemble ?

    — N’exagère pas… on a passé un bon week-end, non ?

    — Bien sûr… mais je ne sais pas quand je te reverrai… ni même si je te reverrais ! Peut-être, entre temps, tu auras rencontré LA femme de ta vie… tu sais, celle pour qui tu ne compteras plus ton temps…

    — Tu sais bien qu’en semaine nos horaires sont tels qu’on ne se verrait pas plus…

    — Emmène-moi chez tes amis, le week-end prochain… »

    Sam se tut. Puis, il regarda sa montre.

    « Oh là là ! Il faut que j’y aille ! Bon, je t’appelle dans la semaine ?

    — Ce soir ?

    — Ce soir ! Promis, mon bijou ! »

    Il passa sa main droite dans l’échancrure du peignoir, tandis que la gauche caressait ses cheveux noirs. Puis, il se pencha, l’embrassa sur le bout des lèvres et se retira en douceur avant de se diriger vers le hall, prendre ses clefs et descendre l’escalier.

    Sacrée Katia ! Toujours, le même refrain… deuxième étage… enfin, elle finit chaque fois par se calmer… premier étage… de toute façon, il est hors de question qu’elle vienne le week-end prochain ! Rez-de-chaussée et sortie des artistes !

    Bon, au fait, où est la voiture ? Ah, c’est vrai, j’ai dû la garer au coin hier soir… pourvu qu’elle démarre, ce matin !

    Sam prit place avec précaution dans sa Simca 1100 rouge, qu’il avait quand même payée mille francs, et dont le siège du conducteur ne tenait plus que par deux boulons, ce qui renforçait l’utilité du volant ! Il démarra, mit le poste en route et s’engagea sur les boulevards. Le crachin, régulier, collait la poussière aux façades et faisait ruisseler le pavé.

    Évidemment, comme toujours quand il pleut, ça ne roule pas ! Enfin…

    Il n’arriva au travail qu’avec dix minutes de retard. Pour un lundi, s’il comparait avec ses collègues, il était bien en avance ! Ce qui lui permit de préparer le café et de s’installer dans la « cafète’ ». Puis les uns et les autres arrivèrent et ils devisèrent ensemble sur le week-end écoulé, alors que le public s’agglutinait dans la salle d’attente.

    Bon gré mal gré, chacun regagna son poste de travail, et Sam son bureau sous le toit au deuxième étage.

    Il profitait souvent du lundi matin pour se mettre en règle avec ses paperasseries qu’il oubliait toute la semaine. Puis, il préparait son programme de prospection hebdomadaire, en ayant soin d’y intégrer deux visites à Éliane, en début d’après-midi.

    « Alors Sam, en plein boulot ?

    — Eh ! Joseph ! Et alors, ces vacances en Afrique du Sud ?

    — Superbes ! D’ailleurs, j’ai pris des diapositives et, à l’occasion…

    — Oh, tu sais, pas la peine de te fatiguer ! Pour certains pays comme l’Afrique du Sud ; le Zaïre ou la Yougoslavie, je préfère encore m’en tenir aux photos de Paris-Match !

    — Toujours aussi aimable…

    — Disons plutôt que je continue à penser que les conflits permettent à certains de visiter à pas cher les coins du monde les plus reculés…

    — Bon, je vois ce que c’est ! Je te laisse à ta crise politique ! On mange ensemble ce midi ?

    — Ça marche. Tu réserves au Bistrot du Quai ?

    — C’est comme si c’était fait.

    — Salut, touriste !

    — Salut, anar ! »

    Sacré Joseph… tiens, si j’appelais Éliane ?

    Après avoir fermé la porte, il composa un numéro de téléphone. Une voix rauque lui répondit :

    « De tout un peu, Éliane à votre service, bonjour !

    — Bonjour, madame, ce serait pour savoir si vous assurez des prestations de siestes crapuleuses ?

    — Sam ! »

    Elle riait :

    « Un de ces jours, je répondrai avec le haut-parleur et mon boss sera en face !

    — Pour l’instant, tu n’as pas répondu à ma question…

    — Passe à quinze heures, il n’y aura personne avant dix-huit heures.

    — Hum… fantastique ! Et Fred, il bosse comment, ces temps-ci ?

    — De nuit ! Toute la semaine !

    — Hé hé ! J’ai bien fait d’appeler… bon, il faut quand même que je bosse un peu ! À cet après-midi !

    — Ciao ! »

    Au moment où il raccrochait le combiné, quelqu’un frappa à la porte.

    « Oui, entrez !

    — Salut, Sam, ça va ?

    — Comme un lundi, ma biche, comme un lundi…

    — Quand tu arrêteras de faire la bringue, ça ira sûrement mieux… tiens, ce sont les messages de vendredi et de ce matin, rien de très urgent…

    — Faux ! Tout client a un manque affectif quand il appelle, et c’est pour ça qu’il est urgent que je le rappelle : pour qu’il sache que je l’aime encore !

    — Par contre, moi, tu ne m’embrasses même pas !

    — Ah, Lisa, avec ce que tu m’as dit tout à l’heure à propos de mes bringues, j’aurais peur que tu croies que je te drague !

    — Hé ! Peut-être que je n’aurais pas peur…

    — Toi, non, mais moi, si ! Ne jamais mélanger ses collègues et ses copines ! J’ai déjà essayé, ça a toujours foiré… et de manière mesquine en plus ! Fais-toi virer, on y verra plus clair.

    — Couillon ! Allez, à plus tard… Don Juan ! »

    Don Juan ! Drôle d’idée… c’était vraiment se fier aux apparences… à moins que Don Juan ait été, lui aussi, très malheureux et très seul…

    Car, si Sam cherchait la compagnie des femmes, célibataires ou mariées, c’était bien par peur de sa propre solitude, un peu pour se rassurer, pour entretenir l’illusion de ne pas être « seul »… et le plaisir qu’il cherchait n’était peut-être pas tant charnel que calorifique… ah, sentir la chaleur d’un corps à côté du sien quand on dort… même si, parfois, pour vaincre sa peur du froid du lit, il devait fermer les yeux sur certaines « valeurs »… oublier le mari absent… oublier qu’il savait certaines nuits sans lendemain…

    ***

    Après avoir rangé l’appartement en ruminant toute la matinée, Katia prenait le temps de manger dans sa cuisine aux tons bleu et jaune d’or.

    Elle n’avait cessé de penser à Sam et se demandait si un jour, il réaliserait qu’elle tenait à lui plus que comme un copain du week-end ! Et encore, pas tous les week-ends…

    Comment lui faire comprendre qu’elle connaissait ses relations dispersées sans le blesser ni le faire fuir ? Comment lui faire admettre que la vie de couple n’est pas forcément un enfer, et que, en tout cas, l’enfer, il y arrivera bien plus vite s’il continue à boire comme il boit en ce moment ? C’est vrai qu’il « encaisse », mais, elle, elle sait quand il passe le point de non-retour. Elle, elle le sent quand il échappe à tout le monde et se réfugie dans le goulot…

    Comment faire pour qu’il sache que sa carapace, elle l’a percée depuis longtemps, et qu’elle sait qu’il n’est pas heureux ainsi, elle qui serait prête à tout pour qu’il le soit ?

    Au début, elle aussi s’était fait prendre au piège par ce jeune homme provocateur, toujours vêtu de jeans sales ou trop longs, mal rasé, aux chemises mal repassées, à la guimbarde bruyante, avec sa casquette bleu marine, son charme et son sens de l’humour…

    Provocateur, certes, mais au moins sortant du rang des jeunes gens lisses ou de ses collègues du Théâtre qui se prenaient déjà pour des stars alors qu’ils montaient sur les planches pour la première fois !

    Dans les premiers temps de leur relation, ils se voyaient très souvent, et Sam appelait tous les jours… jusqu’au jour où elle lui avait proposé la vie commune ! Elle ne l’avait alors plus vu pendant trois mois !

    Le jour même, il avait changé son numéro de téléphone et s’était inscrit en liste rouge.

    Elle n’arrivait pas à y croire. Qu’avait-elle dit qui pouvait déclencher une

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