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Aouma Sutra- Tome I: La corne du Diable - Livres VI, VII et VIII
Aouma Sutra- Tome I: La corne du Diable - Livres VI, VII et VIII
Aouma Sutra- Tome I: La corne du Diable - Livres VI, VII et VIII
Livre électronique603 pages8 heures

Aouma Sutra- Tome I: La corne du Diable - Livres VI, VII et VIII

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À propos de ce livre électronique

Les livres VI, VII et VIII du Tome I d’Aouma Sutra soulèvent un voile sur ses mystères et closent une partie de cette odyssée.
LIVRE VI. M’Iü
M’Iü, la terre du peuple mère, la race adamite composée des Aaloks et Abisais, d'où survient le premier meurtre sanglant de l'Histoire. En Afrique, Thamas est toujours dans un état critique sur son lit d'hôpital. Suite au reportage sur Biosync, Keala a une idée pour le sauver. En France, Diego reçoit une offre pour attaquer le labo d'Alex malgré le refus de Malek. Cette attaque tourne au drame et Nora est kidnappée. Les membres du COM redoutent le contrôle de la nouvelle énergie par de puissants ennemis au profit d'une minorité. Au Vatican, Patamon prie pour que le labo d’Alex tombe entre ses mains. À Zurich, l’inspecteur se rend compte que le meurtre de Vincenzo Kauvarol prend des proportions démesurées. Une aide inattendue lui apportera la solution. LIVRE VII. La corne du Diable Neil, Miles et Aran lancent 5 missiles nucléaires pour démarrer le conflit mondial. Lors de sa conférence au MIT, monsieur N dévoile la vraie nature des nanorobots, dévalorisant l'implication de Biosync. Au Vatican, une tuerie révoltante est exécutée dans la Casina Pia, mettant un terme à une réunion sur le Nouvel Ordre Mondial. À Lausanne, la Fanderkrupp Corporation exécute les demandes en provenance d’un de leurs plus riches clients, Eutopia, mais les erreurs sont impardonnables. Cristian rencontre Alex. Celui-ci prend alors conscience de l'importance de l'énergie découverte en tenant l'unique et véritable corne du Diable entre les mains. Il sentira un immense pouvoir l’envahir. LIVRE VIII. Le souffle de Manakai Marie Polindovak est confrontée à l'assemblée de l'ONU lors de la conférence de presse du COM sur la nouvelle énergie. Au Vatican, le Saint-Père rend grâce au plan souverainiste du COM malgré l'opposition du clergé. Daniel Burri verrait un espoir de sauver Biosync si le COM disparaissait, mais une surprise de taille l'attend. Johnson complote pour s’emparer de la corne du Diable et éliminer Cristian. Alex s'aperçoit que la nouvelle énergie est plus dangereuse que les attaques terroristes. Serait-ce que le genre humain est rendu à la croisée des chemins?

LangueFrançais
ÉditeurYves Beland
Date de sortie1 oct. 2016
ISBN9782924767030
Aouma Sutra- Tome I: La corne du Diable - Livres VI, VII et VIII
Auteur

Yves Beland

Born and growing in Montreal, Quebec province in Canada. I had a pretty normal life, nothing special, no spiritual revelation or surnatural, nor religious, events happened in my life apart dreams and nightmares I got every nights. Fortunately, once the night was gone, I was able to feel almost normal. At least until I became a young adult. From that moment, many things changed like being curious, even attracted to what may happen beyond live, the implication and impacts of the daily acts on our behavior, environment, spiritual life, mind and spirit. Very early, I involved myself in personal development, as well spiritual than physical. I learned much about myself. Then I went on my path, quietly, tracing it in my mind and watching for these impact on my environment. I'm still going on my way.

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    Aperçu du livre

    Aouma Sutra- Tome I - Yves Beland

    3e partie, « La corne du Diable »

    Aouma Sutra est une œuvre originale écrite par Yves Béland d'après une idée de Yves et Sylvain Béland.

    Tous les personnages décrits dans ce livre sont fictifs. Toute ressemblance à des personnes vivantes ou décédées ne serait que pure coïncidence, et ce sans aucune intention de la part de l’auteur.

    Ce livre, sous format électronique, papier sous tout autre format littéraire, est autorisé pour votre plaisir personnel seulement. Il ne peut être reproduit sous forme électronique, mécanique, vocale ou visuelle, et/ou transmis par voie électronique, mécanique, vocale ou visuelle, sauf pour utilisation personnelle sans rémunération pour ce faire, en tout ou en partie sans recevoir l’autorisation expresse et écrite de l’auteur. Il est également interdit de modifier le format ou la page couverture sous les mêmes conditions. Même si cette publication vous appartient, les droits demeurent la propriété de l’auteur. Vous ne pouvez pas la redistribuer à d’autres personnes ou librairies pour fins commerciales ou non commerciales. Si vous souhaitez partager ce livre avec d’autres gens, s’il vous plait, achetez un exemplaire supplémentaire pour chaque destinataire. Si vous lisez ce livre sans l’avoir acheté, ou s’il n’a pas été acheté pour votre usage seulement, allez chez votre vendeur de livres électroniques ou libraire pour acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail difficile de cet auteur.

    Design et illustrations : Yves Béland

    Page couverture : L’anneau de l’Iu, Nahima l'Abisai, et Manuel célébrant l'arrivée des effluves.

    Copyright © Yves Béland 2016. Tous droits réservés.

    Publié aux Éditions Abisai, © Éditions Abisai.

    ISBN : 978-2-924767-03-0

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    http://aoumasutra.com

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    http://yvesbeland.com

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    « Si tu veux trouver les secrets de l’univers, pense en termes d’énergie, de fréquence et de vibration. »

    Nikola Tesla.

    Jeudi 7 septembre 2045

    Chapitre 45

    Une étrange créature s’enfonça dans les hautes herbes. Elle se perdit rapidement de vue parmi les broussailles, lianes et branches de la jungle subitement privée de soleil. Aenhoa leva la tête. Il aperçut un immense vaisseau masquant la totalité du ciel et glissant silencieusement au-dessus de la haute cime des arbres.

    Dans la nuit avancée, une limousine arrêta près du jet des Nations Unies, à l’aéroport de Nice. Marie en sortit et monta rapidement à bord de l’avion.

    — Décollage immédiat, annonça-t-elle au commandant.

    Elle prit place et alluma la télévision. Les nouvelles relataient cette première journée du congrès. Une vue d’ensemble de tout le hall permit de voir la nombreuse assistance.

    —… revoyons ensemble la conférence d’ouverture. Monsieur Kauvarol n’a pu faire acte de présence pour lancer ce congrès tant attendu. Nous n’avons encore aucune confirmation, mais il semblerait avoir été victime d’un meurtre. Comment et pourquoi, nous ne le savons pas. Une enquête suit son cours. Néanmoins, le congrès a démarré tel que prévu.

    Le remplaçant de Kauvarol venait de monter sur scène. Marie acheva de s’installer et attacha sa ceinture.

    — Il y a quelques jours, Marie Polindovak nous avait entretenus de l’urgence de la situation planétaire.

    À l’écoute de son nom et de la voix, elle porta son regard vers le récepteur. La vue d’ensemble avait cédé la place à un plan rapproché du conférencier. Mais c’est Théo !

    — Je remercie le conseil de me céder la parole. Aujourd’hui, nous sommes réunis pour accomplir un changement radical. Le WREP ! lança d’emblée Théo vers une assemblée muette. Le World Renewable Energy Pact! Ces quatre mots en disent long sur la situation présente. Nous sommes tous explicitement impliqués et liés à la condition déplorable de notre planète. Et puis il y a ce pacte. On ne nous demande pas de le signer comme on signe un chèque en blanc ! Cela va plus loin, demande un plus grand soutien financier. Cela demande surtout un engagement de chacun d’entre vous et de chacun de vos citoyens à renoncer à l’utilisation de source d’énergie combustible et nucléaire. Comment s’en sortir ? Nous avons recours aux sources d’énergies vertes depuis des décennies comme ressources compensatoires ou complémentaires. Mais qu’en est-il des ressources à haut potentiel d’énergie verte ? Ne pas signer ce pacte signifie notre arrêt de mort. Un suicide collectif organisé et accepté par tous.

    De quoi parle-t-il ? Ce n’est pas le texte de conférence que nous avions convenus Vincenzo et moi pour lancer le débat ! pensa Marie.

    — Ne faites pas comme Ponce Pilate ! enchaîna Théo. Ne vous en lavez pas les mains en vous disant que d’autres trouveront les solutions à vos problèmes. Cela vous concerne. Mais sommes-nous mûrs pour ce changement radical ? Ou avons-nous besoin de voir mourir nos enfants, nos petits-enfants, notre famille, nos proches… nous-mêmes, étendus sur un lit d’hôpital déjà surchargé d’autres malades en état de décrépitude et aux portes de la mort ? Je connais certains dirigeants qui refuseront sous prétexte d’une économie faible, d’une économie vacillante, d’une économie qui ne demande qu’à se stabiliser avant de se lancer dans d’autres projets d’envergure. Mais s’il n’y a plus de planète, ou plutôt, s’il n’y a plus d’habitants, quels seront les revenus pour continuer votre économie ? Si vous disparaissiez de la surface de notre globe, que feront les survivants ? Comment réagiront-ils ? Que laissez-vous derrière vous ?

    Marie assista, impuissante, à un discours qui avait pris des allures alarmistes plutôt qu’encourageantes. Le pire, constata-t-elle, c’est qu’elle ne pouvait rien y changer. Tout avait été déjà dit plus de douze heures plus tôt. Il a saboté tout le travail que nous avons fait depuis cinq longues années… comme s’il avait voulu que le pacte avorte… Mais pourquoi ?

    Dans l’épaisse jungle, alors qu’il examinait le navire flottant au-dessus de lui, Aenhoa n’avait remarqué nulle autre présence dans le silence paisible régnant. Seule une question le préoccupait. Comment un engin de cette taille pouvait être en état complet d’apesanteur sans émettre le moindre bruit de moteur ou du moins de champ électromagnétique ? Un bruit sec le sortit de sa rêverie. Quelqu’un semblait se tracer un chemin dans la brousse.

    — S’il vous plaît, demanda-t-il.

    Mais la présence ne semblait pas intercéder à son appel et continuait son chemin, lui faisant dos. Il s’approcha prudemment, jusqu’à pouvoir la toucher. Il demanda à nouveau.

    — S’il vous plaît, pourriez-vous me dire…

    Il s’interrompit brusquement lorsqu’elle se retourna. Le visage, d’une extraordinaire beauté, était affublé d’une énorme bosse pointue au centre du front, déformant la masse crânienne. Ses yeux d’un rouge profond, cristallin comme le vin, le regardaient légèrement au-dessus de ses yeux. Ils lui parurent familiers. Il leva la main en signe de paix, mais la créature n’était pas effrayée. Elle lui toucha le front d’un geste empreint de compassion. Puis elle pointa le ciel.

    — M’Iu, dit-elle.

    Aenhoa ne comprit pas ce qu’elle voulut dire. Elle pointa son front.

    — Iu.

    Elle pointa de nouveau le front de l’homme sans prononcer une seule parole. Il n’était pas comme elle.

    — Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il alors en pointant le vaisseau dans le ciel.

    Elle regarda vers le ciel puis ramena son regard comme si rien ne s’y trouvait.

    — Nahimai , répondit-elle de nouveau en se désignant tout en joignant les mains, le bout des doigts touchant le centre de sa corne.

    — … Biosync est définitivement l’entreprise du futur, dès maintenant !

    Dans la salle montage, le visionnement de l’émission tirait à sa fin. Le logo de l’entreprise s’afficha, puis le générique de fin débuta. Les regards se tournèrent vers Daniel Burri.

    — Alors ? demanda Hélène.

    — C’est bien, se contenta-t-il de dire.

    — Je trouve que c’est excellent ! commenta aussitôt Laurenz. Surtout considérant le peu de matériel en notre possession.

    — Vous n’aviez qu’à suivre les consignes et le plan de tournage, rétorqua Daniel.

    — Donc comme nous avons votre approbation, nous allons en onde ! intervint Hélène, coupant court à toute autre altercation de la part des deux hommes.

    Daniel se leva.

    — Bon ! Votre contrat est terminé, le mien commence !

    — Et vous allez empocher des millions ! Ne me dites pas que nous n’y serons pour rien, grommela Laurenz.

    — Vous avez été largement payé pour vos services, alors ne vous plaignez pas. Je dois avouer que vous avez fait un bon travail. C’est clair et le message passe bien ! répliqua Daniel.

    Puis s’adressant à Hélène.

    — Pouvez-vous me faire parvenir l’émission ? J’aimerais faire une petite projection privée pour les investisseurs.

    — Comme j’étais sûre que vous l’aimeriez, nous vous avons fait un cadeau.

    Elle lui offrit un petit coffret. Daniel l’ouvrit.

    — « La science avant tout », version californienne ? dit-il en prenant la microfiche et la souleva à hauteur des yeux.

    Il tourna le regard vers la productrice.

    — Est-ce que cela signifie qu’il y a une autre version ? demanda-t-il, soucieux.

    — Non, pas du tout, le rassura Hélène. C’est une façon de coder nos émissions, avec les temps requis de pauses pour les annonces publicitaires, le générique d’ouverture et celui de la fermeture. Il faut juste respecter les spécifications des diffuseurs. Nous leur ferons parvenir l’émission dans les minutes qui suivent. Vous voulez rester pour être sûr que nous ne changerons pas le programme ?

    Daniel hocha la tête.

    — Non, ça va aller, j’imagine que vous savez de quoi il en retourne.

    Il jeta un dernier coup d’œil à Laurenz, qui acquiesça comme si tout cela allait de soi, et quitta la salle de montage. Laurenz le regarda sortir. Il attendit encore quelques autres longues secondes, s’assurant que Daniel Burri fut assez éloigné, puis se tourna vers Hélène.

    — C’est bientôt l’heure de diffusion en Europe.

    Hélène se mordit la lèvre, et relâcha un soupir.

    — Je sais… Branchons-nous sur le satellite. J’appelle immédiatement France Trois.

    — Version internationale ! lança Laurenz, tout en posant les deux pieds sur le bureau, sourire aux lèvres.

    — Monsieur Anjay ?

    — Oui Sayumie, je suis ici, répondit-il.

    Sayumie poussa un soupir de soulagement. Dans la salle de contrôle, au Japon, elle s’approcha de l’écran.

    — Je suis heureuse d’entendre votre voix à nouveau, je croyais que vous ne sortiriez pas à temps. Mais je n’ai pas vu l’explosion…

    — Je ne suis pas sorti, mais grâce à vous, j’ai eu le temps d’actionner les POPs.

    — Les POPs ou les LOPs ?

    — Les LOPs ne sont d’aucune efficacité contre des missiles, car ce ne sont pas des objets vivants. Vous pouvez lancer une simple roche dans un champ protégé par des LOPs, et elle va le traverser comme si de rien n’était.

    Wakitsa n’aurait eu aucune chance même si les LOPs avaient été activés, pensa Sayumie.

    — La seule façon est d’actionner les POPs, des protecteurs d’ondes personnelles. Nous ne pouvons les actionner que dans les cas extrêmes, car ils demandent une forte concentration d’énergie.

    — Je n’étais pas au courant de l’existence de ces appareils.

    — Ne vous sentez pas fautive, ce ne sont pas tous les centres de distribution qui en possèdent, et encore moins de gens savent comment les utiliser.

    — Et le missile alors ? Où est-il ?

    — Les POPs font imploser toute arme de ce genre. Aucun dommage n’est causé. Vous avez sauvé la ville et des milliers de vies. Je ne saurais comment vous remercier de votre aide !

    — Je…

    — Je le pense réellement.

    — Le centre à Bujumbura a explosé. Je ne sais même pas s’ils ont eu le temps de sortir… J’ai… vérifié… C’est terrible… Tellement horrible… Il ne reste plus rien du centre !

    L’ANEC n’a pas de POP pour leur centre, pensa Anjay.

    — Et la montagne ?

    — La montagne ?

    — Oui… C’est là où se trouvent les stabilisateurs. C’est ça qu’il faut avant tout protéger.

    — C’était le centre qui était visé… Je ne sais pas…

    — Alors ils voulaient éliminer les têtes dirigeantes…

    — Que pouvons-nous faire pour les aider ? Il y a surement des blessés, des morts !

    — Il y en a… Je sais… Nous ne pouvons rien y faire pour le moment sauf nous rendre utile et trouver d’où viennent ces missiles. Pouvez-vous en tracer l’origine ?

    — Oui, bien sûr. Laissez-moi le temps de le faire et je vous envoie les fichiers dans quelques minutes.

    — Merci Sayumie.

    — Je vous en prie, je crois que c’est la moindre des choses que je puisse faire.

    Elle coupa la transmission et s’assit au pupitre de commande.

    — Historique Oslo. Historique Bujumbura. Deux dernières heures.

    La mappemonde pivota et afficha l’ensemble du globe représentant les deux villes. Toutes les informations reliées aux événements des deux précédentes heures s’affichèrent aussitôt.

    — Action de déroulement chronologique.

    En accéléré, toutes les données défilèrent jusqu’au moment où les deux mires apparurent.

    — Cibles actionnées.

    Le déroulement cessa. Puis avec un regard tout aussi sombre que celui qu’elle eut lorsqu’elle découvrit ce moyen de recherche pour l’attaque à Nikaho, sur le Mont Chōkai, elle s’approcha de l’écran.

    — Composition de trajectoire. Localisation de départ.

    Il ne fallut qu’une fraction de seconde pour que toutes les données relatives aux missiles lancés sur Oslo et Bujumbura apparaissent sur l’écran.

    — Composition d’appareillage. Affichage de données ! lança-t-elle.

    La mappemonde pivota légèrement, se centra entre les côtes Américaines et Européennes, puis la caméra virtuelle plongea vers l’Océan Atlantique.

    Des images inédites de nanorobots en action dans un organisme, bâtissant une structure cellulaire, devenant un tissu organique, puis l’oreille d’un lapin se formant comme par magie, n’étaient que quelques images du générique d’ouverture pompeux de l’émission scientifique la plus écoutée au monde. Le générique terminé, l’émission ouvrit sur un homme assis dans une salle de montage.

    — Bienvenue à « La science avant tout ! » Ici Laurenz Becker. Encore une fois, nous vous offrons un sujet particulier, levant un autre voile sur le mystère de notre grand voyage qu’est la Vie. Nous nous sommes rendus en Amérique du Nord et plus précisément en Californie, visiter une entreprise de haut prestige. Vous vous imaginez la vie comme un voyage sur des montagnes russes, avec ses hauts et ses bas de santé précaire, d’inutiles souffrances ou handicaps et maladies comme faisant partie d’un plan divin ? Fini ! Terminé ! Vous en parlerez bientôt comme on parle des dinosaures. Biosync a accompli l’impossible. Ces scientifiques à la fine pointe des technologies ont mis Dieu dans leur poche et nous offrent une restructuration de tout l’organisme humain, restituant le souffle originel de notre Créateur : soit à Mon image et à Ma ressemblance ! Qui est à l’origine de ce miracle chez Biosync ? Un homme de longue expérience, un visionnaire du vingt et unième siècle, un bâtisseur en science génique et un précurseur en nanobiotechnologie : monsieur Daniel Burri. Sans plus attendre, voici le compte-rendu de notre visite avec cet homme exceptionnel et son entreprise à l’avant-garde de l’âge d’or !

    Lorsque Lucas quitta Charles, ce dernier resta songeur. Se peut-il qu’on en soit arrivé à si peu en ce bas monde ?

    Il avait redouté depuis longtemps qu’un jour comme celui-ci puisse se produire, mais jamais il n’avait pensé que la situation subvienne de cette façon, pas pour aussi peu de considération. Les enjeux étaient rendus énormes, surtout avec les derniers rapports obtenus par Lucas. Éloise apparut dans le cadre de porte.

    — Ils sont arrivés, Monsieur, annonça-t-elle.

    — Bien.

    — Monsieur… ?

    — J’arrive Éloise…

    — Madame Orenda est absente, elle avait déjà quitté pour l’Afrique.

    — Peut-elle participer de visu ?

    — Je n’ai pas réussi à la rejoindre.

    — Et les autres ?

    — Je n’ai pas eu de confirmation de leur présence, mais ils sont avertis.

    Surement que Johnson fera faux bond, mais espérons que Brendel soit présent afin de freiner tout doute à son sujet, ainsi que le reste des membres. Charles se leva prestement malgré la lourdeur de la tâche à venir. Il franchit rapidement les corridors, passant par la salle des contrôles, le menant à la salle de conférence. À sa grande surprise, le rondelet Johnson était présent, ainsi que Brendel. Sans laisser paraître son inconfort, Charles prit place à l’extrémité habituelle de la table. Il leva le regard vers les membres du Conseil.

    — Messieurs, je vous prie d’excuser cette rencontre impromptue et encore plus à cette heure, mais des faits récents m’ayant été rapportés m’ont obligé à vous convoquer. Probablement que certains d’entre vous sont déjà au courant d’ailleurs de ces faits.

    Tous attendirent la suite. Charles fit une pause de quelques secondes avant de poursuivre.

    — Quelqu’un s’est introduit dans le labo à l’insu d’Alex, de Nora et Luan, sur les ordres probablement de l’un d’entre nous.

    Des chuchotements s’élevèrent. Charles les observa. Seuls Johnson et Brendel ne semblaient pas être affectés par la nouvelle.

    — Il paraîtrait, selon les déclarations de cet espion, qu’Alex a découvert ce que nous redoutions, c’est-à-dire une source d’énergie potentiellement inépuisable.

    Avant que chacun puisse tenter de prouver son innocence ou même quelques relations que ce soit avec un espion, Charles leva la main et poursuivit.

    — Cependant, comme vous le savez, le labo est protégé par des LOPs. Toute intrusion ne peut se faire. Mais avec la panne précédente que nous avons eue, nous pouvons comprendre que son labo ait été paralysé comme le reste de la planète l’a été, permettant alors à cet espion de s’y introduire. Nous avons d’autres données. La quantité d’énergie produite ou générée au labo a augmenté de façon exponentielle avant de se stabiliser. Depuis quelques heures, même si tout semble stable, aucune fluctuation ne semble se produire malgré la grande demande énergétique, et cela est impossible comme vous le savez. Ce qui veut dire en clair qu’une source énergétique de très grande puissance est générée dans ce labo, sans perte.

    Plusieurs membres échangèrent des regards, quelques murmures s’ajoutèrent. Certains mêmes furent plus que surpris de la nouvelle.

    — Selon notre entente protocolaire, il me faut l’assentiment unanime du conseil d’administration afin d’intervenir au laboratoire d’Alex, et s’il le faut, ouvrir une enquête interne, engager des experts afin de porter une analyse distincte sur ce qui s’y trame et de vérifier la sécurité des appareils utilisés à ces fins.

    — Qui pourra faire partie de cette délégation ? demanda immédiatement Johnson.

    Charles s’attendait évidemment à cette question. Savoir ce qui s’y tramait dérangeait Johnson au plus haut point. Maintenant qu’il était au courant de plusieurs innovations, en plus de cette « lumière » qui semblait être la source de cette formidable énergie, il ne demandait pas mieux que d’être au premier rang, ou encore plus narcissiquement, d’être le seul à y pénétrer. Charles porta son regard vers Brendel. Ce dernier ne parut pas vouloir faire partie des intentions de son voisin, ni d’ailleurs de qui que ce soit. Sa grandeur d’âme toucha Charles qui finit par admettre que ce grand homme ne pouvait s’abaisser à des actes de ce genre.

    Keala faisait les cent pas dans la salle d’attente de l’hôpital. L’opération sera longue, lui avait-on dit. Va-t-il s’en sortir ? Alors qu’elle était concentrée sur des pensées existentielles, elle ne se rendit pas compte que des mots familiers parvenaient à ses oreilles. Soudain, elle leva la tête vers le poste télé.

    —… c’est un stabilisateur. Alors la question que nous nous posons tous est la suivante : est-ce que Biosync utilise des appareils d’onde de forme pour la programmation de ses nanorobots, ou bien si ceux-ci sont sous l’influence directe de l’énergie qui en émane ?

    Biosync ? Où est-ce que j’ai entendu ce nom ? Pense Keala, pense vite. Elle refit les cent pas tout en conservant son attention sur le poste télé. L’animateur poursuivit son monologue, mais Keala étant entièrement absorbée, n’écoutait plus. Elle ferma les yeux. Remonte dans le temps… Remonte… L’ambulance… Thamas sous les débris… Zoé… Le souffle de l’explosion… Courir, le plus loin possible… « Sortez, vite »… Le téléphone… Dans la salle de conférence… Là… Là sur la table… La boite… « Qui est Biosync ? » Elle ouvrit les yeux. Sur le poste télé, le logo de Biosync terminait l’émission.

    — C’est le même logo. La boite, où est la boite ?

    Les portes de la salle d’urgence s’ouvrirent à ce moment. Un médecin en sortit. Il enleva son masque, ses gants et alla au-devant de Keala, la seule qui avait porté son regard en sa direction.

    — C’est pour l’homme blanc que vous êtes ici ?

    — Thamas Daquilis, oui ! Comment va-t-il ?

    — Difficile à dire pour l’instant.

    Il regarda vers le corridor.

    — Allons dans un coin plus tranquille.

    Keala le suivit. Elle croisa les bras, serra les lèvres, et attendit.

    — La cage thoracique a subi une pression énorme, mais heureusement elle a tenu le coup… sauf trois côtes. L’une a perforé le poumon gauche, et une autre a perforé l’estomac. L’hémorragie a causé bien des dommages, mais cette partie est sous contrôle maintenant.

    — Cette partie ?

    — Il y a plus grave… Il a été trouvé sous des débris vous avez dit ?

    — On l’a retrouvé sous une partie de mur.

    — Je vois.

    Keala attendit la suite, s’attendant au pire.

    — C’est la colonne vertébrale… Plusieurs vertèbres ont cédé sous le choc. Je ne pense pas qu’il puisse remarcher, ou même s’assoir.

    Keala resta muette.

    — C’est un ami intime ?

    — Non, s’entendit-elle dire, encore sous le choc. En fait, je le connais à peine…

    — C’est probablement mieux ainsi.

    Keala le regarda. Qu’est-ce qui est mieux ainsi ? Deux autres civières s’amenèrent dans le corridor alors que celle de Thamas sortit. On l’amena vers les soins intensifs. Keala ne put détacher son regard de l’homme inconscient sous l’effet de puissants sédatifs.

    — Je dois vous laisser, annonça le médecin.

    Elle jeta un coup d’œil aux deux blessés ensanglantés, les techniciens travaillant dans la section recherche. Le médecin les suivit dans la salle d’urgence. Les portes se refermèrent à nouveau. Et maintenant ? se demanda-t-elle. En se retournant vers la salle d’attente, la mémoire lui revint sur de récents faits. Elle prit rapidement son iMats.

    — Zoé Orenda, ordonna-t-elle.

    La communication s’établit à l’instant.

    — Zoé, où est la boite ?

    — Quelle boite ? demanda-t-elle.

    — Celle que tu as reçue de Biosync… Cet après-midi… La petite boite… On se demandait ce que c’était et qui était Biosync…

    — Keala, est-ce que tu vas bien ?

    — Je t’en prie, c’est important ! Dis-moi, la boite, on l’a ?

    — Mais… elle est disparue dans l’explosion, tu le sais bien !

    — Cherche-la, elle a probablement été propulsée à l’extérieur lors de l’explosion…

    — Est-ce si important ?

    — Cette boite contient un nouveau médicament contenant des nanorobots, générés ou guidés par l’énergie d’un stabilisateur… Et tout ça a été créé par Biosync !

    — Biosync ? La compagnie qui nous a envoyé la boite ?

    — Oui… Je sais que ça semble une étrange coïncidence, mais c’est un risque à courir… pour Thamas du moins… Il a été gravement touché, et il risque d’y rester ou d’être condamné au lit pour le restant de sa vie.

    — Je comprends… Ça risque de prendre un certain temps, nous sommes encore à ratisser le terrain pour voir s’il n’y aurait pas d’autres victimes. On va chercher ça en parallèle.

    — Merci… Je reste ici pour voir s’il y a du nouveau.

    L’image d’Eutopia occupait tout l’écran mural. Et voilà la vraie forteresse flottante qui revient me faire une visite surprise, pensa Sayumie. Décidément, Eutopia fait partie des problèmes que nous avons en ce moment ! Elle examina l’île. Quelques bâtiments de résidences paradisiaques entourés d’arbres et une cascade nourrissant un ruisseau qui déversait ses eaux dans un lac artificiel d’un immense terrain de golf couvraient le tiers de la superficie de l’île. Que c’est mignon… pour lancer des missiles téléguidés ! Voyons voir plus en détail cette fois-ci ce qui se passe chez eux ! Elle porta son regard vers les données.

    Eutopia.

    Propriété de : ENWE, Eutopia New World Era. Les milliardaires prônant l’Ère du Nouveau Monde, pensa-t-elle.

    Date de construction : 2035.

    Manufacturier : TDI, Thamas Daquilis Industries.

    Équipement : ITE, Intelligent Technology Enterprise, spécialisée dans l’armement de haute technologie de défense.

    Composition d’appareillage : 13 kilomètres carrés répartis sur 3 niveaux. Premier niveau composé de terre ensemencée, arbustes et arbres, eau de mer désalinisée, polymères naturels et artificiels, s’étendant sur 5 kilomètres carrés. Deuxième niveau composé d’une structure de polymères naturels et synthétiques, s’étendant sur 5 kilomètres carrés. Troisième niveau composé de structure métallique et de polymères artificiels, s’étendant sur 3 kilomètres carrés. Résidence de l’appareillage d’opération et de navigation. Puissance motrice de croisière de 30 nœuds, puissance maximale de 80 nœuds. Contenance d’hydrocarburant de 25,000 litres. Ballasts à eau de mer contrôlés par horizon artificiel gyroscopique. 200 senseurs pour la stabilité en eau mouvementée.

    Système de communication : Transpondeur AIS, Automatic Identification System. 3 sonars. 10 antennes émettrices à ondes courtes. 5 récepteurs UHD (ultra haute définition).

    Système de défense antimissile balistique Aegis et ASMS (Advanced Surface Missile System) : radar multifonction Herakles. Système de veille panoramique infrarouge. Conduite de tir optronique. Sonar de coque. Sonar remorqué sur la version ASM. 2 radars satellites tactiques. 50 missiles téléguidés. 100 missiles de type MM40 B4. 25 missiles de défense antiaérienne Aster (version FREDA). 25 missiles de croisière navale MdCN (version ASM). 50 torpilles MU90. 150 lance-leurres antimissiles et antitorpilles. 3 hélicoptères.

    Décidément, ou ils sont atteints de paranoïa aiguë, ou bien ils ont décidé d’en finir une fois pour toutes avec les fauteurs de troubles… que nous sommes ! Mais pourquoi Bujumbura et Oslo ? se demanda Sayumie. J’appelle les soldats pour ces milliardaires en manque de sensations fortes ?

    — Résidents occupants, demanda-t-elle.

    Une liste apparut aussitôt, et un lien clignota.

    — Ouverture de lien.

    Le dossier de Neil Richard se déroula sous la demande.

    Tiens, c’est vrai… Il est sur la liste de Wakitsa… Et pourquoi donc ? Est-ce un preneur de décisions contrôlant le reste du monde ? Et les autres ? Surement pas des locateurs en manque de sensations comme assister à des lancements de missiles…

    — Mise sous surveillance, études de liens ultérieures…

    À ce moment, une cible clignota dans la marge de l’écran. Sayumie réagit promptement.

    — Mise en situation de la cible.

    La mappemonde recula, s’éloignant de l’île artificielle et se positionna au-dessus de l’Europe.

    — Zone centralisée, commanda-t-elle sans attendre.

    La cible grossit sur l’écran, et l’on put s’approcher du sud de la France et se retrouver rapidement au-dessus de la petite ville de Puys-des-Abysses. La mappemonde pivota de quelques secondes vers les montagnes. Le centre de la mire se retrouva au-dessus du labo d’Alex Fonwell.

    À l’intérieur du labo de Puys-des-Abysses, un détecteur émit un faible signal et plusieurs ombres prirent forme sur le petit écran. Automatiquement, les ondes furent décryptées. Ne faisant pas partie des ondes autorisées, un autre léger signal sonore se fit entendre. Un champ électromagnétique apparut sur le graphique. À l’extérieur, les ombres, se glissant furtivement vers le labo, furent arrêtées net, comme si un mur invisible les bloqua.

    Nora et Luan, portant attention aux révélations de Manuel, ne s’étaient pas rendu compte de ce qui se tramait hors des murs.

    — Les Abisaisii… ou les Cornus… comme ils… se faisaient… appeler… étaient nés… sous l’égide… de l’esprit… Ils étaient… en constante… relation… spirituelle… avec l’inspiration… appelée Iu… ils étaient… le don… de Dieu…

    Nora, écoutant attentivement, transmit chaque mot à Luan.

    — Quant aux… Aaloksiiiou les… Innés… comme ils… s’appelaient… eux-mêmes… ils avaient… l’éveil psychique… la lumière… de Dieu… Ils matérialisaient… la vie… en utilisant… la force… de la Sexte… base de… toute connaissance… scientifique… sur M’Iu... Les deux… peuples vivaient… sur Edewana le grand… continent… selon la… règle… de la… Suprématie… Absolueiv… jusqu’au jour… où Aenhoa… arriva…

    Aenhoa resta songeur. Se peut-il qu’elle soit davantage une créature animale qu’humaine ? Pourtant son regard se veut intelligent, ou du moins très sensoriel.

    Nahima recula alors de quelques pas, tout en modifiant légèrement la position de ses mains à la verticale sur l’arrête de son nez, y faisant prolonger les deux index et leur bout touchant la racine de sa corne, les pouces entrés à l’intérieur des mains. Elle pencha la tête humblement, courbant à peine son corps. Après quelques courtes secondes, elle releva la tête, pointant sa corne vers le ciel, tout en arquant intensément le dos. Sans avoir prononcé une parole, un son sourd très profond se fit entendre des entrailles de la Terre, puis une intense lumière s’éjecta vers le ciel.

    Dans la salle de conférence du COM, une explosion se fit entendre, interrompant Charles. Tous portèrent leur regard vers le bruit destructeur, vers la fenêtre, vers la montagne, vers le labo d’Alex. Un éclair d’une intensité aveuglante monta vers le ciel pour s’éteindre aussitôt, laissant place à un nuage bleuté chargé de particules électriques pétaradant comme de minuscules explosifs portés par le vent, vers le ciel sombre. Pas un mot ne s’entendit dans la salle de conférence. Chacun semblait même retenir sa respiration. Johnson brisa le silence.

    — Merde de merde, j’avais… mais il ne poursuivit pas sa pensée.

    Charles le regarda. A-t-il réellement osé ? Il n’eut pas le temps d’y réfléchir que le rondelet homme disparut aussitôt… suivi de Nikolai et Patti, puis quelques autres enchaînèrent le pas. La moitié du conseil disparut très rapidement. Brendel se leva comme si la réunion était terminée, puis quitta tranquillement. Les autres membres restèrent encore figés par la tournure des événements, sauf Mesmer. Celui-ci avait porté une particulière attention sur les agissements de tous.

    Lucas apparut aussitôt dans la salle de conférence, attirant l’attention de Charles.

    — On aurait dit une explosion… mais le registre montre une autre affaire… répondit-il.

    Il ne put en dire davantage en présence des autres membres du conseil. Puis Éloise fit irruption dans le chambranle de la porte.

    — Monsieur, on vous demande d’urgence au téléphone !

    Charles disparut à son tour de la pièce, talonné par Lucas. Traversant la salle d’observation, plusieurs écrans affichaient les valeurs électromagnétiques de la montagne tandis que d’autres analysaient les différents points sur la planète qui avaient changé leurs taux vibratoires. Un brouhaha y régnait. Tous les techniciens vérifiaient leurs données à haute voix tout en les transmettant à leurs chefs de pupitre. D’autres étaient en liaison vocale avec les différents centres mondiaux. Lucas fut harcelé d’autres questions sans qu’il y prête attention.

    — Mais qu’est-ce qui se passe au juste ? demanda Charles.

    Lucas haussa le ton pour mieux se faire comprendre dans la cacophonie générale.

    — Plusieurs phénomènes étranges se déroulent en ce moment. Aucun générateur, et cela, peu importe où il se trouve, dans le monde, ne semble stable.

    Charles grimaça.

    — À cause de cette explosion ?

    Lucas balaya la question de la main et poursuivit.

    — Il s’est passé quelque chose depuis cette panne qui vraisemblablement est venue de chez Alex. On ne peut le nier, les schémas le prouvent, ainsi que la force ondulatoire. Et, comme ce sont Luan et Nora qui sont venus nous remettre sur pied, j’ai eu l’impression qu’ils ont trafiqué le système.

    — Trafiqué ? demanda Charles.

    — Oui, c’est le mot. En fait, après vérification, nous n’utilisons plus la même longueur d’onde.

    — Comment peut-on le savoir ?

    — Cette longueur d’onde est plus rectiligne, plus transparente également, et plus pure. C’est difficile à expliquer, mais avant cette panne, nous avions des faiblesses dans la longueur d’onde, ce que les stabilisateurs compensaient. Ce n’est plus le cas actuellement. Et tous les centres sont branchés sur cette même longueur d’onde. En clair, nos générateurs ne servent plus à rien !

    Charles s’arrêta. Lucas attendit une réaction de la part du dirigeant.

    — Et cette explosion ?

    — Bien… Ce n’est pas une explosion en fait. Quelqu’un a voulu court-circuiter les systèmes de défense afin de s’introduire dans le labo. Je ne sais pas ce qu’ils ont fait exactement et ni comment ils ont procédé, mais ce qui a donné l’explosion n’était que la rencontre de deux champs magnétiques.

    Charles leva les sourcils, n’étant pas sûr de comprendre.

    — Comment deux champs magnétiques peuvent produire un tel vacarme ? On l’a vu de la salle de conférence !

    — Je ne sais pas… Le champ engendré fut tellement fort qu’un gaz s’en est formé, et lorsqu’il est devenu assez dense, s’est enflammé puis explosé au contact de l’air.

    — Mais qui ? Qui en connait suffisamment pour provoquer ça ?

    — Je peux lancer une recherche de recoupements.

    Mais Charles ne portait plus attention. Le temps pressait. La question devint hautement importante. Soudainement, un nom lui vint en tête. Malek… Attaquer ceux qui l’ont soutenu et défendu si souvent ?

    — Fais plutôt la recherche sur Malek, afin de savoir où il se trouve.

    — Et utiliser le générateur bioanéchoïque ?

    Charles acquiesça. Puis reprit la route de son bureau.

    — La dernière fois, tout le réseau était tombé en panne… Il n’est pas au point… lança Lucas.

    — Je sais, mais on doit savoir s’il est impliqué ou non… lui répondit Charles. Tu me donnes des nouvelles. En attendant, je vais prendre cet appel et surement éteindre un autre feu.

    Nora et Luan se regardèrent, d’abord incrédules, se demandant d’où pouvait provenir le bruit. Se rendant à une certaine évidence, ils se levèrent brusquement, interrompant le fil du récit de Manuel. D’un seul mouvement devenu réflexe avec le temps, ils regardèrent le moniteur et comprirent l’invraisemblable situation, ils étaient attaqués ! Quelques lourdes secondes s’écoulèrent, laissant au couple le temps de comprendre ce qui s’était passé afin d’en arriver à ce point. Sans pour autant en tirer de conclusion, Luan laissa ses réflexions de côté et affronta l’immédiat.

    — Le champ tient le coup malgré la tentative d’immixtion… Ils ont eu de la chance, car ils ont failli y laisser leur peau !

    — On dirait que l’appât du gain attise la convoitise de certains, répondit Nora.

    Luan entra de nouvelles données rapidement, puis elles apparurent sur l’écran. Quelques formes ondulatoires se fondaient les unes aux autres sur le moniteur, détachant pourtant chacune d’entre elles. Les appareils utilisés furent également reconnus.

    — Ils possèdent les appareils pour briser le champ des LOPs… Une attaque en bonne et due forme ! constata-t-il.

    Nora recula de quelques pas. Pour une fois dans sa vie, elle craignait le pire. Serait-ce que l’inspecteur… Elle le savait différent suite à une peur dont elle-même en ignorait la source. Non, je ne pense pas qu’il intente une agressivité de ce genre. Elle regarda la source lumineuse. La lumière se refléta dans ses yeux noirs, maintenant atterrés. Ce regard si vivant se fit de plus en plus sombre.

    Même s’il savait que la peur s’infiltrait chez sa femme, Luan entreprit de prendre les mesures qui s’imposèrent d’elles-mêmes.

    — De ce qu’ils ont tenté, je crois comprendre que ce sont des experts… Je peux augmenter facilement le champ, désamorçant leurs appareils et les forcer à s’éloigner au point du non-retour où…

    — Non, dit-elle. On ne peut pas faire ça !

    Luan se tourna vers elle.

    — Hé… dit-il doucement. Je ne parlais pas du véritable point de non-retour des forces négativesv Nora, tu sais bien que ce n’est pas ce que je voulais dire…

    — Je sais…

    Elle s’étrangla dans ses mots. D’étranges sentiments semèrent la confusion dans son esprit. Pourquoi une telle violence ? Pourquoi le pouvoir attise-t-il une telle convoitise alors que nos intentions sont les plus nobles de la planète… Tous auront leur part… Ils le savent… Il le sait…

    Elle s’approcha de Manuel, toujours étendu sur le sol, inconscient et balbutiant d’autres paroles. Personne n’était là pour les écouter. Elle se pencha et y prêta son oreille comme auparavant.

    — Il faut… attendre… surtout… ne pas… la prendre… attendre… serait mieux… plus profitable…

    Nora regarda Luan. Il analysait les différentes composantes afin de puiser à même la brèche l’énergie pour mieux protéger le labo.

    — Luan, dit-elle doucement.

    Ce dernier la regarda.

    — On ne peut pas, Manuel nous dit d’attendre.

    Il vint pour répliquer, mais vit une grande tristesse envahir le regard de sa femme. Jamais il ne l’avait vue ainsi auparavant, plutôt le contraire ! Serait-ce la fin ? Toute cette aventure se terminerait ainsi ?

    L’heure tardive n’empêchait aucunement la nouvelle de circuler mondialement. Des extraits de l’émission « La science avant tout ! » en version internationale étaient sur tous les médias incluant Internet. L’extrait le plus populaire étant celui où l’on entrevoyait clairement le stabilisateur.

    — Il nous a été permis de voir à quel point Biosync a poussé l’avancement technologique de ses équipements. Un stabilisateur d’ondes de forme occupe son laboratoire de recherche et développement. Pour les néophytes, les stabilisateurs ont été au cœur d’une controverse il y a quelques jours lorsqu’une panne a frappé le centre d’observation mondial, communément appelé le COM. Récemment, nous avons eu en entrevue le docteur Luan Vinheiro qui nous a expliqué les principes fondamentaux des ondes de force et les comment et pourquoi de leur fonctionnement. Ces appareils servent principalement à balancer les énergies dans lesquelles nous baignons afin de contribuer à des cultures agricoles de haute qualité. Serait-ce à dire que Biosync se sert d’un stabilisateur pour la programmation de ses nanorobots, ou leur fournit une énergie pour accomplir des tâches au-dessus de leur programmation initiale ?

    Daniel Burri arrêta le déroulement de l’extrait. Il regarda la quantité de gens l’ayant vu. Deux millions de visiteurs, en deux heures.

    — Ça se regarde à coup de millions… À ce rythme, la moitié de la population mondiale va l’avoir vu d’ici demain matin, dit-il.

    — C’est du sérieux, mais personnellement, je n’y vois pas de points négatifs, au contraire, mentionna Phil Martin. Cela va mousser encore plus la réputation de Biosync.

    — Je te remercie de ton soutien moral, répondit Daniel.

    — Quel est le problème ?

    — Ne me dis pas que tu ne vois rien venir ?

    Phil hocha la tête.

    — Pense à plus loin que le bout de ton nez ! expliqua Daniel. Personne ne peut fabriquer de nanorobots qui rebâtissent un code génétique. C’est fou comme idée, mais ça marche les deux doigts dans le nez avec un stabilisateur ! Et c’est l’unique avantage qu’on a sur la concurrence.

    — Et si on sait qu’on utilise un stabilisateur, d’autres laboratoires de recherche en nanotechnologie vont faire de même, et fournir le même type de services que nous… et on perd l’exclusivité !

    — On ne perd pas que l’exclusivité, on perd surtout des milliards de dollars.

    L’activité du COM dépassait l’entendement. Autant les membres d’administration étaient concernés par l’affaire au labo d’Alex, autant tous les techniciens étaient à constamment vérifier la situation mondiale concernant l’énergie distribuée par le centre. L’instabilité semblait générale. Lucas avait, pour sa part, tout mis de côté. Il ouvrit une fenêtre sur son ordinateur, « Rapport confidentiel ». Il lança la demande. L’ordinateur enregistra ses données de longueur d’onde. Il eut alors accès. Il parcourut la liste affichée et mentionna un nom.

    — Malek. Localisation paramétrique et probabilité de dé…

    Il n’eut pas terminé de formuler la demande qu’il fut interrompu par une demande de permis de plus haute importance s’affichant sur le moniteur.

    — Qu’est-ce que c’est encore ? grogna-t-il.

    Il vit la demande prioritaire et marmonna de plus belle tout en la balayant rapidement du regard.

    — Monsieur… voulons nous lancer dans… de fabrication de stabilisateurs… avons un spécialiste… pas besoin de matrice… ? Qu’est-ce que c’est que cette demande ? dit-il en relevant la tête.

    Comment peuvent-ils fabriquer des stabilisateurs sans matrices ? Hé merde de merde ! Mettons ça en attente le temps de passer à la priorité numéro un : Malek.

    — Malek. Localisation paramétrique et probabilité de déplacement activée.

    Seul le COM possédait ce nouveau logiciel développé par Nikolai, Mesmer et Patti, qui permettait de prévoir les perturbations bioélectromagnétiques d’un corps, en éliminant l’écho qui perturbait la lecture, sur un laps de temps allant jusqu’à soixante-douze heures. Il porta le regard vers le lecteur de distribution, s’attendant à voir chuter le niveau et provoquer une panne. Le résultat s’affichant sur le moniteur attira son attention. Il regarda à nouveau le lecteur. Il n’a même pas bougé ! Il reporta son regard sur le moniteur. Il est en France, et en plus de ça chez Alex. Donc il est responsable de l’explosion. La probabilité de déplacement : rien… ? Il ne bouge pas de chez Alex ? Impossible…

    Lucas n’eut pas le temps de réagir davantage que l’ordinateur analysa la deuxième priorité. Tout le dossier s’afficha. Mohammed El-Aboulah, neveu du milliardaire Aran El-Aboulah. Il demeure chez son oncle, sur Eutopia. Donc l’argent n’est pas un problème. Achat d’une entreprise au Liban pour le développement d’expertises en ondes de forme. Alors… d’où viennent ces matrices ? Lucas dicta de nouvelles données : matrices non codées/encodées/disparues/volées/vendues sans autorisation. Un seul mot s’afficha : NEC. Bon bien voilà, on a des réponses précises ce soir. Monsieur Johnson sera content.

    Au-delà des LOPs ceinturant le laboratoire, Diego rageait.

    — On peut dire que cette fois tu as royalement raté !

    — Du calme… Il y a quelque chose de changé dans la forme ondulatoire. On dirait qu’elle est plus forte, raconta Malek.

    — Tu es sûr ? demanda Diego. Ou

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