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Aouma Sutra- Tome 1: L'expérience mystique - Livres III, IV et V
Aouma Sutra- Tome 1: L'expérience mystique - Livres III, IV et V
Aouma Sutra- Tome 1: L'expérience mystique - Livres III, IV et V
Livre électronique560 pages7 heures

Aouma Sutra- Tome 1: L'expérience mystique - Livres III, IV et V

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À propos de ce livre électronique

Aouma Sutra nous fait découvrir la synchronicité et simultanéité événementielles, résultantes de liens autrement plus logiques que mystérieux. « L’onde de choc » contient les 2 premiers livres sur 8 que forment le tome I. « L’expérience mystique » poursuit le récit.
LIVRE III. L’INTROÏT
Suite à la panne mondiale, Alex, Luan et Nora tenteront de remettre leur laboratoire sur pied. Mais c’est le début des convoitises, plans et complots des riches d’Eutopia pour faire disparaître le COM et ses alliés dont Wakitsa entre autres. Alors que Nora et Luan s’y rendent pour le remettre en fonction, Alex reçoit la visite d’un étrange personnage. Celui-ci lui propose de l’aider mais le prix à payer semble plus élevé que la mort elle-même. Il disparait sans laisser de trace.
LIVRE IV. AEKL’ANTIS
Des attentats sont perpétrés envers les alliés ou ceux ne voulant pas s’impliquer dans les plans de guerre du Nouvel Ordre Mondial. Marie Polindovak, arrivée de New York, se rend au COM afin de rencontrer Nora et Luan pour un projet de grande envergure. Au Vatican, le cardinal Patamon se trouve un allié en le Père Arès, fervent catholique, pour mettre la main sur la corne du Diable. L’Atlantide se remet du premier tremblement de terre de son histoire alors qu’Is’jmaël, sauvé de la mort par Jamina, revient au temple pour la suite de ses travaux sur l’énergie. Sovann, son frère, bousculera les événements. Les conséquences seront désastreuses pour le continent entier.
LIVRE V. LE TEMPLE DE LA GUÉRISON
Mohammed ne peut construire des armes de destruction basées sur l’énergie sans l’aide de Malek, mais celui-ci a décidé de cesser ses activités. Le centre ACNE d’Afrique tout comme la BCSOF de Norvège, alliés du COM, sont dans la pointe de mire des milliardaires d’Eutopia. Mais Biosync a besoin d’eux pour lancer son projet sur la thérapie génique. Au Japon, Sayumie découvre les auteurs de l’horrible meurtre de Wakitsa et le passé dramatique de Nora. Le président de l’Union Européenne est assassiné lors du congrès du WREP, le World Renewable Energy Pact. Marie Polindovak doit s’y rendre au plus vite pour sauver le pacte et ratifier l’accord de tous les pays membres.

LangueFrançais
ÉditeurYves Beland
Date de sortie16 sept. 2016
ISBN9782924767009
Aouma Sutra- Tome 1: L'expérience mystique - Livres III, IV et V
Auteur

Yves Beland

Born and growing in Montreal, Quebec province in Canada. I had a pretty normal life, nothing special, no spiritual revelation or surnatural, nor religious, events happened in my life apart dreams and nightmares I got every nights. Fortunately, once the night was gone, I was able to feel almost normal. At least until I became a young adult. From that moment, many things changed like being curious, even attracted to what may happen beyond live, the implication and impacts of the daily acts on our behavior, environment, spiritual life, mind and spirit. Very early, I involved myself in personal development, as well spiritual than physical. I learned much about myself. Then I went on my path, quietly, tracing it in my mind and watching for these impact on my environment. I'm still going on my way.

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    Aperçu du livre

    Aouma Sutra- Tome 1 - Yves Beland

    Aouma Sutra, Tome I

    2e partie, « L’Expérience mystique »

    Aouma Sutra est une œuvre originale écrite par Yves Béland d'après une idée de Yves et Sylvain Béland.

    Tous les personnages décrits dans ce livre sont fictifs. Toute ressemblance à des personnes vivantes ou décédées ne serait que pure coïncidence et ce sans aucune intention de la part de l’auteur.

    Ce livre, sous format électronique, papier sous tout autre format littéraire, est autorisé pour votre plaisir personnel seulement. Il ne peut être reproduit sous forme électronique, mécanique, vocale ou visuelle, et/ou transmis par voie électronique, mécanique, vocale ou visuelle, sauf pour utilisation personnelle sans rémunération pour ce faire, en tout ou en partie sans recevoir l’autorisation expresse et écrite de l’auteur. Il est également interdit de modifier le format ou la page couverture sous les mêmes conditions. Même si cette publication vous appartient, les droits demeurent la propriété de l’auteur. Vous ne pouvez pas la redistribuer à d’autres personnes ou librairies pour fins commerciales ou non-commerciales. Si vous souhaitez partager ce livre avec d’autres gens, s’il vous plait, achetez un exemplaire supplémentaire pour chaque destinataire. Si vous lisez ce livre sans l’avoir acheté, ou s’il n’a pas été acheté pour votre usage seulement, allez chez votre vendeur de livres électroniques ou libraire pour acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail difficile de cet auteur.

    Design et illustrations : Yves Béland

    Page couverture : L’anneau de l’Iu, Patamon et le premier livre de l’Octateuque de Manakai.

    Copyright © Yves Béland 2016. Tous droits réservés.

    Publié aux Éditions Abisai, ©Éditions Abisai.

    ISBN : 978-2-924767-00-9

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    http://aoumasutra.com

    Pour toute autre information, formation en écriture ou comment développer sa créativité, rendez-vous sur le site :

    http://yvesbeland.com

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    « Si tu veux trouver les secrets de l’univers, pense en termes d’énergie, de fréquence et de vibration. »

    Nikola Tesla.

    Lundi 4 septembre 2045

    Chapitre 13

    Puys-des-Abysses était plongé dans la noirceur. La ville se distinguait à peine de la voûte étoilée. Les grandes rues jonchées de voitures immobiles laissaient affluer les gens dans un silence inquiétant. On a besoin de se savoir en vie grâce à ce que nous avons créé, et on semble oublier que ce que l’on a créé peut être repris de droit par la vie elle-même, songea Charles, contemplant le spectacle du haut de sa tour. Qui mène le jeu dans ce cercle vicieux alors ? Posant le pouce et l’index sur ses yeux fatigués, il trouva seul la réponse. Nous, bien sûr... chacun de nous… Nous sommes les meneurs et les participants tout à la fois. Il reporta à nouveau son regard vers l’horizon. Il percevait à peine la silhouette montagneuse sous le ciel obscur. Le téléphone posé sur son bureau demeurait silencieux. Comment pouvait-il retentir alors qu’aucune communication n’était possible ? Le monde tombe dans l’abîme de sa propre création. Aucun mécanisme alimenté par les formes d’onde, censées être révolutionnaires, ne fonctionnait. Se peut-il que Luan ait eu raison ? Il aimerait bien entendre la voix du Sud-Américain, l’entendre donner une explication et plus encore, l’entendre dire que tout est sous contrôle chez eux.

    En Amérique du Nord, dans la petite ville d'Eureka en Californie, toutes les tentatives pour poursuivre l'établissement de la matrice furent peine perdue. Daniel Burri, perdu dans la solitude de son bureau, tentait vainement de téléphoner au labo. Le silence se fit de plus en plus lourd et inquiétant.

    — Ils ont surement fait encore sauter les plombs ! Et pourquoi les génératrices ne sont pas entrées en fonction ?

    Sentant la pression monter, il sortit, dévala les escaliers et marcha rapidement vers le laboratoire, croisant en cours de route tous les employés pris au dépourvu par la soudaine panne. Pourquoi tout va mal dès qu'on a une chance de se remettre sur pied et faire de l'argent ? Il arriva au laboratoire, surpris de trouver les quelques scientifiques embauchés à gros salaire en train de discuter calmement.

    — On est en plein après-midi, ne me dites pas que vous êtes en pause ou pire, hors service ? dit-il tout haut.

    Phil Martin de même que Robert Dachford se tournèrent vers leur président. Martin prit la parole.

    — Nous avons une panne généralisée. Nous étions en train d'implanter les codes lorsque le stabilisateur est entré en action. L'analyse graphique nous a montré un changement de direction des ondes. On pense que le COM l'a actionné. Heureusement que cette panne est survenue, car s'il avait fonctionné, nous ne serions plus là pour en parler. On a découvert que si le stabilisateur n'est pas branché à un champ donné, il dégage tout de même des ondes qui deviennent mortelles pour tout être vivant. Lorsque nous avons tenté de le désamorcer, tout a disparu. Le vide total. On se demande si les codes sont valides. Il se peut que nous ayons été dupés, qu’ils soient faux...

    — Et ? Les génératrices ?

    — Elles ne fonctionnent pas davantage. Je crois que la matrice jumelée aux codes a provoqué une surcharge et a tout fait sauter dans la région. On est au point mort.

    — Tout ? C'est impossible voyons !

    Au labo de Puys-des-Abysses, c’était un branle-bas de combat.

    — Luan ! Débranche l’EV, on va s’en servir pour repartir les bases actives, commanda Alex.

    Il s’exécuta et ouvrit les panneaux des circuits du labo.

    — Que fait-on du COM ? demanda-t-il alors qu’il branchait les différents appareils.

    — Plus tard… répondit Alex. Nora, comment va Manuel ?

    — Toujours inconscient, mais son rythme est régulier ! répondit celle-ci.

    Nora, près du jeune garçon, continuait d’observer ses signes vitaux. Si seulement elle pouvait avoir sous la main certains appareils.

    — Il me faudrait lui faire au moins les tests que…

    Elle ne termina pas sa phrase. La situation semblait se répéter, l’histoire parut revenir sur ses pas et reprendre ce qu’elle avait oublié. Alex crispa les lèvres. Le souvenir de Lydie lui revint en mémoire. Les tests ne peuvent révéler tout… Déceler la moindre anomalie… Rapidement et nerveusement, mais d’une main sûre, il connecta les différents circuits du labo. Son visage se tendit, se durcit même. Il ne put se permettre la moindre erreur, et pourtant il venait d’en faire une énorme, celle d’avoir permis à Manuel de rester dans le labo.

    — L’EV est branché sur les bases actives, il me faut utiliser le DOEM pour l’alimenter, mais il est synchronisé actuellement sur le générateur, se pressa de mentionner Luan.

    — Essaie de repartir les circuits quand même, suggéra prestement Alex.

    Puis se tournant vers Nora.

    — Tout est régulier au niveau bio ?

    — Je ne peux le dire… Je sais que tu t’inquiètes, mais je ne peux pas non plus diagnostiquer un quelconque rapport avec la maladie de Lydie… dit-elle.

    Alex sentit la pression monter d’un cran. Nora ne voulait pas qu’il se fasse d’illusion. L’état de Lydie était à un stade avancé de perdition énergétique. Il s’était passé trop de temps entre le choc qu’elle avait reçu et le temps de traitements adéquats.

    — Merde ! jura Alex. Il faut repartir le contrôle du labo au plus vite.

    — Alex, je perds la connexion… Instabilité ! L’EV ne peut contrôler, pas assez puissant, cria Luan.

    — Hé merde ! jura-t-il de nouveau.

    — Il serait mieux d’emmener Manuel dans sa chambre, de là je lui ferai certains tests et… On avisera pour la suite, dit la jeune femme.

    Alex pensa rapidement. Il jeta un coup d’œil aux détecteurs, aucun signe de la moindre énergie négative dans l’air. Sommes-nous malgré tout en sécurité ?

    — Tu as raison… dit-il.

    Il enchaîna aussitôt.

    — J’ai absolument besoin de savoir ce qui s’est passé. Si tu peux analyser les disques au travers du DOEM…

    Mais il ne put finir sa phrase, Luan lui coupa la parole.

    — On n’a qu’un DOEM disponible, il est lié au générateur.

    Alex poursuivit sa première idée.

    —… afin d’avoir une analyse sur les flux vibratoires, on en saura alors beaucoup plus sur ce qui est arrivé à Manuel…

    Luan soupira. Ce n’était pas dans ses intentions de remettre en question les décisions d’Alex. Ce dernier se frotta le cou, cherchant rapidement une solution de rechange. Il regarda Luan, dont le regard s’illumina. Ce dernier vérifia la longueur d’onde du générateur.

    — Alex, le générateur peut prendre seul en charge la continuité du cycle présent ! On branche les circuits et on libère le DOEM.

    — Et Manuel ? demanda la jeune femme.

    Alex regarda Luan, puis Nora.

    — On va essayer de débrancher le générateur du… de cette brèche… Puis on emmène Manuel dans sa chambre.

    Luan releva la tête.

    — Il n’arrivera rien si on change la demande énergétique du DOEM ?

    — Nora, ajouta Alex après quelques courtes secondes de réflexion, tu vas brancher Manuel sur le détecteur portatif. Son état m’inquiète… Luan, on recharge avec de nouvelles batteries.

    Luan ouvrit l’armoire, prit deux batteries et les donna à son collaborateur. Nora délaissa temporairement le jeune garçon afin de se rendre jusqu’à la voiture quérir l’appareil. Une fois hors du labo, elle s’arrêta, surprise par une nuit si noire. La maison se fondait parmi les immenses arbres sombres de la montagne. Seul le ciel étoilé tranchait de ses milliers de scintillements lumineux. Un coup d’œil vers la vallée confirmait l’étendue de la panne. Elle réussit malgré tout à prendre le détecteur et revint sur ses pas. En entrant, elle se rendit compte que seule la brèche illuminait le labo. Son apparition avait empêché de voir la défaillance du système d’éclairage d’appoint de même que les appareils fonctionnant sur le réseau normal d’alimentation. Le blackout du poste de télévision avait été mis sur la cause des réseaux de diffusion touchés par la secousse plus que sur la panne énergétique locale. Le spectacle de la brèche, nouvellement vue par Nora, démontrait encore plus l’urgence de la situation. Alex, attiré par l’immobilité de Nora, essaya de saisir sa pensée. Son regard se porta sur la brèche, puis sur les autres appareils puis amorça quelques pas vers Nora. Elle reprit ses esprits.

    — J’ai le détecteur…

    Elle s’approcha du jeune garçon, l’examinant comme précédemment, palpa le pouls, souleva les paupières… Luan arrêta de travailler sur le générateur et se tourna vers elle.

    — Nous sommes nous aussi touchés par le blackout, c’est ça ?

    Nora acquiesça.

    — Et évidemment on ne peut faire aucune lecture avec les ordinateurs, prit conscience Alex tout en fixant son fils, attendant que Nora termine les tests.

    — L’EV a dans ses mémoires le champ d’onde de forme de la ferme… se souvint Nora. Probablement qu’on pourrait se servir de cette donnée pour…

    Luan la coupa.

    — Le générateur de même que les autres appareils qu’on avait jumelés sont soudés ensemble. Rien à faire, sans le DOEM on ne peut rééquilibrer le champ.

    Il fit une pause, puis ajouta.

    — Un changement énergétique est survenu dans le réseau tout entier, surement comme ce matin.

    — Il faudra refaire tout le circuit alors ? demanda Nora tout en branchant le détecteur à l’enfant.

    La tâche prit une proportion gigantesque, sinon démesurée. Alex regarda la brèche, lumineuse, dégageant une sorte de pulsation très faible. Le circuit… Une série de stabilisateurs reliés entre eux, alimentant le labo, le COM et Puys-des-Abysses. Le même concept s’appliquait à toutes les autres villes expérimentales.

    — Alex, pensa tout haut Luan, on pourrait se servir des LOPsi comme postes de transitions vers les stabilisateurs, on passe cette énergie au travers des anciens convertisseurs et on devrait pouvoir être autonome… Du moins ici !

    — Le détecteur fonctionne… mentionna Nora d’une voix soudainement anxieuse.

    Les deux hommes s’approchèrent rapidement de Manuel.

    Une limousine se rendit jusqu’au luxueux hôtel de Puys-des-Abysses malgré l’absence d’éclairage. Johnson en descendit. Il ouvrit la porte du hall.

    — Hé merde ! lâcha-t-il en constatant que l’hôtel se trouvait aussi dans une noirceur totale. Personne pour remettre le courant dans cette bâtisse ? cria-t-il.

    Un membre du personnel accourut à sa rencontre.

    — Nous nous excusons Monsieur, mais tout le secteur est touché.

    — Je viens à peine d’arriver… Impossible voyons !

    Il prit son iMats, mais aucun signal ne lui parvint.

    — Mais qu’est-ce que ce foutu bordel ?

    Les ombres se dessinaient tout autant en Norvège. Seul dans son immense bureau, Anjay avait été pris au dépourvu par la panne généralisée. Il tapota sur son écran, code sensitif pour le mettre sous tension, mais sans résultat concret. Ça devient sérieux comme problème... se dit-il. Il se leva et alla à la fenêtre, scrutant les berges tout autant silencieuses du Fjord baignant dans la nuit noire. Plus loin, au-delà de la cité, se trouvait son champ de production d'énergie verte, inerte. Plus près, ses générateurs d'ondes, basés sur le même principe que les stabilisateurs et profitant des dernières nouveautés développées par le COM, se trouvaient également inanimés. Le peuple, comme il se plaisait à nommer les humains de la planète, aura au petit matin un réveil plutôt brutal... Il revint vers son bureau, ouvrit un pan de sa bibliothèque, libérant une pièce secrète, et y entra. La lumière lunaire perçait à peine la pénombre et Anjay eut du mal à se retrouver, mais au bout de quelques minutes, il en ressortit avec un lecteur d'onde, des batteries de secours et un petit poste de communication. Il brancha le lecteur d’onde dans l'alimentation principale afin d'y faire une lecture des dernières minutes. Le lecteur d'onde, fonctionnant sur pile, s'anima. Anjay poussa un soupir de soulagement. Ce n'est qu'une panne de circuit, ce devrait n'être que temporaire alors. Il remonta la lecture bien au-delà du moment de la panne. Les longueurs d'onde s'affichaient en ondulation tout à fait normale, avec quelques sursauts vers de hautes pointes. Puis les ondulations se mirent rapidement à ralentir tout en augmentant la densité jusqu'à ne devenir que de hautes pointes verticales comme lors d'un tremblement de terre. Pourquoi n’ai-je pas ressenti ces changements vibratoires ? Si ça a été le cas, surement que plusieurs endroits dans le monde ont été secoués, généralisant de sérieux troubles énergétiques. Il refit jouer la lecture au moment de la secousse, puis se rappela que ses générateurs ajustaient tout changement vibratoire afin de ne pas court-circuiter le réseau. Il était l’un des rares privilégiés à posséder ces compensateurs vibratoires, créés et mis au point par l’une des plus brillantes équipes du COM menées par Luan. Il brancha les piles de même que le poste de communication. Ce dernier prit vie.

    Beaucoup plus au Sud, dans la campagne avoisinante de la région de Puy-des-Abysses, Cristian ne dormait pas non plus. Son cauchemar l'avait réveillé pour de bon. Debout, appuyé sur le cadre de la fenêtre du salon, il sentit que quelque chose d’anormal s’était produit. Le calme était inhabituel. Il tourna la tête vers le pendule du mur adjacent. Les aiguilles ne tournaient plus. Il releva la tête. L’onde a encore changé sa course, mais d’une façon complètement différente. Qu’est-ce qui nous attend ? pensa-t-il. Il alla vers le pendule et l’ouvrit. Aucune ondulation n’était présente. Il retourna à la fenêtre et observa si la nature réagissait à cette nouvelle vibration. Rien ne se passait. La vie va s’adapter et reprendre… et nous ? Il attendit patiemment.

    Au labo de Puys-des-Abysses, l’inquiétude régnait.

    — Tout semble normal, répondit Nora, tracassée. Aucune anomalie de ses longueurs d’onde. Côté bio, équilibre total, comme si rien ne s’était passé… Je vais vérifier ses pulsations vibratoires…

    Alex tenta de demeurer patient, attendant le verdict sur l'état de son fils adoptif malgré la nervosité qui le gagnait. Il enchaîna aux propos tenus précédemment par Luan.

    — Les codes se formeront sur le flot renouvelé des nouvelles ondes. Combien de temps cela prendra-t-il pour être fonctionnel ?

    — On en a pour deux bonnes heures au moins pour tout mettre en place avant de penser revenir à la normale.

    Alex réfléchit, mais attendit davantage une réponse de Nora. Celle-ci, suite à un examen rapide, divulgua son résultat.

    — Rien d’anormal si ce n’est un rythme très faible…

    — On le sort d’ici, on l’emmène dans son lit. Je veux un test complet lorsqu’on aura accès aux ordinateurs, et qu’il soit branché de façon permanente sur le détecteur.

    Nora acquiesça, n’ayant absolument rien à redire d’une telle recommandation. Alex regarda la brèche toujours présente de sa lumière blanche, puis prit son garçon dans les bras, suivi de Nora tenant le détecteur. Ils franchirent la porte du labo, s’éloignant du lieu menaçant. À peine firent-ils quelques pas que des oscillations provenant du détecteur attirèrent l’attention de la jeune femme. Le rythme de Manuel ralentit, mais surtout les ondes de son énergie se compressèrent tout en augmentant d’intensité, signalant une tension anormale.

    — Attend Alex ! lui dit Nora. Reviens, il y a quelque chose qui ne va pas…

    Alex rebroussa chemin vers Nora restée légèrement près de la porte du labo.

    — Qu’y a-t-il ?

    — Je ne suis pas sûre…

    Les ondes du jeune garçon revinrent à la normale.

    — Étrange, dit-elle. Allons à la maison, j’ai dû mal voir.

    Mais à peine quelques autres pas éloignés du labo furent faits, le détecteur se mit de nouveau à afficher une onde de forme distordue, compressée et plus intense que la première fois.

    — Non arrête Alex, ça ne va pas. À chaque fois que Manuel s’éloigne du labo, ses ondes se compressent anormalement.

    Alex revint, jeta un coup d’œil au détecteur. Il fit quelques pas, et les ondes changèrent d’angle, devinrent intenses comme un cœur qui se débat pendant une course effrénée et dont le temps vient à manquer pour continuer à vivre. En apparence, l’enfant semblait dormir, mais les ondes se rapprochaient dangereusement du degré zéro, point de non-retour. Mais qu’est-ce que c’est que ça encore ? Alex serra son fils contre lui.

    —… Pas toi aussi…

    Ils revinrent au labo. Alex déposa Manuel sur la couverture laissée à même le sol comme auparavantii. Luan les regarda, perplexe.

    — Aussitôt qu’on s’éloigne, ses signaux vibratoires dépérissent, résuma Nora.

    Luan s’approcha du jeune garçon. Il lui toucha le front délicatement. Alex près de son fils, lui parla doucement.

    — Qu’est-ce qui se passe petit garçon ?

    Le regard se fit paternel. Alex l’avait toujours considéré comme sien depuis que Lydie l’avait ramené de la jungle. Une sorte de symbiose les unissait. Souvent les mots devenaient inutiles. Il regarda le détecteur. Tout semblait normal. Il appuya sur la touche retour en arrière afin de prendre connaissance des dernières données enregistrées. Les ondes de formes de Manuel ondulèrent distordues et intenses comme précédemment. Ils n’avaient pas rêvé… Alex ne comprenait pas, ou plutôt avait peur de comprendre le phénomène.

    — Lorsqu’il s’éloigne de la brèche, son pouls ralentit également, précisa Nora.

    Alex passa la main dans ses cheveux. La fatigue commençait à le gagner. Quel est le lien qui unit Manuel à la brèche ? Quelle est cette lumière si dense, mais sans chaleur ? Que faut-il faire maintenant ? Où se trouve la solution ? Il s’approcha de la brèche, pensant tout haut, récapitulant la situation.

    — On ne peut secourir Manuel sans certains appareils du labo… Si on débranche les LOPs, nous serons sans protection.

    Luan, surpris par le point soulevé, prit la parole.

    — Effectivement, mais il est primordial de réalimenter le labo. Je pense à Manuel en premier… Pour la protection, je ne crois pas que nous recevrons beaucoup de visiteurs d’ici les prochaines heures ou journées.

    — Nous devons savoir ce qui se passe… ajouta Alex. Je ne veux pas perdre Manuel…

    Puis il se laissa tomber dans une chaise, joignit les mains, pouces vers l’intérieur, doigts relevés dont les index longeaient l’arête du nez jusqu’à sa racine, entre les deux sourcils. Il regarda le jeune garçon, inconscient sur le sol. Puis releva le regard vers la brèche lumineuse.

    — Deux heures pour refaire le circuit… dit-il.

    — À la noirceur, peut-être plus. Nous ne pouvons rien y faire, constata malheureusement Nora.

    — En fait, il y a une chose que nous pouvons faire, annonça Luan.

    Alex et Nora portèrent le regard vers lui, attendant impatiemment la suite.

    — Nous pouvons utiliser le détecteur et le brancher sur le générateur afin de voir ce qu’est cette forme d’onde, dit-il en désignant la brèche.

    — Et débrancher Manuel ? protesta abruptement Nora.

    — Je sais ce que tu ressens et crois-moi, je suis le dernier à risquer sa vie ou celle de qui que ce soit… Mais je ne crois pas que ce soit le cas présentement. Manuel semble stable ici, le détecteur le confirme. Il s’agit seulement d’analyser la brèche. Peut-être que cette manifestation d’énergie nous permettrait de nous réapprovisionner… Ce ne serait pas la première fois… On pourrait peut-être en savoir davantage sur ce qui est arrivé… Qu’en penses-tu Alex ?

    — Beaucoup de questions Luan… Des questions qui méritent considération. J’ai tendance à rester conservateur tout comme Nora… Mais le statu quo ne ramènera pas notre Manuel, ni ne ramènera la situation à la normale… Nora ?

    Au Japon, Wakitsa, assis dans son fauteuil habituel, faisait maintenant face au large mur devenu sombre et inerte. Il s'était réveillé rapidement suite au silence inhabituel qui régnait dans son palace, n'entendant plus le ronflement vibratoire des appareils. Sans avoir pu récupérer suffisamment, il avait l'impression que la mort rôdait dans les murs. Sensible à ce sentiment perpétuel qui le gagnait principalement lorsqu’il devait se reposer, il avait réussi tant bien que mal à se remettre sur son fauteuil roulant et parvenir à son bureau afin de faire le point. C'est là qu'il avait constaté avec effroi que tout son système de communication, avec satellite ou par ondes, était en défaillance. Il rageait. Il avait employé tous les meilleurs ingénieurs du monde pour compenser toute perte électrique et magnétique et il avait pour lui seul deux générateurs d'ondes pour fournir en énergie son entreprise et domaine personnel, devenus inutiles à présent. Il réussit à se lever de son siège et, encore une fois, tapota sur l'écran mural. Rien n'y fit. L'écran resta muet et aveugle. L’énergie requise était supérieure à ce qu’il pouvait générer lui-même. La seule solution possible était le recours aux piles… celles qu’il gardait pour ses appareils, dans la chambre. Sa survie dépendait de ces piles si jamais le système lâchait, comme maintenant. Il détestait le fait d’avoir à choisir entre sa vie, et le système.

    À l’aéroport de Rome, aussitôt hors de l’aéronef, Patamon sortit son iMats au même moment où sa voiture arriva. Le chauffeur lui ouvrit la portière et il s’engouffra rapidement sur la banquette arrière. Que s’est-il passé ? se demanda-t-il.

    Il entra différents codes, mais le combiné resta inerte. Il se redressa, le regard vide. Une panne… Le réseau est hors circuit. Tout ? Probablement… La turbulence était une résultante de la panne… Non, impossible… Les moyens de transport public n’utilisent aucune onde de forme, donc ils ne peuvent être affectés par des changements de ce genre… Puis soudainement, il ouvrit les yeux et, mettant de côté ses questionnements, il hocha la tête.

    — Vincenzo Kauvarol, tu es un homme extrêmement chanceux ! se contenta-t-il de dire. Ce n'est que partie remise.

    Chapitre 14

    Au labo de Puys-des-Abysses, Nora regarda Alex, puis porta son regard sur son ami, son amant, son amour. Elle hésita, elle ne voulut pas laisser Manuel sans surveillance… Elle enfouit son visage entre les mains. Pourquoi son mari avait-il proposé de débrancher Manuel du détecteur ? Elle le sentit égoïste… Et Alex, quel père pouvait se permettre de perdre un fils, le sien ? Luan s’approcha, la prit dans ses bras. L’esprit professionnel se devait de prendre place sur les émotions intérieures… Mais les liens émotifs étaient plus forts que l’esprit cartésien. La jeune femme, déchirée, laissa échapper une larme. Elle regarda Manuel, endormi. Elle l’aimait, peut-être même d’un amour maternel… Son amour se voulait libre, profond. Reverrait-elle un jour ses yeux rieurs, s’allumer de joie, étreindre la vie et la connaissance ? Elle ne le sut. Son regard se porta vers son mari. Elle lui caressa la joue et esquissa à peine un sourire. Luan savait, il la comprenait, mais ne voyait pas d’autres alternatives pour le moment. Elle approcha d’Alex, mit une main sur son épaule pour s’excuser de ses pensées accusatrices. L’homme la lui tapota légèrement. Combien de fois lui-même s’était trouvé dans des situations excessivement difficiles n’offrant que très peu de choix si ce n'était parfois qu'un seul… Mais aller de l’avant permettait parfois de comprendre et d’aider davantage. Il n’était pas cet homme imbu de pouvoir, au contraire. Et elle le savait. Elle inspira profondément, laissa la pression se relâcher, puis se prononça.

    — D’accord pour le débrancher…

    Luan débrancha le détecteur du petit garçon, en modifia la lecture, relia l’EV sur le générateur, puis y brancha l’appareil de détection. Aussitôt un graphique se forma. Quelque chose le chicota. Il vérifia les connexions.

    — Un problème ? demanda Nora.

    Elle s’approcha du détecteur, baignée de la grande réflexion lumineuse de la brèche. Quoique saisissant, le graphique se lut aisément. Luan en fit la description alors qu’Alex s’impatientait devant la stupéfaction du couple.

    — Manuel semble vivre au même rythme que celui de cette brèche, constata alors Luan.

    — Mais tu disais que le rythme de la brèche était de 11 secondes… argumenta immédiatement Nora.

    — Ce qui est bien en dessous d’un rythme acceptable pour un petit garçon, compléta Alex.

    — C’est un risque qu’il tombe dans le coma ! répondit-elle en tournant la tête vers ce dernier.

    — Les ondulations de cette brèche sont stables, niveau de fréquence exactement similaire à celui de Manuel, ajouta Luan.

    — Ou celui de Manuel similaire à cette brèche ? murmura discrètement Nora.

    Luan esquissa à peine un sourire. Elle avait raison. La tension régnait, l’angoisse de sa compagne grandissait chaque minute perdue. Sans en ajouter davantage, il remit le détecteur entre les mains de sa femme afin qu’elle puisse compléter l’analyse.

    — Je passe en comparaison de signal…

    Sur l’écran du détecteur, deux ondulations se présentèrent, celle de l’enfant et celle de la brèche. Nora modifia l’analyse vibratoire pour celle rythmique, puis passa en mode d’analyse bio. Elle revint en première analyse, celle enregistrée lorsque Manuel était éloigné du labo. Jamais elle n’avait vu deux signaux d’ondes de formes parfaitement identiques. Même dans la nature, deux plantes ou deux insectes, pour ne pas dire deux pierres, ont des vibrations différentes, leurs propres ondes vibratoires, ce qui permettait à la vie d’être ce qu’elle est, riche en diversité. Mais là, l’évidence du signal était sans équivoque.

    — Manuel et cette brèche sont en symbiose présentement, diagnostiqua-t-elle. Il y a harmonie entre les deux. S’il s’éloigne, son corps sera en manque de cette énergie et il devra accentuer son propre rythme pour pouvoir devenir autonome. Le risque en est que tout le corps doit fournir une augmentation électrique et magnétique, affectant autant le protoplasme que les neurones. Son jeune corps ne tiendra pas le coup sous une tension aussi grande. Inutile de décrire la suite…

    Alex baissa les yeux. Le verdict était clair.

    — Manuel doit demeurer ici…

    — Et le générateur ne doit pas être dévié de sa fonction immédiate, ajouta Luan. Il est relié ou responsable de cette manifestation énergétique. Le démanteler risque de faire disparaître cette brèche. Si elle disparaît…

    Alex avait déjà embrassé le triste tableau. Tout était lié, interpénétré. Il comprenait la lourdeur de la situation présente. Luan, de son côté, sentit avoir la lourde tâche d’annoncer une autre mauvaise nouvelle.

    — De plus, la brèche n’est pas stable dans sa matérialisation de nouvelle énergie, mentionna-t-il.

    — Mais tu disais que c’était stable ? lui fit remarquer Nora, surprise.

    — Stable dans sa masse, dans son rythme. Généralement toute énergie nouvellement découverte ou manifestée prend un court laps de temps à se positionner, une infime fraction de seconde seulement. Ce qui n’est malheureusement pas le cas présentement.

    — Et ? Alors ? Que fait-on ? demanda Nora, se sentant biaisée, prise au piège.

    — Je t’en prie Nora, attends une seconde… Je vérifie…

    Mais il n’eut pas le temps de se pencher sur le détecteur, Alex lui donna la réponse.

    — Elle peut dévier de sa direction, modifier sa longueur d’onde ou pire, disparaître…

    Un silence s’installa. Ils regardèrent Manuel endormi, impuissant.

    À Hong Kong, dans la salle de conférence du dernier étage d'un des nombreux immeubles du quartier résidentiel le plus riche de la ville, une réunion se tenait depuis la matinée.

    — Messieurs, mentionna Miles Elleis, nous pouvons savourer une première victoire. Rien n'est perdu pour notre cause, car le COM vient de frapper sa première grande panne de sa courte histoire, et il semblerait qu'il ne soit pas prêt à se relever cette fois-ci !

    Quelques sourires se dessinèrent sur les visages des membres assis autour de l'immense table. Les plus grands et riches entrepreneurs, dont plusieurs en transport privé et public du monde, s'étaient réunis pour une ultime assemblée. La réunion était une sorte de dernier recours pour sauver les entreprises d'une faillite mondiale. Ces grands consommateurs d'énergies non renouvelables, mais encore fiables même si les ressources s'épuisaient rapidement, avaient deux principaux points à leur ordre du jour. Sortir les entreprises de leur marasme économique en injectant plus de fonds dans les recherches de ressources épuisables, et analyser la situation afin de trouver un moyen pour contrer la popularité de plus en plus grandissante des ondes de forme. Ces dernières innovations avaient joué un grand rôle dans la fermeture de plusieurs entreprises. Le choix était devenu de plus en plus évident. Il fallait jouer les gros bras pour conserver sa place, sinon tout irait aux oubliettes.

    — Il ne reste plus qu'à enfoncer le dernier clou alors ! ajouta Chris Gates, un américain.

    — Ils sont protégés de plus en plus par les gouvernements, difficile de faire passer ça pour un accident, répondit Kunla Yokomo, grand constructeur automobile japonais.

    — Effectivement, nous ne pouvons plus agir aussi librement que comme par le passé. Nous avons été pris de vitesse, nous imaginant que ce n'était qu'une autre énergie aussi puérile que l'éolienne ou solaire.

    — Je n'imagine pas construire un avion transportant plus de cinq cents passagers et soudainement… les ondes de forme ne fonctionnent plus !

    Sur ce, plusieurs éclatèrent de rire.

    — C'était comme les ordinateurs dans les voitures, sans qu'on s'y attende, plus rien ne fonctionnait et on arrêtait de rouler en pleine autoroute...

    D'autres sourires s'affichèrent.

    — Hé là ! C'était il y a plus de cinquante ans... Aujourd'hui sans ordinateur, plus rien ne fonctionnerait ! ajouta Ray Blate, président du consortium de la plus grosse entreprise mondiale d'ordinateurs miniaturisés pour transporteur.

    Miles ne riait cependant pas.

    — Que voulez-vous dire par « c’était comme les ordinateurs… ». Et vous, mon cher Ray, en répondant « c’était il y a cinquante ans… » Essayez-vous de nous faire comprendre que dans justement cinquante ans, ce seront les ondes de forme qui gouverneront notre quotidien ? lança-t-il furieusement.

    Au labo, Luan ne perdait pas espoir. Tout résidait en la connaissance. Il poursuivit son analyse sur un autre graphique.

    — Bon… Quelque chose de bizarre se produit… Il me semblait avoir remarqué une légère différence depuis le début. Cette énergie paraît se condenser de plus en plus sans pour autant vouloir devenir solide…

    — Que veux-tu dire ? demanda Nora.

    — Lorsqu’elle est apparue, elle était forte, puissante… Et cela fait plus de deux heures maintenant, et elle… Tiens regarde la courbe qu’elle prend !

    Sur le graphique, on percevait parmi les multiples couches des ondes, une lente courbe graduelle se dessiner sans faillir dans sa montée.

    — On doit laisser le détecteur sur la brèche pour suivre son évolution… Et Manuel a aussi besoin de ce détecteur… lança Alex, indécis de la décision à prendre.

    — Si cette énergie continue cependant de prendre du « poids », je ne sais pas si le labo résistera… Ou même le continent, répliqua Luan.

    Alex leva la tête à cet énoncé.

    — Tu parles d’une possibilité d’implosion ? Ici ?

    — Comme une nova ? Un trou noir ? L’antimatière ? ajouta nerveusement Nora.

    Luan n’en avait aucune certitude, mais en tant que scientifique, il se devait d’envisager les différentes possibilités.

    — Je ne sais pas, c’est la première fois que nous faisons face à ce genre de masse énergétique.

    Alex réfléchit, faisant les cent pas dans le labo. Il ne cessa de promener son regard de la brèche à Manuel, du couple à la brèche. Luan de son côté, cherchait une solution viable pour tous et tout malgré le peu de ressource à sa disponibilité. Nora, agenouillée près de l’enfant, lui écartait quelques mèches de cheveux du front, vérifiait son pouls, sa respiration, sa présence. Elle veillait, ou du moins le croyait, à ce qu’il ne tombe pas dans le coma… Mais qu’aurait-elle pu faire de plus ? Et combien de temps avant que cette masse lumineuse éclate ou implose ? Elle restera aux côtés de l’enfant, quoiqu’il advienne. Luan brisa le silence.

    — Ça fait presque trois heures maintenant et toujours la même constatation, annonça-t-il.

    New York, fin de soirée. Malek avait senti une baisse de l'énergie. Il sortit du lit d’un bond puis ouvrit son sac. Il en sortit un détecteur portatif. J’avais raison, elle a changé d’angle, donc tout est arrêté, constata-t-il aussitôt. Il prit un calepin, et dans la pénombre forcée, le feuilleta. Une voix se fit entendre derrière lui.

    — Tu ne viens pas me rejoindre mon chou ?

    La jolie jeune femme se trouvant allongée sur le lit se fit de plus en plus aguichante pour attirer l’homme.

    — Non, se contenta-t-il de répondre.

    Il consulta une liste de clients potentiels, tous en quête d'appareils d'ondes de forme, dont les demandes furent refusées par le COM.

    — Tu ne vas pas te mettre à travailler à cette heure-ci ? demanda-t-elle, au bord de la frustration.

    — Changement d'horaire poupée, il faut improviser, répondit-il tout aussi simplement.

    Elle s’offusqua du refus ferme.

    — Changement d’horaire, mais les frais sont les mêmes !

    Il sortit deux mille dollars de sa poche et lui donna. Elle se rallongea sur le lit, insérant l’argent dans son soutien-gorge, et s’agenouilla sur les couvertures. Il ne prêta aucune attention à son jeu, et ouvrit son ordinateur. Aucune image n'apparut.

    — Merde ! Il faudrait que je songe à lâcher ce générateur pourri !

    Elle se mit à lui masser les épaules.

    — Allez, détends-toi…

    Il débrancha son ordinateur. La panne est plus sérieuse cette fois-ci, ça touche même le réseau international. Ce qui veut dire que tous les appareils qui se trouvent dans le monde sont touchés ! Il se leva prestement, délaissant les attentions de la femme, et alluma le poste récepteur du salon. Les nouvelles n'étaient justement alimentées que par la panne.

    — Voilà du travail !

    Il sourit. Il écouta les nouvelles quelques autres secondes, confirmant ses doutes puis sortit une liasse de cartes géographiques. Inutile d'aller chercher bien loin. Il fit le point. Sur chaque carte se trouvaient balisés les centres possédant des stabilisateurs ou des générateurs. Des points stratégiques pour la bonne marche du COM et la répartition des énergies nouvelles. New York n'était alimenté d'aucune sorte par ces appareils. Il faudrait soit aller au nord ou au sud... Sa pensée fut attirée par des mots familiers en provenance du poste récepteur.

    —... rediffusons notre reportage sur les ondes de forme. Nous avions rencontré un des grands initiateurs de ce projet grandiose, le Dr Luan Carinho Vinheiro qui...

    Malek releva la tête et s'approcha du poste récepteur.

    —... nous a donné un compte rendu autant de leurs recherches que de leur façon de procéder afin d'en arriver à leurs fameux appareils comme le stabilisateur...

    Malek se mit à rager. Tu accouches ou tu vas passer la soirée en présentation ?

    À quelques kilomètres de là, à l'Organisation des Nations Unies, Marie Polindovak ne dormait pas plus. Le dossier sur les ondes de forme était étalé sur son bureau. La porte s'ouvrit sans qu'elle ne bronche.

    — Tu y comprends quelque chose ? demanda le nouveau venu.

    Sans relever la tête, elle donna la réponse, la seule qui la préoccupait.

    — Mon cher Théofilus…

    — Je préfère Théo s’il te plaît !

    Elle sourit.

    — Je veux savoir si c'est un projet viable ou non, sécuritaire pour la population et surtout fiable.

    — Je croyais que Patamon avait éclairci tout ça !

    — Tu le connais ?

    — C’est moi qui l’ai référé à ton adjoint alors qu’il était en panique de ne trouver personne.

    Sans attendre d'autres commentaires, elle enchaîna.

    — Je crois savoir qu'il n'est pas impartial, mais je reconnais qu'il a été très utile. Je comprends un peu mieux ce charabia scientifique...

    — Mais… ?

    — À part celui de la corne du Diable. Je ne vois pas ce que ça vient faire là-dedans !

    — Un nom intéressant, un peu apocalyptique... Pourquoi s'en préoccuper alors ?

    — Parce qu'il faudrait sérieusement reconsidérer nos rapports avec le Moyen-Orient. Bientôt ils... nous serons en manque de pétrole malgré les recherches intensives à ce niveau. Sans parler bien sûr du Groenland qui devient de plus en plus accessible et de plus en plus exploitable. Il deviendra la terre promise à tous les niveaux. Sinon, toutes les autres ressources naturelles seront épuisées d'ici peu, sans parler des multiples problèmes de santé et de pollution. Et évidemment, comment nourrir une population mondiale de neuf milliards d'individus. Alors corne du Diable ou pas, il faut trouver une solution.

    — C'est un projet personnel ou quoi ? demanda sarcastiquement Théo.

    Elle prit une profonde inspiration.

    — La pression se fait de plus en plus grande de la part des gouvernements. On m'a chargé d'éclaircir la situation, surtout suite à mon discours quelque peu alarmiste !

    — Bon... Je peux te dire qu'une de tes questions ait déjà une réponse.

    Cela suffit à faire remonter la tête de Marie. Il enchaîna sans plus attendre.

    — Le COM qui est le centre d’observation mondial sur les ondes de forme, un peu comme le centre d'une toile d'araignée, est en panne totale. Cela a eu des répercussions désastreuses dans plusieurs localités et petites villes, affectant en particulier les hôpitaux, les centres de communication, bref, tout ce qui utilisait les ondes de forme comme énergie principale ou d'appoint.

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