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Les Profondeurs: L’Île Trilogie, #3
Les Profondeurs: L’Île Trilogie, #3
Les Profondeurs: L’Île Trilogie, #3
Livre électronique306 pages3 heures

Les Profondeurs: L’Île Trilogie, #3

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À propos de ce livre électronique

« Le monde est infini.

Je n’ai jamais réalisé la réelle étendue de l’espace, réalisé jusqu’où les eaux autour de notre île s’étendaient. Quelque part, au fond de mon esprit, je m’imaginais qu’un autre Mur encerclait Tresco et ces eaux infinies pour que nous ne puissions pas passer par-dessus bord, et plonger dans les profondeurs. »

Leia et Walt sont en route vers l’Autre Côté, où les attendent les terres légendaires de Cornwall. Tony, leur nouvel ami, leur a raconté que toutes les guerres passées ont depuis été oubliées et que les citoyens de Bodmin et Dartmoor vivent en paix. Les gens adhèrent aux principes d’une ancienne religion qui prône le pardon et la non-violence.

Cependant, Walt et Leia découvrent vite que même une société idéale, basée sur la paix, comme celle-ci, peut avoir ses défauts. Lors d’un voyage interdit à Exeter, la ville de leurs ancêtres, les deux insulaires en découvrent plus sur ce nouveau monde qu’ils ne l’auraient voulu.

Les secrets sont sombres et les passions profondes dans cette conclusion palpitante de la série L’Île.

LangueFrançais
Date de sortie20 avr. 2016
ISBN9781533776969
Les Profondeurs: L’Île Trilogie, #3
Auteur

Jen Minkman

Jen Minkman (1978) was born in the Netherlands and lived in Austria, Belgium and the UK during her studies. She learned how to read at the age of three and has never stopped reading since. Her favourite books to read are (YA) paranormal/fantasy, sci-fi, dystopian and romance, and this is reflected in the stories she writes. In her home country, she is a trade-published author of paranormal romance and chicklit. Across the border, she is a self-published author of poetry, paranormal romance and dystopian fiction. So far, her books are available in English, Dutch, Chinese, German, French, Spanish, Italian, Portuguese and Afrikaans. She currently resides in The Hague where she works and lives with her husband and two noisy zebra finches.

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    Aperçu du livre

    Les Profondeurs - Jen Minkman

    Il essuiera toute larme de leurs yeux.

    Et la mort ne sera plus

    Et il n’y aura plus ni deuil, ni plainte, ni souffrance,

    Car ce qui était autrefois

    A définitivement disparu

    Apocalypse 21 :4

    Le Monde Au-delà Des Eaux

    1  - Leia

    Le monde est infini.

    Je n’ai jamais réalisé la réelle étendue de l’espace, réalisé jusqu’où les eaux autour de notre île s’étendaient. Quelque part, au fond de mon esprit, je m’imaginais qu’un autre Mur encerclait Tresco et ces eaux infinies pour que nous ne puissions pas passer par-dessus bord, et plonger dans les profondeurs.

    Mais ce Mur n’existe pas. Nous naviguons encore et encore, jour et nuit, et ne croisons rien qui nous en empêche, pas la moindre frontière nous retenant dans notre avancée. Il n’y a pas non plus de profond abysse pour nous engloutir. Il n’y a que l’horizon qui ne s’approche jamais et demeure pourtant inchangé. Et la nuit, il y a des étoiles brillantes et scintillantes qui ne semblent jamais bouger, malgré l’avancée incessante de l’Explorer.

    «  Walt, chuchoté-je notre troisième nuit sur le pont, penses-tu que nous arriverons quelque part un jour ? C’est comme si nous n’avancions pas. »

    Walt hoche la tête en me souriant.

    « Non, répond-t-il, pour la première fois depuis des années, nous bougeons enfin. Nous sommes en route vers quelque chose. L’interminable attente est terminée. »

    Je lui rends son sourire.

    «  Tu es si poétique.

    - Ouais, je sais être romantique. »

    Walt me tire contre lui pour m’enlacer.

    « Ou est-ce trop me vanter que de dire une telle chose ?

    - Non. Non ça ne l’est pas. »

    C’est étrange, mais plus nous nous éloignons de l’île, plus Walt se détend. C’est comme s’il ne ressentait plus le besoin de prouver quoi que ce soit, et honnêtement, il n’en a pas  besoin. Pour parler clairement, son peuple avait raison, et pas le mien. Pourtant, les gens des deux côtés du Mur ont perdu la foi, bien que nous soyons probablement tombés de plus haut. A Newexter, la tension montait quand je suis partie. Les jeunes qui avaient quitté le domicile parental des années plus tôt était soudainement forcés à ré-emménager, et ce changement n’était pas toujours un succès. Au moins, Colin n’avait pas à gérer ce problème étant donné qu’il allait emménager avec Ami dans leur propre maison. En plus, ça ne l’aurait pas gêné de vivre avec notre mère un peu plus longtemps. Il était si heureux de la revoir. Maintenant que nos anciennes lois ne sont plus d’actualité, il va pouvoir lui rendre visite tous les jours.

    En ce qui me concerne, je ne sais pas où je vivrai quand je reviendrai. L’Est et l’Ouest sont tout deux des options viables. Peut-être que je pourrais construire une maison là où le passage des Sorlingues traverse le Mur et devenir une gardienne. La circulation entre Port d’Espoir et Newexter est libre, mais je suppose que ça ne peut pas faire de mal de garder un œil ouvert.

    « A quoi penses-tu ? Chuchote Walt au dessus de ma tête.

    - A mon avenir à Tresco, réponds-je.

    - Tu veux y retourner ?

    - Oui, bien sûr. »

    Je le regarde du coin de l’œil.

    «  Pas toi ?

    - Si. Je veux reconstruire notre ville. Après tout, je serais bientôt assez âgé pour devenir le nouveau Libraire, dit-il dans un soupir, mais je dois admettre qu’il est assez plaisant de n’être personne pendant un moment. »

    Des Idiots et des Non-Croyants sont de voyage sur l’Explorer, et ils s’entendent plutôt bien. Ce n’est pas surprenant, car ce sont tous nos aventuriers. Ceux qui restent généralement sans rien faire et laissent les choses venir ont décidé de rester chez eux.

    « Et bien, les gens à bord te portent toujours une grande estime, dis-je, c’est seulement que tu n’y accordes plus une telle importance. »

    Walt hoche lentement la tête.

    « Je suppose. La seule chose qui me préoccupe dernièrement c’est de savoir si toi tu m’apprécies. »

    Je lui lance un sourire effronté.

    « Bien sûr que je t’apprécie. »

    Walt rit un peu.

    « Alors prouve-le moi, dit-il doucement.

    - Alors approche-toi. » Le défié-je.

    Il penche la tête et m’embrasse tendrement sur la bouche tout en laissant sa main glisser de mon dos à mes reins, et même s’aventurer un peu plus bas. Doucement, je sens la chaleur me monter au visage quand il m’écarte prudemment les lèvres avec sa langue pour caresser la mienne. Je me rappelle instantanément de ce premier baiser que nous avons échangé, et pas n’importe où, au cimetière. Mon corps tout entier vibre de désir à son contact. Tout dans cette situation est nouveau pour moi, et malgré ça, mon corps sait exactement ce qu’il est censé faire, et ce qu’il désire.

    Je passe mes mains autour de son cou et plonge mes doigts dans ses cheveux bouclés. Walt gémit presque imperceptiblement quand je me colle contre lui pour m’approcher encore plus.

    « Leia, dit-il d’une voix rauque, tu veux rester avec moi cette nuit ? »

    Walt a sa propre cabine. Enfin, pas tout à fait, il la partage avec son père, mais William est généralement occupé jusque tard dans la nuit, aidant le capitaine Tom et Tony à ce que le navire garde le cap.

    « Je ne sais pas. » Dis-je, soudainement intimidée.

    Dans le silence qui s’ensuit, ma respiration est tout aussi rapide que la sienne.

    « Désolé, dit-il en s’écartant et laissant ses bras retomber le long de son corps, je me suis laissé emporté.

    - Ce n’est pas grave. »

    Je passe ma main dans mes cheveux.

    - Moi aussi. »

    En fait, ce qui me fait peur c’est de ne plus pouvoir m’arrêter si nous nous retrouvons seuls. Maintenant que j’ai débarrassé le manoir de son dictateur, exposé les mensonges au sujet de notre île et assuré le bien-être de ma famille, je ressens une envie viscérale de profiter de la vie. Et Walt est grandement responsable du plaisir que j’en tire, ça c’est certain.

    « Si tu veux, je peux rester avec toi jusqu’à ce que tu t’endormes. » Me suggère-t-il.

    Je loge dans un des dortoirs pour filles sous le pont supérieur en compagnie des filles de mon côté de l’île. Les filles du manoir sont tellement habituée à être séparées des garçons jusqu’à ce que ces derniers fassent un choix et les épousent qu’elles auraient du mal à dormir dans une même pièce avec les hommes de notre groupe. La plupart d’entre elles sont contente d’avoir une chambre séparée des garçons. Mais pas Padma qui a son matelas à côté du mien. Elle aurait aimé être en contact avec les garçons de la partie ouest de l’île, parce qu’elle est presque aussi curieuse que mon amie Mara.

    « Avec grand plaisir. »

    Je lui prends la main et dépose un baiser sur sa joue. Je suis tellement contente que Walt soit avec moi. Même si cela ne fait pas longtemps que je le connais, nous avons traversé tellement de choses que j’ai l’impression que ça fait bien plus que quelques jours que nous sommes amis.

    Nous descendons les escaliers vers le pont inférieur. Le léger balancement du navire sur les vagues m’a fait me réveiller en sursaut plusieurs fois ma première nuit à bord, mais la seconde s’est déjà mieux passée. Et maintenant, j’apprécie même d’être bercée pour m’endormir alors que Walt est allongé à côté de moi et me raconte des histoires de son enfance. 

    « Raconte-moi à nouveau l’histoire sur les Non-Croyants. » Lui dis-je en m’allongeant sur mon matelas.

    Padma est déjà endormie, alors je dois parler à voix basse.

    « Combien mesuraient nos griffes déjà ? »

    Walt rit, la gêne traversant son visage.

    « Hé, je ne croyais plus à ces histoires quand j’ai traversé le Mur, ok ? » répond-t-il sur la défensive, prenant ma main et la caressant avant de continuer.

    « Les prêtres disaient que tout ça était vrai, bien évidemment. Ils avaient même un livre plein de fables à propos d’un homme qui pouvait marcher sur l’eau et clamait qu’il était envoyé par les Dieux. D’après Praed premier, il était un Non-Croyant déguisé dont le but était de nous inciter à le suivre dans les eaux, pour que nous mourrions avant qu’Annabelle ne revienne nous chercher. »

    Walt esquisse un sourire amer.

    « Son nom était Jesse, et la légende disait qu’il s’était arraché les griffes et avait échangé sa cape noire pour une blanche pour que nous ne puissions pas le reconnaitre. Dingue, hein ?

    - Ouais, vraiment dingue, lui réponds-je avec un sourire taquin, juste le genre d’histoire que je m’attendrais à entendre d’un Idiot. 

    - Ha, ha. »

    Il me chatouille les côtes et je me mords la lèvre pour m’empêcher de rire à pleine gorge.

    « Arrête, gloussé-je anxieusement, nous allons réveiller Padma. »

    Doucement, Walt me relâche et me contemple.

    « Je n’arrive toujours pas à croire que tu as réussi à survivre sans parents depuis tes dix ans, marmonne-t-il, ça a dû être dur.

    - Ca allait, chuchoté-je, j’avais Colin, et Mara. »

    Nous nous sommes soutenus les uns les autres, prêtant un peu de notre Force quand les autres n’étaient plus capables d’avancer. En fait, nous trois avions réalisé bien des années plus tôt que la collaboration nous rendait plus forts que tout. Nous savions qu’il n’était pas simplement question de chercher la Force en soit.

    Colin a toujours été celui qui le comprenait le mieux. Il a toujours été là pour moi, malgré qu’il ne m’ait jamais vraiment pardonné de l’avoir si brutalement préparé à la vie au manoir. Après que nous ayons quitté Newexter, je me suis interdit de me laisser envahir par les émotions. Je l’ai grondé durant ces nuits solitaires pleines de larmes qu’il déversait pour la perte de notre père et de notre mère. Je savais que jamais nous ne pourrions rentrer, et plus tôt mon petit frère (d’une demi-heure mon cadet) se ferait à cette idée, mieux se serait.

    Ce n’est que plus tard que les rôles se sont inversés. Quand mon frère a semblé avoir pris plusieurs centimètres en une nuit, devenant un homme aux épaules larges et aux bras musclés, presque aussi fort que Saul, Cal et Max. C’est la qu’il est devenu mon protecteur. Et Mara connaissait tous mes secrets, sauf celui de ma plus grande crainte, en attendre trop de la vie et être déçue.

    Soudain, mon frère et ma meilleure amie me manquent terriblement. Je comprends très bien pourquoi ils ne nous ont pas suivis, ils voulaient construire une vie chez nous avant de s’aventurer plus loin. Colin et Ami avaient déjà entamé la construction d’une petite maison quand j’ai quitté Newexter, et Mara avait emménagé avec Andy et ses parents pour qu’ils s’habituent à vivre ensemble.

    « Tu peux tout me raconter au sujet de Cornwall, a-t-elle dit, et quand il y aura des liaisons hebdomadaires, je voudrais emmener Andy et aller y jeter un œil. »

    « Une fois que la côté sera sécurisée, Colin et Mara pourront eux aussi venir à Penzance, dit Walt doucement, ayant apparemment deviné à quoi je pensais.

    - Pourquoi est-ce que ça ne serait pas sûr ? Marmonné-je, Tony nous a dit que les gens vivent ensemble en paix dans sa ville. Et le dirigeant de cet autre endroit, Dartmoor, travaille main dans la main avec eux pour conserver cette paix.

    - Je ne sais pas. »

    Walt s’allonge à côté de moi et me tire dans une étreinte chaleureuse.

    « J’attends de voir pour le croire. Les gens du continent ont peut-être appris des erreurs de leurs ancêtres, mais je ne compte pas me jeter tête la première là dedans sans garder l’œil ouvert. »

    Je l’embrasse sur la joue.

    « Je suis contente que tu sois si prudent, admets-je doucement, tu me fais me sentir en sécurité. »

    Les mouvements de bascule du navire et la respiration de Walt contre ma joue me bercent doucement dans un profond sommeil.

    2 – Leia

    Le lendemain matin, le dortoir tout entier est pris d’une profonde agitation. Padma s’agenouille à côté de mon matelas et m’attrape par les épaules.

    « Nous y sommes ! Dit-elle d’une voix tremblante, nous pouvons voir la terre. »

    Mon Luke. Est-elle sérieuse ? Je m’assieds puis me tire de mon lit en regardant tout autour de moi. Les autres filles et femmes sont rassemblées au bas des escaliers. Elles veulent toutes monter et voir pour la toute première fois l’Autre Côté.

    Quand j’arrive sur le pont, Walt et son père ont déjà rejoint Tony près de la rambarde à la proue.

    « Nous avons réussi, dit Walt dans un souffle en se tournant vers moi, nous y sommes. On peut voir les vieux bâtiments de Penzance au loin. »

    Il me tire dans une étreinte enthousiasmée et m’embrasse sur la joue Je fixe l’Autre Côté, cette côte en laquelle je n’ai jamais osé croire avant. Une terre que je n’ai jamais vue. Et les bâtiments dont parlait Walt son tellement différents de ceux auxquels je suis habituée. Les bâtisses du port sont carrées, grises et faites de pierres. Mais plus profondément dans les terres, j’aperçois également des maisons magnifiquement décorées, avec des vaguelettes le long des corniches et des murs faits d’un matériau brun rougeâtre. Et encore plus loin, je vois des piles de gravas et des ruines aux formes étranges. Il ne reste pas grand-chose de  cette ville. Les gens qui ont un jour décidé de lâcher leurs bombes ici ne se souciaient guerre de la beauté de Penzance. Tout devait être détruit.

    Et malgré ça, je ne peux empêcher les larmes de me monter aux yeux en m’abreuvant de cette vue. Nous avons réussi. C’est de cette ville que nos ancêtres ont envoyé leurs enfants pour leur offrir un avenir meilleur.

    Tony affiche un sourire enthousiasmé, et une lueur pétille dans ses yeux bruns.

    « Je suis content d’avoir réussi à retrouver mon chemin, commente-t-il, la vieille carte des mers que nous avions trouvée à Penzance a été détruite en même temps que notre bateau. Je ne pouvais vraiment que me fier à mes souvenirs sur le retour. Henry se serait mieux débrouillé je suppose. Il était un navigateur talentueux. »

    Le temps d’un instant, alors qu’il repense à son ami mort et enterré sur notre île, son visage s’assombrit.

    Je pose une main sur son bras.

    « Merci d’être venus à notre recherche, dis-je gravement, sans vous, nous n’aurions jamais eu la chance d’embarquer dans cette aventure. »

    Si Tony et Henry ne s’étaient pas échoués sur notre plage, Walt n’aurait peut-être pas traversé le Mur, et il ne m’aurait jamais rencontrée. Et sans lui, je serais encore en train de souffrir sous la férule de Saul, ou peut-être que je serais mariée à un autre résidu comme moi.

    La côte s’approche encore et encore. J’observe tout de mes yeux grands ouverts et avides, et Walt est tout aussi surpris de notre nouvel environnement.

    « Marie et Agnès. » Marmonne-t-il quand nous nous retrouvons assez près pour voir en détail les bâtiments du port de Penzance.

    Ils sont si hauts. C’est comme si ceux qui les avaient construits avaient superposé dix maisons ordinaires pour créer ces immenses et imposants bâtiments.

    « Pourquoi les gens voulaient-ils vivre si haut ? Demandé-je doucement.

    - Pour préserver l’espace, répond Tony, la terre était surpeuplée. Mais maintenant, toutes les grandes villes ne sont plus que des champs de ruines. Tout a été bombardé. Et les villes plus petites et les villages ont succombées aux maladies. Toutes les zones qui ont été densément peuplées ne sont plus cultivables. Empoisonnées par les radiations.

    - Alors comment tes ancêtres ont-ils réussi à reconstruire Bodmin ? Demande Walt.

    - Le vieux Bodmin n’existe plus, dit Tony en regardant distraitement la côte, nos ancêtres ont rebâti une nouvelle ville sur la lande de Bodmin. Les landes n’était pratiquement pas habitées avant, alors l’ennemi ne les avait pas attaquées. Le sol n’y est quasiment pas contaminé. »

    Il y a quelques jours, il nous a dit qu’il y a deux grandes villes dans cette région, Bodmin au Cornwall et Dartmoor au Devon. Les gens de Devon ont crée leur capitale en réparant une vieille prison et y ajoutant de nouvelles bâtisses. Aujourd’hui, Dartmoor compte près de dix mille habitants, un nombre incroyablement élevé pour la jeune villageoise que je suis. Walt a dû m’expliquer ce qu’est une prison. Son peuple possède un certain nombre de cellules de détention à Port d’Espoir, qu’ils utilisent pour enfermer les personnes qui ont fait quelque chose de mal. Plus le crime est grave, plus longue est la détention. Nous, nous n’avons rien de tel. Si les adultes de Newexter ne s’en tiennent pas aux lois, ils sont expulsés. Ce n’est presque jamais arrivé. Tous ceux vivant de notre côté du Mur savent très bien qu’une vie solitaire, sans amis ni conjoint n’est pas vraiment une vie.

    Lorsque le capitaine Tom fait enfin entrer en toute sécurité l’Explorer dans le port de Penzance, tout le monde se tient sur le pont. Nous restons silencieux, seul le capitaine crie ses ordres aux membres de l’équipage. Pour la première fois depuis très longtemps, un navire accoste au quai de cette ville détruite. Les mouettes poussent des cris stridents en fendant le vide ciel bleu.

    « Que va-t-il se passer maintenant ? » S’enquiert Walt.

    Il se tourne vers son père qui se tient là l’air un peu impuissant. William ne détourne pas les yeux de la passerelle qui est en train d’être installée, ce pont vers un monde que nous ne connaissons pas.

    « Je n’en ai pas la moindre idée, répond-t-il.

    - Vous pourriez aller visiter le cimetière où vos ancêtres sont enterrés, suggère Tony en douceur.

    - Oui, acquiesce William, je pense que je vais y aller. »

    Doucement, les passagers du navire se déversent sur le quai, regardant tout autour d’eux l’air gêné et curieux en même temps. Tony les guide vers un grand bâtiment gris se trouvant un peu plus loin des quais.

    « Ceci est le bâtiment portuaire où Henry et moi avons trouvé la radio qui émettait le signal de détresse, nous dit-il en levant la voix autant que possible pour que les gens se tenant à l’arrière du groupe puissent l’entendre aussi. C’est également ici que nous avons trouvé la liste des passagers contenant les noms de tous les enfants qui étaient montés à bord de l’Annabelle. »

    Nous nous glissons dans le bâtiment. A l’intérieur, l’air est chaud et vicié. Les rayons de soleil estivaux s’infiltrent par les fenêtres à double-vitrage. Elles ressemblent à celles de Port d’Espoir, au manoir nous n’avions que du simple vitrage aux fenêtres. Dissimulé dans un coin, se tient une sorte de bureau avec des boutons et des curseurs. Il me fait un peu penser à l’appareil dont Tony s’est servi pour nous faire écouter le message. Ca doit être la radio, alors.

    « Est-ce que cette chose marche toujours ? » Demandé-je à Tony.

    Il hoche la tête.

    « Henry a déconnecté la plupart des panneaux solaires relié à cette radio VHF et les a montés sur un vieux bus pour que nous puissions rentrer à Bodmin une fois que nous serions revenus à Penzance. Il a utilisé les panneaux plus légers pour démarrer le moteur du vieux bateau que nous avons utilisé pour nous rendre à Tresco.

    - Ah. » Je n’ai rien compris de ce qu’il vient de me dire.

    Pendant ce temps, Walt s’est approché d’une table recouverte de vieux livres. Ses mains en caressent respectueusement les couvertures.

    « Leia, m’appelle-t-il, viens voir ça. Il y a le journal qui a appartenu au père de Luke. »

    Je dois encore m’habituer au fait que le père de Luke ne soit pas Darvador, c’était un homme bon, tout ce qu’il y a de plus ordinaire, essayant de sauver son fils en diffusant un dernier message. Il y a quelques jours, Walt et moi avons lu la liste des passagers du navire et c’est comme ça que nous avons appris que ce garçon qui avait écrit notre Livre s’appelait Lucas Walker. C’est peut-être pour cette raison qu’il a eu envie de prendre le nom de son héro, Luke Skywalker, quand il a commencé une autre vie.

    Quand j’ouvre le journal et regarde la dernière page, je ne peux m’empêcher de verser quelques larmes. Les mots s’emmêlent puis s’envolent. Si seulement Lucas avait su à quel point son père l’aimait. Si seulement nous l’avions su.  Je dois ramener ce livre à Newexter et le montrer aux gens, pour qu’ils voient de leurs propres yeux que nous pouvons compter sur nos parents, que Luke n’aurait jamais dû tourner le dos à son père.

    « Puis-je le garder ? Demandé-je hésitante à Tony.

    - Bien sûr, dit-il, ce journal devrait être votre nouveau Livre. »

    Je glisse le carnet dans la poche de mon pantalon. Il n’est pas grand. Il est même encore plus petit que notre ancien Livre, celui avec Luke et Leia en couverture, mais son contenu est ce qu’il y a de plus important au monde.

    Walt pose son bras autour de mes épaules et m’entraîne dehors, laissant la chaleur écrasante du bâtiment portuaire derrière nous. Nous arrivons jusqu’au cimetière. La plupart des

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