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Les Anneaux: Le Larron et le Paladin, #2
Les Anneaux: Le Larron et le Paladin, #2
Les Anneaux: Le Larron et le Paladin, #2
Livre électronique121 pages1 heure

Les Anneaux: Le Larron et le Paladin, #2

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À propos de ce livre électronique

Thé-au-lait Trempé est un acquisiteur, pas un voleur. C'est un fait que la nuance ne fait pas vraiment le poids auprès des autorités locales, mais tant que les enfants ont de quoi manger et que personne ne remarque la cordonnerie murée dans l'Allée de la Rédemption, Théo peut arriver à ignorer sa conscience qui le titille. Malheureusement, Thé-au-lait se retrouve sous les feux de la rampe, si on peut dire, lorsqu'il sauve un jeune chevalier de la mort. Soudain, la guilde des assassins est à ses trousses, et le meilleur espoir pour Théo est la maigre trace que lui a laissée l'un des meilleurs de la guilde. LES ANNEAUX démarre là où LES FLÉCHETTES s'était arrêté, à la poursuite de Thé-au-lait au plus profond des allées d'Ector et plus proche encore d'un conflit entre les forces de l'ordre et du chaos. Pastiche des histoires de sorcellerie et d'épées, « Les Anneaux » représente les personnages-types et les symboles du fantastique que les fans adorent (et détestent) et explore leurs motivations profondes en nous rappelant que les vrais amis sont rares.

LangueFrançais
Date de sortie3 juin 2024
ISBN9798227362797
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    Aperçu du livre

    Les Anneaux - Benjamin Hewett

    1

    Quand Magnus et moi sommes partis du Chat Noir et d’une mauvaise partie de fléchettes, j’étais déjà dans la mouise jusqu’au cou.

    Croyez-vous qu’enfoncer son couteau dans un assassin pleinement assermenté vous file un mauvais karma ? Essayez donc de déclarer la guerre à toute la guilde. Ils auraient pu pardonner la première offense sous prétexte d’accident, mais un type qui déclare avoir l’intention de les pourchasser un à un n’est en sécurité nulle part à Teuron.

    Pour information, je n’ai jamais vraiment dit ça ; ce que j’ai dit a été grossièrement sorti du contexte.

    Mais le contexte, ça ne paye pas le cercueil et ça ne vous évite pas de finir dedans non plus. Même si je lance la vérité au milieu de tout ça, je suis quand même une sauterelle sans patte qui danse dans une toile d’araignée. Mort.

    Toujours est-il que la vérité, c’est sacré. Ce soir, par exemple. Je parie un penny sur une partie de fléchettes alors que je devrais acheter du pain pour mes gosses. Parier un penny ne va pas vous gâcher la vie, même si c’est votre dernier.

    Si ç’avait été juste le penny—un queenpence pour être précis—je serais tout simplement parti en oubliant cette pagaille comme un mauvais rêve. J’ai connu pire.

    Mais ce n’était pas juste le queenpence. Barkus avait exigé ma dette. En tant que propriétaire de la Taverne et Auberge du Chat Noir, lieu élu des meilleures parties de fléchettes (et de la clientèle la moins fréquentable) d’Ector, il a plus d’une manière de rendre la vie difficile à un filou de seconde classe.

    Donc, j’ai filé de la grenadine noire à Magnus et j’ai regardé le chaos se dérouler sous mes yeux. Je dis « chaos », parce que Lucinda et l’ivrogne de service ont déclenché une bagarre quand ils se sont rendus compte que Magnus n’y voyait plus trop clair. Je n’en suis pas fier, mais ce n’est pas la pire chose qui se soit passée au Chat Noir, bien que les choses aient effectivement empiré quand la guilde des Ténébreux du Nord a débarqué en ville - pas juste les trouffions, mais les officiers aussi. Et ils n’étaient pas venus dans la Basse-Ville d’Ector pour pinailler à savoir qui avait la plus grosse dague. Ils étaient venus pour Magnus, que je venais sciemment d’aveugler.

    Soupir.

    C’est ça le problème d’avoir une conscience : l’homme demeure pauvre et ça le met au milieu de situation qu’il vaudrait mieux ne pas toucher.

    Vous avez certainement entendu comment ça s’est terminé, aussi, avec des cadavres de Ténébreux un peu partout et Tom-le-Pâle foutant le feu à tout le voisinage dans une crise de colère enflammée ?

    Non ?

    Bon, c’est pas le pire non plus. Le pire a commencé quand je me suis mis à culpabiliser et que j’ai décidé d’héberger Magnus pour la nuit. Héberger un Paladin à moitié aveugle est complètement idiot, surtout si le dit-Paladin aurait contribué à « mettre au repos » quelques éminents Ténébreux. Des soirées comme celle-là ne restent pas gentiment dans le passé.

    Je ne dis pas que j’aurais fait autrement. Je dis simplement que ce n’était pas bien malin. Mais je vais trop vite.

    2

    Une fois les incendies sont éteints (en plus de ceux de Lucinda), je ramène Magnus chez moi. Il tient à peine debout quand on arrive, et il est content d’être loin du bruit.

    Je crochète la serrure (on a perdu la clé depuis bien longtemps) et le mène en haut des escaliers qui craquent dans le noir complet jusque dans la sombre cuisine où j’allume une bougie de suif.

    J’aide Magnus à s’installer dans le siège le plus confortable : une chaise à bascule, parfaite pour l’occasion. Bien que la cordonnière ne soit plus là et que la boutique en bas soit fermée depuis qu’elle est partie, la chaise fonctionne à merveille. Avec son bois bien huilé et ses patins solides, elle a connu bien des histoires. Mais pas comme cette histoire-là.

    Je lui enlève ses bottes, sa tunique, son pantalon, tout, et, bon sang, il est mal en point. Des blessures ouvertes. Des lacérations causées par les deux épées de Tom-le-Pâle. Des échardes. Une brûlure de corde. Je dois tailler et refaire plusieurs fois la dernière bougie pour avoir juste assez de lumière pour le laver. De l’eau. De l’alcool. Des chiffons propres.

    Les points que je lui fais ne sont pas jolis mais ils sont fonctionnels. J’en ai mal aux doigts à la fin.

    « Théo, dit-il, t’es un vrai champion. Je m’étais pas rendu compte que c’était aussi grave. »

    Je grince des dents. Une seule de ces coupures m’aurait achevé en passant complètement au travers de mes côtes maigrelettes. Par la barbe de Pan !

    « Il faut que tu te mettes au lit. »

    Je l’aide à se lever.

    « Ou dans une tombe.

    - Si tu meurs maintenant, t’as d’abord intérêt à me rembourser la bougie qu’on vient de gâcher. »

    Magnus glousse.

    « Je t’en achèterais plus d’une. On ira faire des courses demain matin. »

    Je ne le contredis pas. Ce n’est pas par fierté, c’est parce qu’il me marche sur les doigts de pieds. J’essaie de ne pas crier.

    « Magnus, combien pèse un Paladin aveugle ? »

    Je suis bien proportionné, comme on dit. Mais le gros est l’ennemi de petit, même quand on est « bien proportionné ». Magnus n’est certainement pas petit.

    « Oh ! Désolé.

    - Y’a pas de mal », mens-je, sentant la chaleur de mon sang chaud qui circule à nouveau.

    En passant les doigts dans mes épais cheveux bruns pour me distraire de la douleur, j’aperçois une mèche de cheveux gris qui tombe à terre. Je suis trop jeune pour avoir des cheveux blancs, mais en voilà un quand même.

    Je ne dis pas non plus à Magnus qu’il compte sur Lucinda, une pickpocket assermentée, pour lui ramener toute seule sa bourse bien dodue remplie d’écus d’or du Chat Noir.

    Je lui remonte la couverture jusqu’au menton. Il fait plus frais la nuit ces temps-ci et je n’ai pas envie qu’il m’attrape un rhume en plus de ses blessures de bataille.

    Il dort comme un loir bien avant que la douleur dans mes doigts de pied ne s’apaise. Au moins, il y en a un de nous deux qui dort. Et il le mérite.

    Je le mérite aussi, me dis-je, mais il faut bien que quelqu’un nettoie le sang qui forme une flaque sur le plancher brut à côté du tapis bien moelleux sous les pieds nus. Quelqu’un doit jeter les bandages ensanglantés, aller chercher de l’eau fraiche pour le matin et attendre les adolescents qui fourragent. 

    Je descends les escaliers et passe par la porte de derrière en emportant les sacs à eau vers le puits le plus proche, profitant de la quiétude. Mes oreilles bien fines s’amusent à récolter les sons à peine perceptibles des célébrations qui se poursuivent au loin, faisant légèrement écho entre les maisons aux bardeaux de bois et à la chaux blanche. Et autre chose. Des pas qui s’arrêtent, des murmures sur les pavés de minuit. 

    Des chiens qui aboient.

    L’eau qui éclabousse quand on la vide dans la rue sous des fenêtres du haut.

    Le chat galeux du voisin. Miiiiiiaaaaou !

    Les poils de ma nuque et de mes bras se dressent lorsque le vent froid souffle sur mon visage. J’ai la chair de poule et je ne sais pas pourquoi. C’est l’impression que j’ai quand Tom-le-Pâle rôde dans le coin. C’est le craquement du tonnerre sur les collines vertes cultivées au nord d’Ector, quand votre cheval est boiteux et que la guilde des assassins est à vos trousses. C’est le faux-ami d’une tempête d’automne, quand l’air est chaud et humide , mais vous savez que c’est une illusion avant la vraie tempête : un hiver froid, amèrement froid.

    C’est le sentiment de danger.

    Je frissonne pour m’en débarrasser. Je déteste ce sentiment.

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