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Quel est le mobile ?
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Livre électronique257 pages3 heures

Quel est le mobile ?

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À propos de ce livre électronique

Le capitaine Benjamin Lamour est perplexe. Un écrivain célèbre, une correctrice et un vieux bouquiniste ont été assassinés. Quel peut bien être le mobile de celui qui s'en prend ainsi à la littérature. Marseille est plus habituée aux problèmes de drogue qu'à ceux de la culture. Il doit aussi composer avec les souvenirs douloureux qu'une rencontre au cours de l'enquête va faire resurgir.
LangueFrançais
Date de sortie3 mai 2024
ISBN9782322494521
Quel est le mobile ?
Auteur

Martine Marck

Martine Marck, animatrice d'ateliers d'écriture et écrivain a déjà publié cinq ouvrages dont Quoi qu'on fasse et Qu'est-ce que Wordsworth vient faire là-dedans , Chez BoD.

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    Aperçu du livre

    Quel est le mobile ? - Martine Marck

    Il tourne et retourne l’enveloppe dans sa main, il ne peut pas se résoudre à l’ouvrir. Pas encore. Il veut se laisser le temps. Tant qu’on ne sait pas, l’espoir perdure. Il veut garder l’espoir, encore un peu. Le temps de l’illusion. Il pose la lettre dans la coupe de l’entrée avec les cartes de visite de restaurants potentiels, des prospectus de choses qu’il n’achètera jamais, des rares lettres qui lui ont été adressées. Il faudrait qu’il trie tout ça, il remet chaque jour. Ce ne sera pas encore pour aujourd’hui. Il va se faire un café. Il se demande si son cœur va supporter ce sixième café depuis celui du matin. Il n’est encore que dix heures et demie. Il ne veut plus voir cette missive qu’il attend depuis si longtemps. Naïf il est, naïf il restera. Il les attend ces réponses, il espère, il y croit et il est toujours déçu. Mais il continue inlassablement, car il sait qu’un jour... Cette enveloppe qu’il ne veut pas regarder contient au moins une réponse, quelle qu’elle soit. Le plus souvent il ne reçoit aucune réponse. C’est ça le plus terrible. Il lui semble alors qu’il n’existe pas ou qu’il est quantité négligeable. On ne se donne pas la peine de lui répondre. Il est pourtant là puisqu’il attend, on pourrait au moins lui faire l’aumône de quelques lignes. Il boit son café à petites gorgées. Toujours gagner du temps. S’il avait un chat ou un chien, il gagnait encore quelques minutes à aller les nourrir, mais il n’a aucun animal, il est seul, toujours seul. Il est seul avec cette sensation qu’il connaît si bien, celle de ne pas exister aux yeux des autres. Il y a si peu de choses dans sa vie. Il est si peu de chose. Si ce n’était sa mère, il pourrait penser qu’il est seul au monde. Elle lui pèse parfois, mais elle est la seule avec qui il peut parler. Ils ne se parlent guère, ça lui suffit.

    Il va pourtant bien devoir l’ouvrir, la lettre. Si elle contient une réponse positive, il aura des choses à faire. Quoi, il ne sait pas, il n’a jamais osé penser à ce qu’il ferait s’il recevait une réponse positive. Il se disait que s’il y croyait, à cette réponse positive, ça lui porterait malheur. Alors, il n’y pense jamais. Bon, courage ! Pour s’en donner du courage, il se met à siffloter. Il prend dans le tiroir un couteau pointu, il vérifie le tranchant de la lame. En deux pas, la maison est si petite, il rejoint l’entrée et se saisit de l’enveloppe. D’un geste assuré, il coupe le rabat. Il retourne l’enveloppe et relit le tampon qui y est apposé. Les Editions du Sud. C’était la dernière à qui il avait envoyé son manuscrit. Il déplie la lettre. Ses mains tremblent, son cœur activé par toute la caféine qu’il a ingurgitée, bat la chamade. Il est temps de se lancer.

    Monsieur,

    Après lecture de votre manuscrit, notre comité de lecture n’a pas jugé que nous puissions éditer votre roman.

    Il ne manque pas de qualités, mais il ne correspond pas à ce que nous recherchons et que nous publions habituellement.

    Nous vous conseillons vivement de lire les ouvrages que nous avons édités afin de voir ce que vous pourriez éventuellement nous présenter une prochaine fois.

    Cordialement,

    Le Directeur,

    Pierre-Denis Agnier.

    Il lit et relit ces quelques lignes. Son manuscrit ne manque pas de qualités ! Ce n’était pas la peine de lui dire. Il travaillait dessus depuis presque cinq ans avec acharnement. Il y passait ses jours et même quelquefois ses nuits. Il avait peaufiné chaque mot, chaque phrase jusqu’à ce qu’il juge que c’était parfait. Il avait soigné l’intrigue avec une volonté de précision et d’originalité. Il ne pouvait pas faire mieux. Il s’était attaché à ce que chaque détail soit crédible à défaut d’être véridique. Son roman policier était digne des plus grands.

    Un petit fascicule était tombé de l’enveloppe quand il avait sorti la lettre. Il se baissa pour le ramasser. C’était un catalogue qui présentait les dernières sorties des éditions du Sud. Rageusement, il déchira le catalogue et le jeta à la poubelle. Ils avaient le culot de lui proposer de lire tous ces auteurs de polars qui, il en était sûr, étaient bien moins bons que lui. Non, il ne les lirait pas et que Les Éditions du Sud aillent se faire foutre !

    Il remâcha sa rancœur pendant toute la journée, se demandant si, malgré tout le soin qu’il avait pris à écrire son livre, il ne manquait pas quelque chose à son histoire. Il ne voyait vraiment pas. Il avait envie de téléphoner à ce Pierre-Denis Agnier

    pour lui demander des explications ou plutôt pour le sommer de lui dire ce qui ne lui plaisait pas dans ce qu’il avait eu tant de peine à écrire. Si ce type était un type bien, il lui répondrait. Il lui dirait ce qui n’allait pas. Alors, il se corrigerait et il enverrait une nouvelle version conforme à ce qu’on lui demanderait. Et il serait enfin édité. Mais il savait qu’il ne le ferait pas. D’abord parce qu’il doutait des compétences de ce directeur qui ne devait rien connaître aux livres. La preuve, il avait craché sur le sien. Et puis aussi parce qu’il était convaincu que son livre était bon. N’en déplaise à ce douteux directeur. Il passa le reste de la journée à osciller entre la colère et le désespoir. Car Pierre-Denis Agnier n’était pas le premier à lui avoir refusé l’édition de son œuvre. Il fit des cauchemars toute la nuit et se réveilla comme un lendemain de cuite, alors qu’il n’avait bu que du café.

    Il s’habilla, sortit un autre manuscrit de la pile qu’il avait préparée et le mit sous enveloppe pour l’envoyer à un autre éditeur. Il en avait toute une liste. Une bonne partie était déjà biffée, celles qui avaient répondu défavorablement et celles qui n’avaient jamais répondu. Il y en avait encore assez, il y en avait une dans cette liste qui, il en était certain, serait « sa » maison d’édition. Une qui reconnaîtrait enfin son talent. Il ne voulait pas se laisser abattre. Et c’est d’une démarche allègre qu’il se rendit à son travail. Il était agent de service à la faculté des sciences de Saint-Jérôme. Il avait pris ce travail, car ses horaires coupés, tôt le matin et tard le soir, lui laissaient une grande partie de la journée pour écrire, la passion de sa vie. Un jour, il verrait un de ses livres dans la vitrine d’une librairie, il en était certain et c’est ce qui l’aidait aussi à supporter ce travail ingrat.

    Sommaire

    Lundi 5 septembre. 5 heures du matin.

    Lundi 5 septembre

    Mardi 6 septembre ; six heures du matin.

    Mardi 6 septembre

    Mercredi 7 septembre

    Jeudi 8 septembre

    Vendredi 9 septembre. 6 heures du matin.

    Vendredi 9 septembre

    Samedi 10 septembre

    Lundi 12 septembre

    Mercredi 14 septembre

    Jeudi 15 septembre

    Vendredi 16 septembre

    Samedi 17 septembre ;

    Lundi 5 septembre. 5 heures du matin.

    Le réveil ne fut pas facile. La nuit avait été très agitée. Norbert et Estelle en avaient pleinement profité. Ils étaient tous les deux amoureux de la vie et savaient en tirer le meilleur parti. Ils ne savaient pas si leur rencontre donnerait lieu à une suite, mais ils s’en moquaient. Ils avaient fait connaissance, deux jours auparavant, s’étaient tout de suite plu, se l’étaient fait savoir et n’avaient pas jugé utile de différer le désir qu’ils avaient vite éprouvé l’un pour l’autre. Ils étaient libres, sans attache, personnes adultes et sans préjugés. Ils ne l’avaient pas regretté. Les deux nuits qu’ils avaient passées ensemble avaient répondu amplement à leurs attentes.

    Estelle devait cependant regagner Avignon où elle résidait, elle avait des rendez-vous importants. Elle prendrait le premier TGV en direction de Paris à 6 heures. La première nuit, ils l’avaient passée à l’hôtel. L’hébergement était offert par le village de Pontreveau aux participants du salon littéraire annuel qui s’y déroulait. Norbert et Estelle étaient écrivains. Ils avaient ensuite décidé d’une autre nuit ensemble pouvait être envisagée, ils avaient donc réservé une chambre dans une maison d’hôtes de Pontreveau ; la seule d’ailleurs. Lorsque le téléphone portable d’Estelle les avait réveillés à 5 heures, ils n’avaient que très peu dormi. Les hôtes de la maison les avaient prévenus. La saison était terminée, ils leur avaient loué la chambre que parce qu’ils les avaient trouvés sympathiques, seulement, ils partaient en vacances le lendemain matin. Ils n’assureraient donc pas le petit-déjeuner. Ils avaient simplement installé une cafetière électrique « What Else ? » dans la chambre et leur avaient laissé quelques gâteaux secs.

    Estelle se leva, fit couler deux tasses de café, mais ne toucha pas aux biscuits. Après une douche rapide, elle s’habilla et prépara son sac. Elle avait commandé un taxi la veille, il devait venir la prendre à cinq heures et demie pour l’emmener à la gare TGV d’Aix-en-Provence.

    Norbert, toujours couché, la regardait faire. Il la trouvait belle, même au réveil. Elle ne se donna pas la peine de se maquiller. Oui, elle était très belle. Une des plus belles femmes qu’il ait jamais rencontrées. Grande, élancée, les cheveux et les yeux clairs, des formes de rêve. Une très récente quarantaine épanouie. Mais, ce qui attirait le plus chez elle c’était ce sourire qu’elle arborait si souvent. Elle semblait toujours heureuse d’être là, heureuse d’être en vie. Et lorsqu’elle souriait, ses yeux étincelaient. Quiconque la rencontrait avait immédiatement envie de passer du temps avec elle.

    Norbert avait encore envie d’elle. Il fit mine de se lever, mais elle lui fit signe qu’elle n’avait pas le temps. Il le regrettait, mais il comprenait.

    Je crois qu’il est l’heure de nous séparer. Je te remercie pour ces bons moments. Tu as mon numéro, mais ne te crois pas obligé de m’appeler. Ce fut une belle parenthèse au salon. On se reverra de toute façon un de ces jours à l’une ou l’autre manifestation littéraire.

    Attends, je t’accompagne jusqu’au taxi.

    Mais non, tu as tout le temps. Si tu ne repars à paris que cet après-midi, rendors-toi.

    Je le ferai peut-être après, j’enfile juste un jean et un tee-shirt et je viens avec toi. J’aime assez l’idée de te dire au revoir sur cette si jolie place devant le taxi qui t’attend. Je te vois, tu monteras dans la voiture qui démarrera, tu me feras un signe de la main, je regarderai la voiture s’éloigner et je me maudirai de ne pas avoir eu l’idée de t’embrasser encore une dernière fois. Une magnifique séquence de film. Tu serais incarnée par Romy Schneider et moi par Alain Delon.

    Ils sont morts !

    Non, pas Alain Delon. Mais ce serait Delon jeune.

    Tu as toujours le mot pour rire. Et dans ton film, je pleurerais et toi aussi.

    Des seaux !

    Alors je voudrais bien voir ça.

    Norbert sauta dans son pantalon et descendit avec Estelle en portant son sac comme un parfait gentleman. Il n’y avait pas un chat dans la rue qui menait à la place du village encore endormi. À cette heure pourtant très matinale, Norbert plaisantait encore.

    Tu ne trouves pas que l’endroit est sinistre,

    Non pas vraiment, ce petit village est charmant.

    Ne crains rien, je te protégerai.

    De quoi, que voudrais-tu qui m’arrive? Il n’y a personne.

    Quelquefois, c’est dans les endroits qui semblent le plus tranquilles que le danger rôde.

    Arrête, tu vas me fiche la trouille. À écrire toutes tes horreurs, ça te monte à la tête. Tu n’es pas dans un de tes livres.

    Te fiche la trouille, c’est le but. Ça t’apprendra à me quitter comme un pauvre chien galeux.

    Elle lui tapa violemment sur le bras pour se venger. Le taxi attendait. Norbert posa un petit baiser sur le bout du nez d’Estelle qui s’engouffra dans la voiture. Elle avait beau s’en défendre, elle était émue. Le taxi démarra aussitôt. Il attendit que la voiture ait disparu. Il faisait encore frais et il était en tee-shirt, il reprit le chemin de la maison d’hôtes. Il se replongeait dans ses récents souvenirs. Il avait beaucoup apprécié Estelle. Il se demandait s’il n’allait pas la rappeler. Il supposait qu’elle ne serait pas contre. Il n’avait pas envie d’une relation sérieuse, son divorce n’était pas encore si loin. Certes, il s’était bien passé, mais il ne se voyait pas se remettre en couple de sitôt. Cependant, il se voyait bien revoir Estelle, passer encore du temps avec elle. Voyager peut-être. Elle devait aimer ça, voyager. Vers des pays lointains, des contrées sauvages, de vieilles civilisations, sac à dos dans des ruines antiques, dans des hôtels de grand luxe avec piscine à déversoir sur le toit, à dos de chameau ou sur des pirogues en Afrique. Il voyait tout ça et il s’y voyait avec Estelle.

    Le corps d’Estelle le hantait encore. Mais pas seulement son corps, il avait aimé son sens de la répartie, son naturel et son manque total de préjugés. C’était une femme avec laquelle on avait envie de faire un bout de chemin. Quelle idée merveilleuse il avait eu d’accepter de participer à ce salon littéraire ! Ils avaient passé deux jours formidables, il avait très bien vendu ses bouquins, il s’était amusé avec les autres auteurs et il avait eu Estelle en prime. Il trouvait la vie belle, il s’était mis à siffloter.

    Il n’a pas entendu les pas derrière lui, trop occupé à se repasser le film de la nuit passée. Une douleur atroce lui traversa le dos de part en part. Il fit une tentative pour se retourner et voir d’où venait le coup. Il n’en eut pas le temps, un deuxième coup décupla la souffrance, ses yeux se voilèrent, un liquide chaud nappait son dos. Il sentit à peine les autres coups, il était déjà inconscient. Le deuxième coup lui avait transpercé le cœur. Il n’avait rien vu. Il s’écroula à quelques mètres de la maison d’hôtes et ne tarda pas à rendre l’âme. Une ombre se pencha sur lui, le regarda un bon moment puis tira le cadavre dans la rue voisine, l’assis contre un mur, le regarda encore comme pour s’assurer qu’il était bien comme ça et s’éloigna tranquillement.

    Lundi 5 septembre

    Le capitaine de police, Benjamin Lamour, arrive à son bureau. Précis comme s’il était habité par une horloge. Il est debout depuis une heure et demie, frais comme un gardon juste pêché. C’est le plus bel homme qu’on ait vu depuis longtemps dans la police. Un savant mélange de Georges Clooney dans Urgences et d’Alain Delon dans Borsalino, mais avec quelques centimètres de plus. Il a du mal à passer sous les portes. Sa musculature n’a rien d’exceptionnel, il ressemble plus à un mannequin qu’à un sportif de haut niveau. Il porte fièrement sa toute jeune quarantaine. Brun, le teint pâle, mais tout ce qui fait surtout qu’aucune femme qui a croisé le chemin de Benjamin Lamour n’a jamais pu l’oublier, c’est l’éclat de ses yeux bleu pervenche. Il a le don pour faire croire à tous ceux qu’il regarde qu’ils sont uniques et qu’il s’intéresse vraiment à eux. Il les enveloppe dans son regard comme dans une couverture douillette par grand froid. Comme on peut le deviner, Benjamin Lamour est adulé, traqué, harcelé par les femmes. Il ne semble pas s’en préoccuper et ne rabroue jamais, même les plus envahissantes. Il sait les faire lâcher prise, tout en douceur et, paradoxalement, elles ne lui en veulent jamais.

    Ce matin, lorsqu’il apparaît vêtu d’un jean noir de très belle coupe; d’un tee-shirt d’un blanc immaculé et d’un léger blouson de cuir, il fait encore chaud dans cette arrière-saison, les petites stagiaires sont prises de bouffées de chaleur. Elles savent cependant qu’elles n’ont aucune chance, Benjamin n’a jamais couché avec une femme du senvice. À le voir ainsi, tous les matins sans espoir, plus d’une a songé à démissionner. Toucher un rêve et ne jamais le voir se concrétiser, c’est dur. Il passe devant elles en leur adressant un mot gentil qu’il agrémente de son plus beau sourire. Elles fondent littéralement.

    Son charme opère nettement moins sur ses collègues masculins. Ils sont jaloux, car eux n’hésiteraient pas à se faire une de leurs plus jeunes collègues. Quand il est arrivé, certaines ont même été franchement désagréables pour ne pas dire pire avec lui. Mais son bon caractère a su empêcher tout antagonisme. Il est respecté par ses subalternes et même par ses supérieurs. Benjamin Lamour adore son métier et l’exerce avec le plus grand sérieux.

    Il vit seul, on ne lui connaît pas de liaison sérieuse. Du gâchis, disent ces demoiselles à la pause-café. On a cru longtemps qu’il était homosexuel. Un jour un autre fonctionnaire de service de passage lui avait fait des avances. Il lui avait répondu clairement que ça le l’intéressait pas, qu’il n’aimait que les femmes. Un gardien de la paix avait entendu la conversation et l’avait répété dans tout le sendee. On savait donc que Benjamin Lamour n’était pas homosexuel. Le mystère restait entier. On ne lui connaissait pas non plus de famille. Tel était Benjamin Lamour.

    À peine installé à son bureau, un jeune lieutenant, tout juste nommé, vient lui dire qu’ils ont reçu un coup de téléphone. On a trouvé un corps dans un petit village des environs. Le lieutenant est rouge comme la crête d’un coq. Benjamin ne croit pas une minute que ce trouble soit dû à la mort d’un homme. Il connaît bien ce regard gêné, mais avide. À n’en pas douter, ce gamin est homo et certainement amoureux de lui. Benjamin, elle le plaint de tout son cœur. Ce petit n’a pas choisi le bon milieu professionnel, il risque d’en entendre s’il est découvert et surtout, il n’a pas choisi le bon objet de sa flamme. Dans ce genre de circonstance, Benjamin en vient même à regretter que la nature l’ait fait ainsi. Il n’apprécie pas le fait d’être ainsi toujours l’objet de convoitise et ça le rend triste quand il constate que cet état de fait rend certains très malheureux.

    Comment t’appelles-tu ?

    Kévin Lacourt.

    Merci Kévin.

    Kévin reçoit le fameux sourire de Benjamin comme un acide sur sa plaie béante, mais ça illuminera tout de même sa journée.

    Benjamin appelle son binôme.

    Camille, il y a un mort, on y va !

    Camille est presque aussi grande que Benjamin et presque plus large. Si elle était noire, on la prendrait pour Séréna Williams. Camille Grosjean n’est pas laide, mais son physique trop massif ne lui donne pas de charme. Elle est aussi blonde que lui est brun et elle sourit très rarement. Elle

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