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Retour de bâton à Plogoff: Les enquêtes du commissaire Landowski - Tome 31
Retour de bâton à Plogoff: Les enquêtes du commissaire Landowski - Tome 31
Retour de bâton à Plogoff: Les enquêtes du commissaire Landowski - Tome 31
Livre électronique230 pages2 heures

Retour de bâton à Plogoff: Les enquêtes du commissaire Landowski - Tome 31

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À propos de ce livre électronique

Agelina Lafos, magistrate, se souvient d'un meurtre commis lors de son adolescence et tient a enquêter... Le criminel sort alors de sa somnolence !

Plogoff. Sur l’esplanade de la chapelle de Notre-Dame-du-Bon-Voyage, une jeune routarde paumée, accepte l’aide d’un inconnu qui passe. Mauvaise pioche. La mort est au rendez-vous.
Angelina Lafos, adolescente, s’amusait non loin avec ses cousins. Devenue magistrate, elle décide d’enquêter sur cette affaire jamais élucidée en compagnie de sa collègue Lorraine Bouchet.
Mais réveiller un criminel qui somnole n’est jamais une bonne idée. Celui-ci se met à sévir de Pont-Croix à Audierne en passant par la baie des Trépassés.
Aussi futées soient-elles, on ne laisse pas deux magistrates de la République dans la nature ! Le commissaire divisionnaire Landowski et ses deux acolytes, Ange P. et Jim Sablon, ont reçu mandat d’assurer discrètement leur protection.
Duo féminin ou trio policier, lequel arrivera en tête pour le bouquet final ?

Dans ce polar breton duo féminin, trio policier, dangereux criminel et suspense sont au rendez-vous !

À PROPOS DE L'AUTEUR

Dans la collection Pol’Art, Serge Le Gall a mis en scène les tribulations du détective Samuel Pinkerton. Dans la collection Enquêtes et Suspense, il vous propose de participer ici à la nouvelle enquête du désormais célèbre commissaire divisionnaire Landowski.
LangueFrançais
Date de sortie9 févr. 2021
ISBN9782355506611
Retour de bâton à Plogoff: Les enquêtes du commissaire Landowski - Tome 31

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    Aperçu du livre

    Retour de bâton à Plogoff - Serge Le Gall

    PROLOGUE

    — C’est bien simple, ma jolie dame ! On n’a pas bien compris comment tout ça est arrivé.

    Et puis, c’est de la faute de cette pauvre fille. Est-ce qu’elle ne pouvait pas aller se faire tuer ailleurs ? Je vous l’demande ! Elle venait de je ne sais où pour aller nulle part. Peut-être qu’elle n’avait peut-être pas choisi d’être là, que c’était un hasard, un mauvais concours de circonstances mais quand même !

    On habitait dans un hameau tranquille avec les tracas habituels de la vie. P’têt que vous ne savez pas ce que c’est si vous êtes de la ville mais, en campagne, on connaît tout le monde. On apprend la naissance de la petite dernière, le décès du patriarche, la faillite d’untel, les aventures d’un autre et puis l’histoire d’amour impossible entre deux amoureux parce que les familles peuvent plus se souffrir depuis la Libération cause que l’un d’eux…

    Je ne vais pas vous saouler avec mes cancans mais c’est vrai qu’on aimait bien certains et qu’on détestait d’autres…

    Pour exemple, le Louis de la ferme d’en bas, quand il était encore d’attaque, c’était quand même un drôle de phénomène avec de la paille sur sa chemise à carreaux et dans ses cheveux gris en fin de journée. Il avait besoin comme on dit. Enfin, vous voyez ce que je veux dire. Chez lui, il ne trouvait pas son content, probab’. C’est vrai aussi qu’il n’en avait jamais assez. L’après-midi, il devenait comme fou. Pour les femmes, surtout les filles, ce n’était pas le moment de se promener seule en pleine campagne. Le Louis, il allait fièrement, la chemise ouverte et les yeux injectés de sang. Il était en chasse et de n’importe quel gibier ! Dans le hameau, tout le monde le savait ! Certaines plus que d’autres ! Si vous étiez une femme, fallait pas le croiser dans un chemin creux à l’heure de la sieste ! C’est vrai aussi qu’il y en avait qui y allait exprès ! Enfin, c’est la rumeur qui colportait ça. Moi, ce que j’en dis c’est pour parler. J’y étais pas hein ! Et puis Louis, il n’était pas natif de Plogoff !

    Mais vous n’êtes pas venue pour que je vous raconte la vie de çui-là ! Bien que, s’il est passé par là, ce jour-là, à cette heure-là… S’il n’a rien fait, c’est qu’il avait un temps de retard. Mais il a pu rester regarder. Même se régaler. Les gendarmes n’ont pas dit ce qu’on avait fait à la jeune fille. Après tout, fallait lui laisser un brin de discrétion à cette pauvre petite. De décence aurait dit ma mère. Pour vous en finir, le Louis il est passé sous un tracteur fin août. Je ne sais plus quelle année. Je crois qu’il bricolait sous le Massey-Ferguson de Raymond dans la pente d’une parcelle. Il a fait le tour par l’arrière, allez savoir pourquoi alors qu’on fait jamais ça, et puis les freins ont lâché. La charrue était attelée. Il s’est fait raboter le ventre jusqu’à… Enfin vous voyez ce que je veux dire. Ils ont eu du mal à lui recoudre la poitrine mais c’était superficiel. Pour le reste, ben dame tant pis ! On a dit que c’était une punition par où il avait péché si souvent. On a dit aussi que c’était pas normal ce qui était arrivé, que le propriétaire de l’engin avait des choses à lui reprocher à propos de sa femme mais on n’a rien pu prouver. Y a pas eu d’enquête. On a dit que c’était un accident et puisqu’il pouvait plus, le calme est revenu dans les halliers.

    La femme de celui du tracteur c’était une jolie blonde, bien trop fragile pour les travaux de la ferme. Parfaite pour Louis, forcément. Son homme avait du bien. Il lui achetait tout ce qu’elle voulait mais il était trop fatigué pour penser à essayer de lui faire un enfant. D’ailleurs, elle a fini par partir avec un gars de la ville. Un ingénieur des Ponts et Chaussées qui était venu tout jeune pour faire des plans pour la Centrale. Déjà à l’époque, il avait dû la remarquer.

    Cette femme préférait se promener dans les chemins creux, habillée court forcément. Elle était du genre fleur bleue, à espérer une histoire d’amour avec des mots tendres. Peut-être qu’elle aurait dû rester auprès de son homme. On a dit aussi que lui, il pouvait pas bien, qu’il avait eu un phimosis et que le chirurgien l’avait esquinté. Moi, j’ai pas vérifié. On dit des choses sans savoir parfois, juste par méchanceté. Mais bon, chacun fait ce qu’il veut. Après faut pas v’nir se plaindre. Et puis y a des femmes qui veulent bien et des hommes qui ont toujours envie. S’ils arrivent à se rencontrer, c’est quand même assez normal. C’est la nature !

    Pour en rev’nir à notre sujet, l’autre était arrivée dans le coin depuis quelques semaines. On a pas trop su quand. Un matin, elle était là dans le paysage, un point c’est tout. Elle s’était installée en location sur la hauteur dans une maison entourée d’hortensias. Malgré le vent, ça pousse bien par chez nous.

    Dès le lendemain du drame, on a entendu dire que c’était suite à un chagrin d’amour qu’elle était venue se perdre chez nous. Elle ne voulait plus voir personne et surtout pas les hommes ! Pas certain que ça c’était vrai ! Moi j’ai dit que c’était une prétentieuse ! C’était pas la peine de chercher midi à 14 heures. La vie de couple, ça a bien changé tout ça. On quitte un pour aller avec l’autre. Quand on n’est plus bien ensemble, on se sépare et les gosses ne savent plus de quel côté aller. De mon temps, on restait avec le même du début jusqu’à la fin même si des fois… À part que si il avait fumé, bu et couru les filles plus que les autres, il était toujours en avance. Surtout pour aller au cimetière.

    Quand on passait devant chez elle avec Irène, on la voyait assise à son bureau. Devant elle, y avait rien d’autre qu’un un miroir. On avait dit qu’elle avait un souffle au cœur et qu’elle avait besoin de repos. Du souffle, elle devait en avoir avec la bouche qu’elle avait pour… Enfin, on se comprend entre femmes hein ? Du repos pour une comme ça qui devait passer son temps sur le dos ? J’aurais bien voulu avoir la même fatigue ! Mais ce n’était déjà plus vraiment de mon âge d’aller avec les hommes. D’abord, ils n’auraient pas voulu de moi et ensuite, comme j’ai jamais beaucoup aimé faire ça, je n’aurais pas eu de plaisir.

    Mais elle, elle devait en avoir. Pas possible autrement ! Parce qu’elle était belle la garce avec ses cheveux noirs à l’espagnole qui descendaient dans son dos. Du reste, il n’y avait que les cheveux de longs parce que la jupe avait raccourci au lavage. Le caraco aussi, comme ça on pouvait voir la couleur de la culotte rose qui débordait d’un bon centimètre. Ben voyons ! Et puis elle avait encore un paquet de belles années devant elle. Je la trouvais bien jeune pour une romancière. Paraît qu’elle avait eu un grand succès pour un récit d’adolescente amoureuse. Enfin…

    Je n’ai pas été à l’école assez longtemps pour savoir toutes les choses mais je sais bien ce que je dis. J’ai de l’instruction et je fais attention de ne pas faire de fautes quand il faut écrire une lettre à la directrice. Quand y a pas de madeleines au quatre-heures, faut pas hésiter à réclamer. Par écrit, c’est toujours mieux. Les paroles…

    Notre institutrice, c’était une vieille fille. Elle n’avait donc rien de mieux à faire que de nous houspiller sans arrêt. Bien obligées d’apprendre qu’on était !

    Je disais donc que quand cette étrangère est venue s’installer dans le village, le temps s’est couvert comme souvent le dimanche des Rameaux. C’est drôle comment le climat comprend toutes ces choses.

    Elle avait écrit deux livres. Assez épais même. Mon père aurait calé les meubles avec s’il était encore de ce monde. Irène m’en avait prêté un. Forcément dès qu’elle avait su qu’elle écrivait, elle s’était précipitée pour lui en acheter un et la faire écrire un petit mot dessus. Moi, je ne comprenais rien de ce qu’il y avait dedans. C’était des histoires de crimes avec du sang et des larmes mais j’ai toujours préféré des romans à l’eau de rose. Des histoires où c’est triste parce que lui est parti et qu’elle pleure sur son propre sort en attendant de refaire sa vie avec un gentil garçon qui est sérieux et tout. Ou alors c’est elle qui est malade, d’une maladie qu’il n’y a pas de remède et que son amoureux arrive de loin pour la prendre dans ses bras une dernière fois.

    Il paraît qu’elle gagnait sa vie avec ses histoires. Je trouve ça un peu bizarre mais maintenant c’est comme ça. Les choses ont changé. Il n’y a que moi qui ne bouge pas !

    Toujours est-il qu’elle promenait tous les jours son chien dans la route qui monte à la chapelle. C’était une bestiole affreuse. Il était petit et noir comme du charbon. On ne savait pas par quel bout il commençait ni par quel bout il finissait. C’est quand il aboyait qu’on arrivait à comprendre.

    Et teigneux avec ça ! Il avait toujours envie de mordre les chevilles. Moi, je le repoussais du pied avec le sourire en coin. Il couinait des fois parce que je lui caressais un peu trop les côtes mais je suis sûre qu’il n’avait même pas mal. C’était un dur à cuire et il était bien malin. Fallait le voir sauter les clôtures et dévaster les potagers en creusant des trous. On appelle ça un chien terrier. Un bon à rien oui !

    Sa maîtresse ne lui disait rien. Pourtant, il aurait mérité un coup de trique pour lui apprendre la vie. Elle lui passait tous ses caprices mais je crois bien qu’elle pensait tout le temps à autre chose. J’en suis même sûre !

    Donc elle marchait dans le chemin creux qui monte à la chapelle de Kergroas. Tout là-haut, se trouve l’esplanade où on célèbre la messe du pardon de Notre-Dame du Bon Voyage en juillet. Les gensss ne peuvent pas entrer tous dans la chapelle. Sur le côté, il y a une route goudronnée mais il n’y a que les grosses voitures de touristes qui roulent dessus. À croire que la Révolution n’a pas changé grand-chose…

    Moi, j’allais sur la route quand j’en avais envie et il aurait fait beau qu’ils viennent me dire de m’écarter ou de marcher sur l’herbe ! Mon père était dans le syndicat quand il a fallu défendre les ouvriers et ce n’est pas moi qui aurais plaint ces riches à millions. Ils ne m’avaient pas fait de mal mais je restais sur mes gardes. Le vent aurait pu tourner à l’orage sans crier gare.

    Donc elle marchait sur le chemin avec son chien en prenant son temps. Je la vois encore rejeter ses cheveux en arrière comme ces femmes que je vois à la télé et qui se tortillent dans des robes serrées. Je dis pas ça pour vous hein mais je crois toujours qu’elles ont envie de faire pipi et que même c’est pressé !

    La miss, elle devait se dandiner pareil au cas où elle aurait croisé un homme appétissant et disponible. Elle n’était pas du genre à laisser passer une occasion. Moi, j’ai toujours dit qu’elle avait des rentrées d’argent de la main à la main. Irène m’a dit alors que j’étais médisante mais j’ai trouvé dans son air qu’elle aurait bien voulu que je lui dévoile des secrets lui prouvant le contraire. Comme elle m’a rembarrée avec mes histoires, j’ai fermé mon bec. Surtout qu’Irène, côté potins, n’était pas une sainte non plus !

    On a dit qu’elle était en train de réfléchir à son prochain livre, que la nature lui donnait des idées et qu’elle était souvent en petite culotte derrière le talus pour vérifier les choses par elle-même ! Pour faire plus vrai ! Encore une invention ! Et que c’est pour ça qu’elle n’a rien vu qui aurait pu faire avancer l’enquête. Occupée à autre chose qu’elle était ptêt ! Moi, je crois pas à ses explications de mijaurée. Est-ce qu’elle a dit aux gendarmes ce qu’elle a fait pendant ce temps-là ? Avec qui elle était là-haut ? Ben non ! Ce n’est pas le chien moche qui aurait pu dire quelque chose !

    Elle a raconté que, quand elle est arrivée au croisement avec la route qui descend sur Keringard, il y avait un silence de mort. Comme si elle savait déjà ! Là-bas, il n’y avait pas beaucoup de monde à cette époque. Il n’y passait jamais personne à part quelques rares promeneurs qui s’étaient écartés du chemin de randonnée.

    Depuis le parcours a été aménagé. Il passe non loin de là et les gamins du bourg ne s’amusent plus à déplacer les panneaux indicateurs comme dans le temps. Ni les aînés d’ailleurs puisque les CRS sont partis depuis longtemps.

    Après elle a dit qu’elle avait senti une odeur de parfum. Elle a parlé de jasmin. Faut avoir le nez quand même hein ! Je me demande bien comment elle a pu faire pour s’en rendre compte. Déjà avec le sien, on croyait qu’elle venait de renverser le flacon ! Une sorte de parfum léger qu’elle a dit ! Nous, on avait l’eau de Cologne pour mettre le dimanche avant la messe et c’était tout !

    Le chien a sauté sur le talus. Il a jappé un moment avant qu’elle bouge ses fesses. Elle devait réfléchir fort, dites donc ! Enfin, elle s’est approchée. Forcément, elle n’a rien vu parce que le talus était en hauteur avec des arbustes coupés à ras et bien repartis du pied.

    Le chien lui, il était parti dans le champ et il a continué d’aboyer. Elle a expliqué ensuite qu’il voulait qu’elle le rejoigne. Elle a fait le tour pour trouver l’entrée de la parcelle. Elle n’allait pas abîmer ses chaussures vernies en grimpant sur le talus. De bras secourables, elle aurait eu besoin. Peut-être qu’elle en sortait. Sûr !

    Elle a dit qu’elle était passée sous le câble électrique tiré en travers de l’ouverture pour empêcher les génisses d’aller brouter à ras l’herbe du pré d’en face. Savait même pas reconnaître une vache ! Puis elle a suivi la limite des labours pour rejoindre son chien. L’autre casse-pieds ne l’attendait pas. Il continuait à cheminer le long du talus en râlant comme à son habitude.

    Jusqu’à ce qu’il s’arrête et qu’il n’aboie plus.

    Et c’est alors qu’elle a vu la pauvre sur le sol avec ses effets tout déchirés. Elle était allongée sur un tas de cailloux qu’on entasse en bout de champ quand on a labouré. Elle était morte et c’était pas beau à voir, paraît-il. Surtout que le sang avait giclé un peu partout. Comme si on avait voulu être sûr qu’elle se taise pour

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