Au fond du couloir

Laurie prend la lettre dont elle vient d’achever l’écriture. Ses mains tremblent d’émotion alors qu’elle repousse en arrière ses cheveux bruns. Et si là-bas, au

Texas, de l’autre côté de l’Atlantique, son ami ne recevait pas cette lettre ?

Pourtant, comme toujours, Laurie s’oblige à l’optimisme.

La jeune femme relit à voix haute :

Mon cher Georges

J’espère que cette lettre te réchauffera le cœur, les tiennes sont pour moi porteuses de joie et je t’ai dit comme souvent, le soir, j’avais plaisir à les relire. J’ai honte de te dire cela, mais tu m’as donné la force d’affronter des moments difficiles au cours de ces dernières années et je ne sais pas comment tu fais pour rester aussi débordant d’enthousiasme et pour aimer la vie à ce point. Je voulais te rendre visite, mais tu as bien compris que c’est impossible. Si je l’avais pu, je t’aurais présenté Eric et tu l’aurais beaucoup aimé, j’en suis sûre. Je sais que tu es méfiant à son égard et que tu crains que je souffre un jour à cause de lui, mais tu n’as pas à t’inquiéter, c’est un homme adorable, qui par certains côtés te ressemble beaucoup. Comme toi, il aime les longues promenades dans la nature, les animaux, les étoiles… Ne te moque pas si je te dis que c’est un romantique. La grande nouvelle, mon Georges, mon ami, c’est qu’Eric m’a demandée en mariage. J’attendais de connaître la date de la cérémonie pour te l’apprendre, afin que tu puisses penser à moi en ce jour où je serai la femme la plus heureuse au monde. A partir du 26 juin, tu adresseras tes lettres à Mme Laurie Morange, n’est-ce pas merveilleux?

Vois comme je suis égoïste, tellement à mon bonheur que j’oublie de te demander comment tu vas! As-tu eu des nouvelles de ton avocat, qu’en est-il de ta demande de sursis, de la révision de ton procès? J’ai confiance, Georges, ça va marcher et bientôt, je suis convaincue que je recevrai de bonnes nouvelles de toi. J’ai hâte.

Reçois toute mon affection et mes plus chaleureuses pensées, je suis avec