Les Terres fantômes : Désastre et dessert (Un polar cosy spectral et canin – Livre 6)
Par Sophie Love
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À propos de ce livre électronique
--Midwest Book Review (pour Maintenant et À Tout Jamais)
LES TERRES FANTÔMES : DÉSASTRE ET DESSERT est le sixième — et dernier ! — livre d'une charmante nouvelle série de polars cosy signée par la romancière à succès Sophie Love, auteure de la série L’Hôtel de Sunset Harbor, un best-seller comptant plus de 200 évaluations cinq étoiles !
Marie Fortune, 39 ans, talentueuse toiletteuse de chiens à Boston, décide de tourner la page et de déménager dans une petite ville de la côte du Maine pour y refaire sa vie, loin du stress de la vie citadine. Elle a la ferme intention de rénover la vieille demeure historique que sa grand-tante lui a léguée et de la réhabiliter en maison d'hôtes. Or, elle doit faire face à un imprévu : la maison est hantée. À vrai dire, deux imprévus : sa grand-tante lui a aussi confié un chien — et il est loin d'être ordinaire.
Dans le dernier livre de la série, l’avenir de Marie est en péril à cause d’un meurtre qui a lieu à proximité de chez elle ; elle est contrainte de le résoudre ou elle risque d’être mise en cause. Avec l’implication de sa concurrente, autre gérante de maison d’hôtes, les choses ne pouvaient pas être pires.
Comme si cela ne suffisait pas, ce dernier livre répond à de nombreuses questions : Marie trouvera-t-elle enfin sa mère, et que se passera-t-il entre elles ? Marie finira-t-elle avec Robbie ? Ou avec Brendan ? Sera-t-elle capable de revendiquer son don, sans l’aide de Boo ? Et décidera-t-elle de rester et de gérer la maison d’hôtes, ou sera-t-elle forcée de quitter cette petite ville qui est devenue son foyer ?
Un polar cosy, plein de mystère, d'amour, de fantômes, de voyages, d'animaux et de gastronomie — une histoire saisissante au cœur d'une petite ville et au sein d'une maison d'hôtes à rénover — LES TERRES FANTÔMES est une série de polars cosy qui vous fera tourner les pages (et rire aux éclats) jusque tard dans la nuit.
« La romance est là, mais sans excès. Un grand bravo à l'auteure pour ce début de série extraordinaire qui promet d'être très divertissante »
--Books and Movies Reviews (pour Maintenant et À Tout Jamais)
N’oubliez pas d’aller lire l’autre série de polars cozy signée par Sophie Love, CURIEUSE LIBRAIRIE, qui débute avec le Tome 1 : L’EXEMPLAIRE FATAL, un best-seller comptant plus de 50 évaluations à cinq étoiles !
En savoir plus sur Sophie Love
Les Terres fantômes: Vengeance et dîner (Un polar cosy spectral et canin – Livre 4) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Terres fantômes: Mort et collation (Un polar cosy spectral et canin – Livre 2) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUn lieu ensorcelé: L’exemplaire fatal (Curieuse Librairie Polar Cozy – Tome 1) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
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Avis sur Les Terres fantômes
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Aperçu du livre
Les Terres fantômes - Sophie Love
L E S T E R R E S F A N T O M E S :
D É S A S T R E
E T
D E S S E R T
(UN POLAR COSY SPECTRAL ET CANIN — TOME 6)
S O P H I E L O V E
Sophie Love
Auteur de best-sellers, Sophie Love a écrit : L’HÔTEL DE SUNSET HARBOR, comédie romantique composée de huit tomes ; LES CHRONIQUES DE L’AMOUR, comédie romantique composée de cinq tomes ; SPECTRAL ET CANIN polar cosy composé (pour l’instant) de six tomes ; et du nouveau polar cosy CURIEUSE LIBRAIRIE composé (pour l’instant) de cinq tomes.
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LIVRES PAR SOPHIE LOVE
CURIEUSE LIBRAIRIE POLAR COZY
UN LIEU ENSORCELÉ: L’EXEMPLAIRE FATAL (Tome 1)
UN LIEU ENSORCELÉ : MEURTRE PAR MANUSCRIT (Tome 2)
UN LIEU ENSORCELÉ : UNE PAGE PÉRILLEUSE (Tome 3)
UN LIEU ENSORCELÉ: UN VOLUME VOLATILISÉ (Tome 4)
UN POLAR COSY SPECTRAL ET CANIN
LES TERRES FANTÔMES : MEURTRE ET PETIT-DÉJEUNER (Tome 1)
LES TERRES FANTÔMES : MORT ET COLLATION (Tome 2)
LES TERRES FANTÔMES : MALICE ET DÉJEUNER (Tome 3)
LES TERRES FANTÔMES : VENGEANCE ET DÎNER (Tome 4)
LES TERRES FANTÔMES : SCANDALE ET SOUPER (Tome 5)
LES TERRES FANTÔMES : DÉSASTRE ET DESSERT (Tome 6)
L’HÔTEL DE SUNSET HARBOR
MAINTENANT ET À TOUT JAMAIS (Tome 1)
POUR TOUJOURS ET À JAMAIS (TOME 2)
À TOUT JAMAIS, AVEC TOI (Tome 3)
SI SEULEMENT C’ÉTAIT POUR TOUJOURS (Tome 4)
POUR L’ÉTERNITÉ, ET UN JOUR (Tome 5)
POUR L’ÉTERNITÉ, PLUS UN (Tome 6)
POUR TOI, POUR TOUJOURS (Tome 7)
NOËL POUR TOUJOURS (Tome 8)
LES CHRONIQUES DE L’AMOUR
L’AMOUR COMME CI (Tome 1)
L’AMOUR COMME ÇA (Tome 2)
UN AMOUR COMME LE NOTRE (Tome 3)
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE UN
CHAPITRE DEUX
CHAPITRE TROIS
CHAPITRE QUATRE
CHAPITRE CINQ
CHAPITRE SIX
CHAPITRE SEPT
CHAPITRE HUIT
CHAPITRE NEUF
CHAPITRE DIX
CHAPITRE ONZE
CHAPITRE DOUZE
CHAPITRE TREIZE
CHAPITRE QUATORZE
CHAPITRE QUINZE
CHAPITRE SEIZE
CHAPITRE DIX-SEPT
CHAPITRE DIX-HUIT
CHAPITRE DIX-NEUF
CHAPITRE VINGT
CHAPITRE VINGT-ET-UN
CHAPITRE VINGT-DEUX
CHAPITRE VINGT-TROIS
CHAPITRE VINGT-QUATRE
CHAPITRE VINGT-CINQ
CHAPITRE VINGT-SIX
CHAPITRE VINGT-SEPT
CHAPITRE VINGT-HUIT
CHAPITRE VINGT-NEUF
CHAPITRE TRENTE
CHAPITRE TRENTE-ET-UN
CHAPITRE TRENTE-DEUX
ÉPILOGUE
CHAPITRE UN
Rentre à la maison.
Ce sont les mots que Marie avait écrits à sa mère en réponse à la carte postale que celle-ci avait envoyée au Manoir de June il y a plusieurs semaines. Elle lui avait adressé cette simple phrase sans savoir si sa nomade de mère la recevrait. Et même dans ce cas, Abagail Fortune n’aurait eu aucun moyen de savoir qu’elle provenait de sa fille, et non de sa tante, June.
Rentre à la maison. Cette phrase semblait si poétique et stupide à la fois. Mais maintenant que Marie se tenait à la porte d’entrée, les yeux rivés sur un parent qu’elle n’avait pas vu depuis plus de trente ans, ces mots avaient l’air d’avoir un poids énorme.
— Maman ? dit Marie.
Abagail Fortune inclina légèrement la tête et ses yeux se remplirent immédiatement de larmes.
— Marie ? Mon Dieu, Marie, c’est bien toi ?
Marie craignait d’ouvrir la bouche ; elle hocha alors simplement la tête, tandis que sa mère entra dans le Manoir de June avant de la prendre dans ses bras. La réaction initiale de Marie fut de se retirer et de prendre ses distances vis-à-vis de la femme qui les avait abandonnés, elle et son père, sans jamais avoir pris la peine de la retrouver. Pendant un instant, elle eut l’impression de serrer une inconnue dans ses bras. Après tout, la seule raison pour laquelle sa mère se tenait ici devant elle était parce qu’elle avait envoyé une carte postale à June et qu’elle croyait apparemment que celle-ci était celle qui lui avait répondu avec ces simples mots.
Mon Dieu, songea Marie. Elle ne sait même pas que June est morte…
Puis Marie succomba lentement à l’attention dont elle avait rêvé depuis l’âge de douze ans, lorsque sa mère était sortie de sa vie. Elle lui rendit ainsi son étreinte, geste qu’elle trouva étrange ; elle eut le sentiment de tourner la page, comme si un livre se fermait, et qu’un autre s’ouvrait immédiatement ensuite. Malgré cette sensation, il existait toujours un certain degré de souffrance. Elle avait attendu si longtemps en se demandant si ce moment arriverait un jour ; maintenant qu’il était en train de se réaliser, elle était toujours en colère. C’est une réaction qu’elle n’avait pas tout à fait prévue.
— Marie ! s’exclama sa mère en rompant l’étreinte.
Elle regarda ainsi sa fille dans les yeux pour la première fois depuis presque trois décennies.
— Qu’est-ce que tu fais ici ? continua-t-elle. Tu rends visite à tante June ?
— En quelque sorte, répondit Marie, encore incertaine de pouvoir prendre la parole. Et toi, qu’est-ce que tu fais ici ?
— Eh bien, j’ai envoyé une carte postale à June et elle m’a répondu avec un simple petit message, ce qui ne lui ressemble pas du tout. Elle m’a simplement dit de rentrer à la maison. J’ai pensé que quelque chose n’allait pas et puis… te voici.
Elle marqua une petite pause, avant de regarder par-dessus l’épaule de Marie afin de jeter enfin un œil à l’intérieur de la maison.
— Est-ce que tout va bien ici ?
Les circonstances ne sont pas idéales pour avoir une conversation avec sa mère pour la première fois depuis trente ans, pensa Marie. Mais elle savait ce qu’elle devait faire. Comme s’il pouvait ressentir la tristesse dans l’air, Boo arriva à la porte en trottant ; son chien était quasiment devenu un membre de la famille au cours des six ou sept derniers mois, et il semblait le savoir.
— Entre, Maman, dit Marie.
Elle s’étonna elle-même quand elle tendit le bras pour prendre la main de sa mère.
— Il faut que je te dise quelque chose.
***
La demi-heure qui suivit fut triste, joyeuse et un peu surréaliste pour Marie. Elle se retrouvait dans la pièce même où elle était autrefois perdue dans ses rêveries pendant que sa mère et sa tante June riaient et bavardaient. Seulement maintenant, elle était assise dans le fauteuil de tante June et sa mère se tenait en face d’elle. Et bien que sa grand-tante ne fît pas partie de cette scène, sa présence se faisait grandement ressentir. Il ne fallut pas longtemps pour que la délicate question arrive sur le tapis. C’était comme entendre un coup de feu retentir dans la même pièce.
— Alors, où est June ? demanda Abagail.
— Maman… je ne sais pas comment te l’annoncer. Elle… eh bien, tante June est décédée.
La joie quitta lentement le visage de sa mère. Les larmes firent leur apparition avant que celle-ci ne disparaisse complètement. Abagail mit sa main devant sa bouche et laissa échapper un petit cri de surprise. Marie se retrouva à s’asseoir avec rigidité dans son fauteuil, incertaine de savoir comment sa mère réagirait à la nouvelle.
— De quelle manière ? parvint à articuler Abagail.
Marie s’exprima lentement, afin de donner à sa mère le temps de comprendre et de digérer ses paroles. Elle lui raconta alors qu’elle avait reçu un coup de fil du shérif Miles (qui était adjoint à cette époque) et que l’avocat de tante June l’avait contactée à son arrivée en ville pour ses obsèques. À ce moment-là, les larmes étaient toujours en train de couler, mais Abagail semblait se maîtriser.
— Elle m’a légué sa maison, dit Marie. Et dès que j’ai emménagé… eh bien, ma vie a été pas mal chamboulée.
— Alors… cette maison t’appartient maintenant ?
— Oui. J’y gère une chambre d’hôtes depuis quelques mois.
Le visage de sa mère afficha une expression d’enthousiasme et de fierté qu’elle ne s’attendait pas à voir. Dans le silence ému qui prit place à ce moment-là, Posey arriva discrètement dans la pièce, sans poser de questions ou faire de commentaires ; elle servit simplement le thé aux deux femmes avant de retourner dans la salle à manger. Marie pouvait sentir qu’elle était tapie dans l’ombre, peut-être afin de veiller à ce qu’aucun client de l’établissement ne vienne interrompre leur conversation. Marie se dit que Posey était également devenue comme un membre de la famille. De même que Rebeka.
Peut-être, songea-t-elle, alors que Boo s’allongeait à ses pieds et que Posey discutait à voix basse avec un client dans la cuisine, peut-être que j’ai plus de famille que je ne le pensais.
— Comment vont les affaires ? demanda Abagail en essuyant ses larmes.
Marie était certaine qu’elle poserait davantage de questions sur June plus tard, mais pour l’instant, sa mère avait l’air de vouloir se concentrer sur le positif. Ou peut-être qu’elle essayait d’éviter le sujet de la mort de June, sachant qu’elle n’avait pas été dans les parages pour apprendre la nouvelle.
— Les affaires vont plutôt bien, répondit Marie. Ça n’a pas toujours été le cas, mais… enfin, c’est une longue histoire.
Abagail hocha la tête en regardant autour de la pièce et en prenant une gorgée de son thé, avant de retourner son attention vers Marie.
— Pour être honnête, dit-elle en réprimant des larmes, c’est un cadeau de Noël assez horrible d’apprendre la mort de June, mais te voir toi… c’est peut-être bien la meilleure surprise que je pouvais recevoir.
— Ne fais pas ça, Maman, dit Marie.
Les mots s’échappèrent de sa bouche avant qu’elle ne puisse les arrêter. Elle regarda sa mère qui se tenait debout juste à droite du sapin de Noël qu’elle et Robbie avaient installé il y a environ une semaine. Son esprit voulait se focaliser sur Robbie et sur la façon dont elle l’avait pratiquement rejeté la nuit précédente, mais son cerveau était submergé par des pensées concernant sa mère. Elle avait l’impression que sa vie avait été chamboulée, et maintenant, elle devait déterminer si elle voulait la remettre dans le bon sens.
— Ne fais pas quoi ? demanda Abagail.
— Ne fais pas comme si je t’avais manqué… et comme si tu étais contente de me voir.
— Mais c’est le cas ! répondit-elle presque en criant.
Surprise, Marie se sentit légèrement coupable en voyant la peine sincère se dessiner sur le visage de sa mère.
— Tu es partie, Maman, dit Marie.
Elle était désormais aussi debout, même si elle ne se rappelait pas s’être levée.
— Tu nous a abandonnés, moi et Papa, et quand Papa est mort, je t’ai aperçue du coin de l’œil à ses funérailles. Et je n’ai eu aucune nouvelle de ta part. Je ne savais pas si tu étais morte ou vivante… jusqu’à ce que j’arrive ici.
— Ici ? demanda Abagail.
— J’ai trouvé certaines de tes cartes postales. Tante June les a gardées et…
Elle s’interrompit, ne sachant pas sur quel sentiment s’arrêter : colère, réconciliation ou chagrin. Actuellement, son cœur s’accrochait à toutes ces émotions et Marie n’arrivait simplement pas à supporter la situation.
— Tu sais quoi ? Non. Je ne peux pas faire ça maintenant. Je ne vais pas répondre à tes questions. J’en ai beaucoup trop pour toi.
— D’accord, alors pose-les...
— Pourquoi tu as fait ça ? demanda Marie sans laisser sa mère finir sa phrase.
— Pour te répondre facilement, j’étais égoïste. Mais il existe aussi une raison plus compliquée. Une raison dont je ne suis pas sûre que tu comprennes.
— Une raison plus compliquée qui t’a poussée à voyager dans le monde entier ? protesta Marie. Il me semble juste que tu voulais fuir tes responsabilités familiales et partir vivre une vie pleine d’aventures. J’imagine qu’un mari et une fille t’empêchaient de faire tout ça, hein ?
Abagail hocha la tête en détournant son regard.
— Je suppose que je mérite ça. Mais non… mon objectif principal ne consistait pas simplement à vivre une vie merveilleuse que je pensais que toi et ton père m’empêcheraient de vivre. Je devais…
Elle s’interrompit ; il était évident que quelque chose la rongeait. Elle faisait plus que chercher à trouver les bons mots ; elle avait l’air de peser le pour et le contre de ce qu’elle allait dire. Au bout du compte, elle décida de se lancer, toujours en détournant son regard de Marie. Elle se mit plutôt à fixer le sapin, comme si elle avait trouvé une décoration qui avait attiré son attention.
— Je devais me trouver, finit-elle par dire.
— Tu me donnes envie de vomir, dit Marie. Tu avais besoin de faire le tour du monde pendant trente ans pour te trouver ?
— Non, pas comme ça. Pas de cette façon poétique et ringarde. Non. Je devais me faire à l’idée d’une chose en particulier et… mon Dieu, j’en sais rien.
Marie songea aux cartes postales, au simple message disant Rentre à la maison qu’elle lui avait envoyé et, que Dieu lui pardonne, au fait qu’elle aurait souhaité ne jamais lui avoir répondu — du moins, en partie. La petite fille qui sommeillait en elle avait terriblement regretté le départ de sa mère.
— Tu sais quoi, Maman ? dit Marie. J’ai passé trente ans sans toi. Je crois que j’arriverai à faire la même chose ces trente prochaines années. Alors, peut-être que tu devrais…
— Attends une minute, dit Abagail. Tu vis ici depuis combien de temps ?
Marie leva les yeux au ciel en entendant la question désinvolte de sa mère.
— Ça fait presque sept mois maintenant.
Abagail dévisagea sa fille avec une certaine prudence, avant d’examiner la pièce — pas seulement la pièce, mais aussi le couloir, la salle à manger et le vestibule attenant.
— Alors, ça veut dire que tu dois sûrement être au courant maintenant, n’est-ce pas ?
— Au courant de quoi ? demanda Marie, irritée.
Pour la première fois depuis que Marie avait commencé à parler du décès de tante June, Abagail arbora un fin sourire qui lui donnait un air assez saisissant. Elle donnait aussi l’impression d’être le genre de femme qui savait garder un secret.
— Tu veux me dire que tu habites ici depuis sept mois et que tu n’as toujours pas vu de fantômes ?
Marie ne savait pas quoi dire ou penser. Elle croyait tout d’abord que sa mère était en train de lui mentir. June lui avait sûrement raconté des histoires à propos de la maison et sa mère essayait de jouer avec ses émotions. Mais en même temps, elle songea aux journaux intimes qu’elle avait trouvés dans la pièce cachée à l’étage. Ceux-ci mentionnaient sa mère à plusieurs reprises, ainsi que de nombreux fantômes.
— Marie ?
Marie cligna des yeux, surprise. Elle se demanda combien de temps elle avait passé perdue dans ses propres pensées. Elle constata que sa mère la regardait toujours d’un air incertain.
— Marie… tu le possèdes aussi ?
— Possèdes quoi ? demanda-t-elle à voix basse.
Elle connaissait la réponse avant que sa mère ne la dise tout haut.
— Je ne sais pas, dit Abagail. Certains appelleraient ça un don. Je crois que le mot don est un terme étrange pour en parler, mais je ne sais pas comment le définir. Mais ce que je veux dire, c’est que… tu arrives à les sentir, n’est-ce pas ? Les morts ?
Marie se surprit à hocher la tête. C’est alors que les yeux de sa mère commencèrent à se remplir de larmes.
— Est-ce que tu peux… les voir ? Interagir avec eux ?
Cette fois, Marie sentit ses propres larmes lui monter aux yeux, sans savoir pourquoi. Une chose était certaine : sa mère était en train de s’avancer vers elle et les larmes coulaient sur ses joues. Elle n’avait pas l’air triste, mais presque heureuse. Et pour une raison qui lui échappait, Marie voulait que sa mère la serre à nouveau dans ses bras. Il y a seulement deux minutes, elle avait voulu la mettre à la porte. Et maintenant ? Le fait d’avoir fait allusion aux fantômes — et à un don — avait provoqué un retournement de situation.
— Je ne l’aurais jamais imaginé, dit Abagail. Quand je pense que j’ai passé tout ce temps à chercher des réponses, et qu’elles se trouvaient ici, avec toi, depuis le début.
CHAPITRE DEUX
Le poids de la conversation semblait trop énorme pour cette pièce minuscule. De plus, Marie avait l’impression d’étouffer en ayant cette discussion ici, dans la maison. Elle avait la sensation étrange de parler de quelqu’un qui se trouvait dans la même pièce. Après avoir essuyé leurs larmes, Marie et Abagail Fortune saisirent chacune un thermos de café, s’emmitouflèrent et se dirigèrent à l’extérieur.
C’est ainsi que Marie finit par passer le matin de la veille de Noël, sur la plage glaciale de Port Bliss, dans le Maine. Le froid était mordant, sans être extrêmement cinglant. Les vagues gelées s’écrasaient sur le rivage, et même si elle sentait ses joues devenir presque immédiatement rouges à cause du froid, elle aurait pu se tenir là éternellement. L’océan avait l’air surréaliste dans ce temps glacial — tout comme cette matinée jusqu’à présent. Sa mère se trouvait à côté d’elle, café chaud dans les mains, et des secrets commençaient à être révélés au grand jour après avoir été dissimulés pendant près de trente ans.
— C’est ta grand-tante June qui m’a aidée à comprendre que je possédais ce don, dit Abagail. J’avais environ quatorze ans et, comme tu peux l’imaginer, ta grand-mère n’appréciait pas vraiment que June me raconte des histoires qui font peur. Mais je me souviens d’une nuit durant ma deuxième année à l’université de New York, où je rentrais de soirée. Je traversais le hall d’un dortoir quand j’ai aperçu deux hommes debout près d’une fenêtre. Ils étaient transparents, et l’un d’eux avait du sang sur le visage. Je savais qu’il s’agissait de fantômes. J’en avais vu avant, mais ceux-ci étaient différents ; je me sentais attirée vers eux, comme s’ils avaient besoin d’aide. Je me suis mise à flipper et j’ai pris le bus le matin suivant. Je suis restée chez June pendant quelques jours et elle m’a aidée à régler tout ça.
— Alors, tu as ce don depuis que tu es toute petite ? demanda Marie.
— Je crois, oui. Enfin, tous les enfants ont des amis imaginaires, mais je voyais vraiment des gens que les autres ne voyaient pas. Ça se passait en général dans des endroits plus petits et tranquilles, mais de temps en temps, c’était dans la rue ou même une fois, quand j’avais huit ou neuf ans, dans une salle de cinéma.
Marie essaya de digérer et de croire à tout ça. Cela ressemblait énormément à ce qu’elle avait lu dans les journaux intimes de June. Et même si c’était une chose formidable et étrange de savoir que sa mère possédait le même don qu’elle, cela n’apportait toujours pas de réponses à ses questions les plus importantes. Marie ignorait si sa mère n’utilisait pas tout ça (si c’était la vérité) pour éviter ces questions-là.
— D’accord, disons que je te crois, dit Marie. Comment cela explique-t-il que tu aies abandonné ta famille ?
Abagail contempla l’océan en prenant une gorgée de son café. La brise glaciale fouettait ses cheveux d’une manière qui rappelait à Marie ceux de June.
— Ton père était au courant de ce que je savais faire, mais je ne suis pas sûre qu’il me croyait, explique-t-elle. Il n’a jamais été impoli ou méchant à mon égard. Ton père était l’un des hommes les plus gentils que j’ai jamais rencontrés, et cela m’a fait du mal de le