Une goutte d’eau dans un océan
Lou et Mathieu se sont rencontrés sur les bancs de la fac de lettres. Entre eux, l’entente fut immédiate et naturelle comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Lorsqu’ils décidèrent de vivre ensemble, aucun de leurs amis ne fut étonné. C’était presque une évidence tant ils se complétaient. Ni passion ni déchirements, juste une tendresse complice qui fait que les recevoir est toujours un plaisir.
Depuis, ils s’aiment tranquillement sans faire de projets d’enfant. A 25 ans, ils profitent de leur duo, mais Mathieu sait que pour Lou c’est un peu plus complexe.
Au cours d’un dîner, la conversation s’orienta sur la famille avec, pour la plupart des convives, des mots plus ou moins amers.
Antoine, l’un des invités, lança en guise de conclusion pour son cas : – Les repas de famille, c’est l’horreur. J’ignore si pour vous c’est la même chose, mais pour ma part, je ne me souviens pas d’un seul repas de fête passé dans l’harmonie. Chaque fois, il y a un oncle ou un cousin ou même mon père, pour envoyer des remarques désagréables. – Sur quoi ? demanda Mathieu.
– Les thèmes classiques : politique, fric, situation. Etre du même sang, ce n’est vraiment pas un gage d’entente.
– Eh bien moi, je t’envie tout de même, intervint Lou.
– Et pourquoi ? Comme disait Napoléon III, « Les amis on les choisit, la famille on la subit », non ?
– C’est possible, mais au moins tu sais d’où tu viens. Moi, il me manque une moitié de mes racines, et je me sens un peu bancale.
Tous savaient que Lou n’avait jamais connu son père. Emilie, la femme d’Antoine, lança à son mari un regard du style « t’aurais mieux fait de la fermer ».
Antoine bafouilla un « Désolé ! » gêné et les autres invités esquivèrent la remarque en plongeant le nez dans leur assiette.
Mathieu, qui n’avait jamais eu de bons rapports avec son père, prit Lou dans ses bras :
– C’est peut-être mieux, ma Loulette ? Imagine,
