Je suis une enculée ! (une belle !)

Par Christian Lamant

Le bac en poche, Jihane doit quitter Agadez pour Lyon. On l'a recrutée pour rejoindre l'équipe professionnelle de basket. Son père n'a donné son accord qu'à une condition : Issa, son frère aîné, devra l'accompagner pour la chaperonner.
Le choc culturel va les ébranler tous les deux. Intégrée dans un collectif multiculturel, Jihane va vivre son exil avec intensité. Il sera bien plus difficile pour son frère...

• Langue: Français
• Éditeur: Christian Lamant
• Date de sortie: 5 nov. 2023
• ISBN: 9798215158241

Christian Lamant

Born in the early 70's at La Rochefoucauld, a small town in France with the most beauiful castel in the district, Christian Lamant is the second son of a workers family.He spent a happy chilhood, made scientific study, get married...To fight the terrible rut of marital life, he began writing short stories for his wife. Evening readings were the preludes of scorching nights !Aware of the erotic force of his writings, Christian embarked on self-publishing in 2012. He will not stop !

Aperçu du livre

Je suis une enculée !

(Une belle !)

auto-édition par

Christian LAMANT

Distribué par Smashwords

Copyright 2023 Christian Lamant

« T’es une enculée ! T’es une belle enculée ! » Voilà à peu de choses près ce que crie mon frère en Tamasheq, notre langue maternelle, alors que la porte de notre appartement vient de voler en éclats. Il m’a entraînée avec lui dans la salle de bain. Je vais mourir. Issa m’insulte encore. Malgré la tragédie qui se joue, je souris. S’il savait vraiment…

Tout a commencé il y a presque dix-huit mois. Le président de la FENIBASKET s’était déplacé lui-même à Agadez. Il était venu de Niamey pour convaincre mon père de me laisser, moi, Jihane Dayak, partir en France. Je venais de décrocher mon baccalauréat, et je devais quitter Agadez en septembre. D’après monsieur Bourna, c’était une chance pour moi de pouvoir concilier de brillantes études avec mon accomplissement dans le basket. Il avait également su jouer de la fibre patriotique de mon père en lui disant que l’équipe nationale aurait rapidement besoin de moi.

Mon père avait réservé sa réponse. Il était juge au tribunal d’Agadez, et je ne l’avais jamais vu prendre une décision sans peser le pour et le contre. D’autant plus s'il s’agissait de sa fille de dix-huit ans, sa petite fierté, comme il s’amusait à m’appeler.

Après une semaine de palabre avec ma mère et mes oncles, il m’annonça sa décision au moment du thé, le premier vendredi de juillet. Mon frère aîné Issa se tenait à ses côtés.

– Jihane, ma fille, tu sais combien je t’aime…

J’étais toute émue. Même si je n’avais jamais douté de son amour, c’était la première fois que mon père, fier Touareg, s’ouvrait ainsi sur ses sentiments.

– Et parce que je t’aime, poursuivit-il, je veux le meilleur pour toi, même si cela devait m’arracher le cœur. J’ai donc décidé, en accord avec ta mère, de répondre positivement à la proposition de monsieur Bourna.

– Oh merci, père !!! Merci ! Merci !

– Tsss tsss tsss, siffla-t-il. Issa t’accompagnera en France ! Il sera mon représentant là-bas. Tu lui devras la même obéissance qu’à moi !

– Tout ce que vous voulez, père… Vous n’aurez pas à avoir honte de moi.

– Très bien, Jihane. Retourne avec tes sœurs maintenant !

L’été passa vite. Les allers-retours à Niamey furent nombreux. Je dus choisir une filière pour mon inscription à l’université. J’optai pour la philosophie. Mon frère, lui, profiterait de ma bonne fortune pour poursuivre ses études de droit en France, marchant dans les pas de mon père.

Le dernier samedi du mois d’août, nous avons pris l’avion pour la France, mon frère et moi, accompagnés par un représentant de la fédération. Il n’y avait pas de vols directs de Niamey vers Lyon, et notre escale à Roissy dura plus de douze heures. Coincée dans la zone de transit, je découvrais à travers les baies vitrées mes premières images de la France. Le choc culturel fut encore plus rude pour Issa. Voir des Africains cantonnés aux basses tâches d’entretien le marqua profondément.

À notre arrivée à Saint-Exupéry, nous