Pour mes girls
Par Hayate Haïfi
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À propos de ce livre électronique
Elle qui se voyait passer son année de terminale auprès des siens, va voir sa vie totalement chamboulée par une flopée de péripéties et d'épreuves personnelles.
Bien heureusement, ses anciennes et nouvelles amies seront là pour l'épauler et se serrer les coudes, car après tout, n'est-ce pas ce que font toutes les girls?
Hayate Haïfi
Hayate Haïfi écrit depuis des années des histoires jeunesses mais aussi young adult. Après des études en management et en communication, elle décide de se lancer dans l'écriture d'album pour enfant avant d'imaginer sa première saga Noor et Naïm. Elle continue à écrire des romans pour les petits et les plus grands en espérant faire voyager ses lecteurs dans ses univers.
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Aperçu du livre
Pour mes girls - Hayate Haïfi
A Myriam, Naouel, et Najoua, mes vraies girls…
Sommaire
L’annonce
Bienvenue chez nous !
Le voisin
Lily-Rose
Et Bêêê…
La mif
Dupé comme jamais !
Comme fondu dans le décor…
A vos marques, prêts, rentrez !
Olympe
De retour
Amour, quand tu nous tiens…
Adrien
Fanny
La lettre
Fiesta party
Madame Petitôt
Meilleure année
La lettre Bis
La fête foraine
Le plan
Intimidation…
Bonne nouvelle ?
Sans rancune…
Dieu merci !
Venez déguisés !
La rumeur
Ramadan Moubarak
Changement de plan
De belles amies
Tous au bal ?
Mes girls…
L’annonce
Cela faisait plus de quatre heures que nous étions sur la route. Je regardais défiler les voitures avec nonchalance, sans trop me poser de questions. Des questions, je m‘en étais assez posées. Je ne comprenais pas pourquoi mes parents avaient décidé de nous arracher, mon petit frère et moi à notre vie parisienne. Pourquoi ils avaient souhaité quitter notre univers ! C’est vrai que l’école du quartier n’était pas le meilleur établissement de France, (d’ailleurs, qui aurait envie d’être dans une école de grosses têtes ?), et que notre minuscule T3 n’avait rien d’un palace, mais je m’y plaisais, moi ! J’aimais les bouchons sur le périph’, les heures de pointe dans les transports où l’on pouvait risquer sa vie pour rentrer in extrémis dans une rame de métro, obligeant les passagers à se serrer encore plus, provoquant des regards pas toujours bienveillants. J’aimais aussi notre petit chez nous au 7ème étage, dans le quartier du Mont Mesnil de Créteil, où les appartements étaient tellement collés et mal isolés que l’on pouvait savoir ce que le voisin avait cuisiné, et ce qu’il avait regardé comme programme télé, son préféré qui n’était autre que « les zamours », une émission dont les participants devraient tous aller consulter un psy, si vous voulez mon avis ! C’est vrai ! Qui a envie de voir dévoilé en public que son mari vous appelle « mon petit cactus » en référence à vos jambes velues, ou encore « mon nounours en chocolat » en faisait allusion à sa dépendance affective et plus spécifiquement, au fait qu’il est un grand collectionneur de peluches du haut de ses 56 ans ! Et je ne vous parle même pas de celui qui appelait sa femme « petit tajine » car elle était originaire du Maroc !
Malgré tout, c’était ma vie, notre vie et je l’aimais, elle me suffisait. Jusqu’au jour où mon père a reçu un drôle de mail de sa direction. Et là, j’avais pas vu le coup venir…
- Ma belle, viens voir ! avait-il dit à ma mère.
Oui, je sais, rien avoir avec « petit cactus » ou « petit tajine », mon père avait l’art et la manière de s’adresser à ma mère.
- Ma mutation a été acceptée ! J’y croyais plus !
Euhh quoi ? Ta mutation ? Quelle mutation ? Vous imaginez bien que dans ma tête ça c’était bousculé comme un premier jour de soldes chez H&M.
- Vous parlez de quoi là ? avais-je lancé en toute innocence.
- Appelle ton frère, on doit vous annoncer une grande nouvelle, avait demandé maman.
- AMINE !
- Sans hurler ! On a des voisins ! Quoique… là où on va tu auras tout le loisir de crier à ta guise ma chérie !
- Pourquoi tu dis ça…, avais-je murmuré en essayant de comprendre ce qu’elle avait voulu dire.
- Là où on va ? Mais on va où ? avait demandé mon petit frère.
- On va déménager les enfants ! s’était écrié mon père.
- Super ! avait lancé Amine. J’aurai une chambre à moi, et…
- Oui mon cœur ! Une chambre rien qu’à toi, un jardin et même…
- Un chien ?
- Non, pas de chien, mais une piscine, c’est mieux non ? avait ajouté maman.
Je me souviens avoir regardé tout ce beau monde faire des projets sur la comète, parlant de maison, de future partie de foot endiablée sur un immense terrain, et avoir soudainement compris ce qu’il se passait : j’avais été trahie ! Menée en bateau ! Pire même, poignardée dans le dos ! Ils avaient comploté contre nous ! Ils avaient tout planifié…
- Mais on va où ? s’était questionné mon traître de petit frère, tout content.
- A Joyeuse ! avaient-ils dit en chœur.
- Non ! Je suis tout sauf joyeuse !
- Mais non, Nada, on déménage dans le village de Joyeuse, en Ardèche, avait expliqué mon père.
Un village ! Non mais ils étaient sérieux là ! Avec des villageois en sabots, des vaches et tout le tralala ! Sincèrement, je pensais que c’était une blague, du moins, je l’espérais du plus profond de mon cœur.
- Vous rigolez là ? avais-je lancé en m’esclaffant allègrement.
- Tu sais que j’ai toujours voulu quitter la région parisienne, changer de vie littéralement !
- Toi maman ! Mais pas nous !
- Pas toi Nada ! Moi je veux une piscine et un chien !
- On a dit oui pour la piscine, mais… pas pour le chien Amine ! Un chat si tu veux, mais on en reparlera InchaALLAH !
Folle de rage, j’avais filé comme une flèche dans ma chambre. C’en était trop pour moi, je ne voulais plus entendre parler, ni de mutation, ni de piscine, et surtout pas de ce maudit village.
- Ecoute Nada, avait dit mon père avec une délicatesse que je ne lui connaissais pas, je sais que tu n’avais pas imaginé quitter tes petites habitudes et tes amies, mais c’est une belle opportunité pour découvrir un autre mode de vie et faire de nouvelles expériences en famille.
- Oui ma puce, c’est vrai que tout va changer pour nous, mais qui n’a pas rêvé d’avoir une grande et belle maison dans le sud ?
MOI, MOI, MOI ! Eughhhhhh ! Voilà ce que j’aurais voulu leur crier, mais seules des larmes roulaient silencieusement sur mes grosses joues.
- Et puis ce n’est que pour 2 ans maximum ! avait renchérit mon père. C’est super !
- Tu n’as que 17 ans ma chérie, tu auras tout le temps de te faire des amies et d’apprendre plein de choses.
Les jours et les semaines qui suivirent l’annonce de notre déménagement ne furent pas aussi simples que mes parents l’avaient imaginé. J’avais annoncé la nouvelle à mes copines de lycée qui avaient trouvé plutôt cool le fait de partir vivre la grande vie dans le sud.
- Une piscine ! Une maison ! Mais attends, moi j’aurais couru sans réfléchir si j’étais toi ! m’avait lancé Lina la commère de la classe qui laissait traîner ses oreilles un peu trop à mon goût.
- On te demande pas ton avis, ok ? Vieille meuf, celle-là !
- Vas-y laisse tomber Fatou ! Tu vas pas te prendre la tête pour moi !
- Non mais sérieux, j’ai trop le seum ! Franchement ! Tu vas partir meuf ! Et moi j’vais devoir rester avec des gens comme elle ? Peufff ! ça me dégoûte !
Fatou c’était ma pote, ma cops, ma reuss ! On n’avait pas fait les 400 coups parce qu’on avait que 17 ans et que l’on préférait manger une gaufre nutella-chantilly avant d’aller ensemble à la mosquée, mais elle me comprenait comme personne. C’était ma meilleure copine depuis la maternelle. Nous étions tellement fusionnelles que les gens du quartier nous avaient donné un petit surnom : les hijabi-sista. Ils nous avaient appelés ainsi, parce que nous avions l’habitude de nous vêtir avec un code couleur, du voile jusqu’aux baskets. C’était un peu étrange, mais ça nous faisait bien rire. Fatou était un peu la sœur que je n’avais pas eue. Je savais à l’annonce de notre déménagement que les au revoir seraient plus que déchirants. Et bien évidemment, ils l’ont été. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, et je vous passe les détails de la morve au nez dégoulinante aux yeux de tous les gens du quartier venus assister à notre départ. C’était sans compter sur ma grand-mère maternelle qui fusillait mon père du regard. Pour elle aussi, la nouvelle avait été difficile à encaisser.
- Pourquoi tu pars ? avait-elle demandé.
- On part pour avoir une meilleure vie…
- Pourquoi ? Elle est pas belle la vie que ton père (Allahirahmo¹) et moi on t’a donné en partant d’Algérie ?
- Mais si yemma, mais on a pensé aux enfants, à leur éducation, loin du quartier…
- Pourquoi ? On t’a pas bien éduqué ton père et moi dans ce quartier ?
- Si, si yemma ! Mais… mais on veut qu’ils puissent avoir de la place, de l’espace pour jouer, pour profiter…
- Pourquoi ? T’as pas profité toi, hein ? C’est vrai que ton père, c’était pas un ingénieur, mais t’as manqué de rien ! On avait pas un palace, mais je te sortais au parc, toi et tes frères tous les jours après l’école, t’as oublié ça ?
- Mais non yemma ! Je n’ai rien oublié ! Tu nous as tout donné et…et même sur un plateau…
- Saha² ! C’est vrai sur un plateau ! Et c’est comme ça que tu nous remercies, en partant vivre la joie…
- A Joyeuse yemma…
- Soukti ³! Je sais ce que je dis ! Tu t’en vas et tu laisses ta vieille mère seule, ici !
- Samahni khalti⁴ ! On va pas te laisser, on part que pour 2ans inchaALLAH et on aura une grande maison avec une piscine et un grand jardin !
- Oui yemma ! Tu pourras venir quand tu veux !
- Et puis… ça sera plus facile pour tes voyages en Algérie Khalti ! Marseille n’est qu’à 2h de route environ, on pourra te déposer en voiture, jusqu’au bateau ! Tiens, pour les vacances prochaines, si tu veux, on te prend un billet !
- Mmmmhhh…C’est vrai, j’avais pas pensé… 2 ans tu m’as dit…
- Oui Khalti, moi aussi j’ai ma famille ici, je ne voudrais pas partir trop longtemps…
C’était donc en quelques mots (et avec une promesse de billet pour l’Algérie) que mon père avait réussi un tour de force magistral et avait sauvé ma mère pour la soirée. Il fallait dire que j’avais bien rigolé ce soir-là. Je savais que ma grand-mère ne prendrait pas de gants avec eux, chose que je ne pouvais pas faire du haut de mes 17 ans. A vrai dire, je pense que c’est une chose que je ne pourrai jamais faire ! C’était comme ça chez nous ! Nous devons le respect à nos parents jusqu’à notre mort, et même au-delà, mais je vous expliquerai plus tard comment fonctionnent les relations familiales chez les muz.
Et voilà pour la petite histoire. Deux mois plus tard, et en plein mois de juillet, nous voici sur l’autoroute du soleil direction Joyeuse, où comme j’aimais à l’appeler « Tristesse ».
1 Que Dieu lui fasse miséricorde
2 C’est vrai
3 Tais-toi
4 Excuse-moi ma tante
Bienvenue chez nous !
Je me demandais en mon for intérieur quand est-ce que ce calvaire autoroutier prendrait fin. Je n’en pouvais plus de voir mon munchkin de frère accroché comme un zombie à sa manette de switch. Je n’avais rien contre habituellement. Il m’arrivait d’y jouer de temps en temps, surtout aux jeux de course ou de combat, mais là, c’en était trop. Amine avait tellement joué que ses yeux (de base légèrement globuleux) semblaient être encore plus sortis de leurs orbites. Je ne comprenais pas pourquoi mes parents le laissaient dans cet état.
- Tu trouves pas qu’il joue un peu trop maman ?
- T’exagères Nada ! Et puis toi t’es H24 sur ton téléphone ! balança Amine avec une certaine rage dans la voix.
- C’est exceptionnel Nada, tu sais que ton frère a le mal des transports, et que ça l’aide à se sentir mieux, et il n’a pas joué tant que ça ! Il a fait une pause de plus d’une heure en lisant ses BD, renchérit papa.
- Et ouais ! Mais toi, t’étais trop occupée avec ton téléphone, à répondre à tes copines qui n’existent même plus !
- Eh dis donc ! C’est pas très sympa ce que tu dis là, Amine !
- Pardon maman !
- Pas pardon maman ! Pardon Nada !
- Oui ! Pardon Nada, rajoutai-je avec une voix fausse et mielleuse.
- Pardon ! dit-il timidement.
- J’ai pas entendu…, lançai-je pour le titiller encore plus.
- PARDON ! T’AS ENTENDU AVEC TES OREILLES D’ELFE ! hurla Amine.
- Tu peux pas les voir mes oreilles, elles sont sous mon hijab, mini Goloum….
- Ho ! Stop là ! Vous n’allez pas vous battre dès maintenant ! s’écria mon père qui commençait à perdre son sang-froid. On est bientôt arrivés en plus…
- C’est vrai ?
- Oui mon grand ! On va sortir de l’autoroute, dit maman en se tournant vers nous pour nous faire un sourire.
Quelques kilomètres après avoir passé le péage, je regardais avec un peu plus d’attention par la fenêtre, pensant que le paysage campagnard et monotone à souhait changerait. Mais à mon grand malheur, je découvris que non. Des champs à perte de vue, sur des routes sinueuses et plus flippantes que les sentiers de la montagne du Mordor dans le Seigneur des anneaux.
- T’es sûr que c’est par là papa ? demandai-je légèrement angoissée.
- Oui ! On voit le clocher de l’église regarde !
Oh mon Dieu ! C’était vrai ! C’était bel et bien un village, avec un clocher, et tout et tout… Je voyais mon père et ma mère s’extasier devant ce panorama soporifique qui me donnait envie de hurler ma détresse et mon désespoir. Où étaient les tours ? Où étaient les centres commerciaux ? Et une question encore plus préoccupante, où étaient les gens ?
Je me demandais si la maison que le boulot de mon père lui avait dégotée serait à la hauteur de ses attentes. Mes parents n’avaient pas arrêté d’en parler depuis des semaines. Même sur le trajet qui nous y emmenait, je sentais l’excitation de mes parents grandir comme un enfant à qui on aurait dit d’ouvrir ses cadeaux de l’aïd après la prière et pas avant. A première vue, elle paraissait de taille plutôt moyenne. Ses pierres apparentes sur la façade lui donnaient vraiment un style villageois.
- Sortez les enfants ! Venez voir votre nouvelle maison, s’écria ma mère tout sourire.
- Houa ! C’est méga beau !
- Elle te plait Amine !
- Oui maman !
- Et toi ma chérie ? me demanda mon père.
- Elle a l’air bien, mais faudrait voir à l’intérieur, baragouinai-je sans trop d’enthousiasme.
Je ne voulais pas leur avouer mais la maison était magnifique, sans vis-à-vis, ou plutôt avec